• Matthew Gregory Lewis - Le Moine

    A Madrid, il est un homme que tous admirent : le moine. Avant d'être nommé supérieur de sa communauté, il n'est jamais sorti de son couvent, où il fut recueilli dès sa naissance, abandonné par ses parents. Il ne sort de sa retraite et de son recueillement que pour faire des sermons à la cathédrale, dans laquelle une foule impressionnante vient l'écouter pieusement. " C'est un saint ", disent de lui les habitants de Madrid. Mais personne ne le connait véritablement, si ce n'est Rosario, jeune novice qui lui voue une admiration toute particulière, et Dieu le Père en personne ! Le moine est trop sensible à l'image - certes inoffensive - de la Vierge Marie devant laquelle il prie chaque jour, et trop prompt à réveiller ses sens si longtemps endormis, pour rester saint toute sa vie. Derrière la rose se cache un dangereux serpent et, derrière le moine, c'est le diable lui-même qui veille...

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    L'un des thèmes de la littérature gothique du XVIIIè et du XIXè siècle est le moine vaniteux et libidineux. Apparu dans les fabliaux du Moyen-Âge, il s'est enraciné dans l'imaginaire collectif. Cependant, l'originalité apportée par le roman gothique à ce cliché de la littérature, est de lui conférer une psychologie et une aura démoniaque et irrésistible ascension vers le Mal. En un mot, faire du moine paillard traditionnel, un personnage complexe, sombre et tourmenté, à l'image de la trame du roman gothique. Cet ouvrage au succès retentissant servira de modèle aux roman gothiques qui suivront.

    Le Moine est probablement le plus célèbre roman "terrifiant" anglais du XVIIIè siècle, mais aussi l'un de plus transgressifs. En effet, il est le premier récit à mettre en scène un moine dans le rôle du héros maléfique. Sa publication fit scandale et Lewis fut obligé d'en expurger certains passage dans la deuxième éditions.  

    L'édition originale du Moine a été publiée en 1796 avec beaucoup de succès, bien plus, d'ailleurs, que n'en connurent les ouvrages suivants de Lewis. La seule véritable traduction à laquelle il est fait traditionnellement référence est celle de Léon de Wailly en 1840. Lorsque Antonin Artaud entreprend de réécrire Le Moine, ce travail est réaliser sur commande et dans la perspective de l'adapter au théâtre ou au cinéma. Artaud n'a jamais prétendu traduire littéralement le texte, mais a plutôt voulu en faire ressortir l'aspect fantastique.  

    Le texte original a été écourté, pour un résultat toutefois long, où les rebondissements de situations nous font découvrir des liens tout d'abord insoupçonnés entre les différents protagonistes. " La Nonne sanglantes " et " Le Juif errant " sont des passages pleins de suspense qui donnent des sueurs froides. On retrouve dans ce choix d'Artaud, son gout pour les mondes parallèles où les repères n'existent pas. Le Moine est un récit vraiment diabolique, où le suspense et l'horreur sont entretenus jusqu'au bout.

    Ecrit vers l'âge de vingt ans, Le Moine fut à la fois le premier et le meilleur roman de Matthew Gregory Lewis. Le personnage d'Ambrosio, moine orgueilleux et libidineux fait désormais patie du cercle très fermé des "génies du mal", tels que Melmoth de Mathurin ou le Faust de Goethe 


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