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    Les prophéties de Malachie pour le XXè siècle sont les plus troublantes. Ignis ardens (le feu ardent), devise de Pie X, a reçu plusieurs explications. Ce pape fut élu en la fête de saint Dominique (4 août) dont l'ordre porte pour écusson une torche ardente, allusion à une vision que sa mère eut en songe alors qu'elle portait dans son sein. De plus, en tant que cardinal il était titulaire à Rome de l'église Saint-Bernard-aux-Thermes, et cette église avait été bâtie sur l'emplacement même du caldarium des thermes de Dioclétien, qui durant toute l'Antiquité n'avait été qu'une fournaise ardente.

    Cette devise fait aussi penser à la Grande Guerre qui débute sous son pontificat. Pie X avait prévu le conflit et même fait allusion à la prophétie de Malachie, à laquelle il croyait, en confiant à l'un de ses proches : " Après ma mort, c'est vraiment qu'il y aura Religio depopulata, la chrétienté sera dépeuplée. "

    Dans une curieuse plaquette écrite sur cette prophétie et éditée à Caen en mars 1913, on retrouve les même craintes. " Vit-on jamais autant de catastrophes produites par le feu ? Est-ce fini ? Car la guerre balkanique peut amener des conséquences terribles, des conflagrations épouvantables, dans un avenir très proche, que la devise Religio depopulata (la religion dépeuplée) , n'est pas de nature à faire envisager d'une façon optimiste. "

    En effet, cette sentence fut celle de Benoit XV (1914 - 1922) sous le règne duquel eut lieu la Première Guerre mondiale et la révolution bolchevique qui, avec leurs millions de morts, dépeuplèrent vraiment la chrétienté. Une fois de plus les foules trouvaient dans l'antique prophétie une explication à leurs angoisses.

    Dans celle de Pie XI, Fides intrepida (la foi intrépide), on se plut à voir le pape des missions lointaines et de l'action catholique, preuves d'une foi intrépide.

    Pie XII fut le pasteur angélique, Pastor angelicus, de la devise suivante. Ce pontife visionnaire et mystique auquel la Vierge serait apparue et qui proclama le dogme de l’Assomption méritait bien cette appellation flatteuse.

    Pastor et nauta (le pasteur et le pilote) fut celle de Jean XXIII (1958 - 1963). Archevêque de Venise, il fut aussi le pilote de l'Eglise et son pasteur en lui donnant le coup de barre décisif quand il convoqua le concile de Vatican II qui allait l'engager dans des voies nouvelles.

    Avec Paul VI (1963 - 1978), nous arrivons aux derniers papes de la Prophétie sur les papes de Malachie. Cette fois il fallut recourir à l'héraldique pour expliquer sa devise, Flor Florum (la fleur des fleurs). Ce pontife était en effet natif de Florence, ville qui porte un lys dans son blason, lequel, en héraldique, est appelé la "fleur des fleurs"

    Lorsqu'en 1978 fut élu pape sous le nom de Jean-Paul 1er l'obscur cardinal Albino Luciani, on ne manqua pas de scruter sa sentence, De medietate lunea (de la moitié de la lune, ou par méditation de la lune). Celle-là est difficile à interpréter. Au moment de son élévation sur le trône de Pierre, certains firent remarquer qu'elle visait la première partie de son nom, Lu, c'est-à-dire la moitié de la lune. 

    Mais sa mort subite, au bout d'un mois seulement de pontificat, frappa les esprits et on crut que la prophétie évoquait plutôt son très court règne et sa mort solitaire, dans le silence de la nuit, sous le signe de l'astre lunaire. Peut-être annonce-t-elle aussi le règne suivant dont celui-ci aurait été la brève préparation, le règne du soleil qui fait suite à celui de la lune. Le pape qui fut choisi ensuite ne prit-il pas le même nom que son prédécesseur, ajoutant ainsi à la complémentarité des deux devises ?

    A Jean-Paul II est attribuée la 110è et avant dernière légende, De labore solis (du labeur du soleil). Elle semble bien vérifiée par le fait que ce pontife polonais, le premier pape non italien depuis Adrien VI en 1523, vient de l'Orient, de l'est de l'Europe, là ou le soleil se lève. La tentative d'assassina dont il a fait l'objet laisse à penser que là aussi l'Orient a joué un rôle puisque son assassin, un Turc, venait lui aussi de l'est...

     

     

     


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