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Ovnis - démystifications*
Le gouvernement fédéral des Etats-Unis dispose probablement de la plus vaste documentation accumulées par les fonctionnaires, les militaires, les responsables de la sécurité, ou transmises par les simples citoyens. Beaucoup de " chasseurs d'ovnis " insinuent pourtant que les autorités savent beaucoup plus qu'elles ne veulent bien le dire et que les services secrets américains savent parfaitement à quoi s'en tenir au sujet des mystérieux objets volants. Très souvent d'ailleurs, lorsque des services officiels sont intervenus après une apparition d'ovnis, preuves et documents ont mystérieusement disparu ou ont été détruits dans des circonstances mal élucidés.
Tant que subsisteront de telles entraves, il est bien évident que les ordinateurs ne pourront fournir tous les résultats que l'on est en droit d'attendre d'eux. La loi sur la liberté de l'information offre à présent aux citoyens la possibilité d'interpeller leur gouvernement et d'exiger la divulgation d'informations que les services concernés maintiendraient secrètes. Les premiers assauts ont été livrés par les amateurs d'ovnis, qui ont obtenu que la C.I.A. communique certains documents confidentiels.
A mesure que les informations seraient ainsi libérées avec plus ou moins de réticence, on pourrait s'apercevoir que le gouvernement joue dans ce domaine un rôle plus important qu'on ne le suppose - et que les lacunes dans la diffusion de l'information ne sont pas seulement dues à l'incurie et à l'inertie de l'administration. Il se pourrait au contraire que certains rouages de la machine gouvernementale aient délibérément manipulé l'opinion au sujet des ovnis, selon des méthodes soigneusement éprouvées.
Il est facile, par exemple, de déformer les faits rendus publics, de faire naître des rumeurs ou de divulguer sous le sceau du secret des rapports présentés comme confidentiels qui fourvoieront les chercheurs, ou même de monter de toute pièces de fausses apparitions d'ovnis. Pendant ce temps, d'autres représentants du gouvernement s'emploieront à discréditer la plupart des témoignages, ce qui rendra plus crédibles les prétendues indiscrétions...
Une telle stratégie peut certes paraître machiavélique, mais elle peut s'expliquer par plusieurs raisons. En diverses occasions, les soucoupes sont venues à point nommé distraire l'attention du grand public de problèmes fort préoccupant. Citons un exemple : en novembre 1957, l'on enregistra une affluence insolite d'ovnis au-dessus du Texas et du Nouveau-Mexique. Juste au moment où l'Union soviétique venait de lancer le deuxième spoutnik ! A une époque où précisément la mise sur orbite des fusées américaines Vanguard s'était soldées par un échec...
Le " phénomène ovni " peut encore se révéler fort utile pour étudier la psychologie des individus et des foules ; il sera, en effet très intéressant de noter les réactions de populations qui, en prenant conscience de la possible présence d'ovnis dans le ciel, se sentiront surveillées par quelques puissance inconnue, dont les forces peuvent être considérables. Toutes les observations concernant cet état de " guerre psychologique " entretenu par les ovnis ont fait l'objet d'un rapport secret qui n'a été divulgué que tout récemment.
Ajoutons encore que les ovnis constituent un alibi providentiel pour les services qui veulent tester des prototypes aériens révolutionnaires sans ameuter les foules et sans intriguer les citoyens.
Imaginons qu'une quelconque société souhaite faire naître chez son public une obsession des ovnis. Sa tâche ne serait pas très difficile : il suffirait de donner au bon moment une publicité suffisante aux récits de quelques témoins de bonne foi, de paraître détenir des secrets de la plus haute importance tout en glissant çà et là quelques allusions sibyllines... La rumeur publique ferait le reste.
Seule une recherche scientifique impartiale, basée sur l'analyse par ordinateur, peut permettre une juste approche du problème. A condition, néanmoins, que les autorités gouvernementales laissent les savants accéder à toutes les informations. Les chercheurs de Ground Saucer Watch Organisation estiment pour leur part que les photographies d'ovnis pourraient nous mettre sur la piste de très importantes découvertes. Mais ils pensent aussi, non sans raison, que si l'on veut élucider la nature et l'origine de ces étranges phénomènes, le véritable combat devra se livrer dans les antichambres gouvernementales et non derrière les ordinateurs.
Si l'analyse par ordinateur constitue un perfectionnement certain par rapport aux méthodes traditionnelles d'examen des photographies, celle-ci n'ont pas été abandonnées pour autant. Comme neuf sur dix environ des prétendues photographies d'ovnis représentent en réalité des objets ou des corps céleste connu ou sont l'oeuvre de mystificateurs, il est bien évident qu'on réservera les manipulations complexes de l'analyse par ordinateur aux clichés qui auront subi avec succès les premiers tests d'élimination effectués selon les méthodes traditionnelles.
Une photographie d'ovni pour être acceptée comme telle, doit nécessairement faire l'objet d'une enquête approfondie et les conditions dans dans lesquelles elle a été prise doivent répondre à certaines exigences. Ainsi, certains clichés dont l'authenticité n'était pas suspectée n'ont pu être retenus : l'opérateur, par exemple, se trouvait seul lorsqu'il a pris les photographies. Et il est bien évident qu'il faut toujours songer à la possibilité d'une supercherie, aussi sincère que paraissent les témoins.
Parmi les motifs qui peuvent pousser certaine personnes à produire des photographies truquées, le mobile financier n'est certes pas à négliger. On cite souvent le cas du touriste ayant soi-disant pris des clichés du monstre du Loch Ness : bien qu'il ait toujours refusé de laisser expertiser les négatifs et que l'on ait relevé plusieurs invraisemblances dans son récit, les photographies n'en ont pas moins été reproduites dans de nombreux journaux anglais. Il a ainsi avoué qu'au cœur des seuls six premiers mois les droits de reproduction lui ont rapporté environ 200 livres sterling. Sans compter, bien sûr, les publications ultérieures, les articles et les interview. Tant il est vrai qu'il est toujours payant d'exploiter la crédulité d'un public avide de sensationnel !
Quoi de plus tentant, en effet, pour les esprits mystificateurs, que de faire ainsi des dupes parmi leur semblables ? Ainsi la fabrication de fausse photographies d'ovnis est-elle devenue le passe-temps favori d'étudiants facétieux. Rappelons pour mémoire le cas célèbre du jeune anglais Alex Birch. Alex avait 14 ans et fréquentait le collège lorsqu'il exhiba une photographie représentant, prétendait-il, un groupe de cinq soucoupes volantes.
Le cliché fit sensation, et son heureux auteur fut interviewé non seulement à la radio et à la télévision, mais encore par le ministre de l'Air lui-même. Il fut également invité à la première réunion publique de l'Association anglaise de recherches sur les ovnis, durant laquelle il raconta dans quelles circonstances il avait photographié les objets volants. Il s'en tint toujours à la même version, et son récit parut sincère et plausible. Ce n'est que dix ans plus tard, après ses aveux tardifs, que l'on admit qu'Alex Birch avait magistralement mystifiés ses contemporains.
On voit donc combien il est important que plusieurs témoins impartiaux et désintéressé aient assisté à l'apparition des ovnis et aient vu prendre le cliché. Pour l'enquêteur, les meilleurs garanties de l'authenticité des photographies se trouvent réunies lorsque les témoins, les plus nombreux possibles, ne sont ni des parents ni des amis du photographe.
Il est également souhaitable qu'ils aient déjà fait un récit détaillés de l'événement avant que la pellicule ne soit développée. En effet, s'ils sont complices d'une supercherie, il est peu probable qu'ils se hasardent à clamer qu'ils ont vu des soucoupes volantes avant d'avoir pu vérifier quels résultats ont été enregistrés sur la pellicule !
Pour pouvoir être retenues comme vraisemblables, les photographies d'ovnis doivent donc réunir certaines conditions. Tout d'abord un témoins " étranger ", non suspect de complaisance, doit avoir assister à l'événement. Ensuite tous les négatifs et le matériel doit être confié à l'expertise, même s'il renferme des vues n'ayant aucun rapport avec les ovnis : les autres clichés donneront des indications précieuses sur la luminosité du ciel, l'éclairage, les caractéristiques de la pellicule et de l'appareil en général, etc.
Le troisième point important concerne les repères. Il est nécessaire qu'apparaissent aussi sur le cliché des objets familiers, facilement identifiables. Une photographie ne montrant que le prétendu ovni sur fond de ciel et rien d'autre ne saurait être retenue.
La quatrième condition n'est pas absolument obligatoire, mais est fortement souhaitable : il vaut mieux pouvoir présenter une dizaine de clichés successifs, qui apportent beaucoup plus d'informations qu'une seule image. L'idéal est le film pris avec une caméra , car il est beaucoup plus difficile à truquer qu'une photographie fixe et fournit des renseignement sur la durée du phénomène.
Le photographe chasseur d'ovnis doit pouvoir également être en mesure de fournir le maximum d'indication technique : caractéristique de l'appareil et de la pellicule employés, distance, ouverture du diaphragme, temps de pose, etc. Il doit préciser s'il a ou non utilisé un filtre et si l'appareil était tenu à la main ou monté sur un pied.
De la précision et de l'exactitude de ces renseignements dépendra en partie la crédibilité du phénomène.
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