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    S'il consent à détourner son chemin de la traditionnelle route de vacances, le touriste qui visite la Yougoslavie aura la surprise de découvrir dans les paysages sauvages de la Bosnie-Herzégovine l'âme d'une race montagnarde à l'énergie indomptable. Là, il aura peut-être la curiosité d'admirer, parmi les steppes herbeuses, d'étranges cimetières jalonnés de pierres tombales et de monuments funéraires, dont les sculptures insolites ne sont pas sans rappeler les fantastiques silhouettes que l'on prête aux extra-terrestres.

    Ces mains levées, énormes, ces visages au regard fier, ces symboles spiralés causent un malaise. Ce sont les tombes des bogomiles, ces hérétiques précurseurs du catharisme occitan, dont l'existence est à peu près inconnue chez nous bien qu'ils aient formé durant quatre siècles une véritable " église " en marge du monde ralliant plus d'un million de fidèles, aussi bien en Bulgarie que dans le reste des Balkans.

    Les bogomiles, ou patarins, apparaissent en Europe orientales vers 970.
    Les premières chroniques, nous informant du mouvement bogomile, qui sera désormais le moteur de toutes les révoltes religieuses au Moyen Age, nous sont fournies par le prêtre byzantin Cosma ainsi que par un message du patriarche Théophylacte au tsar bulgare Pierre, au Xè siècle.

    Rencontrant d'abord un grand succès auprès de la population paysannes et des petits artisans du royaume bulgare, soumis au régime féodal, puis faisant tâche d'huile, le mouvement religieux se répand dans toute la péninsule balkanique, notamment en Bosnie et en Dalmatie, où il gagne la majorité de la population, y compris les familles nobles.

    Quelle est la teneur du message bogomile ? A peu de chose près, il est semblable à la doctrine des albigeois définie par le rituel de Lyon, et c'est bien normal, puisqu'il y eut des liens constants entre ces deux importantes églises hérétiques.

    Le fond de la métaphysique catharo-bogomile est le dualisme, avec toutes les conséquences d'une telle position : un démiurge, entité mauvaise, gouverne le monde manifesté, et le Dieu véritable, unique, règne sur la sphère divine. Par cette étincelle, qui se trouve enfermée dans son corps (l'esprit), l'homme peut remonter vers la " divinité " originelle à condition de se détacher du monde matériel où il se trouve prisonnier. A la fin des temps, le démiurge, ou principe du mal, sera anéanti en même temps que son royaume ténébreux.

     Sur le plan cosmique, le Soleil est l'astre vénéré par excellence, car il est le principe du logos, ou Verbe lumineux sacré. C'est pourquoi il est aux yeux des bogomiles un symbole religieux majeur, comme en témoignent les nombreuses croix solaires et à virgules des tombes de Bosnie.
    Le Christ est l'envoyé du logos, et saint Jean, qui met l'accent sur cette fonction " lumineuse " de Jésus, est naturellement vénéré par les bogomiles, qui s'appuient sur son évangile et son apocalypse.

    En même temps, ils rejettent l'Ancien Testament et la Loi de Moïse, qu'ils estiment être semblable à " de la laine de chameau ", c'est-à-dire un tissus de contradictions. Ils répètent que '' Moïse est le Malin " ou évoquent le personnage comme " l'homme abusé par le Diable ". 

    Les bogomiles acceptent le " baptême de l'esprit " mais refusent la croix du calvaire ; ils enseignent de la renier et même de la haïr, car elle est un instrument de supplice. Dans une légende du XIè siècle, on peut lire en passage : " Si quelqu'un tuait ton père au moyen d'un morceau de bois en l'attachant à ce dernier, respecterais-tu et glorifierais-tu ce morceau de bois ? " En revanche, les bogomiles avaient pris pour symbole la croix solaire, inscrite dans un cercle, dont la signification ésotérique est déjà connue. Tout se rient, et cette croix solaire, opposée à la croix du supplice, magnifie le soleil comme le Grand Luminaire de l'Univers

    Le professeur Topentcharov apporte quant à lui la précision suivante : 
    " Dans nombre de légendes bogomiles, la Terre n'a plus sa position centrale que lui conférait la doctrine de l'Eglise. La Terre perd son rôle privilégié. Dégradée dans la structure des bogomiles elle fait partie d'un système où le regard est capté par le soleil. Une nouvelle corrélation cosmique s'ébauche. "

    Dans son livre des six jours, Yoan Exarque écrivait déjà au IXè siècle que certains hérétiques parlaient de la toute " puissance du Soleil ". Rappelons que jusqu'au XVIIIè siècle l'Eglise catholique affirma que la Terre était le centre de l'Univers, et le professeur Topentcharov écrit encore, à propos de l'héliocentrisme des bogomiles : 

    " Le bogomile a-t-il conscience de l'héliocentrisme dans notre système planétaire ? La réponse apparaît peut-être dans les emblèmes bogomiles, où l'image du Soleil est largement représentée, et cela avec une insistance particulière. Il est figuré soit comme un disque hérissé de flèches qui se perdent dans l'infini, soit comme une roue à cinq rayons. Mais, surtout, il revêt la forme de la rosace aux pétales les plus variés comme sous le nom de " rose solaire ". Le plus souvent, la rose solaire des bogomiles comporte un disque central avec six petits cercles disposés tout autour. 
    Dans ses lignes stylisées, elle rappelle étrangement le modèle graphique du système solaire. Parfois, la rose solaire est enfermée dans une circonférence, ce qui lui donne un aspect fini, comme pour symboliser l'unité. ''

    Et plus loin il ajoute : " Le Soleil est l'axe. Les bogomiles reproduisent dans leurs symboles la multitude des astres célestes et montrent la priorité du Soleil, maître non seulement du jour, mais aussi de la nuit. Des images bogomiles laissent à croire que le Soleil éclaire aussi le côté postérieur de la Terre. "

    Cette préconnaissance de phénomènes scientifiques dont on ne découvrira la portée que sept siècles plus tard dénote chez ces croyants dits " égarés " une singulière clairvoyance, terme qu'il faut prendre dans toutes ses acceptations si l'on veut bien admettre que les bogomiles étaient détenteurs d'une doctrine transmise depuis les temps antiques.

    Rudolf Steinier, fondateur du mouvement anthroposophique allemand, donne quelques indications sur ces " bulgares ". Pour lui, il s'agissait des dernières âmes ayant conservé dans la civilisation européenne " un reste de perception éthérique et astrale à l'état de veille et de sommeil ", c'est-à-dire que ces initiés auraient gardé intactes des possibilités psychiques de médiumnité ou de voyance très rarement accordées aujourd'hui. C'est cette connaissance de l' " Arbre aux fruits admirables "  qui aurait effrayé par-dessus tout l'Eglise, au point que celle-ci s'acharna sur ces malheureux dissidents.

    Pour Hermman Gruber, les bogomiles seraient au Moyen Age ( avant les cathares, puis les Templiers) les mandataires occidentaux de la " grande fraternité blanche "qui guide spirituellement l'humanité : leur mission était de réaliser dans le monde un christianisme cosmique véritable.
    " Les peuples slaves et germains qui surgirent au moment des " grande invasions " ne pouvaient guère recevoir le christianisme que par une impulsion profondément cosmique : leur mythologie était encore entièrement cosmique et, avec une sorte de clairvoyance à demi rêveuse, ils avaient la perception immédiate des forces et des entités agissant dans les éléments terrestres et dans le ciel des étoiles.
    Cette vie des essences spirituelles suprasensibles qu'ils ressentaient en eux-mêmes, ils essayaient de l'exprimer sous le forme de ces images originelles que l'on retrouve partout dans les époques les plus anciennes de l'histoire humaine. C'est ainsi que nous devons interpréter les croix, les rosettes, les svastikas, les spirales, les croissants lunaires, les cordelettes tressées, etc. Ces symboles apparaissent déjà dans les civilisations primitives de l'âge de bronze, et, plus tard dans l'art roman et lombard, enfin partout sur les pierres funéraires bosniaques.

    La facilité avec laquelle l'Eglise bogomile s'implanta en Bosnie et en Dalmatie s'explique pour des raisons à la fois historiques et religieuses. Pendant près de 300 ans, du Xè au XIIIe siècle, ces territoires furent âprement disputés entre des Etats différents dont aucun n’exerça durablement le pouvoir effectif sur ces marches. De même, le pays était tiraillé entre le catholicisme romain et le patriarcat orthodoxe depuis le schisme de 1054, de sorte que les fidèles et le clergé ne savait plus très bien s'il devait obéir à Rome ou à Constantinople. Une telle confusion fit le jeu des doctrines hérétiques chez un peuple épris avant tout de liberté et d'indépendance. Au XIIe siècle, la situation s'était largement modifiée : l'Eglise orthodoxe avait jugulé le bogomilisme en Bulgarie, et la Dalmatie tout entière était de nouveau dans l'obédience de Rome. La répression allait pouvoir se déclencher avec une grande ampleur.

    L'abjuration commença par le sommet. Le 8 avril 1202, le ban Kulin, qui avait adhéré à l'Erreur, renia l'hérésie en ces termes : " Nous renonçons d'abord au schisme qui a fait notre mauvaise renommée et nous reconnaissons notre mère l'Eglise romaine à la tête de notre unité religieuse... " 

    Le pape Innocent III, persécuteur des cathares, envoya un légat accompagné d'une troupe d'inquisiteurs. Pendant ce temps, les bogomiles désignaient un chef spirituel suprême, sorte d' " antipape " au dire des catholique, qui envoya son " vicaire " à Toulouse, alors aux mains des cathares. La Bosnie fait figure, au début du XIIIè siècle, de centre de mouvement hérétique européen.

    Les résultats obtenus par l'inquisition furent dérisoires en égard aux moyens déployés. Les raisons doivent être recherchées dans la résistance presque unanime des populations, la mollesse des nobles et des seigneurs féodaux à réprimer l'hérésie en fournissant des troupes et les difficultés d'ordre géographique. Il n'était pas facile de se frayer un chemin dans un pays coupé de gorges et de montagnes, presque dépourvu de routes. Rome ne se découragea pas pour autant et prêcha successivement quatre croisades contre es bogomiles, bougres et autres patarins. En 1319, nous voyons encore le pape Jean XII inviter le prince croate Mladen Subic à combattre l'hérésie : " La Bosnie, écrit l'Apostole, est tout entre les mains des hérétiques. Les églises sont en ruines, il n'y a plus de prêtre, il n'y a même plus ni communion ni baptême. "

    Plusieurs évêques et de nombreux prêtres embrassèrent l'hérésie. Au XIVè siècle, il n'y avait plus en Bosnie d'Eglise catholique constituée, et le pays était redevenu une " terre de mission ''

    " Pourtant écrivait en son temps Enéas Sylvius Piccolomini, témoin de l’époque, il est peu probable que l'Eglise ait jamais combattu aussi puissamment et avec des moyens plus durs un mouvement né dans ses rangs, mais toute l'influence et tous les moyens de la Curie romaine employés contre ces mauvaises gens, qui se disent bon chrétiens, n'ont servis à rien... "

    La menace turc se faisait plus pressante, le souverain pontife tenait absolument à regagner la foi ces territoires limitrophes des conquêtes ottomanes. En revanche les bogomiles n'avaient aucune envie de prendre part à la croisade antiturque.

    En 1459, le roi Stepan Tomas se plaint encore à l'inquisiteur dominicain barbuci de ce que ses sujets manichéens ont plus de sympathie pour les Turcs que pour les catholiques. Ce monarque essaya d'introduire le catholicisme par la force et, en 1462, envoya trois de ses seigneurs à Rome enchaînés pour qu'ils renoncent à leur erreurs.  A cette occasion, le cardinal Torquemada composa la liste des " cinquante erreurs des manichéens de Bosnie ".

    Finalement, l'islam s’accommodant difficilement de croyances rivales, le mouvement bogomile disparut presque complètement au XVè siècle, avec la conquête de l'Europe orientale par les Turcs. Il est intéressant de noter à ce sujet que les seules contrées d'Europe où la foi musulmane recueillit l'adhésion des populations correspondent justement  l'aire d'expansion de l'hérésie bogomile.

    Avant de disparaître, le dualisme bogomile avait eu le temps de se propager à travers l'Europe et, dès le XIè siècle, de prendre pied en Italie sous la forme du catharisme, ce par l'intermédiaire des échanges intellectuels et des marins vénitiens faisant le commerce avec la Dalmatie et Byzance. D'Italie, il se répandit en Occitanie et jusque sur le Rhin. Les liens entre les diverses " églises " cathares ne furent jamais rompus tant qu'elles existèrent ; ainsi, lors du siège de 1243 - 1244, les défenseurs de Montségur communiquaient-ils encore par courrier avec les " évêques " patarins de Bosnie, dont ils reçurent des messages d'encouragement. C'est dire l'importance historique de ce foyer primordial de l'hérésie.

    Le catharisme sut cristalliser autour de lui les diverses poussée spirituelles, puisqu'il émerge aujourd'hui, fascinant les chercheurs, d'un oubli multiséculaire, preuve que l'ère des bouleversement spirituels a sonné.

    Penchons-nous sur son destin puisqu'il recèle la clé de son message ésotérique.

     


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    Le gouvernement fédéral des Etats-Unis dispose probablement de la plus vaste documentation accumulées par les fonctionnaires, les militaires, les responsables de la sécurité, ou transmises par les simples citoyens. Beaucoup de " chasseurs d'ovnis " insinuent pourtant que les autorités savent beaucoup plus qu'elles ne veulent bien le dire et que les services secrets américains savent parfaitement à quoi s'en tenir au sujet des mystérieux objets volants. Très souvent d'ailleurs, lorsque des services officiels sont intervenus après une apparition d'ovnis, preuves et documents ont mystérieusement disparu ou ont été détruits dans des circonstances mal élucidés.

    Tant que subsisteront de telles entraves, il est bien évident que les ordinateurs ne pourront fournir tous les résultats que l'on est en droit d'attendre d'eux. La loi sur la liberté de l'information offre à présent aux citoyens la possibilité d'interpeller leur gouvernement et d'exiger la divulgation d'informations que les services concernés maintiendraient secrètes. Les premiers assauts ont été livrés par les amateurs d'ovnis, qui ont obtenu que la C.I.A. communique certains documents confidentiels.

    A mesure que les informations seraient ainsi libérées avec plus ou moins de réticence, on pourrait s'apercevoir que le gouvernement joue dans ce domaine un rôle plus important qu'on ne le suppose - et que les lacunes dans la diffusion de l'information ne sont pas seulement dues à l'incurie et à l'inertie de l'administration. Il se pourrait au contraire que certains rouages de la machine gouvernementale aient délibérément manipulé l'opinion au sujet des ovnis, selon des méthodes soigneusement éprouvées.

     Il est facile, par exemple, de déformer les faits rendus publics, de faire naître des rumeurs ou de divulguer sous le sceau du secret des rapports présentés comme confidentiels qui fourvoieront les chercheurs, ou même de monter de toute pièces de fausses apparitions d'ovnis. Pendant ce temps, d'autres représentants du gouvernement s'emploieront à discréditer la plupart des témoignages, ce qui rendra plus crédibles les prétendues indiscrétions...

    Une telle stratégie peut certes paraître machiavélique, mais elle peut s'expliquer par plusieurs raisons. En diverses occasions, les soucoupes sont venues à point nommé distraire l'attention du grand public de problèmes fort préoccupant. Citons un exemple : en novembre 1957, l'on enregistra une affluence insolite d'ovnis au-dessus du Texas et du Nouveau-Mexique. Juste au moment où l'Union soviétique venait de lancer le deuxième spoutnik ! A une époque où précisément la mise sur orbite des fusées américaines Vanguard s'était soldées par un échec...

    Le " phénomène ovni " peut encore se révéler fort utile pour étudier la psychologie des individus et des foules ; il sera, en effet très intéressant de noter les réactions de populations qui, en prenant conscience de la possible présence d'ovnis dans le ciel, se sentiront surveillées par quelques puissance inconnue, dont les forces peuvent être considérables. Toutes les observations concernant cet état de " guerre psychologique " entretenu par les ovnis ont fait l'objet d'un rapport secret qui n'a été divulgué que tout récemment.

    Ajoutons encore que les ovnis constituent un alibi providentiel pour les services qui veulent tester des prototypes aériens révolutionnaires sans ameuter les foules et sans intriguer les citoyens.

    Imaginons qu'une quelconque société souhaite faire naître chez son public une obsession des ovnis. Sa tâche ne serait pas très difficile : il suffirait de donner au bon moment une publicité suffisante aux récits de quelques témoins de bonne foi, de paraître détenir des  secrets de la plus haute importance tout en glissant çà et là quelques allusions sibyllines... La rumeur publique ferait le reste.

    Seule une recherche scientifique impartiale, basée sur l'analyse par ordinateur, peut permettre une juste approche du problème. A condition, néanmoins, que les autorités gouvernementales laissent les savants accéder à toutes les informations. Les chercheurs de Ground Saucer Watch Organisation estiment pour leur part que les photographies d'ovnis pourraient nous mettre sur la piste de très importantes découvertes. Mais ils pensent aussi, non sans raison, que si l'on veut élucider la nature et l'origine de ces étranges phénomènes, le véritable combat devra se livrer dans les antichambres gouvernementales et non derrière les ordinateurs.

     Si l'analyse par ordinateur constitue un perfectionnement certain par rapport aux méthodes traditionnelles d'examen des photographies, celle-ci n'ont pas été abandonnées pour autant. Comme neuf sur dix environ des prétendues photographies d'ovnis représentent en réalité des objets ou des corps céleste connu ou sont l'oeuvre de mystificateurs, il est bien évident qu'on réservera les manipulations complexes de l'analyse par ordinateur aux clichés qui auront subi avec succès les premiers tests d'élimination effectués selon les méthodes traditionnelles.

    Une photographie d'ovni pour être acceptée comme telle, doit nécessairement faire l'objet d'une enquête approfondie et les conditions dans dans lesquelles elle a été prise doivent répondre à certaines exigences. Ainsi, certains clichés dont l'authenticité n'était pas suspectée n'ont pu être retenus : l'opérateur, par exemple, se trouvait seul lorsqu'il a pris les photographies. Et il est bien évident qu'il faut toujours songer à la possibilité d'une supercherie, aussi sincère que paraissent les témoins.

    Parmi les motifs qui peuvent pousser certaine personnes à produire des photographies truquées, le mobile financier n'est certes pas à négliger. On cite souvent le cas du touriste ayant soi-disant pris des clichés du monstre du Loch Ness : bien qu'il ait toujours refusé de laisser expertiser les négatifs et que l'on ait relevé plusieurs invraisemblances dans son récit, les photographies n'en ont pas moins été reproduites dans de nombreux journaux anglais. Il a ainsi avoué qu'au cœur des seuls six premiers mois les droits de reproduction lui ont rapporté environ 200 livres sterling. Sans compter, bien sûr, les publications ultérieures, les articles et les interview.  Tant il est vrai qu'il est toujours payant d'exploiter la crédulité d'un public avide de sensationnel !

    Quoi de plus tentant, en effet, pour les esprits mystificateurs, que de faire ainsi des dupes parmi leur semblables ? Ainsi la fabrication de fausse photographies d'ovnis est-elle devenue le passe-temps favori d'étudiants facétieux. Rappelons pour mémoire le cas célèbre du jeune anglais Alex Birch. Alex avait 14 ans et fréquentait le collège lorsqu'il exhiba une photographie représentant, prétendait-il, un groupe de cinq soucoupes volantes.

    Le cliché fit sensation, et son heureux auteur fut interviewé non seulement à la radio et à la télévision, mais encore par le ministre de l'Air lui-même. Il fut également invité à la première réunion publique de l'Association anglaise de recherches sur les ovnis, durant laquelle il raconta dans quelles circonstances il avait photographié les objets volants. Il s'en tint toujours à la même version, et son récit parut sincère et plausible. Ce n'est que dix ans plus tard, après ses aveux tardifs, que l'on admit qu'Alex Birch avait magistralement mystifiés ses contemporains.

    On voit donc combien il est important que plusieurs témoins impartiaux et désintéressé aient assisté à l'apparition des ovnis et aient vu prendre le cliché. Pour l'enquêteur, les meilleurs garanties de l'authenticité des photographies se trouvent réunies lorsque les témoins, les plus nombreux possibles, ne sont ni des parents ni des amis du photographe. 

     Il est également souhaitable qu'ils aient déjà fait un récit détaillés de l'événement avant que la pellicule ne soit développée. En effet, s'ils sont complices d'une supercherie, il est peu probable qu'ils se hasardent à clamer qu'ils ont vu des soucoupes volantes avant d'avoir pu vérifier quels résultats ont été enregistrés sur la pellicule !

    Pour pouvoir être retenues comme vraisemblables, les photographies d'ovnis doivent donc réunir certaines conditions. Tout d'abord un témoins " étranger ", non suspect de complaisance, doit avoir assister à l'événement. Ensuite tous les négatifs et le matériel doit être confié à l'expertise, même s'il renferme des vues n'ayant aucun rapport avec les ovnis : les autres clichés donneront des indications précieuses sur la luminosité du ciel, l'éclairage, les caractéristiques de la pellicule et de l'appareil en général, etc.

    Le troisième point important concerne les repères. Il est nécessaire qu'apparaissent aussi sur le cliché des objets familiers, facilement identifiables. Une photographie ne montrant que le prétendu ovni sur fond de ciel et rien d'autre ne saurait être retenue.

    La quatrième condition n'est pas absolument obligatoire, mais est fortement souhaitable : il vaut mieux pouvoir présenter une dizaine de clichés successifs, qui apportent beaucoup plus d'informations qu'une seule image. L'idéal est le film pris avec une caméra , car il est beaucoup plus difficile à truquer qu'une photographie fixe et fournit des renseignement sur la durée du phénomène. 

    Le photographe chasseur d'ovnis doit pouvoir également être en mesure de fournir le maximum d'indication technique : caractéristique de l'appareil et de la pellicule employés, distance, ouverture du diaphragme, temps de pose, etc. Il doit préciser s'il a ou non utilisé un filtre et si l'appareil était tenu à la main ou monté sur un pied.

    De la précision et de l'exactitude de ces renseignements dépendra en partie la crédibilité du phénomène.

     


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    Une fable étrange a circulé six cents ans après que la papauté se fut emparée du pouvoir temporel : une femme se serait glissée sur le trône pontifical et aurait régné sous le nom de Jean. La première esquisse littéraire de cette fable date du XIIIè siècle. Le caractère scabreux de l'anecdote lui assura une durable postérité : elle fut admise par tout le monde, même Pétrarque et Boccace. Après la Réforme, catholiques et protestants croyaient encore à l'existence de la papesse Jeanne.

    En 1600, le buste de Johannes VIII, femina ex Angelica, figurait toujours parmi les bustes pontificaux qui ornaient la cathédrale de Sienne. Les détails précis qui émaillaient l'histoire du pape féminin étaient tels que nul ne songeait à en mettre en doute l'authenticité...

    Jeanne était une jeune Anglo-Saxonne d'une beauté remarquable et douée d'une grande intelligence. Manifestant un désir profond d'érudition, elle se tourna vers les couvents qui, avec les monastères, constituaient véritablement les seuls grands centres intellectuels du Moyen Age. Les femmes y jouaient d'ailleurs un grand rôle.

    Bien que les témoignages soient rares, on connaît la culture de certaines abbesses par leur correspondance ; par exemple, celle qu'échangeaient Eadburge, abbesse de Minster, dans l'île de Thanet, et saint Boniface, apôtre des Saxons. Il faut également citer un célèbre manuscrit des premières années du IXè siècle, copié par huit religieuses qui le signèrent de leurs noms à l'intention de l'archevêque de Cologne.

    Charlemagne avait été couronné empereur en l'an 800 par le pape. Il existait des liens étroits entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. 
    Charlemagne, qui voulait donner une solide formation aux fonctionnaires de son empire, souhaitait, en même temps, que son peuple reçut une éducation religieuse. Pour mener à bien cette entreprise, il invita les monastères à dispenser ces enseignements. Dans un premier temps, ce fut surtout l'ordre des Bénédictins qui s'employa à cette tâche.

    Le siècle dans lequel évoluait Jeanne, le IXe siècle, était une époque extrêmement violente et troublée. L'Occident étaient alors ravagé par des envahisseurs qui se pressaient sur tous les fronts et qui menaçaient de faire écrouler l'édifice carolingien.

    " Vous voyez éclater devant vous la colère de Dieu... Ce ne sont que villes dépeuplées, monastères jetés à bas ou incendiés, champs réduits en solitude... Partout, le puissant opprime le faible et les hommes sont pareils aux poissons de la mer qui, pêle-mêle, se dévorent entre eux ", ainsi parlaient les évêques de la province de Reims réunis à Trosly. 
    Toute la littérature des IXè et Xè siècles et toutes les délibérations des conciles retentissent des mêmes lamentations.

    Au sud, l'Occident devait faire face à l'islam. A l'est, aux Hongrois. 
    Au Nord, aux Scandinaves.

    Les Arabes occupaient la partie méridionale de l'Italie et menaçaient les villes du littoral et les petites principautés lombardes.
    En Espagne, en revanche, il ne s'agissait plus de razzias ou de raids : les musulmans y vivaient en grands nombre, et les Arabes y avaient fondé des Etats.

    Surgies à l'improviste, les hordes hongroises s'abattirent en 899 sur la plaine du Pô puis plus tard sur la Bavière.

    Aux alentours de l'an 800, les " païens du Nord " commencèrent à faire des incursions en Occident. Pendant près d'un siècle et demi, ils allaient mettre le monde européen à feu et à sang. 

    Les Normands faisaient des captifs qui, sauf rachat, étaient emmenés outre-mer. 

    Jeanne vivait donc dans un monde de terreur et d'angoisse. Tous ceux qui la côtoyaient la sentaient de la race des conquérants. Sans doute l'imaginait-on volontiers devenant reine ou impératrice, ou bien s'embarquant sur un frêle esquif à la recherche de quelques nouveau continent. 

    Son destin sera quand même tout à fait exceptionnel : elle régnera, certes ! Mais au prix de quel scandale...

    Elle vécut tout d'abord à Athènes, où elle fréquenta assidûment un couvent de bénédictins pour parfaire son instruction. Les couvents entretenaient alors beaucoup de relations entre eux, souvent pour reconstituer leur bibliothèque, détruite par une attaque barbare.

     Jeanne s'éprit d'un de ses maître, qui fut tout d'abord séduit par ses aptitudes intellectuelles, avant de céder aux attraits de sa beauté.
    Pour demeurer auprès de son amant, elle abandonna son apparence de femme : l'éclatante jeune fille devint un moine austère, vêtu de bure et tonsuré. Entrée dans les ordres sous le nom de '' Jean l'Anglais ", elle put alors consacrer sa vie à l'étude et à son amour.

    Son intelligence se doubla désormais d'un savoir encyclopédique. Aucun des vieux textes, recopiés inlassablement par les moines, n'avait plus de secret pour elle. Elle ne négligeait pas pour autant les autres domaines du savoir et, si la métaphysique l'intéressait, la nature et les sciences ne la laissaient pas indifférente. Elle lut tous les traités arabes de l'époque.

    Le moine dont elle était l'amante mourut. Pour surmonter son chagrin, elle se jeta avec encore plus d'ardeur dans l'étude. Sa réputation ne cessa de grandir. On venait la consulter, espérant de judicieux conseils, fruits de son savoir et de sa sagesse. Sans doute est-ce pour cette raison qu'elle fut amenée à quitter son couvent pour Rome. Il existe différentes variantes relatives à ce départ.

    Là-bas, dans la ville qui se considérait comme la capitale de la chrétienté, qui voulait donner le ton de l'attitude morale à observer dans tout l'Occident chrétien, une femme, qui avait déjà dupé pendant plusieurs années les moines bénédictins de l'Athènes, fut élue pape et monta sur le trône de saint Pierre. Le fait est d'autant plus étonnant que le souverain pontife était en général le candidat de l'une ou l'autre faction, toujours en lutte pour l'accession au pouvoir !

    Jeanne succédait à Léon IV et pris le nom de Jean VIII. Certaines versions précisent même la durée de son pontificat : deux ans, un mois et quatre jours, de 855 à 858.

    Elle utilisa sas brillantes capacités dans l’exercice de sa charge. Nul ne soupçonnait que la mitre papale couronnait une tête féminine. 
    Comment trahit-elle son secret, alors que tout son entourage paraissait dupe ? Ses fonctions pontificales n'ayant aucunement diminué son goût pour l'érudition, elle exigeait que tout son entourage reçût une éducation aussi complète que possible. Outre le prestige morale qui auréolait la papauté, elle voulait y adjoindre  le prestige intellectuel. Elle s'entoura de nombreux clercs, remarquables par leur culture, qu'elle fit chercher dans les monastères les plus lointains, sur la foi des récits qu'on lui faisait de leurs capacités. 

    Jeanne, qui, après avoir revêtu la robe de bure monacale puis coiffé de la mitre papale, croyait avoir renoncé à toute féminité, fut séduite par le charme et l'érudition d'un jeune clerc. Leurs goûts communs les rapprochèrent, comme cela s'était passé avec le moine bénédictin. Elle lutta contre l'inclinaison intempestive qu'elle éprouvait pour le jeune homme à la belle tournure, qui alliait la grâce naturelle à une intelligence remarquable, mais, finalement, elle céda à son penchant : elle donna libre cours à sa passion, commettant les plus folles imprudences. 

    Elle fut bientôt enceinte...
    Un pape allait - pouvait-il - être mère ? Le scandale allait être à la mesure de la surprise causée par l'événement.

    Le scandale de la papesse Jeanne

    Pour Jeanne la " papesse ", il était impensable de montrer au grand jour qu'elle était une femme. Elle dissimula donc sa grossesse. Mais au cours d'une procession à laquelle elle n'avait pu se soustraire, bien qu'elle souffrît de douleurs intenses, elle s'affaissa soudain et donna naissance à un enfant...

    L'assemblée, d'abord surprise de son malaise, fut littéralement scandalisée. Un flot de murmures et d'exclamations couvrit les cris de la jeune accouchée. Aussitôt arrêtée, elle fut jetée dans un cachot du château Saint-Ange. Il importait d'étouffer au plus vite le scandale et d'enrayer l'agitation qu'il suscitait.

    L'enfant disparut, sans doute égorgé. Le jeune clerc, désespéré, se précipita du haut d'un rempart. Accablée de douleur et de honte, qualifiée des termes les plus infâmes par les juges qui organisèrent son procès dans l'enceinte du château Saint-Ange, Jeanne mourut quelques semaines plus tard dans le plus grand secret, sans avoir revu la lumière du jour. Les circonstances de sa mort varient selon les versions : on s'accorde à penser qu'elle fut soit emmurée vivante soit gorgée.

    Sur le chemin qu'emprunta la procession se trouvait la statue d'une mère et de son enfant : chacun l'interpréta comme la représentation de la papesse maudite et de sa progéniture. A partir de ce jour, les processions ne suivirent plus le chemin fatal !

    La papesse Jeanne est-elle le fruit de l'imagination d'un chroniqueur anonyme et génial, ou une femme a-t-elle effectivement pris place sur le trône pontifical ?

    Aux IXè et Xè siècles, Rome vit une époque troublée et confuse de son histoire. Il existe très peu de textes d'historiographes italiens.
    Pourtant, un chroniqueur, l’évêque Liutprand de Crémone, ambassadeur de l'empereur Otton, signale que deux femmes, une mère puis sa fille, appartenant à la famille des Théophilacte, ont dominé la papauté au Xè siècle : 
    " A un moment donné, une catin sans vergogne nommée Théodora fut l'unique monarque de Rome. Et bien qu'il soit honteux de l'écrire, elle exerça le pouvoir comme un homme. Elle avait deux filles, Marozia et Théodora, qui non seulement l'égalèrent, mais la surpassèrent dans les pratiques aimées de Vénus. " 

    Les écrits de Liutprand permettent de débrouiller quelques peu le labyrinthe du Xè siècle. Toutefois, tout en louant l'éclat de ces textes, on peut en déplorer les partis pris, qui déforment beaucoup la réalité. On peut imaginer que Marozia a servi de modèle à la légendaire papesse Jeanne.

    Le scandale de la papesse Jeanne

     

    Liutprand la dépeint comme une femme d'une extraordinaire beauté. Elle avait un port de reine et son visage reflétait la plus haute distinction. Ses cheveux blonds et ses yeux bleus lui donnaient un air angélique auquel nul homme n'aurait su résister. Mais le chroniqueur, qui semble n'avoir nourri aucune admiration pour elle, l'accuse de n'utiliser son charme qu'à des fin politiques. Selon lui, elle était brutale et vindicative, débauchée et perfide. Néanmoins, il la juge aussi intelligente et capable. Considérant le portrait sans complaisance qu'il nous en a transmit, on peut juger de l'objectivité de ces deux traits de sa personnalité.

    Il est fort probable que l'étonnante personnalité de Marozia a inspiré le mythe de la " papesse Jeanne ". Elle occupa une place prépondérante dans le chaos du Xè siècle. Bien que ne possédant légalement qu'un statut laïc, elle contrôla la charge sacerdotale la plus élevée de l'Occident chrétien.

    La légende de la papesse Jeanne ne commença à être remise en cause qu'au siècle dernier. Des médiévistes se penchèrent sur ce mystère et étudièrent tous les textes de l'époque qui étaient susceptibles de fournir des indices. On attribua alors la légende à une vague antipapiste
    du XIVè siècle !

    Les rares textes qui sont parvenus jusqu'à nous laisse supposer que Marozia servit de modèle à Jeanne. Toutefois, compte tenu de la pauvreté de l'historiographie, rien ne prouve que la légende n'a pas été inspirée par quelque document d'un chroniqueur inconnu dont on aurait perdu la trace...

     

     


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