• Sir Arthur Conan Doyle - Le monde perdu

     Edward Malone, journaliste au Daily Gazette, est envoyé par son rédacteur en chef interviewer le professeur George E.Challenger, réputé comme étant agressif envers le monde du journalisme. Lors de cet interview, Challenger accepte de révéler sa découverte au jeune homme : il aurait découvert des dinosaures encore vivants lors d'une expédition en Amérique du Sud. Et il compte bien y retourner pour prouver à la communauté scientifique la véracité de son récit.

    Pour impressionner la jeune femme qu'il aime, Gladys Hungerton, Malone accepte alors de rejoindre l’expédition de Challenger, qui compte également le professeur Summerlee et Lord John Roxton, chasseur réputé. Le jeune journaliste relate leur périlleuse aventure à travers des lettres écrites à la première personne qu'il envoie à Londres, sans se douter que ces écrits passionnent bientôt toute l'Angleterre.

    Après des mois de route, les quatre hommes atteignent finalement un gigantesque plateau rocheux avec l'aide de leurs guides indigènes.
    Décidant d'explorer ce « monde perdu » isolé du monde extérieur par des falaises abruptes, Challenger, Malone, Summerlee et Roxton sont bientôt confrontés à la faune sauvage du plateau : des dinosaures bien vivants ! Mais un peuple d'hommes-singes barbares et primitifs. Dès leur retour à Londres, ils présentent leur rapport à la communauté scientifique ainsi qu'un bébé ptérodactyle que Challenger a ramené vivant. Mais l'animal s'échappe du bâtiment et disparait dans le ciel de l'Angleterre...

    Ce roman illustre parfaitement le sujet " A la recherche des derniers dinosaures ". Il nous montre combien l'espoir de retrouver vivant des dinosaures était déjà en 1912 présent dans l'esprits des hommes.

    Le téléfilm :  " Les aventuriers du monde perdu " sorti en 2001 avec Bob Hoskins et Peter Falk est une des meilleur adaptation de ce roman.

      


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  • Le roman fantastique et de science fiction

    Certains romans fantastiques et de science-fiction jouent un rôle prépondérant dans la connaissance de certains fait mystérieux et insolites qui sont publié dans ce site. 

    Les bons auteurs nous entraînent dans des aventures qui ne sont pas toujours si innocentes qu'elles paraissent. En bon philosophe, ils posent les bonnes questions et nous ouvrent les yeux sur certains aspects de notre quotidien ou de notre avenir plus ou moins proche. 

    Qu'est-ce qu'un bon livre fantastique, de science-fiction ou d'aventure ? 

    C'est celui qui nous plonge, avec le héros de l'histoire dans une aventure complètement incroyable et irréelle mais qui nous donne l'impression que cela pourrait quand même arriver. Et si l'on croit a l'impossibilité de cette aventure, nous serons convaincus que si par un extraordinaire concourt de circonstance cela devait quand même arriver, cela arrivera comme le décrit l'auteur et pas autrement. On y croit. Même l'irréel devient crédible. 

    Pendant longtemps ces livres ont été mis au rang des " petit livre ".
    Nous allons aller à la rencontre de ces " petit livre " et nous verrons qu’ils ne sont pas si petit que ça. Nous verrons que ces auteurs avaient tout comprit avant tout le monde. Ils nous mettent en garde devant certaines dérives et aujourd'hui encore et toujours leurs œuvres reste d'actualité.
     

    Bonne lecture.

      


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    L'ystérie à travers les âges

    Face aux cas d'hystérie collective, l'Eglise catholique adopta deux attitudes différentes. Après s'être servie de ses manifestations pour affermir sa puissance sur les esprits et pour exalter, elle a considéré ces phénomènes comme autant de ferments de troubles susceptibles de compromettre l'ordre établi, et ils sont devenus suspects. Ils pouvaient contenir le germe de dangereuses hérésies. Aussi, comme souvent dans de tels cas, on commença à invoquer le démon...

    Le Malin, on le savait, pouvait accomplir des miracles pour son propre compte, tout comme il pouvait duper les pauvres égarés en prenant le masque des émissaires de Dieu. Ainsi, Jeanne d'Arc ne fut pas épargnée par le fait que sa mission sacrée lui ait été dictée par les ange et les saints : elle n'en fut pas moins condamnée comme sorcière.

    L'Hystérie à travers les âges

    Pendant des siècles, les accès d'hystérie collective allaient être considérés comme les signes de la possession démoniaque. Citons le cas célèbre
    des " agités " possédés par la danse de Saint-Guy, affection nerveuse qui fit d'immenses ravages au Moyen Age, dans les régions dévastées par la guerre et la famine.

    Possédées du démon : c'est également le verdict qui allait frapper les nonnes de Loudun deux siècle plus tard. Le scandale qui éclate en 1633 est tel que la justice royale est saisie de l'affaire : les religieuses du couvent des Ursulines et leur supérieure se tordent dans des convulsions hystériques, hurlant des obscénités. Elles accusent le chanoine Urbain Grandier de les avoir ensorcelées. Celui-ci sera brûlé comme sorcier l'année suivante.

    Avec le siècle des Lumières, les mentalités évoluent, les recherches scientifiques sont à la mode et la peur du démon s'estompe. Les convulsionnaires de Saint-Médard suscitent plus de curiosité que de terreur.

    L'Hystérie à travers les âges

    Il faut dire que le cimetière Saint-Médard, où est inhumé un célèbre diacre janséniste, est le théâtre de faits fort étranges. Les visiteurs, saisis de spasmes convulsifs, prétendent qu'ils sont capables de prédire l'avenir.
    Certains se trouvent mystérieusement guéris de leurs maladies.

    Plus extraordinaire encore, les participants se révèlent insensibles à la douleur : on les frappe à coups de marteau, on les pique à l'aide d'objets pointus ou on les suspend au dessus de brasiers, et ils restent apparemment insensible à tous ces mauvais traitements. Les plus incrédules sont troublés. Le philosophe écossais David Hume - un sceptique entre tous - se voit contraint, à son corps défendant, d'admettre
    " une évidence attestée par des témoins sensés et dignes de foi "

    L'Hystérie à travers les âges

    Certains hommes d'Eglise commencent à penser que l'hystérie et l'état second qu'elle entraîne ne sont pas nécessairement d'origine diabolique, mais peuvent au contraire permettre d'exorciser les démons. Un prêtre suisse, Johann Gassner, réunit des foules, plongeant des centaines de personnes dans des transes hystériques pour pratiquer guérisons ou exorcismes collectifs. Les premiers quakers et les shakers employaient des méthodes analogues ( tremblements ou danses rituelles ), se réclamant de la première Pentecôte.

    Franz Mesmer tente d'apporter une explication scientifique aux forces mystérieuses mises en oeuvre en de telles occasions, et il élabore sa théorie du " magnétisme animal " : une forme de magnétisme capable de produire de l'énergie biologique. Contrairement à ce qui a souvent été affirmé, Mesmer n'employait pas l'hypnotisme pour conditionner ses sujets : il les plongeait en transes hystérique, puis dans un coma artificiel. Bien que la commission royale nommée en 1784 ait officiellement rejeté la théorie du magnétisme animal, ses membres ont néanmoins dû admettre que beaucoup de patients avaient pu constater une réelle amélioration de leur état.

    L'Hystérie à travers les âges

    Dès cette époque, les médecins vont s'efforcer de trouver des explications rationnelles à ces phénomènes. Il leur est difficile d'admettre que de telles crises soient bénéfiques aux malades. On commence à considérer les manifestations d'hystérie collective comme le signe de désordres nerveux ou de délire religieux - ce qui peut effectivement être le cas, les rassemblements de fidèles organisés par certaines sectes en sont un exemple caractéristique.

    La corporation médicale récuse également le fait que les individus magnétisés soient insensibles à la douleur, bien que cette immunité ait été prouvée à diverses occasions, Et pourtant, quelles immenses possibilités cette perspective n'ouvrait-elle pas dans un siècle où l'on ignorait tous des anesthésiques ! Mais les représentants de la médecine officielle affirment que les sujets testés sont des imposteurs, et qu'ils prétendent seulement ne pas sentir la douleur.

    L'Hystérie à travers les âges

    Au début du XXe siècle, on ne parle plus des aspects positifs de l'hystérie.
    Prise individuellement, on considère celle-ci comme un trouble nerveux, tandis que les manifestations collectives sont vues comme une sorte d'excitation contagieuse, telle qu'on peut en voir chez des collégiennes ou chez les adeptes de quelques sectes religieuses. Les psychiatre commencent même à émettre des doutes sérieux à propos de la réalité clinique de l'hystérie : beaucoup de comportements hystériques n'ont-ils pas, en réalité, une origine médicales bien précise ? C'est notamment le cas des troubles moteurs liés à l'épilepsie, ou de certaines psychoses schizophréniques. N'y entre-t-il pas, enfin, une bonne part de comédie ?

    Pourtant, les cas d'hystérie collective à l'intérieur des collèges allaient se multiplier et attirer l'attention de la presse. Au point qu'en 1964 on pouvait lire, dans la chronique médicale du très sérieux Times :
    " Quelquefois, un seul diagnostic d'hystérie collective semble pouvoir expliquer les faits, quelque outrageante que semble cette hypothèse en notre époque de matérialisme scientifique ".
    Il faisait probablement allusion à des incidents qui s'étaient produits dans quelques hôpitaux, et dont l'interprétation embarrassait fort les autorités médicales. Ces curieuses épidémies n'avaient pas frappé les malades, mais les infirmières, les aides-soignantes, les étudiants en médecine, les internes et même les chefs de service.

    C'est ainsi qu'en 1955, au Royal Free Hospital de Londres, près de 300 personnes avaient été victimes d'une maladie mystérieuse dont les symptômes rappelaient fort les signes classiques de l'hystérie collective : sensations émoussées, spasmes musculaires et tremblements, douleurs diffuses, gorge contractée, vertiges... Encore que le rétablissement ait été rapide dans la plupart des cas, les médecins consultés se trouvèrent assez déconcertés, étant incapables de déterminer aucune cause physiologique précise à ces manifestations pour le moins troublantes.

    Il fallut bien prononcer le mot d'hystérie...

    Les dirigeants de l'hôpital ne voulaient pas en entendre parler ! Prêts à se raccrocher à n'importe quelle explication pour éviter l'accusation infamante, ils acceptèrent avec empressement l'hypothèse avancée par un journal médical : il se serait agi d'une encéphalomyélite myalgique bénigne. Le personnel des autres hôpitaux londoniens ne fut pas dupe.
    Non sans malice, il baptisa cette curieuse affection :
    " le mal de Royal Free " . Cet épisode suscita longtemps des sourires sarcastiques, jusqu'à ce que, le temps aidant, l'incident fut oublié.

    Quelle que soit la version officielle, il est clair que ces troubles sont de même nature que ceux observés dans les écoles, les couvents ou les usines. Si les symptômes varient d'une fois à l'autre, les points communs sont toutefois évidents. Il apparaît alors dérisoire de prétendre que les troubles soient organiques, donc bien réels, dans les hôpitaux, tandis qu'on affirme qu'ils relèvent de l'hystérie quand ils se produisent au sein des écoles et des collèges.

    Les réticences des autorités médicales ne permettent certainement pas de bien évaluer l'ampleur du phénomène : dans bien des cas, l'hystérie n'est pas reconnue, mais on invoque quelque virus mystérieux, même si l'on en a isolé aucun ; il est bien évident que les administrateurs des hôpitaux, des collèges ou les directeurs d'usines préfèrent donner une explication scientifique plus rassurante pour l'opinion public que d'envisager l'hystérie. Les publications médicales spécialisées commencent cependant à admettre que ce phénomène est plus répandu qu'on pourrait le penser.

    Si l'hystérie reste encore, à notre époque, une affection aussi mal connue, c'est que, bien souvent, on n'invoque cette hypothèse qu'après avoir éliminé toutes les autres. Lorsque tous les tests bactériologiques ou autres, se sont révélés négatifs, alors seulement on suggère que ce peut être là une manifestation d'hystérie collective, avec un haussement d'épaule apitoyé, comme si l'on voulait dire ainsi qu'il n'est vraiment pas nécessaire de chercher plus longtemps !

    Il est pourtant indispensable de poursuivre les recherches. Les références historiques en notre possession nous indiquent en effet deux voies à explorer qui devraient se révéler particulièrement intéressantes.
    L'une est le fait que les hystériques ne ressentent apparemment aucune douleur. On peut facilement imaginer quel parti on pourrait tirer de cette caractéristique. L'autre domaine d'investigation concerne la manière dont l'hystérie se propage à l'intérieur d'un groupe. Dans l'état actuel de nos connaissances, tout ce que l'on peut dire est qu'il semble s'agir d'une sorte de contagion psychique, conception, il est vrai, rejetée par la science matérialiste.

    Mais la science matérialiste a déjà montré ses lacunes à de nombreuses reprises. Quels que soient les résultats de ces recherches, celle-ci ne pourrait qu'enrichir nos connaissances, non seulement à propos de l'hystérie, mais également pour tout ce qui a trait aux épidémies, qu'elles soient de nature physiologique ou affective.

     


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  • Les Tigres de l'Annam

    Pour les Annamites, des tigres ou des génies personnifiées par des tigres régissent les voies de l'espace.

    Le Tigre Rouge préside au Sud ; l'été et le feu lui correspondent.

    Le Tigre Noire préside au Nord ; l'hivers et l'eau lui correspondent

    Le Tigre Bleu préside à l'Orient ; le printemps et les plantes lui correspondent.

    Le Tigre Blanc préside à l'Occident ; l'automne et les métaux lui correspondent.

    Sur ces Tigres Cardinaux il y a un autre Tigre, le Tigre Jaune qui gouverne les autres et qui est au Milieu, comme l'Empereur est au milieu de la Chine et la Chine au milieu du Monde. ( A cause de cela elle est appelée l'Empire du Milieu ; a cause de cela, elle occupe le milieu de la mappemonde que le P. Ricci, de la Compagnie de Jésus, établit vers la fin du XVIè siècle, pour instruire les Chinois. )

    Lao-Tseu a donné aux cinq Tigres la mission de combattre les démons.
    Une prière annamite, traduite en français par Louis Cho Chod, implore avec dévotion le secours de leurs indomptables armées.
     Cette superstition est d'origine chinoise ; les sinologues parlent d'un Tigre Blanc, qui préside à la lointaine région des étoiles occidentales.
    Au Sud, les chinois placent un Oiseau Rouge ; à l'Orient, un Dragon Bleu ; au Nord, une Tortue Noire. Comme on voit, les Annamites ont conservé les couleurs, mais ils ont unifié les animaux.

    Les Bhils, peuple du centre de l'Hindoustan, croient aux enfers pour Tigres ; les Malais connaissent une ville au cœur de la jungle, avec des poutres en os humains, avec des murs en peaux humaines, avec des avant-toits en chevelure humaine, construite et habitée par des tigres.

      


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    Le diable à Paris

    A Paris comme ailleurs, le Satan traditionnel que nous donnent à connaitre l'imagerie et la tradition, avec ses cornes et ses pieds fourchus, n’apparaît guère avant le XIe et le XIIe siècle. Et pour l'historien des religions, c'est avant tout une figure étonnamment composite, bien davantage qu'une entité originale du dogme chrétien.

    Afin de combattre l'influence des anciens rites et de la faire disparaître en profondeur, le christianisme s'est efforcé d'en assimiler, d'une manière ou d'une autre, les éléments principaux quand ils pouvaient s'accorder sans trop de mal avec ses propres conceptions. Il a bâti ses églises sur les vieux temples et donné à ses Grandes Mères les traits de la Vierge Marie. De la même manière, il a insensiblement transformé Esus, Pan ou Cernunnos en une image unique, celle du diable, à laquelle, il a superposé l'entité par excellence maléfique du Satan de la Bible.

    Tout cela devait laisser subsister une foule de croyances et d'habitudes religieuses, qui sont, pour beaucoup, à l'origine de l'histoire mystérieuse de Paris. Culte d'Isis, magie des druides et rites en tout genre, devenus occultes par nécessité, vont traverser les siècles malgré les anathèmes.

    Le règne du Satan parisien ne pouvait trouver meilleur terrain où s’exercer. A l'origine, cependant, et durant une grande partie du
    Moyen-Age, les rôles ne sont pas aussi bien départis.
    Malgré les ordonnances et autres capitulaires, on vit toujours le temps du merveilleux, des songes prophétiques, des charmes et des enchanteurs. Il n'est pas facile, autant pour les responsables religieux que pour les fidèles, de démarquer le nouvel ordre des croyances de l'ancien.

     

    Le Diable à Paris

      

    Parmi ces maître à penser, l'un des plus éminents est Albert de Cologne, qui est justement demeuré dans les mémoires sous une image pour le moins paradoxale : celle du théologien et du savant parfaitement orthodoxe et celle du magicien qui a laissé aux siècle à venir le plus célèbre de tous les grimoires de basse sorcellerie, Les Merveilleux Secrets du Grand et du Petit Albert !

    Issus de la prestigieuse famille des comtes de Bollestaedt, il est né en Allemagne, dans le diocèse d'Augsbourg. Entré dans l'ordre de Saint-Domonique, il a étudié à Padoue, à Bologne puis à l'université de Cologne, l'une des plus renommées de tout le monde chrétien, avant de venir s'installer à Paris pour y enseigner.

     

    Le Diable à Paris

    Pour un " moderne ", le personnage est des plus curieux. Il est à la fois un spécialiste de l'exégèse des Écritures, un savants très en avance sur son temps, un alchimiste et un occultiste redoutable. On connait une partie de sa correspondance avec Roger Bacon, autre chercheur insolite qui serait parvenu à découvrir la pierre philosophale, ses échanges avec Raymond Lulle, qui rêve lui aussi à la fabrication initiatique de l'or, ou avec l'étrange Arnaud de Villeneuve, de Montpellier, lui aussi à la fois " abstracteur de quintessence ", magicien et philosophe...

    Dans sa maison de la rue Perdue, il a construit un laboratoire. Il y pratique la magie cérémonielle et, sans doute, la nécromancie, encore point trop réprimée par les autorités ecclésiastiques de ce temps. Le feu perpétuel brûle sous l'athanor où s'opèrent les transmutations secrètes. Déjà, cependant, il faut agir avec prudence quand on s'occupe de ces choses. Le soufre alchimique commence à sentir son enfer...

     

    Le Diable à Paris

    " ... Le mage alchimique doit être discret et silencieux, écrit maître Albert, habiter une maison particulière, dans laquelle il y ait deux ou trois pièces réservées à ses travaux, choisir son temps et les heures de son travail, être patient et persévérant, en exécutant selon les règles, la trituration, la sublimation, la calcination, la solution, la distillation et la congélation, ne se servir que de vaisseaux de verre ou de poterie vernissée.."

    Malgré sa notoriété, le savant aura maille à partir avec les tenants du nouvel ordre des choses en la personne de l'un des meilleurs disciples, Thomas d'Aquin, qui acquerra par la suite la renommée de théologien que l'on sait. Le jeune homme admire son maître, mais il refuse d'admettre
    " la magie naturelle des herbes et des plantes, influencées par les étoiles ".
    Il ne veut pas entendre parler d'astrologie, et encore moins d'évocation nécromantique.

    Selon les témoins de l'époque, l'alchimiste aurait réussi à fabriquer, dans le laboratoire de la rue Perdue, une tête artificielle douée de mouvement et capable de répondre aux questions qu'on lui posait. Pour Thomas d'Aquin, c'est un défi à la création divine, que les dogmes interdisent de singer.
    D'autant qu'à travers les lèvres de métal on murmure que maître Albert fait s'exprimer les morts, voire de ces esprits de la nature, sylphes et autres génies, que le christianisme réfute. 

    Après des heures de polémique avec Albert le Grand, le disciple brisera la tête maléfique à coups de bâton.

     

    Le Diable à Paris

    C'est bien lui, cornes et rictus, qui apparaît aux vantaux latéraux de
    Notre-Dame de Paris. Les chanoines commandèrent ces ferronneries à un serrurier du nom de Biscornet, dans les années vingt du XIVè siècle.
    L'homme accepta. L'occasion était belle et unique d'assurer sa réputation pour un jeune artisan plein d'ambitions. Mais le travail était trop important pour sa forge. Alors il se coula un soir par les rues basses de l'île et gagna l'officine d'un suppôt de Satan, le nouveau réprouvé à la mode. Il signa un pacte, comme le célèbre docteur Faust, avec le sang, de son index. Et le diable l'assura de son assistance.

     

    Le Diable à Paris

      

    La veille du jour ou il devait rendre son oeuvre, il tomba en syncope. Quand il s'éveilla, les chanoines de Notre-Dame étaient déjà là, admirant des ferronneries grandioses auxquelles il n'avait pas un seul instant prêté la main. Satan avait œuvré pour lui.

    On est encore de nos jours stupéfait par la qualité du travail. Dès 1724, l'historien de Paris, Paul Sauval relevait cette énigme :

     

    Le Diable à Paris

    "... Ces portes sont admirées de tout ce qu'il y a de serruriers. Le bas est tout couvert de bouillons et de revers de feuilles tournées et travaillées avec étonnement, tant pour la grandeur que pour la beauté de l'ouvrage, et d'autant plus que ceux du métier n'ont pu connaitre aisément sa fabrique, car les uns croient que c'est du fer moulé, qu'ils appellent " fer de barreau " : d'autres disent qu'il est fondu et limé ; d'autres prétendent qu'il est battu au marteau... Ce qui est certain, c'est que ce secret fut perdu par la mort de Biscornet, qui avait si peur qu'on ne le lui dérobât que personne, à ce qu'on dit, ne l'a vu travailler..."

    On posa les vantaux en grande pompe. Mais, cela fait, nul ne les put ouvrir.
    Il fallut les asperger d'eau bénite et réciter l'exorcisme pour y parvenir.
    Biscornet, le serrurier, se cacha pendant des semaines et relut son pacte, qui ne lui laissait sans doute guère d'échappatoire. Il mourut peu après, et l'on raconte que sur sa tombe, au cimetière des Innocents, le vieillard satanique se livra à d'étranges conjurations pendants les mois qui suivirent...

    Ce moyen Age parisien fourmille décidément de contradiction.
    Le 18 mars 1314 on juge Jacques de Molay, grand maître du Temple, et les dignitaires de l'Ordre sur le parvis de Notre-Dame. Ils seront brûlés dans l'île aux Juifs pour hérésie, sortilèges, vénération d'idoles, sodomie et autres griefs. Peut-être étaient-ils trop riches. Peut-être  aussi garderaient-ils certains secrets retrouvés par les adeptes en Orient ou dans les multiples régions du monde d'alors, contrôlées par les commanderies de l'Ordre. Peut-être encore voulaient-ils, parallèlement à leur allégeance monastique à la religion du Galiléen, se souvenir de ces anciens cultes, aux rituels très profitables, que le christianisme taxait, dès le XIVè siècle, de basse sorcellerie.

     

    Le Diable à Paris

      

    Le petit Baphomet du portail de l'église Saint-Merri n'est pas d'époque, quoi qu'on ait écrit. Il date des rénovations de l'architecte Viollet-le-Duc, au siècle dernier. Des sociétés initiatiques se réclamant du Temple le reconnaissent cependant aujourd'hui pour une image tout à fait fidèle de l'idole mystérieuse des chevaliers du Temple. Elles le révèrent dans les cellules, souvent souterraines, où l'on se réunit entre initiés, à quelques pas de l'église. Cette dernière est elle-même le théâtre de rites que l'autorité ecclésiastique tolère, si elle ne les admet pleinement.
    L'ésotérisme templier a survécu, quelque fantaisistes ou étranges que soient parfois les formes qu'il a choisies.

    Le Diable à Paris

    On a condamné le Temple en 1314 mais, 60 ans plus tard, le plus célèbre des alchimistes, Nicolas Flamel, n'a pas été un seul instant inquiété !
    Son histoire est trop connue pour qu'on la rapporte en détail. Il est curieux qu'elle ne soit pratiquement jamais mise en doute. Le petit écrivain public qu'il était s'est un beau jour trouver à la tête d'une fortune colossale.
    Au retour d'un voyage initiatique à Saint-Jacques-de Compostelle, il parait qu'il a découvert la fameuse pierre des philosophes, qui transforme tout en or dans le creuset des alchimistes ! Ce pourrait être une légende, mais les faits sont là. Le modeste artisan a richement doté l'église de Saint-Jacques-la-Boucherie, dont subsiste uniquement aujourd'hui la célèbre et mystérieuse tour Saint-Jacques. Avec Dame Pernelle, son épouse, ils ont fait construire à leurs frais toute une arcade du cimetière des Innocents.
    Et, au numéro 51 de la rue de Montmorency, ils ont bâti une maison ( toujours en place ) où les pauvres gens sont logés gratuitement pour peu qu'ils s'engagent à réciter un Pater et un Ave pour le repos des trépassés...

    Flamel était-il un homme de Dieu, comme il l'a mille fois prétendu, ou du Diable, comme il a été souvent dit ? Nul  ne le saura sans doute jamais.

     

    Le Diable à Paris

    Il se peut qu'il ait eu connaissance de certaines données pratiques de la magie de l'Ancien Monde qui lui ont mystérieusement permis de faire aboutir ses desseins. Peut-être a-t-il évoqué les défunts pour lesquels il demandait de prier dans son auberge ouverte au tout-venant... 
    La condamnation sans appel de toute forme de nécromancie et d'invocation des esprits par l'autorité religieuse a certainement une raison d'être.

    Le diable à Paris

     Quoi qu'il en soit, le mystère de Flamel et de Dame Pernelle demeure. Ils ont acquis gloire et fortune par des moyens jugés, même à leur époque, énigmatiques, Ils ne sont presque pas mythiques, puisqu'il subsiste des traces tangibles d'eux-mêmes et de leurs actes... Dieu ou Diable, ils ont marqué l'histoire étrange de Paris d'une empreinte spécifique qu'il faudra bien quelque jours reconnaître pour telle...

                                                                                           Extrait de " Inexpliqué " 1981


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