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    Aux origines de l'homme

    La scène se passe au début de l'ère tertiaire, il y a 65 millions d'années.
    Les grands dinosaures sont en train de disparaître de la surface de la Terre.

    Qui pourra bien leur succéder ?... Certainement pas ce petit animal chétif, gros comme une taupe, qui se faufile prestement à travers la végétation tropicale, dans l'épaisseur moite des vignes ou dans la touffeur complice d'un figuier millénaire ! Ce serait impensable : un si petit animal pour remplacer ces terribles sauriens qui, depuis des millions d'années, règnent en maîtres incontestés sur toutes les terres émergées !

    Aux origines de l'homme

    Et pourtant... le purgatorius sera bien notre lointain aïeul. Cet étrange mammifère, qui tient plus de l'insectivore que du singe, est incontestablement le tout premier représentant de l'ordre des Primates.

    Le seul indice de son existence - une seule et unique molaire - a été découvert sur une colline du Motana, aux Etats-Unis : depuis, en raison de la rareté des fossiles sur ce site et des difficultés éprouvées par les paléontologistes, on a baptisé cette " colline du purgatoire ".

    En fait, on dispose aujourd'hui d'une bonne centaine de dents isolés de ce purgatorius, d'une trentaine de mandibules et de deux maxillaires. Un examen attentif de ses molaires montre qu'elles diffèrent quelque peu de celles des insectivores ordinaires : les tubercules de leurs couronnes sont, en effet, beaucoup plus arrondis, ce qui pourrait faire croire que notre curieux petit ancêtre avait déjà une nourriture mixte,
    mi-végétaux mi-graines.

    Aux origines de l'homme

    Dès cette époque, les Primates se distinguent des autres mammifères. Certaines de leurs particularités sont révolutionnaires : accroissement exceptionnel du volume de leur encéphale, aptitude très caractéristique à saisir les objets grâce à leur pouce opposable, amélioration sensible de la vision et, enfin, développement de la clavicule, ce qui permet une augmentation de la portée du membre supérieur...

    En ce qui concerne les plus fossiles, il est cependant très difficile de vérifier si ceux-ci répondent ou non à l'ensemble de ces critères. Par voie de conséquence, il est délicat d'établir avec certitude si telle ou telle espèce appartient bien à l'ordre des Primates.

    Les singes ne feront leur apparition qu'un peu plus tard :
    il y a " seulement " 35 ou 40 millions d'années. On a retrouvé leur trace dans le bassin du Fayoum, en Haute-Egypte, sur un site autrefois recouvert d'une végétation luxuriante et parcouru d'immenses cours d'eau, mais actuellement désertique.

    Aux origines de l'homme

    Tout comme leurs prédécesseurs, ces simiens sont armés de mâchoires munies de 36 dents. Les nombreux vestiges retrouvés dans le bassin du Fayoum laissent supposer que le premier primate à posséder, comme nous, 32 dents a été l'oligopithèque : ce frêle animal, qui ne mesurait guère plus de 30 cm de haut est considéré comme l'ancêtre quasi direct des petits singes actuels. Il vivait à l'abri de l'impénétrable frondaison des forêts africaines, il y a près de 35 millions d'années.

    Aux origines de l'homme

    Sont venues ensuite, il y a 30 millions d'années, de nombreuses espèces de singes aux mandibules également garnies de 31 dents, dont quelques-uns ont vraisemblablement donné naissance à certains groupes hominidés contemporains. Parmi ceux-ci, on en distingue généralement trois principaux : les oelopithèques, les propliopithèques et les oegyptopithèques...

    Le destin de la lignée humaine s'amorçait. Pourtant à ce stade de l'évolution, il convient de se poser quelques questions : Quelle est l'essence véritable de la nature humaine ? Qu'est-ce qui fonde vraiment l'humanité ? Malgré son étonnante habileté, sa remarquable intelligence et son extraordinaire faculté d'adaptation, l'Homme ne serait-il donc rien de plus qu'un vulgaire animal ?

    Aux origines de l'homme

    On pourrait considérer que la créature qui a su tailler un royaume à l'échelle d'une planète et, demain peut-être, à l'échelle du cosmos, se différencie absolument de toutes les autres créatures terrestres et que l'Homme occupe une place unique et privilégiée dans la longue chaîne du vivant.

    Ce problème capital a fait couler énormément d'encre au cours des siècles passés. Il a suscité de nombreuses controverses entre théologiens, naturalistes, biologistes et autres scientifiques, qui se sont livrés à de furieuses polémiques sans jamais parvenir pour autant à s'accorder.

    Tout laisserait croire, en effet, que l'Homme, conquérant victorieux de la nature et maître de la Terre après Dieu, détenait une place à part dans l'Univers. Une place dont la qualité rendait sacrilège toute tentative de comparaison avec n'importe quel autre représentant du monde animal, même évolué.

    Ainsi, au Moyen Age, sous l'influence de la théologie chrétienne, on hissait l'Homme au rang de demi-dieu et on ne lui accordait qu'un très lointain rapport avec le monde du vivant.

    Aux origines de l'homme

    En 1758, le naturaliste suédois Carl Von Linné porte un premier coup de boutoir à ce dogme séculaire. Il renoue heureusement avec les idées d'Aristote et Galien et replace à nouveau l'homme à l'intérieur du règne animal, en lui accordant toutefois une place d'honneur.

    Aux origines de l'homme

    La dixième édition de son célèbre ouvrage, Systema Naturae, soulève un concert de protestations chez les plus éminents savants de l'époque : frappé par la ressemblance qui existe entre la structure morphologique de l'homme et celle des animaux supérieurs, Carl von Linné vient, en effet, de classer les Homo sapiens ( les humains, ses contemporains ) au côté... des autres " animaux à mamelles " ! Et, qui plus est, dans l'ordre des Primates.

    C'est un beau scandale ! Malgré tout, cette conception sera très rapidement adoptée par l'ensemble de la communauté scientifique. D'autres théories vont suivre : presque toutes s'acharnent à démontrer les origines animales de l'homme. On mesure mal aujourd'hui, la portée révolutionnaire de tels propos à une époque où la science et la morale étaient totalement régies par la pensée chrétienne.

    Aux origines de l'homme

    En 1775, Blumenbach propose ainsi de créer l'ordre des " bimanes ", qu'il oppose à celui des quadrumanes ! Le pire côtoie parfois le meilleur, dans cette vague de libération des enseignements de la religion...

    A la fin du XVIIIè siècle, on voit poindre l'idée d'une évolution des espèces : elle finira par bouleverser radicalement les conceptions que nos ancêtres avaient de la nature humaine. Elle ouvrira également la voie à la paléontologie moderne.

    Dès 1809, le philosophe et naturaliste français Jean-Baptiste de Monet, chevalier de Lamarck, propose une théorie cohérente pour expliquer cette évolution. Il présente ses arguments dans un ouvrage réputé, Philosophie zoologique, sans toutefois rencontrer un grand écho. Son époque ne perçoit guère l'ampleur des conséquences de la théorie de Lamarck.

    Aux origines de l'homme

    Il faudra attendre Darwin pour que cette théorie commence à influencer les consciences. Mais, tout d'abord, qu'est-ce que l'évolution ? Les scientifiques entendent généralement par cette notion  la variation, au cours du temps, de la diversité et de l'adaptation au milieu des populations d'êtres vivants.

    Considéré comme l'un des plus grands biologistes de tous les temps, Charles Darwin a décidé de rompre avec les théorie ' fixiste " qui tenaient le haut du pavé scientifique. Il imagine un processus évolutif fondé sur la sélection naturelle !...

    Aux origines de l'homme

    D'une logique rigoureuse et fortement étayée par de nombreuses observations personnelles, la théorie de Darwin sera exposée en détail dans De l'origine des espèces par voie de sélection naturelle, qu'il publie en 1859. Pour lui, tous les organismes qui vivent sur la Terre ont une origine commune. Donc, une ascendance commune.

    Aux origines de l'homme

    L'idée de reléguer l'Homme au niveau des formes de vie les plus primitives de la planète soulève la réprobation de la bonne société. On la considère alors comme une insulte impardonnable envers l'humanité. Elle déclenche les foudres du parti religieux et de certains philosophes.

    Aux origines de l'homme

    Pourtant les preuves fournies par Darwin étaient des plus troublantes. Sa notion d'ascendance commune sera d'ailleurs si logique pour expliquer de nombreux phénomènes qu'elle ralliera bientôt la quasi-totalité du monde scientifique.

    La vie a donc évolué... L'admettre n'aura pas été facile.

    Mais comme on l'a justement fait remarquer,
    " classer et inscrire l'évolution de l'Homme dans le monde animal, admettre qu'il tire de son passé un héritage non seulement physiologique mais aussi psychique, ce n'est pas rabaisser au rang de la bête. Dire que l'Homme est un animal ne signifie pas qu'il ne soit qu'un animal ! "  

    L'histoire de la formation du cerveau - et de l'esprit - humain illustre cette affirmation. C'est par l'utilisation de son cerveau que l'homme va devenir Homme.

    Comment est-il donc passé du singe à son état actuel ?

                                                                                   Extrait de " Inexpliqué " 1981

     


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    A la recherche des derniers dinosaures

    Deux savants américains James L. Powell et Roy Mackal ont annoncé leur intention de partir en Afrique central afin d'y chasser... le dinosaure ! Pour extraordinaire que cela puisse paraître, plusieurs témoignages font état de l'existence d'un animal inconnu aux confins du Congo et du Zaïre.

    Celui-ci est décrit tant par les indigènes actuels que par les voyageurs d'autrefois, missionnaires français ou savant allemands, comme étant de la taille d'un éléphant, avec un long cou flexible, une longue et forte queue ressemblant à celle des crocodiles, et des pieds griffus. L'animal vivrait dans les lacs et les marécages de cette région encore mal explorée.

    A la recherche des derniers dinosaures

    En dialecte local, les indigènes le nomment parfois Mokele-Mbembe, parfois N'yamala et certains spécialistes pensent qu'il pourrait s'agir d'un dinosaure nain ayant la forme d'un petit brontosaure qui aurait vécu là jusqu'à nos jours.

    James Powell a recueilli plusieurs témoignages dont l'un des plus important remonte à 1959. A cette date, un animal aurait été tué parce qu’il effrayait les naturels qui vivaient près du lac Télé, au Congo. La bête fut coupée en morceau, et l'opération aurait été longue en raison de la dimension de son cou et de sa queue. Enfin, un dernier témoignage oculaire est plus récent, puisqu'il date de 1979. Quant aux savants, s'ils ont offert une prime de 2 000 dollars de récompense à celui qui apporterait quelques preuves, des fragments de squelette par exemple, ils attendent prudemment pour se prononcer.

    Powell et Mackal, pour leur part, croient à son existence et ils espèrent ramener de leur prochaine expédition des données nouvelles prouvant qu'ils avaient raison.

    Cela doit-il être pris au sérieux ? S'il s'agit d'un canular, il faut reconnaître qu'il n'a pas le mérite de la nouveauté. Depuis fort longtemps, en effet, des récits perpétuent la tradition d'animaux extraordinaires, de dragons, baptisés dinosaures depuis le début de notre siècle qui vivaient au cœur de la forêt équatoriale africaine.
    L'affirmation la plus ancienne provient d'un missionnaire français, l'abbé Bonaventure Proyart qui en parle dans son Histoire de Loango, Kalongo, et autres royaumes d'Afrique, rédigée d'après les mémoires des préfets apostoliques de la mission française, publiée en 1776.

    A la recherche des derniers dinosaures

    Voici le récit de l'abbé :

    " Les missionnaires ont observé, en passant le long d'une forêt, la piste d'un animal qu'ils n'ont pas vu, mais qui doit être monstrueux : les traces de ses griffes s'apercevant sur la terre et y formant une empreinte d'environ trois pieds de circonférence. En observant la disposition de ses pas, on a reconnu qu'il ne courait pas dans cet endroit de son passage, et qu'il portait ses pattes à la distance  de sept à huit pieds les uns des autres ( 2,50 m environ ). "

    A cette époque, il n'était pas encore question de dinosaures : leurs fossiles ne seront découverts qu'un demi-siècle plus tard...

    Même, à partir du milieu du XIXe siècle, lorsque le centre de l'Afrique sera parcouru par les Européens, on recueillera d'autres témoignage sur des animaux extraordinaires, inconnu des zoologues et, peu à peu, l'imagination des explorateurs et des journalistes aidant, on se plaira à les identifier avec les dinosaures de l'ère secondaire.

    Le grand Livingstone lui-même, en 1855, au moment ou il découvrait les chutes Victoria sur le Zambèze, se demandait si le monstre dont parlaient les indigènes locaux, les Barotsé, ne pourrait être
    " le représentant tardif de traditions relatives à des animaux qui n'existent plus ".

    A la recherche des derniers dinosaures

    Dès lors, précédant par là Powell et Mackal, les " sportsmen " réputés n'hésitèrent plus à se lancer à leur tour sur la piste du dinosaure africain.
    Ainsi, à la fin de l'année 1919, on put lire dans
    le Time et dans le Daily Mail de Londres qu'un certain capitaine Leicester Stevens devait s'embarquer à Southampton pour aller chasser dans la brousse le brontosaure.

    Pour l'aider dans son expédition, il emmenait avec lui un énorme berger allemand chargé de dépister le gibier préhistorique. L'équipée de Stevens tourna court et, s'il partit bien pour l'Afrique, il dut se contenter de chasser de vulgaires éléphants. D'autres pourtant continuaient d'y croire.
    Walter Winans, un chasseur de gros gibier très connu, affirmait que le célèbre montreur d'animaux allemand Carl Hagenbeck, lui avait dit avant 1914 que deux de ses envoyés avaient, au cours d'expéditions différentes, aperçu des brontosaures dans les lacs d'Afrique centrale.
    Témoignage intéressant de la part d'hommes habitués à capturer des animaux sauvages et ne pouvant guère se tromper sur leur identification.

    A la recherche des derniers dinosaures

    En 1952 encore un livre fort sérieux rapportait les confidences d'un garde qui aurait aperçu, à la frontière du Soudan et de l'Ethiopie, un animal mystérieux ressemblant à un énorme lézard de 4 mètres de long, à la tête de saurien, et dont l'échine et la queue étaient recouvertes d'une haute crête de piquants. Or, détail extrêmement troublant, cet animal laissait derrière lui des traces de pieds à trois doigts qui sont caractéristiques, chez les reptiles, des seuls dinosaures...

    Depuis cette date, des bruits persistants font état de l'existence d'animaux aussi extraordinaires vivant dans le centre de l'Afrique. Ce sont ces rumeurs qui ont incité James H. Powell à se rendre sur place.

    Cet américain est bien le contraire d'un plaisantin. Zoologue spécialisé dans l'étude des serpents et la protection des crocodiles, il s'est intéressé aux problèmes posés par la survivance de certaines espèces de dinosaures. Il effectua à cet effet un premier voyage en Afrique en 1973, puis un second en 1976.

    A la recherche des derniers dinosaures

    Au Gabon, il interrogea les indigènes et mena son enquête en leur montrant des images de dinosaures. Or, à la vue d'un brontosaure, tous les indigènes s'accordèrent à reconnaître en lui un animal très rare, vivant dans les lacs lointains et qu'ils baptisaient N'yamala. Seuls quelques uns d'entre eux, les plus habiles chasseurs, l'avaient aperçu. Ce sont ces résultats encourageant et concordants qui ont conduit James Powell à mettre sur pied une nouvelle expédition qui pourrait cette fois, tout au moins l'espère-t-il, lui apporter la solution de cette troublante énigme.

    Certains croient donc à la possibilité pour quelques représentants de cette célèbre famille des dinosaures de pouvoir encore exister en quelques régions reculées du continent noir. Les spécialistes, les paléontologues, eux, se contentent de scruter les fossiles de ces animaux dont l'existence et la disparition, des dizaines de millions d'années avant l'apparition de l'homme sur la Terre, posent aux savants des énigmes tout aussi passionnantes.

    A la recherche des derniers dinosaures

    Les dinosaures ne sont pas le résultat de l'imagination d'auteurs de livres ou de films de science-fiction, qui ont contribué à les mettre à la mode, mais ils sont tout simplement un aboutissement de l'évolution de la vie animale.

    A la recherche des derniers dinosaures

    Issus des amphibiens, ces reptiles apparaissent sur la Terre voici environ 200 millions d'années. Ils vont exister durant 140 millions d'années, soit près de 6 millions de générations. Ce laps de temps énorme explique pourquoi les espèces de dinosaures sont si nombreuses et si variées puisqu'elles comptent dans leurs rangs les plus grands animaux qui aient vécu sur la Terre, tel le gigantosaure long de 50 m, et d'autres qui n'étaient pas plus grands qu'un poulet.

    Rappelons que l'homme compte à peine dix mille générations depuis son apparition sur la Terre. Avec leurs six millions de génération, les dinosaures ont eu tout le temps de se transformer, en taille et en poids, et de revêtir les formes les plus bizarre. Cet extraordinaire foisonnement de formes animalières nous réserve certainement encore des surprises puisque, tous les ans, les paléontologues découvrent de nouveaux fossiles qu'ils rapportent de leurs expéditions.

    Jusqu'au XXe siècle, ils provenaient tous d'Europe ou des Etats-Unis ; depuis on a prospecté d'autres continents, et le désert de Gobi en Mongolie, celui du Niger en Afrique, se sont révélés particulièrement riches à cet égard.

    A la recherche des derniers dinosaures

    La découverte des dinosaures est d'ailleurs relativement récente, Napoléon a ignoré leur existence : c'est seulement en 1822, un an après sa mort, que fut trouvé le premier fossile. Il s'agissait en l’occurrence d'un carnivore géant haut de 9 m, le mégalosaure, découvert en Angleterre, dans une carrière, près d'Oxford. Depuis cette date, les trouvailles se sont succédé, on a récolté des milliers de fossiles, et cette famille animale, grâce aux études des paléontologues, nous est désormais bien connue.

    Auraient-ils pu survivre jusqu'à nos jours ?

                                                                            Adaptation de " Inexpliqué " 1981

    A lire aussi : La vie secrète des dinosaures

    A lire aussi : La fin des dinosaures

    A lire aussi : L'attaque des ptérodactyles

     

     

     

     

     


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     Les voix qui viennent de nulle part

    Dès qu'on s’efforce d'approcher de la manière le plus scientifique possible les phénomènes relevant de la parapsychologie, on essaie évidemment de les classer selon leurs caractéristiques propres et répétitives, pour les analyser avec toute la rigueur voulue.

    C'est la raison pour laquelle on a distingué clairaudience et clairvoyance.

    Sous ce dernier terme, un spécialiste des sciences parallèles, le professeur Joseph Banks Rhine, de l'université Duke en Caroline du Nord, entendait dans les années 1930

    Les voix qui viennent de nulle part

    Le pionnier de la parapsychologie scientifique intégrait alors, comme l'entend sa définition, sous l'appellation générale de clairvoyance, aussi bien la télépathie que l'exploration extra-sensorielle du passé, la voyance qui projette dans le futur et même la psychométrie ( faculté, assez rare, de pouvoir remonter la " mémoire " d'un objet ).

    Peu importe la manière dont se présente cette information. Elle peut être un phénomène purement intuitif, cette conviction profonde, telles qu'en connaissent souvent les grands sujets psi, que telle ou telle chose se passe à tel endroit, que telle ou telle personne appelle  au secours, qu'une autre est en train de mourir.

    Pas d'image cette fois mais une simple certitude qui s'impose à la conscience du sensitif, une impression forte qui n'a pas besoin de passer par le canal des sens pour être traduite.

    Les voix qui viennent de nulle part

    D'autres fois - il semblerait que ce soit le cas le plus fréquent - le voyant reçoit ce qu'il appelle un " cliché ". L'information s'impose alors à lui sous la forme d'un instantané photographique ou d'une séquence de cinéma, souvent d'ailleurs extrêmement fugitifs. Il voit littéralement.

    Cette espèce de perception extra-sensorielle est tellement répandue que, lors des entraînements très spéciaux que l'on propose à des sujets pour augmenter leurs facultés psi, on leur demande de créer, derrière leurs yeux clos, ce que les professionnels appellent un " écran mental ".

    Pour cela, ils imaginent une page blanche derrière les paupières, où à quelque niveau que ce soit de leur imaginaire, et c'est sur elle que viendra s'inscrire l'information en langage graphique, dessin ou plus rarement écriture.

    Les voix qui viennent de nulle part

    Mais il arrive aussi que la perception paranormale soit de nature auditive. Le sujet entend une voix lui dicter un message psi. Ce peut-être celle de l'être qui envoie l'information ( quelqu'un qui est en danger ou qui meurt, par exemple ) ou celle de l'agent émetteur quand il s'agit d'une expérience de laboratoire. Mais ce peut être tout aussi bien une voix off n'appartenant à personne, venue de nulle part. Une voix masculine ou féminine selon les cas, calme ou angoissée, lointaine ou extraordinairement présentes...

    Nous nous trouvons alors en présence du phénomène dit de clairaudience.

    Il n'a jamais été très bien porté, dans notre civilisation occidentale du moins, d'entendre des voix. Il est vrai que l'hallucination du sens auditif est médicalement l'une des plus fréquentes. Les clairaudients sont donc très vite taxés de dérangement mental. De ce fait, ils ont peut-être moins eu tendance à se faire connaître que les autres sujets doués de pouvoirs paranormaux. Ce qui pourrait expliquer que cette faculté parapsychologique ait été moins étudiée que les autres.

    Les voix qui viennent de nulle part

    Après l'avoir incluse dans la clairvoyance en général, le professeur Rhine distinguait dès les années 1950, la clairaudience en tant que phénomène extra-sensoriel spécifique.
    Il écrit en 1957 :
    " Nous pouvons considérer, à la suite de nombreuses expériences et statistiques conduites dans le cadre de nos divers programmes d'études, que le fait de percevoir auditivement un message qui ne passe pas par les voies ordinaires de transmission sensorielles constitue une faculté spécifique de l'humain. Cette faculté se manifeste sans doute autant que les autres qui mettent en jeu des impressions sensorielles intérieurs relevant de la vue, de la tactilité ou de l'odorat. Ce qu'il n'est pas possible de déterminer, ce sont les raisons biologiques et psychiques pour lesquelles le message paranormal se traduit de l'une ou l'autre manière... "

    Mais bien avant lui, c'est un français, le célèbre astronome et spécialiste de l'au-delà Camille Flammarion, qui avait le premier étudié scientifiquement la clairaudience.

    Les voix qui viennent de nulle part

    Dès le début du siècle, dans l'immense moisson de témoignages qu'il a récoltée, il isole ceux dans lesquels le message est expressément lié à l'audition. Pour une vue d'ensemble de la question, on se reportera à ses ouvrages fondamentaux : La mort et son mystère et Après la mort, où les cas sont répertoriés avec une rigueur analytique qui n'a rien à envier aux protocoles des scientifiques d'aujourd'hui.

    Ainsi trouve-t-on le témoignage de Lady Eardley, une Anglaise de la haute société, à qui une expérience de clairaudience sauva incontestablement la vie. Flammarion a bien entendu vérifié toutes les données de l'affaire, qui fut par ailleurs l'objet d'une enquête de Myers, l'un des fondateurs de la fameuse Sociéty for Psychical Research.

    Lady Eardley relevait de maladie. Quand elle prenait son bain, elle avait l'habitude de fermer de l'intérieur la salle d'eau. Ce jour-là, elle fit comme à l'ordinaire...
    " Juste au moment d'entrer dans l'eau, j'entendis une voix qui me dit " ouvre la porte ! ". La voix était distincte, bien extérieure, et pourtant semblait venir en quelque sorte de moi-même. Je ne puis dire si c'était une voix d'homme ou de femme. Je fus étonnée et regardait autour de moi : naturellement il n'y avait personne. Une deuxième fois, j'entendis " Ouvre la porte " ; je commençais à avoir peur, me disant : je dois être malade ou folle, mais je ne me sentais pas mal. Je me décidais à ne plus y penser, et j'étais dans mon bain quand j'entendis une troisième fois - et je crois une quatrième fois - prononcer les mêmes mots. Je fis un bond, j'ouvris la porte et j'entrai dans mon bain. Comme j'y entrais, je m'évanouis et je tombai à plat dans l'eau..."

    Lady Eardley aurait eu dix fois le temps de se noyer si elle n'avait obéi à son étrange prémonition auditive. Sa femme de chambre se trouvait dans la pièce voisine ; elle entendit le corps tomber lourdement au fond de la baignoire et sauva Lady Eardley.

    Les voix qui viennent de nulle part

    Flammarion cite, entre autres, un deuxième cas de clairaudience, qu'il relève toujours dans les inépuisables Annales de la Society for Psychical Research.
    En juillet 1860, une locomotive déraille près d'Edimbourg, en Ecosse, et tue trois hommes. Elle aurait normalement dû faire une quatrième victime, une petite fille qui avait l'habitude de jouer, exactement à cette heure-là, à l'endroit fatidique. Sa mère l'y avait conduite comme d'habitude et revenait à la maison.

    " Quelques minutes après mon départ, témoignera-t-elle, j'entendis distinctement une voix intérieure me disant : " Envoie vers elle immédiatement ou il lui arrivera quelque chose d'épouvantable ! " Peu accoutumée à de telles interventions parapsychiques, la jeune femme pense qu'il s'agit d'une pure hallucination et poursuit sa route...

    " Cependant, un moment après, la même voix recommença à me parler avec des mots identiques, mais plus impérieusement. Je résistais encore, et je mis à l'épreuve mon imagination pour deviner ce qui aurait pu arriver à l'enfant..."  La petite pouvait être victime d'un chien enragé, d'une mauvaise chute, d'un personnage mal intentionné... Angoisse dénuées de tout fondement... Pourquoi cet après midi-là plutôt qu'un autre ? La mère s’efforce de songer à autre chose.

    " J'y parvins durant quelques instants, poursuit-elle, mais bientôt la voix renouvela l'insinuation avec les mêmes mots : " Envoie vers elle immédiatement ou il lui arrivera quelque chose d'épouvantable ! " En même temps, je fus saisie d'un tremblement violent et d'une impression d'extrême terreur... J'ordonnai à la domestique d'aller chercher immédiatement ma fille, répétant automatiquement les mots de l'insinuation : " autrement il lui arrivera quelques chose
    d'épouvantable ! "

    La locomotive s'écrasa exactement sur les pierres où l'enfant était moins d'une heure auparavant...

    Les voix qui viennent de nulle part

    Ces cas ne concernent que des messages émanant de nulle part ; on ne peut pas mettre de visage sur cette voix mystérieuse. Mais toujours dans les inépuisables sources de Camille Flammarion, on trouve maints exemples de clairaudience avec " émetteur spécifique ", pour employer le jargon des parapsychologues actuels.

    Il s'agit souvent de personnes qui vont mourir ou qui sont déjà mortes. Les premières avertissent de l'état critique dans lequel elles se trouvent, les secondes " reviennent  de l'au-delà " porter quelques messages qu'elles n'ont pas eu la possibilité d'exprimer de leur vivant. Ordinairement, le clairaudient n'est pas un médium mais un proche du défunt.

    A Constantine, en Algérie, à la fin du siècle dernier, une femme entend, à minuit, quelqu'un frapper à sa porte. Elle demande qui est là et immédiatement une voix lointaine, qu'elle reconnait être celle d'un cousin vivant en France, lui répond : " N'ayez pas peur. Je suis mort. Gardez tout ce que vous avez. Faites prier et priez pour moi. "

    Il arrive que la clairaudience se limite à un bruit coïncident avec un autre phénomène étrange, comme une horloge ou une montre qui s'arrête à la minute exacte de la mort. Aucun mot intelligible n'est alors prononcé.

    Ainsi, selon un exemple rapporté par le docteur Ostwalt, le 16 juin 1915, la mère d'un soldat est éveillée la nuit " par la perception de trois coups très nets et très vibrants frappés à la porte, " je répondis " Entrez ! " croyant au geste de ma femme de chambre qui me sert habituellement mon petit déjeuner vers 7 h ". Personne n'entre. Elle regarde sa montre ; elle marque 6 heures moins cinq et s'arrêtera inexplicablement à ce moment précis. Elle éprouve une sensation intense, à la fois bizarre et très inconfortable.

    " C'est étrange, dit-elle à son mari, je viens d'avoir une hallucination auditive : trois coups frappés à la porte, mais si rapides et si vivants qu'ils m'évoquent notre Henri. Il me semble que c'est lui me disant :
    " Maman chérie, je t'en prie, ne t'inquiète pas, je change de secteur, je suis heureux, tout va bien, mais je pars ! " "

    Les trois coups prémonitoires avaient été frappé exactement à l'instant où mourait le jeune soldat, à des centaines de kilomètres de là.

    Les voix qui viennent de nulle part

    Les exemples de ce genre se comptent par centaines. Parfois, c'est une voix seule. D'autres fois, des éléments secondaires viennent se greffer sur cette inexplicable sensation auditive. Ou bien encore, il s'agit de bruits banals qu'il faut simplement savoir interpréter, ou auxquels peuvent être reliées des sensations qui ne prêtent à aucun doute.

    Le phénomène de clairaudience est, en fait, tout aussi complexe dans ses incontournables caractéristiques que les autres manifestations parapsychologiques.

                                                                                                                              Extrait de " Inexpliqué " 1981

     


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