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    Salamandre

    La salamandre est un lézard fabuleux au dos semé de taches jaunes et noires, pourvu de griffes acérés et d'une tête tenant à la fois du singe et du cochon. La lebraude auvergnate, proche de la salamandre est un gros lézard noir et jaune au souffle empoisonné qui ne respire  qu'une seule fois par jour. Paul Sébillot précise qu' " au XVIIIè siècle les Bretons n'osaient nommer, par timidité superstitieuse, la salamandre sous son véritable nom, craignant que, s'entendant nommer, elle ne crût qu'on l'appelait et ne vint faire du mal ".
    La respiration de la salamandre peut en effet faire enfler une personne jusqu'à ce que sa peau crève : " En Auvergne, ce reptile qui, porte le nom de soufflet, souffle, enfleboeuf, cause la mort des bœufs et des vaches ; en Berry, sa présence, même assez éloignée, suffit pour les faire enfler. "

    Pour se débarrasser de la salamandre, il faut l'enfermer durant 24h dans un espace confiné : obligée de respirer, elle s'empoisonnera elle-même.
    Cyrano de Bergerac écrit :

    " La salamandre loge dans la terre, sous des montagnes de bitume allumé, comme l'Etna, le Vésuve et le cap Rouge. Elle sue de l'huile bouillante et crache de l'eau forte, quand elle s'échauffe ou qu'elle se bat. Avec le corps de cet animal, on a que faire de feu dans une cuisine. Pendu à la crémaillère, il fait bouillir et rôtir tout ce que l'on met devant la cheminée. Ses yeux éclairent la nuit comme de petits soleils ; et, placé dans une chambre obscure, ils y font l'effet d'une lampe perpétuelle..."

    Salamandre

    La salamandre a la capacité de se baigner dans le feu, afin de hâter sa mue, voire d'en éteindre les flammes du fait de la froideur extrême de son corps. Aristote et Pline l'Ancien évoquent le suc laiteux qu'émet la salamandre pour étouffer le feu, mais ce suc empoisonné infecte l'eau et fait perdre poils et cheveux à celui qui s'y frotte. Le seul animal capable de manger de la salamandre sans périr est le porc, qui stokes les toxines empoisonnées dans la graisse située sous sa peau.
    C'est pourquoi de nombreux peuples évitent de consommer de la viande de porc. En tout cas, la morsure de la salamandre est mortelle. La bête reste d'ailleurs accrochée à la personne qu'elle mord ; pour lui faire lâcher prise, il faut approcher d'elle un crapaud, un verre de lait ou un fer rougi au feu.

    La salamandre abîme le pis des vaches qu'elle tète, fait enfler le bétail, corrompt le vin et les fruits par son simple contact. Mais en revanche elle protège des brûlures et des hallucinations et fait découvrir les trésors cachés. Sa peau permet de fabriquer des étoffes précieuses.

    En Lorraine, celui qui a été mordu par une salamandre ne peut guérir que s'il fait autant de pèlerinages que ce reptile a points noirs sur le dos. On dit aussi qu'il doit consulter autant de médecins que la salamandre a de taches sur le corps, ou bien, dans le Jura, qu'il est nécessaire de pratiquer autant d'incisions dans le corps du malade que l'animal a de points jaunes sur le dos.

    Salamandre

    Condamnée par l'Eglise pour avoir osé téter le sein de la Vierge endormie au pied d'un arbre, la salamandre a été réhabilitée par le roi de France François 1er ( 1494 - 1547 ) qui l'a choisie comme emblème, y adjoignant la devise Nustrico et extinguo ( Je nourris et j'éteins ).

    Enfin, il ne faut pas confondre la salamandre animale avec les créatures élémentaires du feu portant le même nom.

     


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  • Dragon rouge de l'apocalypse

    Dans l'Apocalypse de saint Jean, le prophète de Patmos évoque un redoutable dragon rouge, incarnation satanique qui chercher à s'attaquer à la Femme céleste s’apprêtant à accoucher, les pieds reposant sur la Lune et douze étoile couronnant sa tête :

    " Puis un second signe apparut au ciel : un énorme Dragon rouge feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d'un diadème. Sa queue balaie le tier des étoiles du ciel et les précipite sur la Terre.En arrêt davant la Femme en travail, le Dragon s'apprête à dévorer son enfant aussitôt né. Or la Femme mit au monde un enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer ; et son enfant fut enlevé jusqu'auprès de Dieu et de son trône, tandis que la Femme s'enfuyait au désert, où Dieu lui a ménagé un refuge pour qu'elle y soit nourie mille deux cent soixante jours. "

    C'est à l'archange Michel et ses légions d'anges d'affronter le dragon rouge :

     " Alors il y eut une bataille dans le ciel  : Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, avec ses Anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. On le jeta donc, l'énorme Dragon, l'antique Serpent, le Diable ou Satan, comme on l'appelle, le séducteur du monde entier, on le jeta sur la terre et ses Anges furent jetés avec lui. "

    " Se voyant rejeté sur la terre, le Dragon se lança à la poursuite de la Femme, la mère de l'Enfant mâle. Mais elle reçut les deux ailes du grand aigle pour voler au désert jusqu'au refuge où, loin du Serpent, elle doit être bien nourrie un temps et des temps et la moitié d'un temps.
    Le serpent vomit alors de sa gueule comme un fleuve d'eau derrière la femme pour l'entrainer dans ses flots. Mais la terre vint au secours de la Femme : ouvrant la bouche, elle engloutit le fleuve vomi par la gueule du Dragon. Alors, furieux contre la Femme, le Dragon s'en alla guerroyer contre le reste de ses enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus. "

       Extrait de " La petite Encyclopédie du Merveilleux " d' Edouard Brassey


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    Le Poison des sorcières de Paris

    D'après les occultistes, le quartier des Maubert, au même, au même titre que le haut de la rue Mauffetard, la rue de la Grange-aux-Belles avec ses vestiges souterrains du gibet de Montfaucon ou la cour du Commerce, ancienne cour des Miracles, serait un des haut lieux stratégiques de la géographie secrète de Paris. Il s'y passe périodiquement des choses, vous diront-ils, qui ponctuent de manière significative l'histoire étrange de la capitale. Rendez-vous mystérieux, crimes inexplicables et d'ailleurs inexpliqués, manifestations surnaturelles, habitants ou encore passant curieux et inclassables...

    Le Poison des sorcières de Paris

    Dans l'impasse qui se souvient des pas d'Albert le Grand et qu'on appelait en ce temps cul-de-sac d'Amboise ( actuellement impasse Maubert )  une petite femme aux grand yeux azur et aux magnifiques cheveux châtains lui battant les épaules, se hâte vers la demeure de sieur de Sainte-Croix.
    Marie Madeleine de Brinvilliers ne court pas de la sorte à un rendez vous galant ordinaire. Certes Sainte-Croix, bâtard d'une bonne maison de Gascogne, est son amant en titre. Mais c'est de plus un sorcier empoisonneur dont le laboratoire de la rue d'Amboise regorge de toutes substances secrètes propres à dispenser amour et haine et surtout de
    ces " poudres de succession " tellement prisée par les grands et les plus humbles de l'époque.

    Elle a ainsi expérimenté sur son propre père, qui prisait peu ses aventures extra-conjugales, une préparation du galant à base d'arsenic, de vitriol et de venin de crapaud qui a fait merveille. Le 10 septembre 1666, le prude a succombé à une crise de vomissements à laquelle les apothicaires n'ont rien compris. La jolie marquise s'est assurée de l’efficacité de la recette sur les malades des hôpitaux qu'elle visite de manière touchante en leur apportant des friandises.

    Le Poison des sorcières de Paris

    Envoûteuse par surcroît, liée à un certain nombre de " faiseuses d'anges " qui lui fournissent la matière première de concoctions bien précises, la belle empoisonnera de la sorte jusqu'en juillet 1672. Le 31 de ce mois, Godin de Sainte-croix meurt - ô miracle ! - de mort naturelle. Le commissaire de police Picard perquisitionne à son cabinet de l'impasse Maubert. On y trouve un four d'alchimiste, tout l'arsenal du sorcier nécromant et surtout une cassette qui contient la preuve des exactions de la marquise de Brinvilliers.

    La célèbre affaire des poisons venait de débuter.

    On n'arrête la marquise que trois jours plus tard, à Liège, avec sur elle une liste manuscrite de tous ses forfaits. Des dizaines d'empoisonnements, des envoûtements au cours desquels elle donnait un coup de main au Diable, des machinations impensables mettant en cause de grands personnages du royaume... Elle avouera tout mais n'en subira pas moins la question et le 16 juillet 1675, elle sera décapitée en place de Grève où tout Paris est accouru pour assister à l’événement.

    " ...C'en est fait, écrit Mme de Sévigné à sa fille, la Brinvilliers est en l'air. Son pauvre petit corps a été jeté, après l'exécution, dans un fort grand feu, et les cendres au vent, de sorte que nous la respirons et, par la communication des petits esprits, il nous prendra quelque humeur empoisonnante dont nous seront tous étonné... "

    Le Poison des sorcières de Paris

    Le lieutenant de police La Reynie, par ailleurs bien connu pour avoir assaini l'inextricable quartier de la cour des Miracles, cherche, depuis 1673, à démanteler un effroyable réseau d'avorteuses, sorcières, empoisonneuses et satanistes dont les mailles s'étirent jusqu'aux plus hautes sphères de la sociétés de Cour.

    Les arrestations commencent dès 1674. On embastille par exemple le chevalier de Rohan ( l'un des grand noms du royaume ) qui pratique l'alchimie et sans doute d'autres arts beaucoup moins inoffensifs avec un érudit hollandais du nom de Van den Enden. Avec Latréaumont et le jeune Cauzé de Nazelles, ils complotaient de plus contre Louis XIV, projetant même un enlèvement du roi dûment envoûté auparavant !

    Le Poison des sorcières de Paris

    On conspire beaucoup à la cour du Roi-Soleil. Et tout ce beau monde se fournit en philtres, poisons et autres statuettes chez les innombrables sorciers de Paris. Ces derniers courent les cimetières pour se procurer les ingrédients nécessaires à leurs préparations. D'atroces trafics de cadavres et même de nouveau-né se sont organisés dans les bas quartiers de la capitale. Il ne se passe guère de mois que les hommes de La Reynie ne mettent la main sur une avorteuse ou une distillatrice de liqueurs perfides. Et avec l'affaire des Poisons, ils n'ont pas fini d'être à la tâche...

    Ne dit-on pas que la marquise de Montespan, a gagné les faveurs du roi par des procédés de basse sorcellerie ? Elle a effectivement fait dire plusieurs messe noires dans la crypte de Saint-Séverin pour demander au Diable de l'aider à remplacer Louise de La Vallière dans le cœur de Louis XIV. Le prêtre de l'église, dont le cimetière sert de rendez-vous à tous les sorciers de Paris en quête d'ossements et de larves sépulcrales, est un fervent sataniste. Il a procédé à une conjuration spéciale avec deux pigeons baptisés Louis et Louise ( du nom des deux personnages qu'on veut amener à se haïr ). Le sortilège a été jeté pendant la messe diabolique au cours de laquelle on a fait réciter à la jeune ambitieuse l'invocation suivante :

    " ...Je demande l'amitié du roi et celle de Monseigneur le dauphin, qu'elle me soit continuée ; que la reine soit stérile, que le roi quitte son lit et sa table pour moi ; que j'obtienne de lui tout ce que je demanderai pour moi et mes parents ; que mes serviteurs et les domestiques lui soient agréables ; que, chérie et respectée des grands seigneurs, je puisse être appelée aux conseils du roi et savoir ce qui s'y passe et que, cette amitié redoublant plus que par le passé, le roi quitte et ne regarde La Vallière et que, la reine étant répudiée, je puisse épouser le roi ! "

    Le Poison des sorcières de Paris

      Tout cela est adressé à Satan par l'intermédiaire de son prêtre renégat officiant sur la femme nue... Le Diable se rendit aux prières de la marquise. Moins d'un an plus tard, elle entrait et pour longtemps dans les bonnes grâces du souverain.

    Mme de Montespan a connu Mariette par une personne peu recommandable qui ne va pas tarder à défrayer la chronique.
    Catherine Voisin exerce le métier de tireuse de cartes et d'avorteuse.
    La nouvelle favorite du roi continuera de la fréquenter pour en obtenir les philtres destinés à éloigner ses rivales.

    Le Poison des sorcières de Paris

    La sorcière organise pour elle maintes nouvelles messes noires, à chaque fois en particulier que le roi suit d'un peu trop près Mme de Soubise ou Mlle de Rochefort-Théobon. Au procès des Poisons, la fille de la Voisin témoignera de cette intense activité sorcière de la marquise. Une activité parfois odieusement criminelle puisqu'une véritable cérémonie satanique exige pour être efficace le sacrifice d'un enfant.

    " ...Ma mère a porté plusieurs fois à Mme de Montespan, à Saint-Germain, à Versailles, à Clagny, des poudres pour l'amour, pour faire prendre au roi, qui avaient passé sous le calice... J'ai été présente à cette sorte de messe et j'ai vu que la dame était étendue toute nue sur un matelas, les jambes pendantes, une serviette sur le ventre et le calice sur la serviette. Le prêtre qui officiait était le vieux Guibourg. Un jour on a présenté à la messe un enfant paraissant né avant terme, qui a été mis dans un bassin et égorgé ; Guibourg versa le sang dans le calice, le consacra avec l'hostie, acheva sa messe puis fit prendre les entrailles de l'enfant. Ma mère porta le lendemain distiller le sang et l'hostie dans une fiole de verre, que Mme de Montespan emporta..."

    Le Poison des sorcières de Paris

    La vie d'un enfant compte peu pour une criminelle comme la Voisin qui distribue quotidiennement des philtres empoisonnés à sa riche clientèle.
    Elle n'était pas la seule à le faire dans le Paris de l'époque où la sorcière donnait volontiers un coup de pouce au Diable.

    Encore trois empoisonnement  et je peux me retirer, fortune faite ! ",
    déclarait un soir à dîner devant toute une société de très grands seigneurs de haute lignée la tireuse de cartes Marie Bosse...

    Maitre Perrin, un avocat convié à sa table s'inquiète de ce genre de propos et en parle à un de ses amis, le capitaine Degrez, qui s'est jadis occupé de l'affaire Brinvilliers. On ouvre une enquête. On tend des chausse-trappes à la bande tandis que deux événements précipitent les choses.

    Le Poison des sorcières de Paris

    Le 5 septembre 1678, dans l'hôtel de la Petite Angleterre, rue d'Anjou-au-Marais, on arrête un groupe d'alchimistes parmi lesquels Pierre Cadelan, secrétaire du roi et banquier, et un aventurier du nom de Vanens sous inculpation d'espionnage. On s'aperçoit très vite que les abstracteurs de quintessence n'ont peut-être pas découvert le secret du Grand Oeuvre mais qu'ils s'adonnent à la magie noire et au poisons. Eux aussi fournissent à la Montespan des recettes infaillibles pour garder la faveur du roi. Ils sont d'ailleurs de près ou de loin liés aux autres fabricants de poudres de succession diaboliques de la capitale.

    On a aussi arrêté la Bosse, une certaine Vigouroux et quelques autres.

    Fin 1678, début de 1679, Mlle de Fontanges vient d'arriver à la cours et menace fort de supplanter la Montespan. Cette fois, les messes noires demeurent sans effet.

    " Ma mère, dira la fille de la Voisin au procès, m'a confié que Mme de Montespan voulait, dans ce moment tout porter à l'extrémité et la voulait engager à des choses où elle avait beaucoup de répugnance. Puisque la magie, aussi noire soit-elle, ne donnait rien, il ne restait qu'à empoisonner la rivale et le roi avec, pour faire bonne mesure. "

    Aveugle de dépit, Mme de Montespan promet 100 000 écus.
    Un conseil de guerre se réunit chez la Voisin, rue Beauregard. On décide d'un plan à suivre. Pour Mlle de Fontanges, des gants de senteur qui l'empoisonneront sans laisser de traces en moins d'une semaine.
    Pour le roi, un placet, lui aussi enduit d'une poudre mortelle. Les sujets de Louis XIV sont en effet autorisés à lui remettre ainsi, en audience publique, une fois par semaine, leurs suppliques et doléances...

    Le Poison des sorcières de Paris

    La Voisin part à la cour qui se trouve à Saint-Germain le dimanche 5 mars.
    Elle ne peut approcher le roi et compte tenter à nouveau sa chance une semaine plus tard. Mais le 10, alors qu'elle revient de
    Notre-Dame-de-la-Bonne-Nouvelle, elle est enfin arrêtée.

    Conduite par La Reynie, l'enquête va révéler un inimaginable réseau de crimes, de sortilèges, de cérémonies sataniques sanglantes, d'avortement clandestins... Les plus hauts personnages du royaume sont mis en cause, des femmes surtout. Que du beau monde. Il fallait être riche pour monnayer les services des prêtres et des " vestales " de Satan !

    Même le poète Racine, académicien et historiographe de Louis XIV, sera inquiété. On le suspecte d'avoir acheté à la Voisin une certaine fiole de liqueur jaune pour empoisonner sa maîtresse, l'actrice Du Parc... 

    Le Poison des sorcières de Paris

    La Voisin est brûlée vive le 22 février 1680 après avoir fait des aveux complets. Malgré le secret imposé aux juges qui instruisent la ténébreuse affaire, le bruit se répand qu'on voulait empoisonner le roi en personne.
    Quand Mlle de Fontanges mourra d'une étrange maladie, on est bien persuadé quoiqu'en disent les médecins, que la Montespan est au moins arrivée à mener à bien une partie de son dessein.

    La chambre ardente, juridiction spéciale pour juger les personnes de naissance élevée, ô combien nombreuses dans cette histoire, siège jusqu'en juillet 1682 ; 210 séances, 319 personnes arrêtées... Puis, le roi veut qu'on oublie.

    Souverain aux ambitions solaires, Louis XIV admet sans doute mal qu'un tel univers chtonien ait pu faire irruption dans son règne. Le Diable et son train retournent à la nuit et à la clandestinité.

    Ce qui n'empêche qu'à la fin du règne, selon les Mémoires de Vaudreuil, il y a " pour le moins quatre fois autant de sorcières et suppôts de Satan en Paris que de prêtres, de religieux ou de boulanger !... ''

      

     


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  • Jules Vernes - Voyage au centre de la Terre

     A Hambourg, Axel découvre avec son oncle, le professeur Lidenbrock, un manuscrit ancien qu'ils réussissent à déchiffrer. Ce document témoigne d'une expédition effectuée au XVIè siècle : un alchimiste aurait réussi, en descendant par le cratère d'un volcan éteint, en Islande, à atteindre le centre de la Terre. Rapidement, les deux hommes décident de tenter de nouveau la même expédition ; ils se font accompagner dans leur périple par un guide islandais. Ils découvrent un univers très étrange en parcourant ces obscures contrées : des animaux préhistoriques qui se battent entre eux, un être à mi-chemin entre l'homme et le singe ainsi que bien d'autres étonnantes surprises. Une immense mer souterraine les oblige à continuer leur chemin au moyen d'un radeau de fortune ; c'est cette même mer qui, se déchaînant en une terrible tempête, les expulsera des entrailles de la Terre par un volcan en pleine activité.

    ..........

    Le voyage qu'entreprennent les trois hommes a tout du voyage initiatique sa fin marquera d'ailleurs pour Axel, le narrateur, le début de la vie adulte. A son retour au pays, il épousera en effet sa fiancée ;tout se passe comme si cette expédition avait consisté pour lui en une épreuve destinée à marquer la fin de son adolescence. Comme dans tous ses autres récits, Jules Verne se sert ici d'une intrique pour présenter les connaissances scientifiques les plus avancées de son temps. Cependant, ce texte diffère des autres, car à mesure que l'expédition s'enfonce dans les profondeurs du globe, les éléments réalistes laissent progressivement la place au fantastique, et parfois même à la magie.
    Ces éléments irrationnels permettent de rapprocher le texte des rites d'initiation ancestraux qui sont le dénominateur commun de toutes les sociétés : tenter de rejoindre le centre de la Terre c'est donc, en quelque sorte, rechercher l'essence de l'homme.

    Cette histoire illustre parfaitement le sujet sur
    " La théorie de la Terre creuse ".  Cette théorie a pris des proportions extraordinaire. Des personnages comme le mathématicien Léonard Euler ( XVIIIe siècle ), Edmond Halley,.... et bien d'autres y ont cru.


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  • Hermès

    Dieu sans doute chtonien à l'origine, c'est-à-dire dieu de la terre et du royaume souterrain où il conduit les âmes (dans l'Odyssée ), Hermès est aussi le dieu par excellence de l'échange, que ce soit comme dieu des routes et des carrefours, comme dieu des marchands et des voleurs, ou encore comme messager céleste.

    La postérité de ce dieu, dans ce double aspect du chemin qu'on parcourt et du voyage accompli par l'âme, devait s'affirmer dans sa rencontre, puis son assimilation, avec le dieu égyptien Thot à tête d' ibis, le maître de la sagesse.

    Hermès y devint en effet le " guide " de la recherche spirituelle en même temps que de l'alchimie où, à travers le travail des éléments, et d'abord celui de la materia prima, de la terre noire qu'on devait convertir en or.


    Ces nouveaux enseignements furent consignés à l'époque alexandrine dans le Corpus Hermeticum ( Corps d'Hermès ou Corps hermétique ), et plus particulièrement pour l'alchimie, dans la fameuse Table d'émeraude, sur laquelle on voit encore travailler Issac Newton au XVIIè siècle, Hermès, appelé le"  trois fois grand " symbolise l'esprit du monde, tandis que son équivalent latin, Mercure, s'identifie à la fois avec la planète de la mobilité et des transformations incessantes.

    Une théorie hermétique est donc une théorie, non pas obscure, comme on le croit aujourd'hui, mais qui repose sur un principe caché de sagesse qu'il est du devoir de l'homme de découvrir à travers une initiation spirituelle, tandis que l'herméneutique est la science du dévoilement et de l'interprétation du sens intrinsèque, mais de prime abord dérobé, des symboles, des paroles et des archétypes gravé dans l'âme.



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