• La fiancée de Frankenstein -

    Réfugiée dans les souterrains du moulin, la créature de Frankenstein n'a pas succombé lors de l'incendie du laboratoire par les villageois révoltés. Capturé par les paysans, le Monstre parvient à s'enfuir en semant la terreur sur son passage et trouve refuge dans la demeure d'un vieil ermite aveugle qui lui offre à manger et l'initie même aux rudiments du langage. Pendant ce temps, Frankenstein reçoit la visite de l'étrange docteur Pretorius, qui lui propose de créer une femme pour donner une compagne au Monstre. Il refuse. Mais Pretorius, qui a retrouvé et recueilli la Créature, parvient à décider son collègue en faisant enlever sa femme Elizabeth. Soumis, Frankenstein accepte. La nuit, dans leur laboratoire, les deux savants unissent leurs efforts et exposent le corps de leur création au Feu du Ciel. La "Fiancée" ouvre enfin les yeux, mais rugit de terreur en voyant les avances du Monstre.

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    La fiancée de Frankenstein (1935) - James Whale

     

    Après le succès de Frankenstein quatre plus tôt, Universal décide de lui donner une suite ; c'est le début d’une longue série basée sur le personnage mythique créé par la romancière anglaise Mary Shelley un siècle plus tôt. La fiancée de Frankenstein est certainement le meilleur du lot, celui qui donne le plus de profondeur au personnage du Monstre.

     

    La fiancée de Frankenstein (1935) - James Whale

     

    Il est ici doté de sentiments humains, allant ainsi bien au-delà du monstre sanguinaire, avec notamment l’une des plus belles et célèbres scènes du cinéma, la rencontre du monstre avec l’aveugle : ne pouvant le voir sous sa repoussante apparence, l’aveugle l’accueille comme un ami et lui fait découvrir quelques plaisirs simples de la vie.

    Une grande poésie dans ce film aux images sublimes, avec l'émouvante rencontre entre le « monstre » et l’aveugle qui en lui apprenant à parler, à discerner le bien / le mal, à aimer, lui redonne son humanité , avec la part de tragédie que cela suppose… Boris Karloff magistral

     

    La fiancée de Frankenstein (1935) - James Whale

     

    L'un des plus beaux chef-d'œuvre de tous les temps, un des plus grands acteurs de l'histoire et la plus belle scène au monde.

    James Whale aimait les gens ''différents'', c'est sans doute pour cela qu'il a su donner tant de force à la créateur, magistralement interprétée par Boris Karloff il est vrai, et donner le meilleur de lui-même pour ce film où la poésie et l'humour encadrent l'épouvante en un triptyque extraordinaire.

     

    La fiancée de Frankenstein (1935) - James Whale

    De l'avis général des amateurs, ce film est un chef-d'œuvre surpassant tous les autres de la série, transcendant le genre « film d'horreur » par le côté pathétique et profondément humain de la créature incarnée admirablement 
    par Boris Karloff.

     

    La fiancée de Frankenstein (1935) - James Whale

     

    À l'origine, Frankenstein et sa femme périssent dans la destruction finale. Les producteurs ayant finalement préféré une happy end, la scène où les deux personnages prennent la fuite fut tournée et vint se substituer à la fin initiale.
    Pourtant, un spectateur attentif peut voir dans les derniers plans du laboratoire, Frankenstein enseveli sous les décombres !

     

    La fiancée de Frankenstein (1935) - James Whale

     Ce film est un petit bijou de poésie et d'humanisme. Le monstre n'est pas toujours celui qu'on croit. La créature apparaît plus humaine que ses créateurs. On réussit à nous faire avoir de l'empathie pour ce monstre que nous devons à priori détesté et pourtant nous sommes de tout cœur avec lui. Un tour de force littéraire et cinématographique rarement égalé.


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    L'Homme qui retrécit

     Sur le bateau prêté par son frère pour un après midi en mer, le publicitaire Robert Scott Carey traverse un nuage d'origine inconnue. Six mois plus tard, le malheureux constate avec stupeur que son corps s'amenuise. Nitrogène, calcium et phosphore l'abandonnent, tandis que ses molécules cellulaires subissent une inexplicable mutation. Réduit à des proportion dérisoire en moins de temps qu'il ne faut pour le pire, l’apprenti lilliputien bascule sans tarder dans un cauchemar minuscule. Et d'errer dans un environnement hostile où son char, une fuite d'eau et une araignée constituent de redoutables ennemis. Pour l'infortuné perdu entre géant et néant, survivre exige désormais de chercher l'infime.

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    Le long métrage de Jack Arnold brave le temps qui passe avec panache. L'ingéniosité fiévreuse de sa mise en scène, prompte à exploiter le dépouillement et à dilater l'espace, y contribue. L'auguste prestance de décors soucieux d’accommoder gigantisme et suggestivité, comme en témoignent une portion de gâteau aux allure de roche granitique ou une épingle devenue épée, bâtit en outre une esthétique où le matérialisme transfiguré côtoie la poésie des ruines. Ajoutons que des éclairages élégants, ménagés avec une dextérité aiguë à l'approche du dénouement, composant une atmosphère crépusculaire, en parfait accord avec les vacillantes espérances du héros.

    Dans les années 50, la peur atomique provoque une véritable psychose. Hollywood s'empare du sujet avec quelques réussites à la clé comme cet homme qui rétrécit réalisé par Jack Arnold qui a également réalisé
    L’Étrange créature du lac noir "

    Ce qui fait la force de ce film de science fiction, c'est sa dimension philosophique clairement assumée lors du dénouement. 

    L'Homme qui retrécit (1957) - Jack Arnold 

    Cet homme, Scott Carey, est peu à peu dépouillé de son existence en tant qu'homme puis qu'être humain : sa taille, ses vêtements habituels, sa femme, sa maison. Il est bientôt réduit à l'état d'enfant, puis de petit animal, puis d'insecte.

    Les effets spéciaux utilisés dans ce film étaient tout simplement spectaculaire à l'époque. Récupérer la nourriture d'un piège à souris, affronter un chat ou une araignée... En changeant d'échelle, le monde familier devient monstrueux.
    La voix off nous fait partager les angoisses, la lucidité pathétique et, enfin, la sérénité philosophique de Carey, seul face à une tragédie sans espoir de retour.
    L'araignée de la cave est certifiée 100% arachnide véritable, et ça se voit à sa manière de courir.

    L'Homme qui retrécit (1957) - Jack Arnold

     

    " Je voulais créer un climat qui vous laisserait imaginer ce que ce serait si vous deveniez à ce point minuscule, que les choses banales et courante de la vie quotidienne deviennent bizarres et menaçantes. Un chat que vous adorez devient un monstre hideux, une araignée devient terrifiante, je voulais que la public s'identifie à cet homme et ressente les mêmes choses que lui... " Jack Arnold

    L'Homme qui retrécit (1957) - Jack Arnold

     

    Scott réalise quelle est la place de l'Homme, alors que l'infiniment grand et l'infiniment petit se rejoignent dans un dernier plan où l'on peut observer les étoiles : à l'échelle de l'univers, la taille de l'homme n'a pas de sens ; 
    c'est simplement l'existence qui compte. Il ne disparaît pas, il se contente de découvrir de nouveau défis dans l'infiniment petit, et de peut-être devenir  l'homme du futur.
     

    Petite merveille du cinéma de science-fiction des années cinquante, L’homme qui rétrécit n’a rien perdu de son efficacité et reste probablement l’œuvre la plus remarquable sur ce thème indémodable de l’infiniment petit et du gigantisme. Jack Arnold met très habilement en scène les jeux sur le changement de taille des décors, en relation avec le rétrécissement physique  du héros. Alors que la production exigeait un happy-end, le cinéaste réussit à imposer sa conception de l’histoire et une fin (différente de celle imaginée par Matheson) qui s’ouvre sur une vertigineuse réflexion métaphysique.

    Un pur chef-d'œuvre

     


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