• Une reine de France envoûtée par un évêque*

     

    Une rêine de France envoûtée par un évèque

    4  janvier 1305. Depuis le matin une tempête de neige souffle sur la Champagne. Au palais épiscopal l’évêque a fait tirer tous les volets. Personne, bien sûr n’aurait l’idée de quitter la tiédeur de la maison.

    Pourtant, vers 4 h de l’après-midi, deux cavaliers sortent des écuries et se dirigent vers les faubourgs. Qui sont ces mystérieux personnages qui prennent garde qu’on ne les suivent ?

     

    Le plus mince est un jeune moine jacobin, le frère Jean de Fay.
    Quant au plus gros au faciès de brute et les mains d’un étrangleur, c’est tout simplement l’évêque de Troyes, messire Guichard, qui s’en va, hors de la ville, faire une bien étrange besogne.

    Leur propos sont crus et agressifs. De qui parlent-ils en ces termes imagés ? D’une fille de joie ? Non pas : de la reine de France, Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel.

    Pour comprendre les propos du prélat et la haine qui l’anime contre la souveraine, il faut remonter trois ans en arrière.

     

    En 1302, un scandale a éclaté à la cour de Blanche de Navarre.
    Le trésorier, soupçonné de détournement, s’est réfugié en Italie.
    La reine Jeanne a alors accusé l’évêque de Troyes, homme de mauvaise réputation, d’avoir facilité la fuite du chanoine.

    Il fut chassé du conseil par Jeanne.

     

    Or quelques jours plus tard, le 2 mai 1302, la reine Blanche de Navarre, dont la santé était cependant florissante, a succombé brusquement à un mal mystérieux. Aussitôt, le peuple s’est empressé d’accuser Guichard, qui se livrait, dit-on, à des pratiques de sorcelleries, de l’avoir fait disparaître par effet de charmes maléfiques.

    Naturellement, la reine Jeanne qui voulait la perte de l’évêque, s’est
    déclarée certaines de sa culpabilité et a ordonné une enquête.

    L’enquête n’ayant pas abouti, la souveraine a découvert avec un certain plaisir que Guichard était fort vraisemblablement l’auteur de quatre crimes : un curé de Laubressel, un pêcheur à la ligne et deux paysans.

    Immédiatement la reine a exigé l’ouverture d’une nouvelle enquête. En apprenant cette décision, le prélat est entré dans une colère terrible.

    Et aux environs de Noël, se sentant en péril, il a décidé d’agir et d’envoûter la reine avec l’aide d’une sorcière appelée Margueronne de Bellevilette et d’un certain Regnaud de Langres, surnommé l’ermite de Saint-Flavit.
    Et voilà pourquoi l’évêque de Troyes chevauche présentement par une tempête de neige, au lieu de se chauffer les paumes aux flammes de sa cheminées.

    Après avoir parcouru quelques lieux dans la campagne, ils entrent dans une forêt et s’arrêtent finalement devant une étrange cabane d’où surgit presque aussitôt un personnage hirsute et en haillons qui s’incline.

    Les deux hommes pénètrent dans la cabane à la suite de l’ermite et vont saluer la sorcière, une femme d’une quarantaine d’année qui joue avec un chat, accroupie près de la cheminée.

     

    - Avez-vous ce qu’il faut ? Demande-t-elle ?

    Le frère Jean tire de sous sa tunique un morceau de cire blanche.

    Margueronne prend la cire et la jette dans un pot d’eau qui chauffe sur le feu et demande une accoucheuse. Aussitôt, un jeune valet cours vers le village voisin.

    Pendant ce temps, la sorcière qui a retiré du pot d’eau chaude le morceau de cire devenu malléable, entreprend de modeler une figurine en forme de femme.

    La figurine fut baptisée et l’ermite fut le parrain.

     

    L’accoucheuse arrive et on lui explique le rôle qu’elle doit tenir : devenir la marraine d’une poupée. Elle accepte après beaucoup d'hésitation et une longue persuasion.

    Une étrange cérémonie commence. Le moine tire une étoile de dessous ses habits, la passe à son cou et récite les prière du baptême. Aussitôt fini, l’évêque, l’ermite, la sorcière et l’accoucheuse, à genoux sur le sol, touchent la figurine de leurs mains. La figurine sera baptisée du nom de Jeanne.

    L’accoucheuse partie, le moine et l’évêque placent la figurine de cire sur la table et Margueronne, armée d’un stylet, perce la tête à plusieurs reprise en disant :

    - Celle pour qui ceci est fait, cette semaine n’aura plus de tête !…

    Quelques jours plus tard, on apprenait que la reine Jeanne était subitement tombée malade. Alors, par trois fois la sorcière revint chez l’ermite pour percer la tête de la poupée de cire. En apprenant qu’un médecin venu de Poitier guérissait la reine, excédé, l’évêque jeta la figurine par terre et l’écrasa à coup de talon en hurlant :

    - Qu’elle meure donc, la garce !…

    Puis il ramassa les morceau et les jeta au feu…

    Deux jours plus tard, le 2 avril 1305, la reine Jeanne, épouse de Philippe le Bel, mourait à Vincennes d’un mal mystérieux…

     

     


  • Commentaires

    1
    jerome
    Jeudi 16 Janvier 2014 à 16:34

    superbe histoire que je connais bien étant grand fan d histoire de FRANCE et faits mystérieux bon blog 

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