• Trois jeunes américains (hommes), poussés par la curiosité et la recherche d'aventures qu'ils imaginent romanesques, entament l'exploration d'un pays totalement isolé, uniquement peuplé de femmes. 

    Ils vont découvrir un monde idéal, ignorant les conflits et la guerre, construit par les femmes qui peuvent simplement être elles-mêmes, libérées qu'elle sont des contraintes du patriarcat. Donnant à leur tour naissance par parthénogenèse, uniquement à des petites-filles, elles sont à la fois de très bonnes mères pour tous ces enfants et des femmes libre de développer tous leur talents physiques, pratiques, intellectuels ou spirituels.

    Devant leur principes doucement mais fermement contestés, nos trois aventuriers vont évoluer chacun à leur manière.

    **********

    Hertland est une utopie féministe dans le premier sens du terme  il s'agit d'un non-lieu, d'un lieu qui n'existe et n'existera pas, peuplé de femmes dont la constitution physique et psychologique est exceptionnelle. C'est un rêve à atteindre, un lieu qui ne peut qu'inspirer le reste du monde comme il inspire, au final, les trois aventuriers qui le découvre. Hertland tient beaucoup plus des Utopies comme celle de Thomas More que des récits de sciences-fiction dans lesquels les femmes prennent le pouvoir ou sont les seules survivantes sur Terre.

    Loin des classiques Amazones, si souvent dépeintes, ces femmes ont bâti une société utopique, sans conflits, solidaire, et exploitant son territoire de manière raisonnée et raisonnable.

    D'abord assuré de leur supériorité, à la fois physique, intellectuelle et culturelle, les trois hommes reçoivent bientôt une grande leçon de modestie devant le fonctionnement impeccable de cette société débarrassée de la violence, qui ne connait ni la guerre, ni la maladie, ni la souffrance. Jeff et Van apprécient de plus en plus les qualités de cet étrange pays, remarquablement civilisé et éclairé, aspirant toujours au progrès et à l'accroissement des connaissances.

    Sans malice ni mauvaises intentions, l'esprit critique des habitants de Herland et leur logiques imparable pousse peu à peu le narrateur à reconsidérer ses certitudes. Lui, qui avait toujours été fier de son pays, se trouve troublé par ce mode de vie et cette société fonctionnant sur des principes si éloignés de ceux qu'il connait.

    Ce roman de Charlotte Perkins Gilman écrit en 1915 et paru en feuilleton ne fut publié en livre qu'en 1979. Un roman qu'il faut redécouvrir de toute urgence. 


    votre commentaire
  •  

    Dan B Davis est un ingénieur de génie et il se trouve dans une situation désespérée. Après avoir avec passion passé des mois à la conception d'un robot à tout faire, qui risque de révolutionner la vie de tous les concitoyens, il se voit mis à la porte de sa propre entreprise du fait de la duperie de sa fiancée et de son meilleur ami, à l'origine du projet. Il compte se faire hiberner avec son chat Petronius pendant trente ans pour vivre une autre époque loin de tous ses tracas actuels. Fuyant dans le futur, Davis va se trouver placé dans une série de situations tour à tour cocasses, tendres, naïves ou inconfortables. 

    **********

    Pétronius est ce chat qui, en hivers, disposant d'une chatière, plutôt que de l'emprunter et de sortir dans la neige, préfère se planter tour à tour devant les onze portes de la maison, attendant qu'on lui ouvre celle qui donne sur l'été. En fait ne cherchons nous pas tous cette fameuse porte qui s'ouvre sur l'été ?

    Ainsi, Ainsi, après un sommeil de plusieurs années, notre héros se réveille et doit se réintégrer dans une société qui ne l'a pas attendu. Que sont devenus ses amis et ses ennemis ? Comment va-t-il retrouver un travail ? Heinlein ne choisit pas de munir son personnage d'un compte en banque dodu où il n'aurait qu'à puiser à son réveil. C'est plutôt le contraire, l'ingénierie a changé et la société a évolué de façon imprévue. Dès lors, il est presque impossible à Davis de s'en sortir et il ne doit son salut qu'à son ingéniosité et à son travail. On comprend donc que les éléments de science-fiction pure et ceux de la réalité telle que nous la connaissons s'unissent pour former un tout vivant, aussi satisfaisant pour l'esprit que pour le cœur. En effet, tous les protagonistes sont palpables. Leur sort n'est pas indifférent au lecteur qui passe de l'inquiétude à la jubilation, de l'incertitude à l'espoir, bref de la simple lecture à la vie dans une aventure enivrante.

    Variation sophistiquée sur le thème du voyage dans le temps, ce roman particulièrement bien construit de Heinlein est un vrai bonheur de lecture. L'auteur évite en effet tous les clichés du genre et nous fait sourire à maintes reprises. De plus, les idées s'agencent comme un jeu de cubes pour édifier une histoire cohérente, alors que l'on pourrait facilement basculer dans le ridicule 

    Robert Heinlein fait partie de ces romanciers qui ont exploré à peu près tous les genres de la science fiction. Avec " Une porte sur l'été ", il nous donne un aperçu de son talent dans le domaine prospectif, il imagine le début du XXIè siècle. Il donne libre court à son imagination concernant les futures amélioration concernant les futures améliorations technologique du XXè siècle.

    Ecrit en 1957,c'est avec flair qu'il pense à l'automatisation robotisée des tâches répétitives. Sa table à tracer est en effet un concept qui sera développé effectivement. Quant au robot ménager, même s'il n'est pas aussi autonome et indépendant qu'il imagine, le XXè siècle en a connu des progrès technologiques qui soulagent en partie la ménagère aujourd’hui. On lui pardonnera sans peine les quelques fausse prédictions technologique que n'aurions pas imaginé il y a à peine une vingtaine d'années.  

    Heinlein arrive également à aborder l'aspect hibernation, et par extension le voyage dans le temps, thème qu'il va développer avec brio dans la dernière partie qui s'oriente complètement dans cette optique, et qu'il arrive à mettre en place à la perfection. Et de l découle la réflexion sur le paradoxe temporel.

    Rappelons que Heinlein a été considéré aux USA comme le meilleur auteur de science-fiction de son époque. Un excellent raconteur d'histoire. 

     


    votre commentaire
  • Umberto Eco - Le nom de la Rose

    En 1327,l'ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville se rend dans une abbaye bénédictine, située entre la Provence et la Ligurie, accompagné par son novice Adso qui est le narrateur de l'intrigue. Dans un climat de conflit théologique entre les franciscains et l'autorité pontificale au sujet de la pauvreté du Christ – l'ancien inquisiteur doit reprendre sa charge à la demande de l'abbé, à la suite de la mort suspecte d'un des moines. Rapidement, ce que beaucoup semblaient considérer comme un suicide prend des allures de plus en plus inquiétantes. Lorsque l'inquisiteur dominicain Bernardo Gui se rend à l'abbaye à la demande du pape, et commence à se mêler à l'enquête, cela est loin d'arranger les choses.

    **********

    Umberto Eco - Le nom de la Rose

     

    Pour son premier roman, Umberto Eco nous livre une fresque moyenâgeuse extraordinaire tout en jouant sur de nombreux tableaux : historique, philosophique, policier et romanesque qui forment une imposante fistion, étourdissante de démesure et d'érudition. A côté d'une intrigue digne des meilleurs romans policiers, Umberto Eco, possédant une culture phénoménale, a su parfaitement intégrer à son récit les éléments historiques et religieux afin de bâtir un gigantesque monument littéraire.

    Guillaume de Baskerville rappelle bien sûr l'oeuvre de Conan Doyle " Les chiens de Baskerville", le moine franciscain endossant le rôle du génial enquêteur Sherlock Holmes, accompagné d'un Watson qui prend les traits du jeune disciple Adso de Melk. Le gardien au savoir encyclopédique de la colossale bibliothèque se nomme quant à lui Jorge de Burgos... un hommage non déguisé à Jorge Luis Borges dont la fantastique érudition et ses œuvres ont pour beaucoup inspiré Umberto Eco dans la rédaction du roman. La bibliothèque construite en un étourdissant lbyrinthe, est elle aussi directement inspirée d'une nouvelle de Borges " La bibliothèque de Babel ", tout comme les multiples références sur les œuvres sacrées et leur impact dans l'inconscient collectif. Cette bibliothèque, élément central du roman, renferme tous les savoirs de l'humanité.

     

     Le Nom de la rose est une histoire en sept chapitres, chiffre symbolique qui représente le nombre de jours et d'étapes de l'enquête ainsi que le nombre approximatif de morts.
    C'est l'occasion pour le romancier de nous raconter par le menu les débats théologiques, l’Inquisition ou encore les conflits de l'époque entre autorités religieuses et civiles.

    Ce roman est, à lui seul une véritable bibliothèque, d'où son grand succès universel. Il a su réjouir un public varié. Il est rare de trouver une oeuvre littéraire aussi aboutie que " Le nom de la rose "


    Un roman d'une rare érudition à la "Eco".
    A lire.

    Umberto Eco - Le nom de la Rose


    votre commentaire
  • L'ouvrage est sous-titré Discours du très excellent homme Raphaël Hyhloday sur la meilleure constitution d'une 
    république ; ce personnage plein de science et d'expérience semble être le porte-parole de l'auteur.

    Dans la première partie, il dresse un tableau fort sévère de l'Angleterre, dénonce les abus du au pouvoir, la conjuration des riches contre les pauvres, la misère des paysans, expropriés au profit des favoris du roi. 

    La seconde partie s'attache à décrire un pays imaginaire, l'île de nulle part ("Nusquama") et à étudier les mœurs de ses habitants, les Utopiens ; cette démocratie, gouvernée par le prince Utopus et fondée sur la justice entre les citoyens, "connait une brillante prospérité". Suit l'examen minutieux d'un mode de vie standardisé : l'éducation, le mariage, le temps de travail, le vêtement, la nourriture, et jusqu'à l'architecture des maisons obéissent à des règles strictes dans ce pays où l'on ne voit ni pauvre, ni mendiant et où "quoique personne n'ait rien à soit cependant tout le monde est riche".

    **********

    Sous le couvert d'une allégorie dans le goût de La République de Platon, More n'a-t-i pas voulu proposer un modèle de société dont quelques principes auraient pu inspirer la monarchie d'alors ? Plus qu'un autre, More avait une perception aiguë des problèmes de son époque, où la misère, le chômage, l'écroulement du monde féodale et l'incertitude religieuse sèment le trouble et le désespoir.

    Cette "république étrange" dont l'auteur reconnait, non sans humour, l'absurdité de certaines pratiques, apporte néanmoins le bonheur aux hommes épargnés par l'ambition et le goût du profit puisque la propriété est supprimée, l'argent aboli et que chacun oeuvre pour le bien commun. L'ouvrage ne se présente pas comme un austère traité d'économie politique ni comme une fiction désincarnée, mais bien comme une fresque colorée et ironique dans laquelle More affiche une vision prémonitoire des temps modernes.

    De tous ces anticipateurs, le plus lucide fut incontestablement Thomas More, l'auteur d'Utopie. C'est au succès de ce livre que le mot a dû d'être utilisé dans le sens que nous lui donnons. 
    Grand homme politique, âme sainte que l'Eglise catholique a portée sur les autels, c'était un esprit singulièrement vaste et profond, et qui, il y a quatre siècle, semble avoir prévu la plupart des grands problèmes qui se posent à l'homme moderne.   

     


    votre commentaire
  • Thomas de Quincey

    Le Roman noir anglais avait déjà plus d'un demi-siècle quand De Quincey s'avisa d'y ajouter l'Essai noir. Il imagina de considérer le meurtre sous un angle esthétique, inventant une société d'amateurs qui appréciaient la qualité esthétique des assassinats commis depuis Caïn jusqu'à Burke et Hare, qui attiraient les vagabonds chez eux pour les étouffer sous des oreillers et les vendre comme sujets anatomiques ; et jusqu'à Williams qui, tout dernièrement, avait terrifié Londres en anéantissant deux familles entières. Cette récapitulation meurtrière s'effectuait selon des variations drolatiques, sur un mode ironique et léger.

    **********

    Considéré comme un chef-d'oeuvre d'humour noir, cet essais publié en 1827 reste néanmoins une oeuvre a part et pas toujours facile à lire destinée à des lecteurs confirmés. La fin avec la description des crimes de Williams par le menu détail est particulièrement savoureuse ( si l'on peut dire ).  

    En effet, si le lecteur sourit et rit même de bon cœur durant les deux premiers textes du recueil, la chose devient impossible dès qu'il entame le " Post-scriptum" - la partie la plus longue du récit. Il se penche dès lors sur le cas de John Williams, assassin, en 1812, des membres de deux paisibles familles londoniennes.

     Peu à peu nous passons de l'idée abstraite du meurtre à la matérialisation de ce fantasme dans une réalité encore présente pour les lecteurs de l'époque et malheureusement quasi quotidienne pour nous.

    Thomas de Quincey nous parle d'assassins qui ont fait l'histoire tel par le Caïn de la Bible et poursuit avec quelques "meurtres d'état" comme ceux de Henri III et Henri IV en France et celui du duc de Buckingham en Grande-Bratagne sans oublier quelques philosophes qui manquèrent d'êtres assassinés. Descartes et Spinoza sont du nombre, en terminant par une réunion d'amateur de crimes. 

    Revenons à ce fameux post-scriptum. Il use d'un tout autre ton : grave, réfléchi, il accumule les détails sur ce qui fut l'affaire Marr- Williamson, reconstitue, avec une précision qui eût fait les gestes de l'assassin au milieu des carnages qu'il provoque, et surtout, il s'interroge sur les raisons de ses actes.

    Au début, il nous laisse croire que William tuait uniquement pour l'argent et ne voulait laisser aucun témoin. Mais cela est loin de représenter la triste réalité.

    C'est la deuxième affaire qui attire notre attention. Avec une puissance d'évocation qui nous transporte sur la scène du crime en tant que témoin, nous montre que après avoir abattu Mr et Mrs Williamson ainsi que leur malheureuse servante, le tueur n'a aucune raison d'égorger la petite fille qui dort, deux étages plus haut, dans sa chambre : la petite fille ignore complètement ce qui s'est passé au rez-de-chaussée tout comme elle ignore qu'il vient de rentrer dans sa chambre dans le but de la tuer à son tour. Et pourtant, au lieu de se retirer, William s'avance et reprend sa lame de rasoir... Il faudra l'intervention quasi miraculeuse des voisins alertés par un jeune domestique qui avait réussi à s'enfuir, pour que l'enfant échappe à la mort.

    C'est à cet instant que nous découvrons chez Thomas de Quincey, la réelle profondeur de sa réflexion sur l'instinct de tuer... 

    L'idée de traiter l'assassinat comme un objet esthétique peut sembler macabre mais le talent de l'auteur nous laisse sans voix.

    Cette troisième partie est excellente. De Quincey l'a rajouté en 1854 en pensant qu'il n'avait pas assez détaillé le meurtre dans la partie 
    " Conférence ". Nous avons droit à tous les détails, comme si nous y étions. 

     

     Thomas de Quincey


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique