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    Le 16 août 1769, au château de Breslau, en Silésie, Frédéric Le Grand s'éveilla dans sa chambre tendue de soie bleue. Il était six heure du matin. Il se leva, se vêtit et fit appeler son astrologue.

    - Asseyez-vous et écoutez-moi, lui dit le roi de Prusse. J'ai fait cette nuit un curieux rêve et j'aimerais que vous me l'expliquiez. Je voyais l'étoile de mon royaume briller au ciel, lumineuse et resplendissante. J'admirais son éclat, sa hauteur, lorsque soudain parut, au-dessus, une autre étoile qui éclipsa la mienne en s'abaissant sur elle. Il y eut lutte ; je les vis, un instant, confondre leurs rayons, et mon étoile, obscurcie, enveloppée par l'orbite, descendit jusqu'à terre, comme opprimée sous une force qui semblait devoir l'éteindre et l'anéantir.
    A votre avis, que peut signifier ce songe ?

    L'astrologue sembla fort embarrassé.

    - Je pense, dit-il, qu'un grand homme de guerre est né ou que la Prusse sera dominée par une puissance invisible.

    Furieux, le roi de Prusse donna un grand coup de canne sur la table.

    - Ce n'est pas tout, poursuivit-il. La lutte entre deux astres fut longue et opiniâtre ; mais mon étoile s'est dégagée... Puis elle a repris sa place et a continué à briller dans le firmament tandis que l'autre s'est évanouie... Alors, pensez-vous toujours que la Prusse sera dominée ?

    - Elle le sera pendant un temps, répondit l'astrologue. Peut-être par l'homme de guerre qui vient de faire son apparition sur terre...

    Or, quelques heures plus tôt, à trois cents lieues de Breslau, un bébé était né à Ajaccio, un bébé qui devait s'appeler Napoléon Bonaparte...

    Avant de susciter un rêve symboliquement prémonitoire à Frédéric de Prusse, Napoléon avait, semble-t-il, hanté l'esprit de quelques grands prophètes.

     

     Voyons plutôt : 

    En 1542, un médecin astrologue nommé Philippe-Noël Olivarius, dont l'esprit était ouvert aux bruits et aux images du futur, fit paraître un livre de prophéties dans lequel ses contemporains lurent un chapitre qui leur parut être un ramassis de sornettes.

    Des sornettes qui, deux cent vingt-sept ans plus tard, commencèrent à se réaliser avec une exactitude stupéfiante.

    Voici la traduction du texte d'Olivarius : 

    " La Gaule italienne verra naître, non loin de son sein, un être surnaturel ; cet homme sortira tout jeune de la mer et viendra prendre langue et mœurs chez les Celtes gaulois. Encore jeune, il s'ouvrira un chemin à travers mille obstacles et deviendra leur premier chef. Il ira d'abord guerroyer près de son pays natal (le première campagne d'Italie). Outremet, il ira guerroyer avec grande gloire et valeur (expédition d'Egypte). Puis il ira de nouveau guerroyer le monde romain (2ème campagne d'Italie et Marengo). Il donnera des lois (le code), pacifiera troubles et terreurs (allusion à la fin de la Révolution), et sera ainsi nommé, non roi, mais imperator, par grand enthousiasme populaire. Batailleur partout dans l'empire, il déchassera princes, seigneurs, rois, par deux lustres et plus (plus de dix ans)."

    Il n'y a rien à reprendre dans le début de ce texte d'Olivarus qui résume admirablement l'ascension de Bonaparte, de sa naissance au trône impérial. Mais continuons :

    " Il s'en viendra dans la grande ville (Paris), ordonnant force grandes choses, édifices, ports de mer, aqueducs, canaux ; il fera à lui tout seul, autant que les Romains. Il aura femme par deux, et fils un seul. "

    Olivarius fait alors allusion aux grands revers de Napoléon. Il écrit :

    "S'en ira guerroyant jusqu'où se croisent les lignes longitude et latitude (le nord). Là ses ennemis brûleront la grande ville (Moscou incendiée par les Russes). Lui y entrera et sortira avec les siens de dessous les cendres et les ruines. Les siens n'ayant plus ni pain ni eau, par grande froidure, seront si mal que les deux tiers de son armée périront (retraite de Russie). Puis le grand homme abandonné, trahi par ses amis (trahison de Marmont), sera pourchassé à son tour à grande perte jusque dans sa propre ville, par les grandes populations européennes (les Alliés à Paris, en 1814). A sa place, sera mis le vieux roi de la Cape (retour de Louis XVIII, un Capet, comme Louis XVI). Quant à lui, il est contraint à l'exil dans la mer d'où il est venu si jeune, et près de son sol natal (l’île d'Elbe). Il y demeurera onze lunes avec quelques-uns des siens, vrais amis et soldats.

    Aussitôt les onze lunes achevées, lui et les siens prendront un navire et viendront mettre pied sur la terre gauloise (retour de l'île d'Elbe). Et il cheminera vers la grande ville où s'est assis le vieux de la Cape qui se lève, fuit, emportant avec lui les ornement royaux (fuite de Louis XVIII et les cent-jours). Chassé de nouveau par une trinité de populations européennes après trois lunes et tiers de lune (les Cent-jours jours qui ne furent en réalité que 94). On remet à sa place le vieux roi de la Cape (retour de Louis XVIII et deuxième Restauration). Enfin, il dicte des conseils souverains à toutes les nations et à tous les peuples (Mémorial de Sainte-Hélène) et meurt. "

    N'est-ce pas là, exactement un raccourci saisissant de la vie de
    Napoléon ?

    Et  ce n'est pas tout. 

    En 1550, un autre médecin-astrologue, le célèbre Nostradamus, écrit de son côté - " à un empereur qui doit naître près de l'Italie et qu'on trouvera moins prince que boucher " (allusion aux 3 millions d'hommes que Napoléon fera tuer)

    Nostradamus précise en outre : " De soldat simple parviendra en empire, de robe courte parviendra à la longue; " Et il ajoute : " La tête rase, par quatorze ans tiendra la tyrannie... "

    Cette fois, c'est bien là l'histoire, résumée de façon fulgurante, de l'ascension de Napoléon surnommé par ses soldats "le petit tondu", et de ses 14 années de règne... Le destin prodigieux de Napoléon 1er fut donc "vu" dans ses grands traits par deux hommes, plus de 200 ans avant sa naissance...

    Durant toute sa jeunesse, le futur empereur ignora tous des prophéties qui l'annonçaient. Les aurait-il lues, d'ailleurs, qu'elles ne l'eussent point frappé. Rien en effet, ne pouvait alors lui faire deviner qu'elles le concernaient.

    Ce n'est qu'en 1804, quelques temps après le sacre, qu'il eut pour la première fois entre les mains l'ouvrage de Maitre Olivarius. Il en parcourut quelques pages, puis le tendit à Joséphine :

    - Tiens, lis... On dit qu'il est question de moi dans ce livre.

    - Comment, dit Joséphine, dans un livre publié en 1542 ?

    - Mais lis donc !

    L'impératrice obéit. Elle prit le vieil ouvrage à couverture de parchemin jauni, et, malgré le style difficile et les caractères mal formés, elle parviendra à lire le texte du médecin astrologue. Quand elle eut fini, elle regarda Napoléon : 

    - Qu'en penses-t ? dit-elle 

    L'empereur haussa les épaules :

    - Les prophéties disent toujours ce qu'on veut leur faire dire, ricana-t-il.

    Mais six ans plus tard, en 1810, après son mariage avec Marie-Louise, il reprit le livre d'Olivarius et relut attentivement la prédiction. Cette fois, il ne rit plus du tout. Il fit appeler un théologien de Saint-Sulpice et lui demanda si la religion obligeait de croire aux prophéties.

    L'abbé se contenta de répondre sans se compromettre :

    - L'esprit de Dieu a toujours parlé par les prophéties, Sire...

    Ce qui n'était pas fait pour donner bon moral à Napoléon...

     


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  • On a souvent rapproché la figure de Marie à de nombreux mythologie  ancienne et en particulier de la religion d'Isis. Cette comparaison est évidemment pertinente dans la mesure où, par exemple, le thème de la douleur de la Mère rappelle fortement, en effet, celui des pleurs d'Isis chantant le marenos (lamentation funèbre dont le nom signifie "compréhension et amour"). Nécessaire du point de vue de l'histoire des religions, cette comparaison ne peut pourtant épuiser la signification profonde qui est celle de Marie, et qui ne peut s'expliquer que dans son contexte spécifiquement chrétien.

    Déclarée en effet Theotokos (Mère de Dieu) au concile d'Ephèse en 431, puis aeiparthenos (toujours vierge) au concile de Chalcédoine 20 ans plus tard, Marie ne se contente pas de se présenter comme la mère spirituelle de l'Humanité, mais elle est aussi celle qui a reçu la grâce du Saint-Esprit et qui, dans son humanité profonde, devient "la fille de son fils". D'autre part, l'intime souffrance devant le martyre de Jésus introduit à la notion d'espérance, c'est-à-dire à une dimension de la foi qui repose sur une confiance inébranlable dans les projets de Dieu, parussent-ils absurdes au cœur de l'homme. 

    Canalisant sur elle de très anciennes figures mythologiques ou de multiples attributs que lui conférait la croyance populaire, la Vierge Marie a puissamment synthétisé les espoirs et les rêves des croyants qui se sont inscrits dans ce qui est convenu d'appeler le "christianisme populaire"

    Au Moyen-Age et à la Renaissance, certaines images dont on se servait lors des prières publiques ou des pèlerinages représentaient Marie dans un vêtement décoré d'épis et de blé. Cette image n'est pas sans rappeler, de nouveau, les "mères nourricières" de l'Antiquité, telle que Déméter par exemple. Le grain qui est mis en terre et pouvait sembler y mourir, mas qui se réveille au printemps pour commencer une nouvelle vie et promettre de nouvelles moissons, a été de tout temps un symbole de renaissance. Pour les populations agricoles de l'époque, l'image de la robe d'épis était aussi une représentation concrète des prières ardentes que l'on faisait pour la richesse des récoltes.

    L'Assomption

    L'Assomption, jour où les anges ont conduit la Vierge au ciel (fête instituée dès le VIIè siècle), est pour certains la christianisation des traditions païennes qui célébraient au milieu du mois les prémices des moissons et des vendanges : " Ainsi voit-on dans les processions du 15 août la Vierge porter généralement à sa main gauche une grappe de raisin et un bouquet d'herbes, de légumes et d'épis.

    Les herbes cueillies le 15 août passent pour être magiques. Selon une croyance du Moyen  Âge, "dansez le jour et la nuit en prenant bien garde de tomber par terre et faire quantité d'autres folies dans l'église aux fêtes de l'Assomption de la Vierge" guérit de l'épilepsie. Mais il ne faut pas se marier ce jour ni aller à la chasse.

    La Vierge Marie - L'Assomption

    La période entre l'Assomption et la Nativité de la Vierge (le 8 septembre) est très favorable aux entreprises et, dit-on en Belgique, pour la grande lessive (car le linge ne jaunira pas). En Tourraine, "pour que les poules pondent deux fois par jour, il faut les mettre couver et faire éclore les poussins entre la Bonne-Dame d'août et la Bonne-Dame de septembre.
    Les œufs pondus entre les deux Notre-Dame se conservent indéfiniment mais les taureaux nés au cours de cette période ne sont pas de bon reproducteurs.

    On prétend encore qu'on peut sans danger être mordu par un serpent entre ces deux fêtes ; en Franche-Comté, aucun serpent n'a osé se montrer pendant cette période.

     

     


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    Trois mille ans de civilisation maya et, pour l'appréhender, les archéologues disposent seulement de villes en ruines et de quelques livres : trois étranges codex aux feuillets peints et des textes rédigés après la conquête, au XVIè siècle. C'est bien peu pour cerner les subtilités d'une culture aussi longue et riche.

    Si l'histoire des Mayas se déchiffre peu à peu sur les murs stuqués de leurs cités-Etats, celle du monde telle qu'ils se l'imaginaient provient quasiment d'une seule source, tardive : le Popol Vuh, ou livre du conseil, écrit en maya Quiché et retrouvé au XVIIIè siècle. 

    Ce livre majeur conserve la trace de récits anciens. C'est le cas des passages concernant les deux générations de héros jumeaux et l'inframonde, ce monde souterrain qui met quotidiennement en péril le Soleil et le monde. On a dans ces partie du Popol Vuh quelque chose de profond et qui relève le mythe de création, notamment de l'ordre, où les forces du jour vont vaincre les forces de la nuit. En l’occurrence les jumeaux Hunahpu et Xbalanque, capable de ressusciter et de vaincre par la magie et la malice les seigneurs de la nuit et autres créatures monstrueuses de l'Inframonde.

    Impossible, toutefois, aujourd'hui de savoir vraiment à quoi ressemblaient les mythes aux périodes Préclassique et Classique. 
    Il n'y a alors pas de panthéon mais plutôt des forces incarnées par des rois locaux, et des entités sans doute à l'origine des personnages historiques mythisés et représentant de grand éléments du Cosmos.

    Extrait du Popol Vuh

    "Ceci est le premier récit, la première histoire. Il n'y avait alors ni hommes ni animaux, oiseaux,  poissons, crabes, arbres, pierres, ravins, herbes ou forêts ; il n'y avait que le ciel.
    La surface de la Terre n'était pas encore apparue. Il n'y avait que la mer calme et la grande étendue du ciel.
    Rien n'était assemblé, rien n'avait été doté d'existence. Rien qui puisse faire du bruit, ni rien qui puisse bouger ou trembler ou faire du bruit dans le ciel.

    Rien ne se dressait, seule était l'eau calme, la mer paisible, seule et tranquille. Rien n'existait.
    Il n'y avait qu'immobilité et silence dans les ténèbres, dans la nuit.
    Seul le Créateur, le Modeleur, Tepeu, Gucumatz, les Aïeuls, étaient dans l'eau, cernés de lumière. Ils étaient cachés sous des plumes vertes et bleues et étaient de ce fait appelés Gucurmatz.
    Par nature. Ils étaient de grand sages et de grands penseurs...

    Puis vint le verbe, Tepeu et Gucurmatz vinrent ensemble dans la ténèbres, dans la nuit, et Tepeu et Gurcumatz marchèrent ensemble.
    Alors ils parlèrent, discutèrent, et délibérèrent ; ils s'accordèrent, ils unifièrent leurs paroles et leurs pensées. 
    Et pendant qu'ils parlaient, il leur apparut clairement que lorsque l'aurore se ferait, l'homme devrait paraître.
    Alors, ils organisèrent la création, et la croissance des arbres et des fourrés, et de la naissance de la vie et la création de l'homme.
    Tout fut arrangé dans la ténèbres et dans la nuit, depuis le coeur du Ciel appelé Huracan...

    Alors la Terre fut créée par eux. C'est ainsi en vérité, qu'ils créèrent la Terre, Terre !
    Dirent-ils, et instantanément elle fut faite.
    Comme le brouillard, comme un nuage, et comme un nuage de poussière fut la création, quand les montagnes apparurent de la mer ; et instantanément les montagnes grandirent.
    Seulement par un prodige, par un art magique furent formées par les montagnes et les vallées ; et aussitôt les bois de cyprès et de pins se mirent à pousser ensemble sur la surface de la Terre. "

    **********

    Les dieux créèrent les hommes pour qu'ils parlent et prient. Ils font une première tentative en utilisant la glaise, mais elle fond rapidement dans l'eau. La seconde , employant du bois, est tout aussi infructueuse tant
    "il n'y avait rien dans leur cœur et rien dans leur esprit" ; les simili hommes sont détruits violemment. Pour leur troisième essai, les dieux emploient de la farine de maïs : cette fois, les homes sont parfaits, mais trop intelligents... Leurs yeux seront donc voilés, afin de limiter leur compréhension du monde.


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    Longtemps, très longtemps avant Jules César, Abraham et l'écriture, l'Europe était habitée par une poignée de tribus dont le seul nom ressemble à un grognement d'homme préhistorique : les Swurgs, les Ghmours, les Orhkas et quelques autres... Tous, ils tâchaient de survivre au milieu d'une nature hostile. Les mammouths vous écrasaient sans vous voir, les bisons ne connaissaient pas leur force et lorsque le tigre des marais retroussait ses babines, cela donnait la chair de poule et on courait !

    En cette année de 1961, le journal Tintin entame la publication des aventures de Tounga avec La Horde Maudite, Edouard Aidans n'est déjà plus un gamin. Il a 31 ans et près de 10 ans de métier. Personne, en Europe, ne s'était encore aventuré à raconter en bande dessinée ce que devait être la vie des hommes d'avant l'histoire. D'autres grands musclés vêtus de peaux de bête verront le jour, mais Tounga est le premier.

    Dès le premier récit, les lecteurs se régaleront des aventures de ce grand gaillard tout en muscles qui se bat pour nourrir sa petite famille dans un monde ingrat en proie aux superstitions et aux luttes tribales. 

    Le monde de Tounga va très rapidement devenir le cadre idéal par lequel Aidans peut exprimer ce qui lui tient le plus à coeur : le respect des autres et la nature, le sens de la tribu et le soucis du plus faible.

    En guise de pied de nez face à la force brutale, ce sont les plus faibles qui sont les plus généreux et qui viennent en aide aux plus forts. Ainsi, Nooûn le boiteux, ce blondinet chétif rejeté jadis par ses frères sera l'un des héros de cette aventure.

    Saura-t-on jamais quelle somme de documents, revues scientifiques et livres divers est venu étayer les récits imaginés par Edouard Aidans ? En tout cas, même si l'auteur est d'abord un rêveur, pas question d'écrire ou de dessiner n'importe quoi ! Ainsi, lorsqu'il évoque le dos d'un mammouth qui ressemble à un tertre et dont les pattes sont des troncs d'arbres, il s'inspire directement d'un livre qu'il conservera toujours précieusement : " La Guerre du feu " écrit par son compatriote J.H. Rosny Ainé, il y a un siècle.

     

     


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    Mythologie du pays Dogon - La société des masques 

    Ce n'est pas un, mais des myriades de mythes de création que recèle le pays dogon, niché sur le grand plateau central malien et au pied des falaises de Bandiagara : parfois le dieu Amma tire notre Terre d'un boudin d'argile ; parfois il façonne plutôt un œuf au double placenta, abritant un couple de jumeaux dont l'un sort avant terme et forme lui-même la planète...

    Une telle diversité est classique pour une société de tradition orale, d'autant que le pays dogon n'a rien d'homogène ni d'isolé : les peuples qui le composent sont venus de différentes régions au XVè siècle. 
    Leur mythes témoignent donc de diverses influences, tant religieuses (islamique, avec l'importance du chiffre 7 ; chrétienne, le premier couple se dénommant parfois Adama et Awa ....) que culturelles (provenant d'ethnies voisines, des Européens,....)

    Loin de les rejeter, les Dogons ont su les intégrer et faire évoluer leurs propres récits.

    La société des masques

    Le pays dogon abrite au nord les fameuses sociétés des masques, réservées aux hommes. Elles se caractérisent par les cérémonies du Sigui qui se tiennent tous les 7 ans, où les mythes sont racontés en langues dites secrète du Sigui So. Le premier mythe de création dogon connu a été recueilli dans cette société dans les années 1930 par Solange de Ganay, membre de l'équipe de Marcel Griaule.

    La création d'après la société des masques

    " La Terre est ronde et plate. Elle est entourée d'une grande étendue d'eau, eau et sel, en forme de couronne. Cette mer est elle-même encerclée par un immense serpent, qui maintient l'ensemble en se mordant la queue. S'il venait à lâcher prise, tout s’effondrerait.

    Au centre de la Terre, au nord des falaises, s'élève un poteau de fer (la fourche d'Amma). Il monte jusqu'à une autre Terre qu'il soutient sans la traverser et qui se trouve au-dessus du Ciel visible...

    Sept disques s'étagent ainsi vers le haut. D'autre part, la Terre des hommes est la première d'une autre série de sept qui s'étagent en dessous. Si la Terre supérieure est surmontée d'un Ciel, celle du dessous n'en domine aucun ; elle repose sur du fer qu'on trouve lorsque l'on creuse. Dès le début, Amma, le créateur, possédait le fer et il a tout posé sur lui.

    Pour chaque disque, il existe un Soleil et une Lune ; le Soleil est au-dessus des confins de la Terre dont il n'éclaire qu'une partie. Il est immobile, tandis que le disque terrestre tourne en un jour autour de son pivot de fer. Ainsi, tous les pays sont tour à tour éclairés....

    Notre Terre fait partie des sept mondes du bas, mais elle seule est habitée par des humains. Dans les six autres mondes du dessous sont bâtis les villages des gens à queue, qui sont plus mauvais que les hommes de notre Terre ; mais ils le sont moins que les habitants des six mondes supérieurs, où se trouvent les villages des hommes à cornes, qui envoient aux humains les maladies et qui jettent sur la Terre les pierres de tonnerre. Le monde appartient à 14 Amma dont 7 résident au-dessus et 7 au-dessous. Le dieu de chaque Terre habite le ciel qui la domine....

    Amma créa la Terre, le Ciel, l'eau et le genie Nommo. Il entoura les eaux d'un serpent, et, dans le même temps, créa les nuages. Le Nommo descendit sur la Terre, avec l'eau, par le chemin de l'arc-en-ciel...

    Puis Amma créa toutes les choses, tous les hommes, toutes les femmes et les enfants. Amma créa d'abord une femme. A cette époque, la femme commandait à l'homme, et c'est pourquoi, encore aujourd'hui, l'âme, après la mort, se rend d'abord dans la famille maternelle... Tous étaient immortels. "

     


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