• Un vent de folie balaya les Etats-Unis un jour d'octobre 1938. " C'est la fin du monde ! Préparez-vous à mourir ! ", criait une femme de Minneapolis en entrant dans une église. A Newark, dans le New Jersey, femmes, hommes et enfants couraient dans les rues, le visage couvert de serviettes humides pour se protéger contre les gaz et la fumée. A Pittsburgh, un homme arracha une bouteille de poison des mains de sa femme qui voulait se suicider. A Providence, les services d’électricité furent submergés de coups de téléphone : affolés, les habitants réclamaient le couvre-feu. Dans tout le pays, les services de police, les journaux et les stations de radio se trouvèrent débordés. Les églises étaient pleines à craquer de fidèles qui n'avaient jamais prié avec autant de ferveur.

    A l'origine de cette hystérie collective, l'annonce faite à la radio qu'un engin spatial martien venait d'atterrir et que ses occupants se livraient à de terribles destructions. Ce "communiqué spécial" était en fait l'entrée en matière de l'adaptation radiophonique du célèbre roman de H.G. Wells, La Guerre des mondes, confiée à Orson Welles et à son Mercury Theatre of the air. Adaptation des plus réussies !

    Orson Welles avait su toucher un public qui, dans son ensemble, était prêt à croire que Mars était habitée, car, depuis la fin du siècle dernier, certains astronomes affirmaient apercevoir des canaux à la surface du sol martien. Aux astronomes s'étaient bientôt joints les auteurs de science-fiction, qui firent de ces canaux le produit d'une civilisation avancée.  

    En 1938, les dernières recherches avaient pourtant démontré que les conditions martiennes ne permettaient pas une forme de vie avancée, mais tout au plus, la présence de micro-organismes, de mousses ou de lichens. Malgré cela, le public préférait continuer à rêver aux belles princesses et aux bêtes à huit pattes des romans d'Edgar Rice Burroughs et à vivre d'innombrables aventures en compagnie du héros John Carter dans un monde sillonné d'un vaste réseau de canaux d'irrigation. Personne ne tenait à savoir qu'il n'y avait pas d'eau sur cette planète ni assez d'oxygène pour respirer.

    La fin du siècle dernier nous a appris beaucoup sur Mars, dont la couleur distinctive, visible même à l'oeil nu, lui a valu le surnom de "planète rouge". De toutes les planètes dont nous apercevons la surface, Mars est la plus proche de nous. A 228 millions de km du Soleil, elle en est plus éloignée que la Terre. Par voie de conséquence, l'année martienne est plus longue que la nôtre, environ le
    double : 22 mois et demi.

    Y a-t-il une vie sur mars ?

    D'un diamètre deux fois plus petit que celui de la Terre, il règne sur Mars une faible gravité : 40% de la nôtre. Un astronaute pèserait donc moins de la moitié de son poids terrestre. Son axe de rotation étant à peu près incliné comme celui de la Terre, la longueur du jour martien n'excède que de quarante minutes la longueur du jour terrestre. 

    Le télescope mit en évidence l'existence de brillantes calottes polaires dont la taille varie avec les saisons. Elles s'étendent, pendant la saison froide, alternativement à chaque pôle et diminuent de façon notable en été. A cause du manque d’appareils d'observation adéquats, on a cru longtemps que Mars était la réplique de la Terre. Par analogie, on assimilait les taches foncées à des océans et les régions ocres à des continents. 

    Fascinés par les ressemblances entre Mars et la Terre, certains astronomes de l'époque n'hésitèrent pas à affirmer que l'atmosphère et la gravité étaient comparables. Comme l'idée d'une vie martienne prenait de plus en plus corps, différents moyens de communication furent envisagés. Quelqu'un proposa par exemple, de dessiner de grands symboles géométriques qui seraient visibles de l'espace soit en plantant des ceintures d'arbres en Sibérie, ou encore en creusant des canaux dans le Sahara. On envisagea aussi d'allumer de grand feu ou d'envoyer des messages lumineux réfléchis par de vastes miroirs. Idées ingénieuses, certes, mais qui toutes restèrent à l'état de projets.  Ce n'est qu'avec l'invention de la radio que les tentatives de communications interplanétaires devinrent possibles.

    Lorsque en 1924 les deux planètes se trouvèrent très proches, les astronomes se mirent à l'écoute d'éventuels signaux  radio émis par Mars. Marconi n'avait-il pas, quelques années plus tôt, capté des signaux basse fréquences qui venaient peut-être de la planète rouge ? En fait, on pense maintenant qu'il s'agissait probablement de distorsions de transmissions terrestres.

    C'est en 1877 que Mars devint le centre d'un débat passionné. Cette année là, en effet, l'astronome italien Giovanni Schiaparelli établit une carte martienne qui révélait tout un "réseau de lignes ou de traits fins" qui quadrillaient la planète. Il les compara aux "fils les plus délicats d'une toile d'araignée" et on les nomma canali ("chenal" ou "lit de rivière" en italien). Mais ce mot fut très vite traduit par "caaux", ce qui sous-entendait l'intervention d'une intelligence évoluée. Schiaparelli dénombra 40 canaux de cette sorte en 1877.

    Carte de Mars par Giovanni Schiaparelli établie en 1877

    L'astronome américain Percival Lowell reprit les travaux de son confrère italien avec, toutefois, beaucoup moins de prudence quant à leur origine. Très vite, Lowell se forgea une idée de Mars bien précise : celle d'un monde plus ancien et devenu aride où les habitants avaient construit un réseau de fossés pour apporter l'eau des calottes polaires vers les récoltes des régions équatoriales.

     Plus prudent, Schiaparelli avait été le premier à faire remarquer que les régions sombres n'étaient pas forcément des océans, car si tel avait été le cas, le soleil se serait reflété à la surface. Aussi, lorsque des observateurs remarquèrent que des canaux traversaient ces taches sombres, ils changèrent d'avis. Il ne s'agissait plus d'océans mais d'étendues végétales. De la mousse ou du lichen, ou, selon Lowell, des plantations ou des cultures. Observation majeure à l'appui de cette hypothèse : ces régions sombres varient avec les saisons, donc selon le rythme de la végétation. 

    En fait, on sait maintenant qu'elles ne sont qu'une illusion d'optique créé par le contraste avec la couleur rouge des régions avoisinantes. Beaucoup d'astronomes restèrent toutefois convaincus qu'il s'agissait d'ancienne cuvettes marines. Lowell prétendit même avoir noté que, lorsque les calottes glaciaires fondaient et que l'eau affluait vers les récoltes, la végétation poussait et les taches sombres gagnaient sur le désert. Il établit des cartes de la surface de Mars où il reporta le système de canaux. Certains rayonnent à partir d'une "oasis" centrale ; d'autres se dédoublent.

    A ceux qui lui faisaient remarquer que des canaux seraient invisibles de la Terre, Lowell expliquait que chaque canal était bordé de vastes étendues de terre cultivées qui les rendaient visibles.

    Les idées de Percival Lowell n'avaient pas que des défenseurs. La contradiction la plus sérieuse fut apportée en 1907 par Alfred Russel Wallace, ami et collègue de Charles Darwin. Il démontra que les vues de Lowell étaient erronées , que les températures martiennes étaient trop basses et l'air trop sec pour que la vie existe, du moins, toute forme de vie évoluée. Au terme de ses recherches, il conclut que la planète était inhabitable et inhabitée.

     A l'aide de télescopes de plus en plus perfectionné, des "canaux" perdirent de leur belle régularité et apparurent comme une suite de points et de taches. Le rêve de la civilisation qui leur avait donné naissance s'évanouit peu à peu. Il fallut se rendre à l'évidence : les fameux canaux n'étaient que le produit d'une illusion d’optique.

    Mais, déjà, dès 1930, différents travaux avaient démontré que l'air martien était aussi raréfié que l'air terrestre à une altitude équivalente à de fois celle de l'Everest. Une atmosphère si réduite ne permet pas de garder la chaleur : Mars est une planète froide, où des créatures de la taille des hommes ne peuvent se développer.   

    Restait toutefois la possibilité d'une forme de vie moins évoluée. Cette question fut remise à l'ordre du jour avec l'apparition des premières sondes spatiales. En 1965, Mariner 4 envoya les premières photos du sol martien prises à 10 000 km de distance. A leur grande surprise, les astronomes découvrirent que Mars, avec ses cratères de 120 km de diamètre, ressemblait à la Lune. Par contre, des canaux ou de leurs créateurs, aucun signe.

    L’analyse des signaux émis par Mariner 4 révéla que l'atmosphère martienne est constituée principalement de dioxyde de carbone. La pression atmosphérique au sol représente moins d'un centième de la pression au sol terrestre. Les astronomes en conclurent que les températures ne devaient jamais dépasser 0° C et que le rayonnement ultraviolet devait être intense. En 1969, les sondes Mariner 6 et 7 confirmèrent cette vision d'un monde lunaire stérile.

    Y a-t-il une vie sur mars ?

    Ces missions portèrent un coup fatal à l'éventualité de la vie sur Mars. Toutefois, le vieux rêve resurgit en 1971 lorsque parut la première carte complète martienne, établie par Mariner 9 pendant son orbite autour de la planète. Une certaine forme de vie existait peut-être, ou avait existé... En effet, lorsque les orages de poussière qui balayaient la planète se furent apaisés, des pics montagneux très élevés apparurent : les sommets de gigantesques volcans. Le mont Olympe, le plus grand, mesure 24 km de haut et 560 km de diamètre. Apparurent aussi des vallées en méandre qui ressemblaient à d'anciens lits de rivière. Malheureusement, Mariner 9 ne photographia pas les régions géologiquement les plus intéressantes. Cependant, les photos ont apporté la réponse à l'énigme des taches sombres, dues à la présence d'une roche noire. Les variations d'apparence saisonnière sont le fait de nuages de poussière poussé par les vents.

     La présence de volcans sur le sol martien est une très bonne nouvelle pour les biologistes. Les éruptions volcaniques produisent de grandes quantités de gaz, constitués en majeure partie de vapeur d'eau, qui se condensent et tombent ensuite sous forme de pluie. Les lacs asséchés et les lits de rivière martiens s'expliqueraient-ils ainsi ? Ave une atmosphère plus dense, la planète a peut-être été aussi plus chaude. Il n'est donc pas impossible que toutes les conditions nécessaires à l'apparition de la vie aient un jour été réunies, une vie dont les restes sont peut-être encore enfouis sous les sables rouges.

    L'aventure martienne n'est peut-être pas terminée...    

      


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    Il existe indéniablement une énergie inconnue et bénéfique émise par certaines formes ou structures : pyramides, mobiles géométriques, etc... Expériences et applications pratiques l'ont amplement démontré. Mais peut-on soi-même en tirer parti ? La pyramide de Chéops en réduction n'est-elle qu'un gadget à aiguiser les lames de rasoir ou l'énergie des formes a-t-elle un avenir plus largement utilitaire ?

    Un entrepreneur de maçonnerie américain, Jim Onan, propose à ses clients une résidence secondaire assez insolite. Ce n'est ni plus ni moins que la réplique de la pyramide de Chéops à l'échelle que vous permettent vos moyen ! Elle est aménagée comme une maison de campagne ordinaire. Mais à l'intérieur, tout est dessiné selon les lois des émissions dues aux formes. De sorte que, en plus du confort moderne, vous profitez des influences bénéfiques de la structure pyramidale. 

    La construction prévoit une orientation nord-sud du bâtiment, comme le suggèrent les tombeaux pharaoniques du plateau de Guizèh et les expériences conduites sur le pouvoir des formes. Pour un certain supplément, Onan vous propose un revêtement spécial à la poudre d'or. On aurait aussi démontré que ce métal focalisait plus que tout autre les ondes positives... 

    La Onan Building Company a-t-elle voulu profiter de la mode des pyramides pour faire astucieusement de l'argent, ou bien existe-t-il des raisons de penser qu'une résidence en forme de pyramide peut avoir une influence bénéfique sur ses habitants ?

    Le docteur Serge V. King est un des plus grand spécialistes au monde des pyramides et autres structures propres à émettre des " ondes de forme ou de force ", qu'elles soient positives ou négatives. N'ayant aucun intérêt immobilier dans l'affaire Onan pas plus qu'ailleurs, son propos est donc uniquement scientifique.

    " Voici, - écrit-il dans l'introduction  de son livre Pyramidal Enery Book -  une liste de ce que la pyramide est susceptible d'accomplir. L'ordre est pas préférentiel : 

    - Aiguiser les lames de rasoir à la coutellerie
    - adoucir le café, le thé et le tabac
    - donner à l'eau du robinet un goût d'eau de source
    - stimuler la croissance des plantes
    - accélérer le temps de germination des graines
    - conserver la nourriture
    - rehausser les saveurs naturelles
    - faire mûrir les fruits et les légumes
    - retarder la croissance des algues et empêcher celle des bactéries
    - améliorer la réception de la radio et de la télévision
    - recharger les batteries
    - augmenter la conscience et rendre la relaxation plus profitable
    - stimuler le processus de guérison et alléger la douleur
    - accroître la vitalité et la virilité

    Cela parait incroyable ! Et paradoxalement, le fait que l'énergie des pyramides puisse accomplir autant de choses constitue un handicap dès que l'on essaie de convaincre la science "officielle" de son efficacité. Le docteur King n'est pourtant pas le premier venu. Il teste des pyramides depuis vingt ans. Même si on accepte pas encore de discuter dans toutes les universités de ses travaux et de ses communications, des applications pratiques ont déjà été adoptées.

    L'énergie des pyramides

    Avec le centre d'étude agronomique de Livermore, en Californie, le docteur Serge V. King a démontré l'activité de la forme pyramidale sur les plantes, et en particulier sur les semences. Des graines de provenance et de qualité  identiques ont été séparées en deux parties, dont l'une a été semée sous une structure pyramidale de verre et l'autre, pour servir de témoin, sous une serre parallélépipédique traditionnelle : le temps de germination des graines de la pyramide a été deux fois moindre que pour le groupe témoin. Une fois le cycle végétatif en train, ce dernier a pris un singulier retard. Les radis étaient plus petits et de qualité inférieure.

    King et les chercheurs du Centre ont fait une autre constatation, à partir de semences de carottes cette fois. Les insectes et parasites s'attaquaient beaucoup moins aux légumes poussant sous pyramide qu'aux autres.

    De nombreux maraîchers californiens ont été intéressés par cette découverte. On commence d'ailleurs à voir, dans la région de Livermore, quelques serres de forme pyramidale. Aucun chiffre précis n'a encore été donné par les professionnel mettant ainsi en pratique agricole les ondes de forme, mais il ne fait aucun doute que d'ores et déjà les résultats sont des plus satisfaisants.

    L'expérience de l'eau ne manque pas non plus d’intérêt. Elle a été faite en Tchécoslovaquie et en U.R.S.S. par divers savants intéressés par la pyramide de Drbal, qui a été breveté en 1959 pour aiguiser des lames de rasoirs. Le docteur King l'a lui-même tentée avec des résultats identiques.

    Un litre d'eau déposé sous une pyramide dans un récipient ouvert à l'intersection des médianes de la base subit des transformations notables par rapport à la même quantité de liquide exposé à l'extérieur de la pyramide. Les chercheurs soviétiques, Vladimir Prolapov et Dmitri Vernadsky en particulier, ont noté une pureté plus grande de l'eau soumise aux énergies des formes. La pyramide paraît affecter le comportement des substances minérales dans le liquide. Elle les équilibre. Selon leurs hypothèses, elle interviendrait sur la structure moléculaire. 

    " Nous disons "purifie", précise le docteur Vernadsky, mais ce n'est pas exact. La pyramide ajoute quelque chose à l'eau au niveau de sa structure, et non de sa composition. Ce "quelque chose" a une action positive sur l'utilisateur de l'eau. On a ainsi constaté que le liquide influencé par l'émission due aux formes avait une action bénéfique sur la peau dans certaines dermatoses. Il est aussi troublant de constater que l'eau du robinet, javellisée et chargée de sels minéraux, perd son gout caractéristique après un très court séjour sous la pyramide. Cette dernière accélère dans des proportions considérables l'élimination du chlore à l'air libre...

    De la maison plaquée or des entreprises Onan aux appareils de king, nous nous sommes limités à la seule structure pyramidale. D'autres " ensembles volumétriques responsables d'émissions dues à leurs formes ", comme disent les spécialistes, peuvent être envisagés. Il est même possible de les réaliser soi-même et d'en tester directement les influences bénéfiques. 

    Le chercheurs anglo-saxon John P. Boyle en propose un certain nombre, qui ont été expérimentés dans des conditions de contrôle scientifique très satisfaisantes. Suspendus dans une pièce où l'on vit, par exemple, ils ont une action certaine sur l'ionisation de l'air. Ils semblent accroître de manière sensible de dynamisme des personnes qui vivent dans leur périphérie. Dans une chambre à coucher, ils améliorent le sommeil, et, en règle générale, apportent un bien-être nerveux inhabituel. 

     


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  • Il faut rappeler qu'à l'époque de l'apparition des " fantômes " de Trianon, aucune étude sérieuse n'avait encore été consacrée aux phénomènes de rétrocognition. C'est ce qui explique en partie les manifestations de scepticisme, voire d'hilarité, qui furent enregistrées lorsque les deux Anglaises rendirent publique leur étrange aventure.

    Pour beaucoup de contemporains, il était évident que ces deux femmes d'âge mûr, naïves et peut-être même un tantinet hystériques, avaient eu des hallucinations. Sans doute leur mémoire était-elle défaillante, ou bien encore, en suivant leur incorrigible penchant au romanesque, avaient-elles ainsi agrémenté une réalité par trop banale... De plus, il sembla incroyable que les deux touristes n'aient pas réalisé sur le moment qu'elles voyaient des choses qui ne pouvaient pas exister réellement.

    Les réactions de Miss Moberley et de Miss Jourdain témoignent néanmoins d'un certain bon sens : elles étaient devenues suffisamment conscientes du caractère anormal de leur expérience pour tenter d'élucider le mystère à l'aide de document historiques. Au cours des années suivantes, elles devaient effectuer des recherches minutieuses concernant la construction du Trianon : modifications successives de l'architecture originale, plans des jardins, costumes et livrées des serviteurs du château, etc...

    A cet égard, il semble qu'on ne puisse guère prendre en considération l'hypothèse émise par un journaliste, qui insinuait que les deux femmes avaient été abusées et qu'elles n'avaient pas réalisé qu'elles avaient vu, en fait, des personnages contemporains, vivant eux aussi en 1901. Pourtant l'uniforme vert et le tricorne des jardiniers n'étaient certainement plus portés par le personnel de Versailles au début du siècle. Et d'ailleurs comme le firent remarquer Miss Moberley et Miss Jourdain, à la lumière de leurs recherches historiques : " Le vert était la couleur de la livrée royale et, comme tel, n'était plus porté à Trianon, pas plus qu'à Versailles. "

    On a également suggéré que les deux Anglaises avaient pu se trouver mêlées sans s'en apercevoir à quelque fête costumées. Pourquoi pas, mais comment expliquer alors que les acteurs de cette mascarade se soient promenés dans des bosquets qui n'existaient plus et qu'ils aient suivi des sentiers disparus depuis longtemps, lors de ce bel après-midi d'août 1901 ?

       A cela, on peut répondre que Miss Moberley et son amie erraient, elles aussi, sur les mêmes sentiers et parmi les même bosquets. Certes, mais elles n'étaient pas vêtues des mêmes toilettes désuètes appartenant manifestement à une autre époque. De plus, en ce qui concerne la musique entendue en janvier 1902, les vérifications ultérieures semblèrent prouver qu'aucun orchestre n'avait joué ce jour-là, ni dans le parc, ni aux environs. 

     

    Le kiosque dont elles se souvenaient ressemblait assez à celui qui figure sur les plans originaux de Trianon : il s'agissait d'une
    " ruine artistique " à but purement décoratif. Malheureusement, on ignore si cette " folie " est restée à l'état de projet ou si elle a été effectivement réalisée. Ce même kiosque posera d'ailleurs bien des problèmes à Miss Moberley et ) Miss Jourdain, tellement désireuse de l'identifier à l'un des éléments du Trianon d'origine qu'elles se laissèrent aller à de fâcheuses contradictions dans leurs dépositions successives.

    " L'édifice avait un petit air oriental ", déclarèrent-elles notamment. Léon Rey, qui écrivait alors dans La Revue de Paris, pensa pouvoir assimiler l'édifice à un petit bâtiment dit " Jeu de bague ", dont le style était en effet vaguement chinois. Mais les deux Anglaises réfutèrent cette hypothèse, arguant des différences notables existant entre le kiosque de leurs souvenirs et le Jeu de bague.

    Notons toutefois que cette allusion de leur part à un style chinois date seulement de 1909, si bien qu'il est permis de penser que les dignes femmes se sont laissé influencer par leur imagination. Néanmoins, nous savons qu'en 1774 le jardinier royal de Marie-Antoinette, Antoine Richard, traça des plans qui indiquent l'emplacement d'un petit kiosque de jardin, du type de celui qu'avaient vu les deux femmes. 

    Lorsque l'on examine aujourd'hui les faits rapportés par Miss Moberley et Miss Jourdain , ainsi que les innombrables commentaires et articles qui suivirent, il en ressort surtout une extraordinaire impression de confusion du fait des interprétations contradictoires qui furent avancées. Ainsi, l'homme à la mine sinistre qui inspira aux deux amies une aversion instinctive fut identifié par certains comme le comte de Vaudreuil, dont on connait le rôle funeste durant la fin du règne de Marie-Antoinette. D'autres, par contre, y virent l'incarnation diabolique du vieux roi Louis XV. De la même manière, il n'est pas un détail rapporté par les Anglaises qui n'ait fait l'objet d'explications aussi ingénieuses que diverses et parfois fort hasardeuses.

     D'autre part, on a accusé les demoiselles d'avoir, au cours de leurs recherches, retenu uniquement des éléments susceptibles de confirmer et d'attester leur incroyable aventure. Les deux femmes professeurs furent parfois présentées comme deux vieilles filles refoulées, nourries de toutes sortes d'inepties romanesques concernant le destin tragique de Marie-Antoinette

    Et pourtant, ce n'est pas l'impression que laissent les écrits de Miss Moberley et Miss Jourdain, car elles y apparaissent au contraire comme équilibrées et pleines de bon sens, et très sincèrement intriguées par leur étrange aventure de ce mois d'août 1901. Si on a pu les soupçonner d'avoir délibérément modifié leur récit en fonction des nouveaux éléments historiques qu'elles découvraient, on peut tout aussi bien supposer que seules les recherches effectuées les ont mises en mesure de réaliser pleinement ce qu'elles avaient vu...

    Personne aujourd'hui ne peut savoir avec certitude ce qui s'est effectivement passé en ce 10 août 1901. Les deux femmes ont-elles vécu une sorte de " glissement temporel " ? S'agit-il de rétrocognition . Il est en tout cas certain que l'aspect le plus convaincant et le plus troublant de cette singulière expérience réside dans les modifications topographiques enregistrées par Miss Moberley et Miss Jourdain après leurs premières visites : elles ont parcouru des sentiers qui n'existaient plus depuis longtemps, et il semble qu'elles aient véritablement erré dans le Trianon du XVIIIe siècle.

    Les Anglaise seraient-elles prédestinées à vivre semblables incursion dans le temps ? Ou bien le paysage français est-il particulièrement propice à ce genre de phénomène ?

     

     

     


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