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    La conception confuse de l'existence d'une âme chez l'homme semble être apparue dès le paléolithique, lorsque l'homme de Néandertal ou celui de Cro-Magnon commencent à enterrer rituellement leurs morts : préparer le défunt, c'est déjà affirmer, fût-ce d'une façon obscure, une quelconque survie dans l'Au-delà. Il faudra longtemps cependant pour que cette intuition se précise.

    La religion égyptienne pose clairement l'existence de l'âme à travers le périple du défunt vers l'enfer de rédemption ou de damnation. Cette destination ultime était conditionnée par le rituel de la " pesée du cœur "

    Homère dans l'Iliade, décrit les héros disparus qui ont gagné l'Hadès comme des sortes de fantômes. L'âme est ainsi longtemps décrite comme une ombre avant que, en partie sous l'influence des traditions égyptiennes, un renversement ne se produise en Grèce avec Pythagore puis avec Platon qui veux faire de l'âme une réalité de plein droit.

    Distincte du corps qu'elle anime, l'âme représente la partie immortelle de l'homme, détentrice de la vérité et que les dieux peuvent inspirer. Sous l'aiguillon du désir et de l'amour, elle peut s'enflammer pour le beau et commencer cette ascension spirituelle qui l’emmènera jusqu’à la contemplation du royaume éternel de la connaissance.

    L'âme a toutefois été considérée comme multiple par essence.
    L'égyptien en est ainsi doté de plusieurs. Christian Jacq nous donne les éléments essentiels de l'âme selon les croyances de l'Egypte pharaonique :

    - Le corps ( image matérielles du grand corps céleste)
    - Ka (dynamisme créateur)
    - Ba (possibilité d'incarner le divin sur cette terre)
    - Ombre (reflet de la vérité)
    - L'Akh (lumière de l'esprit)
    - Le cœur (siège de la conscience)
    - Le Sekhem (puissance de réalisation)
    - Le Nom (vérité ultime de toute création)
    - Le Sakh (corps spiritualisé)

    Des tribus sibériennes ou certains peuples d'Afrique noire continuent à professer aujourd'hui que chaque personne humaine est dotée de plusieurs âmes.

    Très attachée à l'homme, l'âme est en réalité foncièrement indépendante : ce n'est pas elle qui dépend de l'homme, mais l'homme qui dépend d'elle pour continuer à vivre.

    Anima en latin, d'où dérive le mot français âme, c'est bien elle en effet  qui  lui donne animation.

    Si l'âme peut quitter notre enveloppe corporelle et effectuer ses propres voyages. Au pire elle se fera voler par quelqu'un d'autre ou ira s'égarer dans les " enfers ", ce qu'on appelle la " perte d'âme ".
    Dans les populations sibériennes ou amérindiennes, c'est le chaman qui est alors chargé d'aller récupérer et de la ramener à son patient.

    De même, le sommeil et, à un autre degré, le phénomène de la transe sont considérés chez ces peuples comme la perte temporaire de son âme.
    Ce qui explique d'ailleurs pourquoi c'est généralement dans la transe que le chaman opère : son âme quitte alors son corps pour s'envoler à la recherche de l'âme perdue du malade dont il s'occupe.

    Au mieux, elle s'enlèvera dans les royaumes célestes, et tandis que le corps grossier demeure sur terre en transe, en syncope ou en catalepsie, l'âme gravit les échelons des mondes spirituels et angéliques vers la vision dernière ou la révélation de Dieu.

     

     


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  • La Licorne joue un rôle extrêmement important dans la symbolique antique et  médiévale. Il est dans la plupart du temps représenté sous la forme d'un cerf blanc, avec une crinière de cheval et sur le front une corne en spirale.

    En Perse, la licorne est l'animal total du " Bundahish ". Elle est énorme comme le mont Alvand ; c'est un âne à trois jambe, à six yeux et neuf bouches, dont les cris sont ceux-là même du cosmos et qui est doté de cette corne qui élimine toute corruption.
    Dans le Talmud elle apparaît comme un animal colossal qui n'a pu échapper au Déluge qu'attaché à l'extérieur de l'arche...

    C'est sans doute l'historien grec Ctésias, vers 400 av J-C, qui a vraiment donné naissance au mythe de la licorne en rapportant l’existence d'un animal sauvage dont la corne possédait des propriétés médicinales - mais il voulait probablement parler du rhinocéros indien.

    La corne du rhinocéros était censée combattre l'impuissance masculine, et celle de la licorne, de par ses origines, comporte de toute évidence un symbolisme phallique. Dans l’iconographie occidentale, sa corne prend racine dans son front même, c'est-à-dire dans le siège de l'esprit, et le symbole sexuels se voit alors spirituellement réévalué.

    La licorne est par ailleurs un symbole de pureté et de force. Les miniatures et les tapisseries médiévales expliquent qu'elle ne peut être attrapée qu'avec l'aide d'une vierge pure.

    La scène de sa capture et celle de sa mise à mort par des chasseurs étaient souvent interprétées comme des symboles de la conception de Jésus-Christ par la Vierge Marie et de la mot du Sauveur sur la croix.

     L'ange de l'Annonciation Gabriel apparaît parfois sous les traits d'un chasseur qui poursuit la " précieuse licorne " ( la Vierge ).

    L'interprétation chrétienne de ce symbole se fonde pourtant aussi sur des légendes antiques et des textes moraux antérieurs au christianisme que l'on retrouve accompagnés d'illustrations, dans les bestiaires médiévaux.

    Son unique corne fait alors office d'antidote, et elle est censée faciliter, sous forme de poudre, la guérison des blessures. Des " cornes " de licornes étaient exposées non seulement dans les cabinets de curiosités de la Renaissance, mais aussi chez les apothicaires.

    Le Physiologus des débuts de l'ère chrétienne décrit ainsi les vertus d'antidote de sa corne : avant que d'autres animaux ne viennent apaiser leur soif, " le serpent crache dans l'eau son venin et s'en va. Mais les autres animaux savent que l'eau a été empoisonnée et n'osent pas en boire. Ils attendent la licorne. Lorsque celle-ci arrive, elle va directement dans le lac et y dessine une croix avec sa corne. Cela suffit a annuler l'action du poison. Les autres animaux attendent que la licorne ait bu de l'eau pour en boire à leur tour. "
    Il faut sans doute voire là l'expression de la survivance, sous une forme légendaire, de l'antique croyance à laquelle nous avons déjà fait allusion, dans les pouvoirs extraordinaires de la corne de rhinocéros.

    Dans le recueil de récit  médiévaux des Gesta Romanorum, c'est l'éléphant qui tient le rôle habituellement joué par la licorne ; il y est en effet raconté qu'un roi voulait tuer un éléphant et ordonna à deux très belles vierges d'aller nue dans la forêt pour y chanter de douces mélodies. 
    L'éléphant s'endormit alors qu'il était blotti contre l'une d'elles, la seconde le tua à l'aide d'une épée et teignit son manteau avec son sang. 

    Mais la licorne n'est pas toujours un symbole de pureté, de douceur, et de protection : elle peut être cruelle et aller même jusqu'à dévorer ses ennemis. Elle est aussi bien ailleurs " l'Esprit qui inspire un Pape " dans une gravure de Scaliger que " la licorne moqueuse " de Paracelse qui fait tomber de sa corne la tiare d'un autre pontife. 

    " Défie toi de la licorne, recommande saint Basille, elle approche le mal des hommes et elle est habille à le provoquer "

    La licorne chinoise ressemble bien peu à celle qui est décrite en Europe. Elle est souvent comparée à un reptile à queue de bœuf, proche du cerf et portant sur le front une corne recouverte de fourrure. Elle symbolise la douceur, la bonté et la prospérité. 
    On retrouve un équivalent chinois de l'association occidentale entre la licorne et la Vierge dans la figure de la déesse Kuan-yin trônant sur une licorne allongée sur le sol.

    Avec le Phénix, le dragon et la tortue, la licorne symbolise aussi l'un des quatre animaux bénéfiques. Elle est censée vivre mille ans et elle apparaît lors de la naissance des empereurs et des grands sages.

    Elle symbolise depuis toujours le bonheur d'avoir des enfants. On la retrouve de ce fait dans de nombreuses fêtes ou romans pour évoquer la fécondité. 

     

     


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    Sur la table tournante, les deux dames respectables ont placé leurs mains. Elles attendent patiemment quelques messages de leurs parents, récemment décédés. La scène se passe en mai 1913, dans le sud des Etats-Unis, à Saint Louis.

    Mme Hutchings et son amie Mme Pearl Curran se concentrent... Le pied de la table se met soudain à bouger. Par terre, on dirait qu'il dessine des lettres. Comme s'il tentait d'épeler un nom : " Pat-C " Un esprit se manifeste t-il ? Les deux femmes essaient de deviner qui peut bien être ce " Pat-C ". Elles ne reconnaissent pas le nom.

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    John, le mari de Mme Curran, qui assistait à la séance, se décide à intervenir et suggère qu'il doit s'agir d'un Irlandais. Il ajoute que, autrefois, il a connu un certain MacQuillan... C'est une sorte de boutade. Pourtant, immédiatement, l'esprit de feu Pat MacQuillan intervient et investit la pièce en jurant doucement, comme un vrai râleur irlandais !

    John Curran s'amuse bien devant l'étonnement des deux femmes. Il rit encore plus quand l' " esprit " se met à injurier les deux malheureuses.
    Méprisant ce rire, l' " esprit " redouble de sarcasmes. Personne ne le sait encore : le plus étonnant des " écrivains " d'outre-tombe vient d'intervenir.

     

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    Le 22 juin, " Pat-C "se manifeste encore et épèle un paragraphe lutôt obscur :

    Oh ! Pourquoi le chagrin alourdit-il mon cœur ?Ce sein est celui d'une mère adoptive.
    Le monde est son berceau et son foyer sa tombe.

    Cette fois, il ne s'agit pas de la réponse d'un irlandais acariâtre. C'est le début prometteur d'une longue coopération, suivie et reconnue un peu partout à travers le monde, entre Mme Curran et un " écrivain " inconnu.
    Un peu plus tard, " Pat-C " s'annoncera elle-même sous le nom de Patience Worth, au milieu des soubresauts d'une table tournante devenue comme folle.

    Au début, Patience Worth hésite à donner des informations sur sa vie terrestre. Elle n'est guère loquace de sa vie dans l'au-delà : ordinairement, les " esprits " ne se privent pas de décrire aux malheureux mortels les délices de la vie post mortem. Non ! Patience Worth se contente d'épeler des sortes de charades ou des proverbes. Un de ses favoris : " Si un de tes sacs de blé a des charançons, ils iront se mettre dans les sacs du voisin. "

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    Ces messages fascinent Pearl Curran, qui s'étonne pourtant des références rurales de ces proverbes et qui ne cessent de supplier Patience Worth de parler dans une langue compréhensible et de clarifier ses messages.

    Patience Worth finira par raconter son histoire. Née au XVIIè siècle, dans le Dorset, en Angleterre, elle fut éduquée par une bonne qui était membre de la secte des quakers. Aux champs, elle s'occupait de différentes corvées et de menus travaux, jusqu'à ce que ses parents se décident à émigrer vers les Etats-Unis. Peu de temps après son arrivée, elle sera tuée par les Indiens...

    Patience Worth ne donnera jamais beaucoup plus de détails sur sa vie terrestre : ne l'ayant pas aimée, s'en souvenir représentait pour elle un effort douloureux. D'autant que, comme elle le laissait souvent entendre, une telle vie, brève et inachevée, ne valait pas le temps que Pearl Curran voulait lui consacrer. Il était plus important, toujours selon l' " esprit ", de rattraper le temps perdu !

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    Ce temps perdu sera rattrapé... en poèmes et en textes divers.
    De 1913 à 1938, année de la mort de Mme Curran, Patience Worth dictera un nombre impressionnant de poèmes pour la plupart révélateur d'un petit talent littéraire. Au début, beaucoup seront transmis dans une langue un peu archaïque. Par la suite, le style sera plus moderne et plus lisible.

    Une chose stupéfie ; la vitesse à laquelle Patience Worth a ainsi dicté ses œuvres. Certains soirs, elle a produit jusqu'à 22 poésies. En cinq ans, on a calculé qu'elle avait fourni plus d'un millions et demi de vers rimés !

    Le plus étonnant reste cependant l'incroyable variété et la qualité des textes qu'elles à écrits. On lui attribue des poèmes, des romans et des pièces de théâtre. Hope Trueblood, un de ses roman, signé " Patience Worth, a été publié en Angleterre et a connu une certaine faveur auprès des critiques et des lecteurs, mais sans jamais susciter le moindre intérêt pour la personnalité de l'auteur.

    Ce roman est d'ailleurs un très émouvant document sur les épreuves d'une enfant illégitime dans la terrible Angleterre victorienne.
    Pour le Sheffield Independant : " Patience Worth devrait gagner un large public par la qualité de son roman et ses personnages merveilleusement bien travaillés, qui pourraient alimenter une demi-douzaine d'autres romans ".  Plus ambigu, le Yorkshire Post notera :
    " L'écrivain, dont c'est le premier roman, fait un retour au temps des Brontë pour dresser un tableau particulièrement juste d'un enfant perdu. "

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     Au mieux de sa forme, Patience Worth écrira Telka, un poème fleuve de plus de soixante mille mots en langue de tous les jours. The sorry tale, un autre de ses livres, raconte en trois cent mille mots l'histoire d'un contemporain du Christ, dont la vie sera parallèle à cette de Jésus et qui finira à côté de lui sur la croix.

    The sorry tale sera écrit très rapidement : en deux heures de séance, Patience Worth pouvait dicter jusqu'à trois mille mots ! Et quasiment tous les détails étaient exacts : elle avait reconstitué avec minutie la vie quotidienne et l'ambiance politique de la Palestine occupée par les légionnaires de Rome, ainsi que les différentes coutumes religieuses et familiales des nombreuses sectes juives de Jérusalem. De tels détails n'auraient d'ailleurs pu être donnés que par des historiens assez spécialisé...

    Ce qui n'était pas le cas de Pearl Curran ! Les seules connaissances que ce médium improvisé avait de la Palestine d'il y a deux mille ans remontaient à ses cours de catéchisme... Pearl Curran lisait en outre très peu et elle avait quitté l'école à quinze ans.

    Elle n'était jamais parue à l'étranger et n'avait pratiquement pas quitté la ville de Saint Louis. Jusqu'à l'intervention de Patricia Worth dans ses pensées, Pearl Curran avait mis tout son cœur et toute son énergie dans la tenue de son ménage. C'est à peine si elle s'abandonnait parfois à son plaisir favori : la chanson.

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    Si elle possédait un petit talent de chanteuse, Mme Curran ne connaissait presque rien à la poésie : comme toute les jeunes filles, elle avait bien composé quelques vers romantique pendant son adolescence, mais ils n'étaient ni meilleurs ni pires que les poèmes habituellement écrits à cet âge-là. Et son orthographe se révélait parfois un peu déficiente !

     En tout cas, Pearl Curran n'a jamais produit quoi que ce soit qui approche, même de loins, les œuvres nombreuses et variées de Patience Worth, à propos desquelles le chercheur psi Henry Holt a pu parler
    de " quasi chef-d'œuvre ". On pourrait, bien entendu, penser que Perl Curran a eu une sorte de vocation poétique tardive : le seul volume et la qualité des poèmes reçus de l'au-delà rendent cette hypothèse peu probable.

     Naturellement, de nombreux chercheurs se sont penchés sur le cas déroutant de Patience Worth, auquel plusieurs livres ont été consacrés. Des enquêtes ont été faites au domicile des époux Curran, notamment pour vérifier si leur bibliothèque ne renfermait pas des livres qui, inconsciemment ou non, auraient pu relier Pearl Curran à ceux dictés par Patience Worth ; ces recherches - non officielles, bien entendu - n'ont rien donné.

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    Par contre, les chercheurs qui ont étudié les livres de Curran ont noté que plusieurs volumes de poésie se trouvaient dans la bibliothèque.
    Le seul problème est qu'ils n'avaient pas toujours été lus et que, dans plusieurs cas, leurs pages n'étaient même pas coupées ! En discutant poésie avec Pearl Curran, les enquêteurs devaient également remarquer un certain flou et de nombreuse erreurs dans ses références littéraires et son bagage culturel.

    De même, après avoir soumis le médium à des tests de rédactions, pour éprouver sa capacité à mettre en forme des phrases et des idées, ils devaient s'apercevoir que cette honnête femme de lettres !  Les résultats de ces tests devaient, de plus, bien marquer la différence de qualité entre l'imagination naturel de Pearl Curran et l'imagination sévère et corsetée de Patience Worth, restée prisonnière de son rigorisme de quaker.

    Alors, faut-il admettre que Patience Worth a bien existé et que ses poésies étaient dictées depuis l'au-delà ? Ou bien faut-il considérer que le " cas Patience Worth " ,n'a été qu'une supercherie spirite de plus ?

    Le débat reste ouvert !

     

     

     


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