• Génétique - Manipulateurs du vivant

    Eté 1978, Mme Brown, une jeune anglaise de 30 ans, met au monde son premier bébé. Affaire banale ? Sans doute... Si ce n'est que les générations futures verront dans cette naissance - celle de Louise Brown, le 25 juillet 1978 - un événement historique du premier plan : la venue au monde du premier " bébé miracle ", conçu en laboratoire ! Et une date qui ouvre à l'humanité l'âge génétique.

    Un âge aux fantastiques possibilités. Jusqu'à ces dernières années, les généticiens se consacraient surtout à l'amélioration des espèces végétales ou animales. Depuis l'invention du microscope et avec le développement de la chimie, les scientifiques n'ont cessé de pénétrer plus avant dans la structure de la cellule, puis dans la composition du noyau et dans l'agencement de ses composants.

     

    Génétique - Manipulateurs du vivant

     

    C'est un moine de l'ordre de Saint Thomas, Gregor Mendel, qui découvre, vers 1855, les lois de la génétique et de l'hérédité.  En se livrant à des expériences... sur des petits pois. C'est de ces croisements entre pois lisse et pois ridés que découlent toutes les manipulations modernes du vivant. Un seul problème : à l'époque, personne ne prête attention aux écrits de ce moine !

     

    Génétique - Manipulateurs du vivant

     

    Il faudra attendre 1900 pour que les rôles des chromosomes dans l'hérédité soit prouvé.  Les chromosomes, ce sont de minuscules filaments ou de tout petits bâtonnets qui, à l'intérieur de nos cellules, contiennent les gènes porteurs de notre hérédité.

     

    Génétique - Manipulateurs du vivant

     

    Ce n'est que vers 1944 que le professeur Oswald Avery, un savant américain, découvre ce qui porte vraiment le " message " héréditaire, ce qui se trouve au cœur de la vie, ce qui lui donne ses instructions :
    l' A.D.N. une substance chimique faite de sucres, de phosphates et de divers éléments, dont la forme évoque une sorte de double spirale imbriquée.

    Dans cette spirale d'A.D.N. des milliards de combinaisons possibles entre les différents éléments qui la composent.
    Désormais, plus rien ne s'oppose à la manipulation du vivant. Enfin presque rien ! Mais s'ils sont loin d'avoir percé tous les secrets de l'hérédité et de la génétique, les biologistes ont déjà compris comment
    " fabriqué " du vivant. Chaque mois amène de fabuleux progrès dans ce domaine-là. Dans les laboratoires, on a d'abord domestiqué les bactéries :
    il s'agissait de découvrir, de cultiver, d'améliorer et de conserver les microbes les plus utiles à l'homme. Pour fabriquer des hormones, des antibiotiques aussi bien que de la nourriture ou de l'énergie.

     

    Génétique - Manipulateurs du vivant

     

    Ensuite, le génie génétique s'est attaqué aux plantes. Pour les rendre meilleures ou plus rapides à se reproduire. Dans la foulée, certains généticiens ont " inventé " des êtres vivants, des micro-organismes originaux et parfaitement " neufs ". Ce qui a d'ailleurs posé de graves problèmes juridiques : comment breveter la création de telle bactéries ?

    Enfin, le tour de l'homme et des animaux est arrivé, faisant naître autant d'espoirs que de craintes. Dans un premier temps, les généticiens
    ont " collé " des gènes capables de produire des substances utiles à l'homme dans des bactéries sélectionnées. Il s'agissait de faire fonctionner ces bactéries à notre profit.

     

    Génétique - Manipulateurs du vivant

     

    Un nouveau pas en avant a été réalisé le 10 juillet 1980, à l'hôpital Hadassah de Jérusalem : pour la première fois au monde, un chercheur a réalisé une manipulation génétique sur un être humain. Le docteur Martin Cline, un Américain de l'université de Californie, a " greffé " dans la moelle osseuse d'une jeune malade des gènes spécifiques qui lui manquaient. Une fois de plus, la nouvelle est passée inaperçue.
    Après la naissance du " bébé éprouvette ", cette intervention sur l'homme est pourtant révolutionnaire.

    Tout est maintenant possible. Modifier le patrimoine héréditaire d'un individu comme créer de nouvelles espèces. Dès lors, de nouvelles espèces ont été créées, l'engagement a été pris de les détruire... à la naissance pour se contenter de les analyser. Précisons que l'expérience n'a eu lieu que sur des souris !

     

    Génétique - Manipulateurs du vivant

    Chez les humain nous avons l'accouchement par procuration, l'insémination artificielle pour les femmes dont les maris sont stériles. Des donneurs d'ovules et de sperme ont vu le jours. Le clonage est possible et rien sinon la morale ne s'y oppose. On imagine toutes les questions soulevées par l'irruption de " clonés " - choisis sur quel critère :
    intelligence ? beauté ? force ? docilité ? dans notre monde.

    Ainsi se trouve posé le problème fondamental de toutes ces manipulations génétiques sur l'humain : celui de l'eugénisme, de l'amélioration de la race humaine. Il existe une double voie de réflexion sur ce sujet. L'eugénisme positif, tout d'abord : créer une humanité tirée vers le haut, par la préférence donnée à la reproduction des individus que notre société estimerait les meilleurs. On n'en finirait plus de discuter des critères de cette sélection.

     

    Génétique - Manipulateurs du vivant

     

    L'eugénisme négatif, lui, fait moins peur: il vise à l'élimination de certaines anomalies chromosomiques considérées comme néfastes pour l'humanité.  Il ne fait pourtant pas disparaitre la question des critères de sélection : on sait que certaines anomalies des composants du sang protègent les peuples du tiers monde du paludisme, alors qu'elles provoquent de graves maladies dans nos régions...

     

    Génétique - Manipulateurs du vivant

     

    On connait également l'affaire du " chromosome Y ", le " chromosome surnuméraire " que l'on a un peu près rapidement accusé d'être le
    " chromosome du crime ". Parce que certains grands criminels en étaient porteurs. On voit que la biologie peut poser autant de problèmes qu'elle en résout.

      


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  • Barjavel René - Bio

    Il est vrai que René Barjavel, qui s'inscrit dans la tradition de l'anticipation française à la suite de J.H. Rosny Ainé ou de Maurice Renard, a commencé à publier à une époque délicate. Ravage parait en 1943 : sa problématique rappelle fâcheusement certaines obsessions antimodernes et antiscientifiques des équipes aux commandes de l'Etat français du maréchal Pétain. On en voudra longtemps à René Barjavel, sans remarquer qu'il n'a fait que précéder avec talent la grande vague de science-fiction écologique et anti technologique des années 1970.


    " Les hommes ont libéré des forces terribles que la nature tenait enfermées avec précaution, écrit-il dans Ravage. Ils ont cru s'en rendre maîtres. Ils ont nommé cela le progrès, c'est un progrès accéléré vers la mort. Ils emploient pendant quelques temps ces forces pour construire, puis, un beau jour, parce que les hommes sont des hommes, c'est-à-dire des être chez qui le mal domine le bien, parce que le progrès moral de ces hommes est loin d'avoir été aussi rapide que le progrès de la science, ils tournent celle-ci vers la destruction. "

    Barjavel René - Bio


    Dans Ravage, alors que le monde se prépare une nouvelle guerre mondiale, l'électricité disparaît aussi mystérieusement que subitement. La civilisation s'effondre. C'est la révolution. Un groupe de " purs " réussit à quitter Paris et fait route vers le Midi. Leur odyssée s'achève sur un " retour à la terre " ... écologique où une humanité nouvelle se recycle au contact des arbres et des fleurs.

    Toujours en 1943, René Barjavel fait paraître son second roman, Le Voyageur Imprudent, dans une revue : Je suis partout. Le volume sera publié en 1944. On y trouve le fameux paradoxe temporel :


    Il a tué son ancêtre ?
    Donc il n'existe pas.
    Donc il n'a pas tué son ancêtre.
    Donc il existe.
    Donc il a tué son ancêtre.
    Donc il n'existe pas...

    Barjavel René - Bio


    Le héros a inventé un scaphandre qui lui permet de voyager à travers le temps. Il va faire un tour dans le futur : l'humanité y est devenue si spécialisée qu'il y a les " mangeurs " d'un côté et les " buveurs " de l'autre. Il plonge ensuite dans le passé, devant Toulon assiégé par le jeune Bonaparte. Une idée lui vient : " Et si je tuai Bonaparte, que deviendrait l'histoire ? " Seulement, un homme s'interpose et tombe à la place du futur empereur. C'était un ancêtre du héros, qui du coup, se met à ne pas exister...

    Dans le " Diable l'emporte " (1948), René Barjavel raconte l'attente de la troisième et de la quatrième guerre mondiale. Une poignée d'hommes se construisent une arche pour échapper à la destruction et s'enterrent à un bon millier de mètre sous le Sacré-Cœur de Paris. Finalement, tout l'humanité sera détruite, sauf un couple, expédié vers les étoiles en fusée.

    Barjavel René - Bio

     

    La dédicace du " Diable l'emporte " confirme le pessimisme de l'auteur : " A notre grand-père, à notre petit-fils : l'Homme des cavernes " !

    D'autres œuvre, tout aussi bonnes, encore que moins novatrices, suivront : dans le " Journal d'un homme simple " (1951), on trouve un plaidoyer pour les villes souterraines, seules capables de sauver l'humanité de l'holocauste nucléaire. Cette idée sera reprise en 1968 dans " La Nuit des Temps ", la dernière grande œuvre de René Barjavel, qui rappelle un peu
    " La Sphère d'or " d'Earl Cox : une expédition scientifique retrouve, dans des couches de glace vieille de 900 000 ans, une sphère d'or qui contient des appareils scientifiques et le corps de deux humains, un homme et une femme, dans une sorte d'état d'hibernation. Le monde se déchirera pour profiter des connaissances de cette civilisation inconnue...


    Journaliste, critique littéraire, essayiste, René Barjavel a presque complètement " lâché" la science-fiction au profit des scénarios et des dialogues pour le cinéma. On lui doit en particulier les dialogues du Petit Monde de Don Camillo. Déception face à l'ostracisme dans lequel il a été tenu par la critique officielle ?

     

    Barjavel René - Bio


    En attendant, c'est le public qui l'a toujours soutenu, qui est déçu de ne plus se laisser entraîner par lui vers des lendemains qui déchantent.
    Il nous a quitté un 24 novembre 1985 à Paris.


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  • Réincarnation - Quelques cas troublants

    17 janvier 1926, naissance à New Delhi de cette dame qui est le point de départ d'une bien curieuse histoire de réincarnation.

    Jusqu'à l'âge de trois ans, elle est un bébé sage et calme qui ne se distingue pas des autres enfants. Mais brusquement, un matin de 1929, comme ses parents l'appellent, elle leur répond avec un air étrange :

    - Je ne m'appelle pas Shanti, mais Amned...

    On la gronde :

    - Tu es une petite sotte. Ton Nom est Shanti et pas Amned !

    Et comme elle trépigne, on la gifle et elle pleure....
    Le lendemain elle recommence :

    - Je m'appelle Amned... Je m'appelle Amned et ma maison n'est pas ici... Mais à Muttra.

    - Quoi ?

    - Oui à Muttra. Et là-bas, je suis mariée. Mon mari est marchand de tissus et il s'appelle Ahmed Lugdi...

     

    Réincarnation - Shanti Devi

     

    Cette fois, les parents de la petite Shanti sont abasourdis. Ou leur fille est folle, ou elle se moque.
    Mais les jours suivants, et pendant des semaines, pendant des mois la fillette continue de donner des renseignements précis sur celui qu'elle nomme " son mari ", sur sa prétendue " Maison de Muttra ", sur son mode de vie, ses habitudes, ses voisins, ses amis et sur les rues de la ville.

    Finalement, les parents de Shanti pensent que leur fille est possédée par un démon. Ils la conduisent à un médecin brahmane. Très intrigué, celui-ci emmène la fillette à l'université de Bénarès pour la faire examiner par des psychologues. Une enquête est alors ordonnée.

    Réincarnation - Shanti Devi

     

    Et l'on découvre qu'à Muttra, localité que ne connaissent ni Shanti ni ses parents, vit effectivement un négociant en tissus nommé Ahmed Lugdi, dont la femme prénommée Amned est morte en 1910.

    Une commission de médecin est désignée pour procéder à une expérience, Shanti est emmenée à Muttra. On la conduit sur la grande place.

    Réincarnation - Shanti Devi

    On lui demande si elle saurait retrouver sa maison. Après avoir dit oui, elle entraine les médecins à travers un dédale de rue jusqu'à la demeure du négociant en tissus.

    Alors, une deuxième expérience a lieu.

    On convoque Ahamed Lugdi à l'hôpital, sous prétexte d'un contrôle médical. Il arrive un peu inquiet, et on le fait entrer dans une salle où se trouvent déjà neuf autres hommes.

    Au bout d'un moment, une porte s'ouvre et un médecin fait entrer Shanti.

    A peine a-t-elle jeté un coup d'œil sur le groupe qu'elle se précipite sur le négociant en criant :

    - Ahmed ! Oh mon chéri...

    Et elle se jette dans ses bras. Ahmed Ludgi devient livide :

    Qui est cet enfant ? dit-il ?

    - C'est moi, Ahmed, dit Shanti. Tu vois, je suis vivante. Oh Mon chéri, souviens toi... Nous avons été si heureux ensemble...

    Et la voilà qui évoque des souvenirs avec une précision qui stupéfie le négociant en tissus.

     

    Réincarnation - Shanti Devi

     

    - Ce jour-là, souviens toi, il pleuvait et je suis tombée dans la boue...
    - Tu avais perdu ta clé ; nous l'avons retrouvée sous un banc...
    - Tu t'es foulé le pied en rentrant de chez les cousins..
    - Tu vois que c'est moi...

    Puis elle lui rappelle la recette des plats qu'il aimait, le tendre surnom qu'il lui avait donné et des détails qu'eux seuls peuvent connaître.

    Ahmed Ludgi est ahuri. Alors un médecin le questionne :

    - Est-ce que cela est vrai, monsieur ?

    - Oui, murmure t-il, oui tout est vrai... Cette fillette me rappelle des choses que personne ne connaissait, en dehors de moi et de ma chère femme... Comment est-ce possible ?

    Par la suite, Lugdi revit plusieurs fois la petite Shanti. Pendant des heures, il lui posait des questions sur " leur passé ", des questions auxquelles l'enfants répondait sans hésiter et avec une précision confondante. Puis le temps passa et, peu à peu, tout cela sembla s'effacer de la mémoire de la fillette. 

    En 1934, le négociant en tissus mourut. Et avec le temps, la petite Shanti n'a plus eu de souvenir de ce que l'on peut appeler son " passé antérieur "...

     

    Extrait et adaptation de " Histoire Magiques de l'Histoire de France " de Guy Breton et Louis Pauwels

    Pour ceux qui veulent voir la vidéo de cette page cliquez sur le lien ci-dessous : 

    "La réincarnation de Shanti Devi"

     


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    La fille électrique

     

    En ce jeudi 15 janvier 1846, l'orage a menacé toute la journée sur le hameau de Bouvigny, dans le Perche. Dans la chaumière des Loisnard, il a fallu allumer la chandelle encore plus tôt que les jours précédents : C'est que M. Piédaleu, gantier à Mamers, a passé commande d'un travail urgent.

    Julie Loisnard, sa cousine Angélique Cottin et une petite voisine, Marie Hamel, s'activent. Elles tissent de l'aube jusqu'au soir.

    Angélique, la cousine, n'est pas très adroite et préfèrent la hache où la fourche à purin. Appelée " la cruche " par les garnements du village à cause de son esprit un peu lourd, elle fut recueillie dans la famille parce que son ivrogne de père la battait régulièrement.  

    La pendule sonne huit heure lorsque soudain, la navette d'Angélique lui échappe des mains et file comme une flèche à travers la pièce, manquant d'éborgner Marie Hamel. Elle frôle le guéridon de chêne massif qui aussitôt se met à tressaillir comme s'il prenait vie, à basculer, à bondir, renversant la chandelle, à rouler enfin à travers la pièce, avant de s'écraser lourdement contre le mur, les pieds en l'air.

    Les trois fillettes se mettent à hurler. Angélique sanglote comme une Madeleine  et se précipite les bras tendus vers sa cousine Julie...

    Ce geste déclenche une nouvelle catastrophe. Les ciseaux qui pendent à sa ceinture jaillissent comme une fusée vers le plafond, voltigent, épouvantable oiseau de fer à travers la pièce, avant de retomber dans la huche.

     

    La fille électrique

     

    La petite Marie se jette sur la porte et se lance comme une folle dans la nuit. Julie raconte en sanglotant les terribles événement à ses parents.

    Le père Loisnard va aussitôt chercher le curé et découvre déjà un rassemblement devant la masure. Une vingtaine de personnes entourent une Angélique debout et en pleur.

    Angélique pose son derrière sur une chaise qu'on approche... et se retrouve par terre, car la chaise, comme tirée par un fil invisible, vient de voler en l'air.

    Quand elle prend appui sur le guéridon pour se relever, celui-ci se trémousse comme un ours  la foire. Terrorisée, Angélique recule vers la cheminée... et déclenche aussitôt la valse des pincettes, tandis que la marmites suspendues à la crémaillère se met à tressauter en répandant son contenu !

     

    La fille électrique

     

    Alcide, un voisin et le bon curé se regardent... et se comprennent en silence. Ils pensent à un cas de possession.

    Pour éviter un mauvais parti à la pauvre fille, ils se taisent et inventent une histoire de " fille électrique... "

    Le lendemain matin il est demandé à Angélique de trier quelques haricots. Celle-ci s'empare d'une soucoupe et aussitôt les légumes se mettent à danser dans la cuisine, comme dans les contes de Perrault, et les chaises refont leur facéties de la veille. Pas moyen de les arrêter.

    Alcide témoin de ce tapage cours chez le curé pour lui donner enfin la preuve qu'Angélique est... une fille électrique.

    Devant un parterre bien garni il approche un pendule suspendu à une baguette de cuivre d'Angélique en espérant que celui-ci va osciller.
    Tout le monde retient son souffle et le pendule... ne bouge pas.
    Par contre, la huche de pain qui est bourrée et qui pèse un bon quintal et demi, prend son essor et retombe lourdement par terre. Une lourde étagère pourtant solidement fixée au mur de pierre tomber à son tour.

    Le cercle des paysans se défait ; tous craignent d'être possédé à leur tour...

    Le 21 janvier suivant, Alcide de Farémont emmène Angélique et sa tante à Mamers. Il compte présenter la " fille électrique " à deux médecins : les Drs Verger et Tanchon.

    La voici installée au milieu du salon. Mlle Devillier, une institutrice dont le scepticisme est à la mesure du chignon qu'elle porte est également présente.  Rien ne se passe.

    Au bout d'un quart d'heure, le Dr Verger songe à prendre congé lorsque l'institutrice passe par derrière d'Angélique et la touche à l'omoplate.
    La voilà qui part à la renverse en poussant un grand cri : " C'est comme si j'avais été frappée par la foudre, se lamente Mlle Devilliers; "

    Bien sur, on décide de prendre rendez-vous pour le soir même avec cette fois-ci M. Adeline, procureur du roi, venu en renfort.

     

    La fille électrique

     

    On tente d'abord en vain de trouver une chaise qui ne se dérobe pas sous Angélique. Le procureur du roi décide alors de faire asseoir Angélique sur... ses propres genoux. Patatra ! Cette plaisante construction s'écroule lourdement. On isole alors le tapis avec une plaque de verre et un morceau de toile cirée. Angélique s'assoie à nouveau. Rien ne se passe. Voilà enfin la preuve que le phénomène est électrique.

    Angélique se relève et aussitôt, le portrait du roi-citoyen quitte son amarre et s'effondre dans un fracas de verre brisé. Craignant pour le mobilier on entraîne la " fille électrique " dans une soupente où trône un vieux lit monumental. Quand la pauvrette s'y étend, il se met à trembler, comme sous l'effet d'un séisme, pendant un bon quart d'heure...

    Le 14 février 1846, un fiacre s'arrête devant un hôtel borgne de la rue des Deux-Ecus à Paris. Deux messieurs bien mis en descendent.
    L'un est François Arago, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences.
    Le deuxième est Hébert, un autre académicien.

    L'expérience peut commencer. On approche discrètement une feuille de papier de la main gauche d'Angélique. La feuille s'envole aussitôt.
    Angélique très en forme affole ensuite une boussole à distance, fait voler en l'air les quelques pauvres bibelots du lieu, et déplace aussi une armoire branlante dont les portes refusent ensuite de se refermer...

    Une commission d'enquête est alors chargée d'étudié l'affaire mais plus rien ne se passe. Les acteur sont présenté comme les dindons de la farce.

    Mais Angélique retrouva une fois de plus ses dons. Un nombreux public avait envahi la salle à manger de l'hôtel borgne. Le commerce dont la
    " fille électrique " est l'objet prospère tous les jours et elle donne maintenant des spectacles permanents qui lui rapportent de gros cachets...

    Des centaines et des centaines de témoins la verront encore commander plus ou moins bien à toutes sortes de phénomènes incroyables.

    Le tenancier de l'hôtel borgne, qui pourtant touche grassement, finit par se lasser de ce vacarme et jette un beau jour la fille  la rue.

     

    La fille électrique

     

    Dès lors, on perd la trace de la " fille électrique ".
    Une légende tenace dans le Perche veut qu'elle se serait jetée dans la Seine.

      

      


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    Une rêine de France envoûtée par un évèque

    4  janvier 1305. Depuis le matin une tempête de neige souffle sur la Champagne. Au palais épiscopal l’évêque a fait tirer tous les volets. Personne, bien sûr n’aurait l’idée de quitter la tiédeur de la maison.

    Pourtant, vers 4 h de l’après-midi, deux cavaliers sortent des écuries et se dirigent vers les faubourgs. Qui sont ces mystérieux personnages qui prennent garde qu’on ne les suivent ?

     

    Le plus mince est un jeune moine jacobin, le frère Jean de Fay.
    Quant au plus gros au faciès de brute et les mains d’un étrangleur, c’est tout simplement l’évêque de Troyes, messire Guichard, qui s’en va, hors de la ville, faire une bien étrange besogne.

    Leur propos sont crus et agressifs. De qui parlent-ils en ces termes imagés ? D’une fille de joie ? Non pas : de la reine de France, Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel.

    Pour comprendre les propos du prélat et la haine qui l’anime contre la souveraine, il faut remonter trois ans en arrière.

     

    En 1302, un scandale a éclaté à la cour de Blanche de Navarre.
    Le trésorier, soupçonné de détournement, s’est réfugié en Italie.
    La reine Jeanne a alors accusé l’évêque de Troyes, homme de mauvaise réputation, d’avoir facilité la fuite du chanoine.

    Il fut chassé du conseil par Jeanne.

     

    Or quelques jours plus tard, le 2 mai 1302, la reine Blanche de Navarre, dont la santé était cependant florissante, a succombé brusquement à un mal mystérieux. Aussitôt, le peuple s’est empressé d’accuser Guichard, qui se livrait, dit-on, à des pratiques de sorcelleries, de l’avoir fait disparaître par effet de charmes maléfiques.

    Naturellement, la reine Jeanne qui voulait la perte de l’évêque, s’est
    déclarée certaines de sa culpabilité et a ordonné une enquête.

    L’enquête n’ayant pas abouti, la souveraine a découvert avec un certain plaisir que Guichard était fort vraisemblablement l’auteur de quatre crimes : un curé de Laubressel, un pêcheur à la ligne et deux paysans.

    Immédiatement la reine a exigé l’ouverture d’une nouvelle enquête. En apprenant cette décision, le prélat est entré dans une colère terrible.

    Et aux environs de Noël, se sentant en péril, il a décidé d’agir et d’envoûter la reine avec l’aide d’une sorcière appelée Margueronne de Bellevilette et d’un certain Regnaud de Langres, surnommé l’ermite de Saint-Flavit.
    Et voilà pourquoi l’évêque de Troyes chevauche présentement par une tempête de neige, au lieu de se chauffer les paumes aux flammes de sa cheminées.

    Après avoir parcouru quelques lieux dans la campagne, ils entrent dans une forêt et s’arrêtent finalement devant une étrange cabane d’où surgit presque aussitôt un personnage hirsute et en haillons qui s’incline.

    Les deux hommes pénètrent dans la cabane à la suite de l’ermite et vont saluer la sorcière, une femme d’une quarantaine d’année qui joue avec un chat, accroupie près de la cheminée.

     

    - Avez-vous ce qu’il faut ? Demande-t-elle ?

    Le frère Jean tire de sous sa tunique un morceau de cire blanche.

    Margueronne prend la cire et la jette dans un pot d’eau qui chauffe sur le feu et demande une accoucheuse. Aussitôt, un jeune valet cours vers le village voisin.

    Pendant ce temps, la sorcière qui a retiré du pot d’eau chaude le morceau de cire devenu malléable, entreprend de modeler une figurine en forme de femme.

    La figurine fut baptisée et l’ermite fut le parrain.

     

    L’accoucheuse arrive et on lui explique le rôle qu’elle doit tenir : devenir la marraine d’une poupée. Elle accepte après beaucoup d'hésitation et une longue persuasion.

    Une étrange cérémonie commence. Le moine tire une étoile de dessous ses habits, la passe à son cou et récite les prière du baptême. Aussitôt fini, l’évêque, l’ermite, la sorcière et l’accoucheuse, à genoux sur le sol, touchent la figurine de leurs mains. La figurine sera baptisée du nom de Jeanne.

    L’accoucheuse partie, le moine et l’évêque placent la figurine de cire sur la table et Margueronne, armée d’un stylet, perce la tête à plusieurs reprise en disant :

    - Celle pour qui ceci est fait, cette semaine n’aura plus de tête !…

    Quelques jours plus tard, on apprenait que la reine Jeanne était subitement tombée malade. Alors, par trois fois la sorcière revint chez l’ermite pour percer la tête de la poupée de cire. En apprenant qu’un médecin venu de Poitier guérissait la reine, excédé, l’évêque jeta la figurine par terre et l’écrasa à coup de talon en hurlant :

    - Qu’elle meure donc, la garce !…

    Puis il ramassa les morceau et les jeta au feu…

    Deux jours plus tard, le 2 avril 1305, la reine Jeanne, épouse de Philippe le Bel, mourait à Vincennes d’un mal mystérieux…

     

     


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