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Par giova35 le 14 Août 2016 à 11:35
On a souvent rapproché la figure de Marie à de nombreux mythologie ancienne et en particulier de la religion d'Isis. Cette comparaison est évidemment pertinente dans la mesure où, par exemple, le thème de la douleur de la Mère rappelle fortement, en effet, celui des pleurs d'Isis chantant le marenos (lamentation funèbre dont le nom signifie "compréhension et amour"). Nécessaire du point de vue de l'histoire des religions, cette comparaison ne peut pourtant épuiser la signification profonde qui est celle de Marie, et qui ne peut s'expliquer que dans son contexte spécifiquement chrétien.
Déclarée en effet Theotokos (Mère de Dieu) au concile d'Ephèse en 431, puis aeiparthenos (toujours vierge) au concile de Chalcédoine 20 ans plus tard, Marie ne se contente pas de se présenter comme la mère spirituelle de l'Humanité, mais elle est aussi celle qui a reçu la grâce du Saint-Esprit et qui, dans son humanité profonde, devient "la fille de son fils". D'autre part, l'intime souffrance devant le martyre de Jésus introduit à la notion d'espérance, c'est-à-dire à une dimension de la foi qui repose sur une confiance inébranlable dans les projets de Dieu, parussent-ils absurdes au cœur de l'homme.
Canalisant sur elle de très anciennes figures mythologiques ou de multiples attributs que lui conférait la croyance populaire, la Vierge Marie a puissamment synthétisé les espoirs et les rêves des croyants qui se sont inscrits dans ce qui est convenu d'appeler le "christianisme populaire"
Au Moyen-Age et à la Renaissance, certaines images dont on se servait lors des prières publiques ou des pèlerinages représentaient Marie dans un vêtement décoré d'épis et de blé. Cette image n'est pas sans rappeler, de nouveau, les "mères nourricières" de l'Antiquité, telle que Déméter par exemple. Le grain qui est mis en terre et pouvait sembler y mourir, mas qui se réveille au printemps pour commencer une nouvelle vie et promettre de nouvelles moissons, a été de tout temps un symbole de renaissance. Pour les populations agricoles de l'époque, l'image de la robe d'épis était aussi une représentation concrète des prières ardentes que l'on faisait pour la richesse des récoltes.
L'Assomption
L'Assomption, jour où les anges ont conduit la Vierge au ciel (fête instituée dès le VIIè siècle), est pour certains la christianisation des traditions païennes qui célébraient au milieu du mois les prémices des moissons et des vendanges : " Ainsi voit-on dans les processions du 15 août la Vierge porter généralement à sa main gauche une grappe de raisin et un bouquet d'herbes, de légumes et d'épis.
Les herbes cueillies le 15 août passent pour être magiques. Selon une croyance du Moyen Âge, "dansez le jour et la nuit en prenant bien garde de tomber par terre et faire quantité d'autres folies dans l'église aux fêtes de l'Assomption de la Vierge" guérit de l'épilepsie. Mais il ne faut pas se marier ce jour ni aller à la chasse.
La période entre l'Assomption et la Nativité de la Vierge (le 8 septembre) est très favorable aux entreprises et, dit-on en Belgique, pour la grande lessive (car le linge ne jaunira pas). En Tourraine, "pour que les poules pondent deux fois par jour, il faut les mettre couver et faire éclore les poussins entre la Bonne-Dame d'août et la Bonne-Dame de septembre.
Les œufs pondus entre les deux Notre-Dame se conservent indéfiniment mais les taureaux nés au cours de cette période ne sont pas de bon reproducteurs.On prétend encore qu'on peut sans danger être mordu par un serpent entre ces deux fêtes ; en Franche-Comté, aucun serpent n'a osé se montrer pendant cette période.
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Par giova35 le 12 Août 2016 à 16:30
Trois mille ans de civilisation maya et, pour l'appréhender, les archéologues disposent seulement de villes en ruines et de quelques livres : trois étranges codex aux feuillets peints et des textes rédigés après la conquête, au XVIè siècle. C'est bien peu pour cerner les subtilités d'une culture aussi longue et riche.
Si l'histoire des Mayas se déchiffre peu à peu sur les murs stuqués de leurs cités-Etats, celle du monde telle qu'ils se l'imaginaient provient quasiment d'une seule source, tardive : le Popol Vuh, ou livre du conseil, écrit en maya Quiché et retrouvé au XVIIIè siècle.
Ce livre majeur conserve la trace de récits anciens. C'est le cas des passages concernant les deux générations de héros jumeaux et l'inframonde, ce monde souterrain qui met quotidiennement en péril le Soleil et le monde. On a dans ces partie du Popol Vuh quelque chose de profond et qui relève le mythe de création, notamment de l'ordre, où les forces du jour vont vaincre les forces de la nuit. En l’occurrence les jumeaux Hunahpu et Xbalanque, capable de ressusciter et de vaincre par la magie et la malice les seigneurs de la nuit et autres créatures monstrueuses de l'Inframonde.
Impossible, toutefois, aujourd'hui de savoir vraiment à quoi ressemblaient les mythes aux périodes Préclassique et Classique.
Il n'y a alors pas de panthéon mais plutôt des forces incarnées par des rois locaux, et des entités sans doute à l'origine des personnages historiques mythisés et représentant de grand éléments du Cosmos.Extrait du Popol Vuh
"Ceci est le premier récit, la première histoire. Il n'y avait alors ni hommes ni animaux, oiseaux, poissons, crabes, arbres, pierres, ravins, herbes ou forêts ; il n'y avait que le ciel.
La surface de la Terre n'était pas encore apparue. Il n'y avait que la mer calme et la grande étendue du ciel.
Rien n'était assemblé, rien n'avait été doté d'existence. Rien qui puisse faire du bruit, ni rien qui puisse bouger ou trembler ou faire du bruit dans le ciel.Rien ne se dressait, seule était l'eau calme, la mer paisible, seule et tranquille. Rien n'existait.
Il n'y avait qu'immobilité et silence dans les ténèbres, dans la nuit.
Seul le Créateur, le Modeleur, Tepeu, Gucumatz, les Aïeuls, étaient dans l'eau, cernés de lumière. Ils étaient cachés sous des plumes vertes et bleues et étaient de ce fait appelés Gucurmatz.
Par nature. Ils étaient de grand sages et de grands penseurs...Puis vint le verbe, Tepeu et Gucurmatz vinrent ensemble dans la ténèbres, dans la nuit, et Tepeu et Gurcumatz marchèrent ensemble.
Alors ils parlèrent, discutèrent, et délibérèrent ; ils s'accordèrent, ils unifièrent leurs paroles et leurs pensées.
Et pendant qu'ils parlaient, il leur apparut clairement que lorsque l'aurore se ferait, l'homme devrait paraître.
Alors, ils organisèrent la création, et la croissance des arbres et des fourrés, et de la naissance de la vie et la création de l'homme.
Tout fut arrangé dans la ténèbres et dans la nuit, depuis le coeur du Ciel appelé Huracan...Alors la Terre fut créée par eux. C'est ainsi en vérité, qu'ils créèrent la Terre, Terre !
Dirent-ils, et instantanément elle fut faite.
Comme le brouillard, comme un nuage, et comme un nuage de poussière fut la création, quand les montagnes apparurent de la mer ; et instantanément les montagnes grandirent.
Seulement par un prodige, par un art magique furent formées par les montagnes et les vallées ; et aussitôt les bois de cyprès et de pins se mirent à pousser ensemble sur la surface de la Terre. "**********
Les dieux créèrent les hommes pour qu'ils parlent et prient. Ils font une première tentative en utilisant la glaise, mais elle fond rapidement dans l'eau. La seconde , employant du bois, est tout aussi infructueuse tant
"il n'y avait rien dans leur cœur et rien dans leur esprit" ; les simili hommes sont détruits violemment. Pour leur troisième essai, les dieux emploient de la farine de maïs : cette fois, les homes sont parfaits, mais trop intelligents... Leurs yeux seront donc voilés, afin de limiter leur compréhension du monde.
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Par giova35 le 11 Août 2016 à 11:05
Ce n'est pas un, mais des myriades de mythes de création que recèle le pays dogon, niché sur le grand plateau central malien et au pied des falaises de Bandiagara : parfois le dieu Amma tire notre Terre d'un boudin d'argile ; parfois il façonne plutôt un œuf au double placenta, abritant un couple de jumeaux dont l'un sort avant terme et forme lui-même la planète...
Une telle diversité est classique pour une société de tradition orale, d'autant que le pays dogon n'a rien d'homogène ni d'isolé : les peuples qui le composent sont venus de différentes régions au XVè siècle.
Leur mythes témoignent donc de diverses influences, tant religieuses (islamique, avec l'importance du chiffre 7 ; chrétienne, le premier couple se dénommant parfois Adama et Awa ....) que culturelles (provenant d'ethnies voisines, des Européens,....)Loin de les rejeter, les Dogons ont su les intégrer et faire évoluer leurs propres récits.
La société des masques
Le pays dogon abrite au nord les fameuses sociétés des masques, réservées aux hommes. Elles se caractérisent par les cérémonies du Sigui qui se tiennent tous les 7 ans, où les mythes sont racontés en langues dites secrète du Sigui So. Le premier mythe de création dogon connu a été recueilli dans cette société dans les années 1930 par Solange de Ganay, membre de l'équipe de Marcel Griaule.
La création d'après la société des masques
" La Terre est ronde et plate. Elle est entourée d'une grande étendue d'eau, eau et sel, en forme de couronne. Cette mer est elle-même encerclée par un immense serpent, qui maintient l'ensemble en se mordant la queue. S'il venait à lâcher prise, tout s’effondrerait.
Au centre de la Terre, au nord des falaises, s'élève un poteau de fer (la fourche d'Amma). Il monte jusqu'à une autre Terre qu'il soutient sans la traverser et qui se trouve au-dessus du Ciel visible...
Sept disques s'étagent ainsi vers le haut. D'autre part, la Terre des hommes est la première d'une autre série de sept qui s'étagent en dessous. Si la Terre supérieure est surmontée d'un Ciel, celle du dessous n'en domine aucun ; elle repose sur du fer qu'on trouve lorsque l'on creuse. Dès le début, Amma, le créateur, possédait le fer et il a tout posé sur lui.
Pour chaque disque, il existe un Soleil et une Lune ; le Soleil est au-dessus des confins de la Terre dont il n'éclaire qu'une partie. Il est immobile, tandis que le disque terrestre tourne en un jour autour de son pivot de fer. Ainsi, tous les pays sont tour à tour éclairés....
Notre Terre fait partie des sept mondes du bas, mais elle seule est habitée par des humains. Dans les six autres mondes du dessous sont bâtis les villages des gens à queue, qui sont plus mauvais que les hommes de notre Terre ; mais ils le sont moins que les habitants des six mondes supérieurs, où se trouvent les villages des hommes à cornes, qui envoient aux humains les maladies et qui jettent sur la Terre les pierres de tonnerre. Le monde appartient à 14 Amma dont 7 résident au-dessus et 7 au-dessous. Le dieu de chaque Terre habite le ciel qui la domine....
Amma créa la Terre, le Ciel, l'eau et le genie Nommo. Il entoura les eaux d'un serpent, et, dans le même temps, créa les nuages. Le Nommo descendit sur la Terre, avec l'eau, par le chemin de l'arc-en-ciel...
Puis Amma créa toutes les choses, tous les hommes, toutes les femmes et les enfants. Amma créa d'abord une femme. A cette époque, la femme commandait à l'homme, et c'est pourquoi, encore aujourd'hui, l'âme, après la mort, se rend d'abord dans la famille maternelle... Tous étaient immortels. "
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