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    Les Incorruptibles

    De toutes les manifestations miraculeuses liées à la sainteté, l'incorruptibilité physique est sans doute l'une des plus troublantes.
    Un peu partout dans le monde, on relève en effet la même croyance populaire spontanée et instinctive : Les corps des saints, après la mort, échappent à la loi commune de la dissolution de la chair. Croyance fortement enracinée si l'on en croit Dostoïevski qui évoque, dans les frères Karamazov, le scandale qui éclata lorsque la dépouille mortelle d'un saint ermite, vénérée par le peuple russe, commença à se putréfier.

    Cette propriété miraculeuse a été énoncée par saint Cyrille, évêque de Jérusalem, au IVè siècle de notre ère :
    " Même lorsque l'âme s'est enfuie, sa vertu et sa sainteté imprègnent encore le corps qui l'a hébergée. "

    Les Incorruptibles

    En vérité, si l'on étudie la vie des saints de la chrétienté, on constate pourtant que cette marque de la faveur divine a été refusée à de nombreux bienheureux, aussi vertueusement exemplaire qu'ait été leur vie. De même, ce phénomène d'incorruptibilité a été observé en l'absence de béatification ou de canonisation.

    Il faut noter, par ailleurs, que cette étrange pérennité de la chair répugnait à certaines âmes pieuses. C'est ainsi que sainte Thérèse de Lisieux, sur son lit de mort, répondait à la jeune novice qui lui assurait que la miséricorde divine lui épargnerait la corruption du corps : " Oh non ! Je ne souhaite pas ce miracle... " Son vœu fut exaucé.

    Mais on peut s'étonner qu'un phénomène aussi extraordinaire n'ait pas suscité plus d'études approfondies. Surtout si l'on songe aux enquêtes minutieuses et aux preuves irréfutables exigées par la très sérieuse Congrégation des rites lors des procès de canonisation. Sans nul doute, les documents et les rapports ecclésiastiques méritent d'être pris en considération, car les exhumations et les examens anatomiques ont toujours eu lieu en présence de nombreux témoins, y compris des membres du corps médical et des scientifiques. Et il semble à peine croyable que des faits aussi rigoureusement établis n'aient pas davantage retenu l'attention des savants.

    Les Incorruptibles

    A la fin du XIXe siècle, le père Herbert Thurston, à qui l'on doit la première étude systématique des cas d'incorruptibilités a noté que les corps inexplicablement conservés présentaient six phénomènes caractéristiques, qui ne se manifestent toutefois pas toujours simultanément. En premier lieu, les témoins mentionnent fréquemment un parfum suave émanant de la dépouille mortelle : On constate par ailleurs l'absence de rigidité cadavérique et le corps peut conserver assez longtemps une certaine tiédeur, de même qu'il est épargné par la putréfaction.

    Parfois encore, on remarque des saignements anormaux, même plusieurs jours après la mort effective. Dans quelques cas enfin, on a signalé post mortem d'étranges mouvements du cadavre, qui ne pouvaient être attribués à des contractions musculaires purement mécaniques.

    Les Incorruptibles

    A ces manifestations " physiologiques " concrètes, on peut ajouter toute une série de phénomènes mystérieux, d'ordre surnaturel, qui sont souvent associés à l'incorruptibilité du cadavre. Ainsi, bien souvent, le lieu de sépulture inconnu, ou oublié, de quelque saint a été révélé grâce à un rêve ou une vision. Quelquefois, l'inhumation elle-même s'est accompagnée de prodiges révélateurs, comme les étranges lumières qui sont apparues près du tombeau de saint Charbel Makhlouf. Il arrive encore que les restes du saint - ou de la sainte - exultent une huile odorante et limpide, parfois abondante, dont on ignore l'origine et la composition. C'est la cas de sainte Walpurgis, morte en 779 et dont les os n'ont cessé de distiller une huile réputée miraculeuse.

    Le seul recensement dont nous disposions est due à une Américaine de la Nouvelle-Orléans, Joan Cruz, qui a entrepris de compléter les travaux du père Thurston, à l'aide de toutes les sources ecclésiastiques connues.
    Dans un ouvrage publié en 1977 et intitulé The Incorruptibles, elle signale ainsi 102 cas authentifiés par la Congrégation des rites de l'Eglise catholique romaine. Mais, ajoute-t-elle, il est probable qu'il en existe bien d'autres, dont le tombeau a conservé le secret, ou qui n'ont jamais été rendus publics par le Vatican. Là encore, on peut s'étonner que tous les cas troublants recensés par la littérature hagiographique n'aient suscité aucune étude scientifique véritable, si l'on excepte les examens ordonnés par les par les autorités ecclésiastiques.

    Les Incorruptibles

    L'exemple que nous allons citer est typique : la bienheureuse Maria Anna Ladroni mourut à Madrid en 1624. Cent sept ans plus tard exactement, sa dépouille mortelle fut exhumée sur l'ordre des autorités religieuses lors de son procès de béatification. Voici quelle furent les conclusions de cet examen :

    " Il n'y eu pas moins de 11 docteurs et chirurgiens, et parmi les plus réputés de la Cour de la ville de Madrid, pour procéder à l'examen de la dépouille mortelle et pour déposer en tant que témoins. Ils ont pratiqué, à l'aide de leurs instruments, diverses incisions sur le cadavre. Les uns se sont penchés sur la poitrine, les autres sur les divers organes internes, d'autres encore scrutèrent tout particulièrement les orifices par où l'on aurait pu introduire des substances aromatiques destinées à prévenir la corruption des chairs. Toutes ces recherches aboutirent ainsi à une dissection quasi complète de ce corps innocent : les viscères, les organes et les tissus apparurent dans un parfait état de conservation, encore humides, fermes et élastiques au toucher. Le cadavre tout entier était imprégné d'une sorte de fluide odorant, qui répandait des effluves d'autant plus pénétrants que les incisions étaient plus profondes..."

    Les Incorruptibles

    Le plus confondant, dans les cas évoqués, n'est pas l'incorruptibilité elle-même, mais le fait que cette incorruptibilité se manifeste dans des conditions qui auraient dû normalement entraîner le processus habituel de putréfaction. Par exemple, lorsque la mort est causée par une maladie, ou lorsque le corps est inhumé en compagnie d'autres cadavres ayant subi une décomposition avancée.

    Certains saints, comme saint Charbel, sainte Catherine de Bologne ou saint Pacifique de Cerano, ont été inhumés directement dans le sol, sans que l'on ait constaté aucune dégradation de leur cadavres, à l'exception d'une légère déformation due à la pression de la terre. D'autres corps ont survécu - si tant est que l'on puisse employer ce mot - dans des terrains particulièrement humides, tandis que leurs vêtements se désagrégeaient sur leur chair intacte, comme sainte Thérèse d'Avila et sainte Catherine de Gênes. Le cercueil de sainte Catherine de Sienne ( morte en 1380 ) fut laissé quelques temps exposé à la pluie avant d'être enfermé dans une crypte. Et lorsque le corps de sainte Catherine Labouré fut exhumé à Paris en 1933,cinquante-sept ans après sa mort, on trouva son corps intact bien que son triple cercueil ait été rongé par la moisissure.

    Les Incorruptibles

    Certains de ces saints au corps miraculeusement préservé présentaient des stigmates de leur vivant, et certaines blessures ont été généralement conservées par-delà la mort.  A moins que le trépas ne les fasse subitement surgir, au contraire : sainte Catherine de Sienne prétendait porter les marques invisible de la passion du christ ; après sa mort, on vit apparaître les traces de la crucifixion sur ses mains et ses pieds, ainsi qu'une blessure au côté. Lors de la translation de ses restes en 1597 ( son corps fut séparé en diverse parties qui devinrent autant de reliques ), on pouvait toujours voir, sur son pied gauche, l'une de ces marques parfaitement conservée. De même la dépouille mortelle de sainte Osanna de Mantoue ( morte en 1505 ), qui est toujours exposée trois fois par an dans la cathédrale de cette ville, présente des stigmates plus accentués que du vivant de la bienheureuses. Les témoins qui ont vu le corps en 1965 l'ont décrit comme " desséché, bruni et recroquevillé, mais ne montrant aucun symptôme de putréfaction ".

    Les Incorruptibles

    Un cas beaucoup plus récent est celui de saint Charbel Makhlouf, qui mourut en 1898 à l'ermitage Saint-Pierre et Saint-Paul du monastère maronite d'Annaya, au Liban. Selon la coutume de cet ordre, son corps fut déposé directement dans la terre, sans cercueil. Pendant plusieurs semaines, d'étranges lumière apparurent près de sa tombe ( comme ce fut le cas pour saint Jean de la Croix, mort en 1591, et dont le corps, exposé pour la dernière fois en public en 1955 à Ségovie, était toujours souple et ferme, quoique légèrement décoloré ).

    Ces lumières insolites poussèrent les autorités monastique à ordonner l'exhumation, et la fosse fut ouverte 45 jours plus tard. Le corps de saint Charbel était parfaitement intact, en dépit de la pluie et des inondations  qui avaient transformé la tombe en bourbier. La cadavre fut alors lavé et revêtu de vêtements neufs avant d'être placé dans un cercueil de bois dans la chapelle du monastère. Au bout d'un certain temps, un liquide huileux ayant l'odeur du sang frais commença à sourdre des pores du saint. Cet épanchement devint bientôt si abondant que les vêtements durent être changés deux fois par semaine, et les lambeaux de linge ainsi imbibés furent gardés comme autant de précieuses reliques auxquelles on attribua nombre de guérisons miraculeuses.

    Les Incorruptibles

    Les reste de saint Charbel demeurèrent en cet état jusqu'en 1927, date à laquelle un examen médical fut ordonné. Le corps fut placé dans un autre cercueil de bois doublé de zinc, et un document contenant les observations faites par les médecins fut scellé dans un tube de zinc et déposé aux pieds du saint.  Puis le cercueil fut lui-même emmuré au milieu d'une paroi du monastère.

    Vingt-trois ans plus tard, en 1950, des pèlerins venus visiter le sanctuaire remarquèrent qu'un curieux liquide suintait hors du mur renfermant le cercueil, qui fut à nouveau ouvert, toujours en présence d'autorités religieuses et médicales. Saint Charbel restait parfaitement conservé : son corps, souple, gardait toutes les apparences de la vie, alors que ses vêtement, imbibés par l’étrange fluide, tombaient en lambeaux.
    Le tube de zinc, par contre, apparaissait fortement corrodé.
    Depuis cette date, la tombe a été ouverte chaque année et le corps très soigneusement examiné. Chaque fois, il est apparu dans un inexplicable état de fraîcheur, et le fluide huileux est précieusement recueilli en vue d'obtenir des guérisons miraculeuses.

    Les Incorruptibles

    La nature de l'incorruptibilité est-elle toujours d'origine religieuse ?

                                                                                                                      Extrait de " Inexpliqué " 1981


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    Les Hystéries religieuses

    Les écoles sont un terrain d'élection pour l'hystérie collective : certaines manifestations en ont été soigneusement examinées, analysées et les comptes rendus ont été publié dans les journaux médicaux. Les symptômes ne varient guère : étourdissements, évanouissement, maux de tête, frissons, perte du toucher, sensation de froid ou de chaud, picotements et démangeaisons , douleurs variées, spasmes musculaires, palpitations, gorge nouée, nausées et vomissements. On observe aussi, parfois, des symptômes qui relèvent de la tradition de l'hystérie : convulsions et pression avec une autre voix, parfois en une langue étrangère. Cela n'affecte qu'une infime minorité des victimes.

    Dans la majorité des cas, on trouve un élément très important qui semble être l'imitation. Des témoins se réfèrent souvent aux enfants " qui tombaient comme des quilles ". Mais l'imitation ne peut pas être entièrement consciente. Beaucoup des symptômes rapporté peuvent être difficilement imités délibérément - la gorge nouée, la perte du toucher, les picotements et les démangeaisons, les douleurs musculaires. Parfois même, les enfants qui s'affaissent brusquement à terre se trouvent en différents endroits de l'école : ils ne se voient donc pas entre eux !
    Ils peuvent même se trouver dans différentes écoles, comme ce fut le cas au pays de Galles e 1956, où des milliers d'enfants tombèrent à terre, à peu près au même moment.

    Les Hystéries religieuses

    La troisième signification de l'hystérie est, en effet, la contagion psychique : dans ce domaine, l'ignorance est presque totale et très peu de recherches ont été entreprises. De nombreux phénomènes d'hystérie dans les écoles n'ont jamais été étudiés et analysés. En cas d' " épidémie ", deux suspect de choix : les repas et le chauffage central ou le système de ventilation. Si l'on ne découvre pas des bactéries pathogènes ou des fuites de gaz, le proviseur du lycée préférera naturellement que toute l'affaire soit étouffée.

    Les preuves historiques de telle épidémies abondent. Souvent, elles ne font aucune allusion à une maladie éventuelle. Après tout, les apôtres, lors de la Pentecôte, furent clairement pris d'hystérie ! A tel point qu'ils perdirent le contrôle de leur membres et qu'ils titubèrent comme s'ils étaient ivres : Pierre fut obligé d'expliquer à ceux qui assistaient à cette scène qu'ils n'avaient rien bu à cette heure de la matinée ! Les apôtres présentèrent également des signes de dissociation mentale : " Ils s'exprimèrent en des langues étrangères ". Pourtant, ils ne considèrent pas qu'ils avaient été malades. Au contraire, ils " avaient été visités par l'Esprit-Saint ", comme ils en étaient persuadés, et ce devait être le second événement décisif dans leur vie, après leur rencontre avec Jésus.

    Les Hystéries religieuses

    D'autre cas d'hystérie collective ont été plus horribles. Par exemple, ce qui se passa au couvent de Loudun, en 1630. Il est également probable qu'Hitler a dû son descendant sur le peuple allemand à son exploitation de l'hystérie collective qui se déchaînait au cours des rassemblements de Nüremberg.

    Pourtant, il existe d'autres traits de l'hystérie qui pourraient être exploités à notre avantage, d'une manière concevable : par exemple, elle peut produire un degré d'immunité remarquable non seulement à la douleur, mais aussi à toute blessure réelle.

    Existerait-il des effets bénéfiques de l'hystérie collective ?

    Cette affection se traduit par plusieurs symptômes caractéristiques : irresponsabilité, uniformité et contagion. La rapidité avec laquelle se propagent ces troubles reste encore en partie inexpliquée aujourd'hui : ces sortes d' " épidémies " surgissent à l'improviste et se répandent en un clin d’œil, beaucoup trop vite pour que l'on puisse en attribuer la responsabilité à quelques virus.

    Les Hystéries religieuses

    En Occident certes, l'hystérie suscite crainte et réprobation. Mais il n'en vas pas de même pour toute les civilisations. C'est ainsi que dans la plupart des sociétés tribales, les manifestations hystériques sont généralement entourées de respect, voire de vénération. Les anthropologues qui ont étudiés les mœurs de certaines ethnies ont découvert que, bien souvent, le " sorcier " de la tribu est justement choisi pour cette fonction parce qu'il est hystérique : il est capable d'entrer périodiquement " en transe ", devenant alors réceptif aux puissances occultes. Grâce à ses incantations, ils affirment être en communication avec l'au-delà et il transmet à son peuple les messages des ancêtres disparus, dont la singulière expérience indique comment soigner un homme malade ou blessé, comment venir à bout des ennemis ou comment trouver du gibier en abondance.

    Au sein de certaines tribus, l'hystérie peut être délibérément provoquée à des fins thérapeutiques : les sujets malades sont " mis en transe ". Pour atteindre ce résultat, la tribu peut avoir recours, si besoin est, au rythme lancinant du tam-tam, aux danses rituelles et aux drogues hallucinogènes.
    Dans un état second, les malades sont saisis de convulsions. Une voix étrangère s'exprime par leur bouche avant qu'ils ne tombent dans une sorte de coma.

    Les Hystéries religieuses

    Quelquefois, le village tout entier entre dans le jeu, accompagnant le patient dans ses contorsions et imitant ses mimiques, afin de mieux l'aider à combattre les puissances maléfiques. Parfois encore, c'est toute la tribu qui est véritablement plongée dans des transes hystériques. Il s'agit alors de vaincre quelque tare physique ou mentale collective : l'état d'hystérie, en coupant brutalement les individus de la vie quotidienne, est susceptible, croit-on, d'abattre leurs barrières émotionnelles et leur faire dépasser les limites de leurs forces physiques. Après être ainsi sortis d'eux-même, ils peuvent recouvrer la santé.

    Cette tendance à associer les manifestations hystériques aux forces de l'au-delà n'est d'ailleurs pas le fait des seules sociétés primitives. Comme le révèle l'Ancien Testament, les prophéties étaient reconnus pour tels en raison de leur incapacité à entrer en transe et à transmettre ainsi les enseignements du Seigneur à son peuple. Dans la Grèce d'Homère, les devins sont des personnages respectés, encore qu'il ne leur soit pas tellement facile de démêler les intentions et les pensées de dieux querelleurs à l'humeur perpétuellement changeante.

    Les Hystéries religieuses

    C'est au IIIe siècle avant J-C que nous voyons pour la première fois l'hystérie mentionnée comme une affection pathologique, et non plus comme une grâce des dieux. Dans la Collection hippocratique, ensemble de textes médicaux dus à Hippocrate et à ses disciples et recueillis dans la bibliothèque d'Alexandrie, la science affirme ses droits : tous ceux qui prétendent exercer une quelconque influence sur leurs semblables sous prétexte que leurs transes sont d'origine divine sont dénoncés comme des escrocs et des charlatans.

    Il paraît en tout cas certain que plus une société est évoluée moins ses membres portent attention aux faits et gestes des dieux. Certes, le culte continue à être strictement observé et les sacrifices sont toujours offerts, mais on cesse peu à peu de guetter les paroles divines transmises par les médiums hystériques. Là où les devins et oracles continuent à exercer leur activité, celle-ci devient très étroitement ritualisée et tombe sous le contrôle strict du clergé. Désormais, les accès d'hystérie spontanés, dans la vie courante, encourent la réprobation et le mépris.

    Les Hystéries religieuses

    L'une des dernières et des plus éclatantes manifestations hystériques religieuses eut lieu lors de la première Pentecôte : les apôtres, emportés par les transes mystiques, furent persuadés que le Saint-Esprit descendait en eux, ainsi que Jésus le leur avait promis avant sa mort. Grâce à la révélation sacrée, ils allaient dorénavant pouvoir marcher sur les traces du Christ et répandre la divine parole dont ils seraient les messagers.

    L'Eglise catholique allait vite changer d'attitude...
    Aujourd'hui, comment considère-t-elle l'hystérie ?
    Et comment les savants l'envisagent-ils ?

                                                                                       Extrait de " Inexpliqué " 1981

     


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  • Pan

    Pan était le dieu grec des bergers et habitait les montagnes d'Arcadie. Son apparition déclenchait la " panique " ( peur panique ). On le représentait velu, pourvu de pattes et de cornes de bouc et il personnifiait la vie montagnarde et champêtre. Selon les croyances des bergers, Pan aimait tant se reposer au moment des grosses chaleurs, que personnes n'osait le déranger. Celui qui s'y risquait s'exposait à la colère du dieu qui provoquait une frayeur paralysante. On disait que Pan était apparu à Marathon pour attaquer les Perse, et les Grecs, pour remercier ce dieu, lui avaient édifié un temple sur l'Acropole. L'instrument à vent dont se servait Pan, la flûte, était aussi appelé syrinx ;  nom d'une nymphe qui s'était dérobée au poursuite du dieu. Dans le regret de la douce voix de cette nymphe qui, pour lui échapper, s'était changée en roseau, Pan lia ensemble sept tiges de ces roseaux dont il fit un instrument de musique rudimentaire. Du fait que Pan signifie aussi " tout " en grec, la figure du dieu des bergers est ensuite devenue le symbole de la nature universelle.

    Plutarque ( 46 - 120 ) raconte qu'à l'époque du règne de Tibère, le pilote d'un bateau qui passait devant l'île de Paxo, avait reçu un message qui lui disait : " Quand vous arriverez en Epire, annoncez-y cette nouvelle : le grand Pan est mort ! " Lorsque les marins se furent acquittés de cette mission, une grande plainte s'éleva, venant des bêtes, des arbres et des rochers. On interpréta cette histoire comme le signe de la mort des dieux païens et l'annonce d'une nouvelle ère, celle de la chrétienté, où les oracles se taisent et les idoles s'écroulent.

    De nombreuses légendes populaires répète ce motif du message de mort émit par un " sauvage " habitant la forêt.
    Le nom latin de Pan est Faunnus.

      


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  • Simorgh

    Oiseau sacré d'origine perse, cité dès l'époque zoroastrienne ( 600 av. J-C ), proche de l'aigle et du phénix - on dit aussi qu'il est mi-oiseau mi-chien ou lion -, nichant au somme t d'une montagne, en compagnie des anges et des démons, doué de langage humain, et dont le plumage multicolore, allant du brun au cramoisi en passant par toutes les nuances du vert et de l'or, a la faculté de guérir les blessures du corps et de l'âme. L'envergure de ses ailes déployées peut atteindre six mètres. Il vient de Gaokerena, l'Arbre de toutes les graines.

    Dans la mystique persane, le simorgh symbolise la divinité et la quête du moi caché.

    Attar ( vers 1140 - vers 1230 ), dans La Confession des oiseaux, raconte comment, lassés de l'anarchie régnant dans le monde, les oiseaux s'en allèrent en quête du fabuleux simorgh, conduits par la huppe. Ils traversèrent sept mers et sept vallées, et trente d'entre eux seulement parvinrent à bon port. Ils s'aperçurent alors que le simorgh n'était jamais qu'eux-mêmes, partis à la recherche de leur transcendance - en persan -
    " trente oiseau " se dit si morgh.

    Le silorgh est également cité dans l'épopée iranienne du Livre des rois, dans laquelle l'oiseau fabuleux prête assistance à la famille royale en usant de ses pouvoirs de guérison et de ses facultés de sagesse. Il aida également la femme de Zal, célèbre héros persan, à accoucher, et porta assistance à Rustan, fils de Zal, blessé au cours d'une bataille, lui retirant les six flèches qu'il avait dans le corps et guérissant ses plaies en les couvrant de ses large ailes.

      


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    Les Hystéries collectives

    Au cours de l'été 1980, les villageois de Kirby-in-Ashfield, dans le Nottinghamshire en Angleterre, organisèrent une course de rallye. Parmi les attractions prévues pour la circonstance, il y avait un concours d'orchestres de jazz pour enfants. Cette compétition devait avoir lieu en plein air, si le temps le permettait. Le temps se laisse fléchir et le concours d'orchestres de jazz se déroula selon le temps prévu...

    Soudain, ce fut le chaos. Les enfants commencèrent à s'écrouler à terre, comme s'ils perdraient l'usage de leurs membres. Un grand nombre fut pris de vomissements. Interrogés par leurs parents affolés, ils dirent qu'ils avaient de violents maux de tête, qu'ils ressentaient des contractions, des douleurs diverses et que leur gorge étaient nouée. Près de 300 enfants furent conduits dans divers hôpitaux de la région, ainsi que quelques adultes qui présentaient les mêmes symptômes. Mais la majorité des enfants se remit en quelques heures, et apparemment la vie d'aucun d'entre eux ne fut en danger...

    Les Hystéries collectives

    Ceci est un exemple classique d'hystérie collective. Par les symptômes manifestés, l'âge des sujets atteints. La rapidité avec laquelle l'épidémie se propagea et le prompt rétablissement des victimes. Pourtant, au début, l'hystérie collective ne fut même pas envisagée comme diagnostic possible. On pensa tout d'abord qu'il s'agissait d'un empoisonnement alimentaire : un malheureux marchand de glace crut bien à un moment qu'il allait être lynchés par les parents surexcités. Puis le fermier d'à côté fut dénoncé pour avoir permis l'utilisation irréfléchie d'un désherbant toxique : un cheval, affirma-t-on, était mort dans le pré voisin, peu avant...
    Une rumeur, parmi beaucoup d'autres, qui s'avéra sans aucun fondement. Inutile de le dire, un " virus "fut mis en cause, et un laboratoire d'analyse fut occupé un certain temps à tenter, en vain, d'identifier le coupable.
    On avança même que l'épidémie avait été provoquée par une émanation de gaz toxiques et l'on creusa le champs pour trouver leur origine !

    Pourquoi cette répugnance à diagnostiquer une hystérie collective, alors que le phénomène présentait un si grand nombre de signes indiscutables ? A cela, deux raisons principales. La première immédiate, c'est que tout médecin de la région qui aurait avancé ce diagnostic auraient dû affronte la colère des parents des victimes. En effet, pour la plupart d'entre-eux, cela aurait signifié que leur progéniture avait seulement fait semblant d'être malade ou bien était atteinte de folie.

    Les Hystéries collectives

    L'autre raison est que le corps médical était conditionné pour n'envisager qu'une épidémie de nature organique. Il se trouvait devant les conséquences d'un processus physique ou chimique : ravages causés par des germes, un virus, ou par l'absorption de matière toxiques par les poumons ou le système digestif des enfants.

    Dès le début du XXe siècle jusqu'à la fin des années 1970, la plupart des étudiants en médecine ont appris , en effet, que les symptômes réels d'une maladie sont toujours nécessairement organiques. Les névroses et hystéries sont classées dans une catégorie différente.

    Les Hystéries collectives

    Pour le public, la signification de l'hystérie est assez claire. En effet, ce terme décrit un état dans lequel nous perdons le contrôle conscient de nous-même, de nos mouvements et de notre comportement. Sa forme la plus familière est l'accès de colère d'un enfant lorsqu'il est contrarié : il tape du pied, trépigne, pousse des cris et pleure. Cependant, l'hystérie n'est pas nécessairement antisocial. Lorsque quelqu'un sanglote hystériquement de douleur, en raison d'un deuil ou d'un comportement d'un amant infidèle, cela peut être embarrassant pour ceux qui ont à supporter cette scène. Mais par la suite, ils peuvent estimer que cette décharge émotionnelle a été salutaire pour la personne qui souffrait.

    Un rire peut être également hystérique. Nous avons tous connu quelque chose ou quelqu'un de si drôle que nous nous sommes " écroulés de rire ", à tel point que les larmes ont coulé sur nos joues. Ce sont en général, des souvenirs très agréables pour chacun de nous. L'hystérie provoquée par des chatouillements est pour la plupart des enfants une joie.

    Pourtant, bien que le terme " hystérie " - comme nous l'entendons employer dans des conversations courantes, ait des connotations aimables, l'hystérie n'en a aucune : elle implique l'existence d'un désordre, ce qui a plutôt mauvaise réputation. En effet, cette perte de contrôle sous-entend une faiblesse d'esprit ou un manque d'intelligence caractérisé.

    Les Hystéries collectives

     Cliniquement, l'hystérie a une tout autre signification. La perte de contrôle est d'un genre différent. On constate que l'esprit a la faculté, en des occasion données, de produire des symptômes qui imitent exactement ceux de maladies organiques... et pas simplement de maladies.

    La forme d'hystérie la plus connue est la "pseudocysis ", ou grossesse nerveuse. Aujourd'hui, elle est rare, parce que des tests plus sophistiqués peuvent révéler si une femme est enceinte ou non. Mais jusqu'au milieu du XXè siècle, de fausses grossesses étaient fréquemment signalées, certaines reproduisant même tous les signes de la véritable grossesse, avec interruption du cycle menstruel, sein et estomac gonflés, et, à la fin, douleurs du travail.

    Les Hystéries collectives

    Un coup d’œil aux livres médicaux du XIXè siècle montre qu'elle était considérée comme l'une des maladies les plus répandues, tout en étant une des plus difficiles à déceler :
    " Vous entendez parler de toux hystériques, disait à ses étudiants Sir James Paget, chirurgien de la reine Victoria, de dyspepsies et de paralysie hystériques, d'articulations et d'épines dorsales hystériques "
    Il poursuivait en disant que les maladies hystériques étaient extrêmement fréquentes, qu'elles avaient besoin d'un traitement tout particulier et qu'elles devaient être guettée attentivement, parce qu'il n'y avait pratiquement aucune maladie commune qui ne puisse être imitée et le simulacre était " si parfait qu'il rend le diagnostic très difficile ".

    A propos de l' " épidémie " de Kirby-in-Ashfield, ce qui rendit furieux les parents, ce furent les journalistes et le psychiatre de la BBC, qui dirent et écrivirent que l'hystérie collective pouvait être suggérée comme une explication éventuelle ! Les enfants avaient présenté des symptômes réels : évanouissements, maux de tête et douleurs diverses, vomissements, gorge nouée. Aussi, il ne pouvait s'agir d'une " hystérie " ! Mais en fait, c'est précisément la forme prise le plus fréquemment par l'hystérie collective.
    La première personne à ressentir et à présenter les symptômes " donne l'exemple " : les autres suivent le modèle, comme s'ils l'imitaient.

    Les Hystéries collectives

     L'idée que les épidémies d'hystérie sont déclenchées par un " cas modèle " a été confirmée par une recherche récente sur le phénomène de l'hystérie dans des usines et des ateliers aux Etats-Unis, recherche menée par deux psychologues du Département de l'éducation sanitaire et du bien-être.
    Ils ont déterré un très grand nombre de rapports et de dossiers traitant de cas d'hystérie collective et ont démontré à quel point le processus était toujours le même. Un travail de moindre importance a été effectué dans ce domaine en Angleterre, mais certaines enquêtes sont très révélatrices.

    Deux de ces enquêtes ont été analysées et publiées par Anne Maguire dans le Lancet en 1978, après qu'on eut fait appel à elle pour conseiller la direction sur les mesures à prendre, concernant les épidémies, de ce qui semblait être des maladies de peau infectieuses ou contagieuses. Dans les deux cas, elle découvrit que la victime initiale, le cas modèle, avait effectivement contracté une dermatose, mais que cela n'avait aucun rapport avec le travail des employés. Les autres travailleurs présentaient les mêmes symptômes, mais pas le même dérèglement, comme il s'avéra par la suite : en tout cas, les symptômes disparurent dès  qu'il fut établi qu'il n'y avait rien dans le travail qu'ils effectuaient où dans les matières qu'ils manipulaient qui puisse rendre compte de leur état... qui soit responsable de leur maladie de peau.

    Si de tel phénomènes sont courants, pourquoi ne sont-ils pas signalés plus souvent ?

                                                                                          Extrait de " Inexpliqué " 1981


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