• Le remorqueur interstellaire Nostromo vogue vers la Terre, lointaine encore, quand son Cerveau Central interrompt soudain l'hibernation de l'équipage. Venu d'un astéroïde inconnu, un appel de détresse a retenti. Le code spatial est formel et trois navigateurs se portent volontaires.

    Quand ils regagnent le Nostromo, l'un d'eux, inconscient, n'est plus qu'un poids mort porté par ses camarades : sur son vidage s'est plaqué, incrusté, une sorte de mollusque-ventouse, doté d'un œil sans regard...

    Avec ce "huitième passager", c'est la mort qui a pénétré dans l'astronef. Un combat sans merci s'engage... 

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    Novélisation du film mythique de Ridley Scott et Alan Dean Foster nous fait vivre cette aventure de l'intérieur. Nous sommes proche des membres d'équipage. Le suspense est bien dosé, distribué lentement avec intelligence et l'angoisse se fait sentir au fil des pages.

    Capturer l'atmosphère intense et la chaire de poule du film était un pari difficile à gagner. On a beau connaitre l'histoire par cœur, on se laisse prendre au jeu. Ce livre tiens toute ses promesses avec de délectables passages à faire frémir. 

    Le livre est davantage basé sur le scénario original que sur le montage final du film. Il existe donc de nombreuses différences entre le livre et le film en raison de ce timing. Et ce n'est pas une mauvaise chose : cela donne un aperçu intéressant de la plupart des premiers concepts et récits de l'histoire, et pas seulement ce que nous avons vu dans les salles de cinéma. Et dans ce cas, certains ajouts donnent lieu à de très belle scènes. 


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    Un homme en fuite trouve refuge sur une île déserte. Un lieu étrange, dominé par une villa immense et somptueuse dont les sous-sols recèlent une machinerie aux fonctions incompréhensibles. L'île pourtant, n'est pas si déserte qu'elle l'a semblé de prime abord. Des estivants, réunis sur place par un certain Morel, s'engagent dans une fête languide dont le rituel paraît se reproduire ià l'infini...

    Dans une île déserte, un justiciable en fuite découvre des choses fantastiques. Répétées à l'infini, les images des anciens habitants de l'île parcourent le paysage, figée dans un discours éternel. L'amour du fugitif envers un des mystérieux personnages le conduira à découvrir Morel et sa machine infernale, puis à intégrer son monde. 

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    Les fictions de caractère policier rapportent des faits mystérieux qu'un fait raisonnable justifie et illustre ensuite ! Adolfo Bioy Casares, dans ce court roman, résout avec bonheur un problème peut-être plus difficile. Il déploie une Odyssée de prodiges qui ne paraissent admettre d'autre clef que l'hallucination ou le symbole, puis il les expliques pleinement grâce à un seul postulat fantastique, mais qui n'est pas surnaturel. 

    " J'ai discuté avec son auteur des détails de la trame, je l'ai relue ; il ne me semble pas que ce soit une inexactitude ou une hyperbole de la qualifier de parfaite " (Jorge Luis Borges)

    Ce court roman de 120 pages est un petit bijou aussi bien par la forme du récit que par e thème choisi : l'accès à l'immortalité.

    Quand nous avons eu l'opportunité de faire un portrait de l'immortalité dans le monde de la fiction, nous imaginons des êtres immortels comme les elfes du Seigneur des Anneaux ou des êtres mythologiques, c'est-à-dire des divinités. Nous voyons ainsi que le prix à payer pour l'immortalité ou pour essayer de l'imiter est élevé. Dans L'Invention de Morel, le scientifique Morel a créé une machine capable de nous offrir l'immortalité de l'âme, mais cela aura un coût très élevé pour notre corps mortel.

    Par ailleurs, le roman explore aussi le thème de l'amour, l'idéalisation de ce dernier et la façon dont il maintient en vie le fugitif. Il s'agit de son unique échappatoire, de son unique désir. L'amour est aussi naturel et humain que la mort, tout comme la peur de la solitude exprimée par le protagoniste. 


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    La Dame à la licorne, la plus célèbre des tapisseries médiévales, est exposée au musée depuis 1882, après une campagne de mobilisation essentiellement menée par Prosper Mérimée. Artistes et curieux, de George Sand à Jean Cocteau, se sont passionnés pour ce trésor de savoir-faire retrouvé au château de Boussac en 1814 et présenté à l'exposition universelle en 1878. 

    L’ambiguïté de la tapisserie est présente dès le Moyen-Âge dans la figure même de la licorne. Si le sens qui a perduré jusqu'à nos jours est celui d'un animal associé à la rareté et à la pureté, d'autres représentations en font une créature mystérieuse, farouche et agressive. L'époque médiévale lui prête des propriétés magiques. Comme le sang de dragon, la corne de la licorne est réputée pour ses pouvoirs : elle purifie l'eau et détecte les poisons. Elle est très prisée, si bien qu'on la trouve dans les trésors médiévaux, comme cette dent de narval d'une longueur de
    plus 1,90 mètre.  

    La licorne est le plus souvent associée à une jeune fille, en tant que symbole de virginité, ou bien à la Vierge elle-même, dont elle est souvent la compagne. Il arrive même qu'elle soit associée au Christ, comme dans la tapisserie de l'Annonciation mystique. Sa symbolique accompagne cependant la vie de tous les jours du Moyen Âge  : tantôt aquamanile, où est mise en valeur sa fonction purificatrice liée à l'eau, tantôt blason sur les armoiries pour sa noblesse, au même titre que le lion.

    Au Moyen-Âge, la licorne est en effet considérée comme parfaitement réelle, tout au plus exotique : on la retrouve dans les bestiaires et dans les récits de voyage. Ainsi, le musée de Cluny expose un ouvrage scientifique prêté par la bibliothèque de l'université de pharmacie de l'Observatoire, qui lui consacre une très sérieuse page. Mais cette symbolique de pureté et d’innocence sainte est, paradoxalement inversée dans la Bible : les psaumes implorent Dieu de protéger les hommes de la licorne et de la gueule de loup. Elle est cette fois perçue comme dangereuse, au même titre qu'un loup. Cette vision perdure, jusqu’à être être notamment illustrée par la tenture dite de saint Etienne dans sa huitième scène : " Le corps de saint Etienne respecté par animaux sauvages ", où elle est représentée parmi les fauves. C'est la symbolique de la créature farouche, inatteignable, qui domine donc ici.        

    Présente dans plusieurs oeuvre de Gustave Moreau, la licorne est presque toujours associées à la pureté féminine, et participe à l'aura mystère qui entoure le tableau auquel elle donne son nom : Les licornes. Ses congénères y sont représentées en compagnie de jeune femmes richement parées, qui portent non seulement le lys de la virginité mais également une épée effilée. Au siècle suivant, en 1953 c'est Jean Cocteau qui, fasciné par la tenture, réécrit le mythe avec un ballet auquel il donne le nom de La Dame à la licorne, sur une musique du XVIè siècle. Les costumes évoquent là encore la blancheur et la pureté, mais le dessin que fait l'artiste de la créature rappelle avant tout son caractère farouche.

    Cette beauté éthérée qui semble jusque-là prédominer les représentations de la licorne est détournée par Nicolas Buffe et sa Peau de licorne, qui prend la forme d'une peau étalée sur le sol. A chaque angle, les sabots figurent ce qui reste de la dépouille de l'animal, ainsi que son crâne cornu et sa queue aux extrémités opposées, et Buffe fait figurer sur la peau elle-même, au milieu des volutes traditionnelles, des motifs humoristiques tirés de la pop culture. 

    Cette dissolution de la figure sacrée de la licorne trouve son point culminant dans l’ouvre la tenture L'oubli et mémoire de la Dame licorne : la Vue de Claude Rutault, qui représente la fameuse tapisserie dont les contours sont peu à peu floutés, jusqu'à ce qu'il n'en reste rien. Ainsi, après avoir été redécouverte il y a seulement deux siècles, La Dame à la licorne s'estompe à nouveau.  

    La Dame à la licorne

     


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  • Les romans de chevalerie lui ayant tourné la tête, Alonso Quixano, gentilhomme de la Manche, eut la fantaisie de s'armer chevalier. Ainsi naquit don Quichotte qui, avec sa maigre jument baptisée Rossinante, part à la conquête du monde pour la dame de ses pensées, Dulcinée. Mais, plus ingénieux que valeureux combattant, il reçoit d'emblée quelques mauvais coups qui l'e,voie au lit. Son entourage se demande comment faire passer ces extravagances.

    Don Quichotte, à peine rétabli, entraîne son voisin Sancho Pança à la poursuite de ses chimères. Le brave Sancho, qui personnifie le bon sens, s'étonne parfois de voir le chevalier charger quelques moulins à vent pris pour des géants, mais il le suit, rêvant de posséder l'île que don Quichotte lui a promise comme salaire....

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    La silhouette longue et maigre du vieil homme, fièrement campé sur sa jument décharnée, accompagné d'un paysan courtaud monté sur un âne, est devenue familière. Car ce n'est pas la moindre qualité de don Quichotte que d'éveiller chez autrui la compassion et bientôt le respect. Chevalier revêtu d'une misérable armure, perdu dans son époque où la chevalerie n'a plus cours, don Quichotte conquiert toujours son entourage, et sa folie paraît parfois préférable à la platitude commune.

    Il y a donc, dans le Don Quichotte, comme une philosophie du cœur humain qui fait de ce roman le patrimoine de tous les peuples civilisés. Mais c'est aussi une oeuvre nationale, qui marque dans la littérature espagnole, une date importante, un pamphlet de haute critique, écrit à l'heure où l'Espagne, tardivement sortie du Moyen Age, se livrait enfin à la Renaissance.   

    Jorge Luis Borges nous dit : " Pour se moquer doucement de lui même, il inventa un homme crédule, troublé par la lecture de merveilles, à qui passe par la tête de chercher des prouesses et des enchantements dans des lieu prosaïques qui s'appellent Et Toboso ou Montiel. Vaincu par la réalité, par l'Espagne, don Quichotte mourut dans son village natal aux environs de 1614. Miguel de Cervantès lui survécut peu de temps.
    Pour l'un et pour l'autre, pour le rêveur et pour le rêve, cette trame entière consista dans l'opposition de deux mondes : le monde irréel des romans de chevalerie, le monde quotidien et banal du XVIIè siècle "    

     


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  • L'action se passe dans une ville californienne Lambda, Mill Valley. Miles Bennell, le narrateur, est un jeune médecin. Un jour, une de ses patientes, Wilma, vient lui parler d'un fait étrange lui arrivant : elle a le sentiment profond que son oncle, mais quelqu'un d'autre l'ayant remplacé insidieusement. Il est pareil que son oncle, mais selon elle, ce n'est plus lui ! Très vite, d'autres témoignages de personnes inquiètes affluent, et Miles va peu à peu se rendre compte qu'il s'agit apparemment d'extra-terrestres prenant l'apparence d'êtres humains, les remplaçant afin de prendre peu à peu le contrôle sur la Terre...

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    Paru en 1955, ce roman raconte une invasion originale avec des entités bien différente de ce qu'on voyait à l’époque. Il aborde son invasion extra-terrestre via la question de l'identité. Qu'est-ce qui définit un être humain ? En quoi ces copies sont-elles différentes de nous puisqu'elles nous ressemblent traits pour traits et possèdent nos souvenirs ? Ici l'émotion et la capacité créatrice de l'homme qui font la différence. On retrouve là un thème de prédilection de la science-fiction plus souvent abordée à travers les robots et l'intelligence artificielle que ce soit chez Asimov ou Philip K Dick avec Blade Runner.

    L'écriture est simple et efficace. Le ton est plutôt axé sur la paranoïa comme celle d'un enfant qui raconte que ses parents ne sont pas des vrais parents. Jack Finney fait intervenir un psychanalyste qui rappelle un cas étonnant d'hystérie collective qui avait effrayé la chronique en 1944. La seule issue dont dispose le héros du roman pour échapper aux pièges tendus par son inconscient, c'est de trouver des preuves tangibles de la réalités objective de l'invasion extraterrestre. Le combat contre l'invasion passe dès lors par une lutte acharnée contre soi et contre ses propres doutes, ses convictions et ses préjugés.

    Un récit originale rudement bien mené mais qui fait froid dans le dos... imaginez si vos proches n'étaient pas vos proches...    


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