• " Le 27 novembre dernier, une vieille femme appelée madame Guérin, âgée de 70 ans et demeurant rue des Fossés-du-Temple, 34, au quatrième, était malade d'une maladie qui paraissait peu grave, et que le médecin avait qualifiée d'indigestion . Il était cinq heure du matin. Sa fille, veuve, nommée madame Guérard, qui logeait avec elle, s'était levée de bonne heure, avait allumé sa lampe, et travaillait, assise au coin du feu, près du lit de sa mère : - Tiens, dit-elle, madame Lanne doit être revenue de la campagne. Il faudra, ajouta madame Guérard, que j'aille la voir aujourd'hui. - C'est inutile dit la mère. - Pourquoi donc ? - C'est qu'elle est morte il y a une heure ! - Bah ! ma mère, que dites-vous là ? Rêvez-vous ? - Non, je suis bien éveillée, je n'ai pas dormi de la nuit, et comme quatre heure du matin sonnaient, j'ai vu madame Lanne qui m'a dit : " Je m'en vais ; venez-vous ? "

    " La fille crut que sa mère avait fait un mauvais rêve.

    Le jour vint, elle alla voir madame Lanne. Cette femme était morte dans la nuit, à quatre heures du matin. Le même soir, madame Guérin fut prise d'un vomissement de sang. Le médecin appelé dit : " Elle ne passera pas vingt-quatre heure. " En effet, le lendemain à midi, un second vomissement de sang la prit, et elle mourut.

    J'ai connu madame Guérin et je tiens le fait de madame Guérard, femme pieuse et honnête, qui n'a menti de sa vie. "

     

    **********

    Flammarion cite un récit confié par la baronne de Boislève dont le fils, lieutenant de chasseur à cheval parti en expédition au Mexique, n'avait pas donné de nouvelle depuis quelques temps. 
    Le 17 mars 1863, alors qu'elle recevait quelques notables à diner dans son appartement de la rue Pasquier, à  Paris, elle passa un instant au salon pour préparer le café. Ce qu'elle y vit lui arracha un cri et la fit tombée évanouie. Ses convives se précipitèrent aussitôt pour lui porter secours.

    " Ranimée, elle leur raconta une histoire extraordinaire. En franchissant la porte du salon, son fils Honoré debout, en uniforme, mais sans arme et sans képi. Le visage de l'officier était d'une pâleur spectrale, et, de son œil gauche changé en un trou hideux, un filet de sang coulait sur sa joue et sur les broderies de son collet. Telle avait été l'épouvante de la pauvre femme qu'elle avait pensé mourir. On s'empressa de la rassurer en lui représentant qu'elle avait été le jouet d'une hallucination, qu'elle avait rêvée tout éveillée, mais comme elle se sentait inexprimablement faible, on appela d'urgence le médecin de la famille qui était l'illustre Nélaton...

    " Au bout d'un semaine, elle fut officiellement avertie que le 17 mars 1863, à deux heures et cinquante minutes de l'après-midi, l'assaut de Puebla, Honoré de Boislève avait été tué d'une balle mexicaine qui l'avait atteint à l’œil gauche et lui avait traversé la tête. La différence des méridiens étant compensée, l'heure de sa mort correspondait exactement avec l'instant de son apparition dans le salon de la rue Pasquier. "


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    Une date : 734. Un homme : Charles Martel. Peut-être une légende, surtout une mémoire. 

    Les arabes venaient de se heurter à la résistance européenne. Ils reculaient  à tout jamais et s’effaçaient de nos mémoires. Quelques années plus tard, en 800, Charlemagne se faisait couronner empereur du Saint Empire romain germanique. L'empire auquel il venait de donner le jour allait permettre le développement d'une forme originale de civilisation. Dès lors, le monde ne serait plus tout à fait le même.

    Cette histoire, qui d'entre nous ne la connaît ? Elle pêche pourtant par une étrange lacune : en effet, ce triomphe incontestable de l'Occident ne nous est imputable qu'en partie. Sans le puissant Empire Khazar, dont le territoire immense s'étendait à l'extrémité orientale de l'Europe, pendant la période qui va du VIIè au Xè siècle, l'Europe aurait dû subir les assauts répétés des Arabes, à la fois par le Sud et par l'Est. Y aurions-nous résisté ? Tous les historiens s'accordent pour en douter.

     

    Quel était cet Empire Khazar ? Une puissante civilisation qui opta tout d'un coup pour la religion juive en devenant la treizième tribu. Sa disparition subite demeure un mystère.

    Son importance ne peut nullement être mise en doute. Le Livre des cérémonies tenu par l'empereur historien de Byzance, Constantin VII Porphyrogénète, suffit pour s'en convaincre. Ils y mentionnent qu'à sa Cour, le protocole voulait que toute lettre adressée au pape de Rome ou à l'empereur d'Occident portât un sceau de deux sous d'or, et celle adressée au roi des Khazars en portât un de trois sous d'or. Cette distinction de hiérarchie et de déférence s'explique plus facilement par l'implantation stratégique de l'empire, entre la Caspienne et la mer Noire : toute tentative de pénétration de l'Europe devait emprunter ce chemin.

    On suppose que les Khazars étaient une ethnie turque nomade qui vivait de la guerre. C'est ainsi, très certainement, qu'ils fondèrent cet empire guerrier constitué par une trentaine de tribus soumises qui leur payaient la taxe. L'empereur de Constantinople savait tout cela et faisait tout pour être agréable au " khan ", le chef des Khazars, pour qu'il contienne loin de l'Occident les Bulgares, les Magyars, les Petchenègues et autre "barbare" russes. 

         L'historien Dunlop résume parfaitement la situation : " Les guerres des Arabes et des Khazars, qui durèrent plus de cent ans, si méconnues qu'elles soient, ont ainsi une importance historique considérable. Dans la campagne de Tours, les Francs de Charles Martel mirent un terme à l'invasion arabe. Vers la même époque, les menaces qui pesaient sur l'Europe de l'Est n'étaient guère moins graves... Les musulmans victorieux furent arrêtés et contenus par les armées du royaume Khazars.

    " Il est peu douteux que, s'il n'y avait eu les Khazars dans la région du nord du Caucase, Byzance, rempart de la civilisation européenne à l'Orient, se serait trouvé débordée par les Arabes. Il est probable que l'histoire de la chrétienté et de l'islam aurait été, ensuite, bien différente de ce que nous en savons. "

    Cette domination Khazars ne fut effective qu'après un raid mené contre Arabes,  qui  mit les Khazars, à mi-chemin de Damas. La capitale du califat se serait effondré si un dernier sursaut arabe n'avait inversé le cours des événements. Ce sursaut fut tel que l'on cru un moment, les Khazars perdus. Finalement, ils triomphèrent à Ardabil. Toute l'Europe avait tremblé : ce n'est pas un hasard si Constantin V épousa une princesse Khazars et en eut un fils qui régna sur l'empire d'Orient sous le nom de Léon V le Khazar. Tous les autres royaumes firent de même, et envoyèrent de très nombreuses embrassades pour assurer les Khazars de leur soutien. Les jeux diplomatiques auraient été " normaux " - alliances au gré des victoires et ruptures au gré des défaites - si en 740, cet empire n'avait décidé de se convertir au judaïsme.

    Ce fait est d'une importance capitale, tant du point de vue historique que du point de vue idéologique. Du point de vue historique, nous avons là l'explication d'une communauté juive en Europe de l'Est, qui n'est pas le produit de la diaspora venue du Sud, mais d'une migration depuis cet empire. On peut ainsi affirmer que les juifs polonais descendaient de ces Khazars, ce qui ramènerait le génocide de la Seconde Guerre mondiale à un massacre entre personnes de même race...

    " Les khazars, nous dit le géographe Istakhri, ne ressemblent pas aux Turcs. Ils ont les cheveux noirs et sont de deux sortes : les Noirs (khara-khazars), qui ont le teint basané et très sombre comme certains Indiens, et les Blancs (Ak-khazars), qui sont d'une beauté frappante. " Ils paraient une langue qui a disparu aujourd'hui, mais qui s'apparentait aux dialectes actuels des Tchouvachs, que l'on parle toujours dans la République soviétique autonome de Tchouvachie, entre la Volga et la Soura.

    Les descriptions des voyageurs ne sont guère attrayantes : " Pour le langage et la constitution, ce sont les gens les plus repoussants. Leur langue ressemble au pépiement des étourneaux. A une journée de marche, il y a un village appelé Ardkwa, dont les habitants se nomment Kardal. Leur langue fait absolument le même bruit que le coassement des grenouilles... "

    Les rites qu'ils pratiquaient avant leur conversion n'étaient guère plus appréciés de leurs voisins, car le sacrifice humain et le meurtre rituel des rois étaient choses normales : " Quand ils observèrent un homme qui excelle par le savoir et la vivacité d'esprit, ils disent : " Pour celui-ci, il est mieux approprié à servir le seigneur. " Ils le saisissent, lui passe la corde au cou et le pendent à un arbre où on le laisse moisir.

    " Quand le nouveau chef est élu, ses officiers et serviteurs le font monter à cheval. Ils lui serrent un ruban de soie autour du cou, sans l'étrangler tout à fait, puis ils relâchent le ruban et lui demandent avec insistance
    " Pendant combien d'année peux-tu être notre khan ? " Le roi, l'esprit troublé est incapable de donner un chiffre. Ses sujets décident, d'après la force des mots qui lui ont échappés, si son règne sera de longue ou de courte durée. "

    Cette relation est toutefois controversée : on ne sait s'il s'agit d'un véritable compte rendu ou d'une histoire légendaire véhiculée par les Arabes pour discréditer leurs voisins. Toujours est-il que, s'il s'agit d'une légende, elle corrobore et explique le système politique bicéphale : d'un côté le pouvoir spirituel, et de l'autre, le pouvoir temporel. Si cette conception du pouvoir, identique à la tradition judaïque, existait avant la conversion, on comprendrait mieux le choix de cette religion.

     Les mœurs changèrent du tout au tout au moment de la conversion. Nombre de ces pratiques disparurent ou ne furent plus qu'un rituel symbolique pour la partie du peuple non converti. Le mode de vie devint moins rustre, la tenue vestimentaire moins primaire et les règles de l'hygiène s'affinèrent. Il faut pourtant remarquer que les Khazars avaient une telle réputation de justice que leur territoire s'était transformé  en une terre d'asile pour tous les rejetés et tous les juifs persécutés. Ce qui, une fois de plus, peut expliquer leur connaissance du judaïsme.

    Tous les témoignages relatant la vie dans la capitale, Itil, sont enthousiastes : " La coutume est d'avoir sept juges : deux d'entre eux sont pour les musulmans, deux pour les Khazars, et ils jugent selon la Torah, deux pour les chrétiens, et ils jugent selon l’Évangile, et un pour les Saqalibans, les Rhus et autres païens, et celui-ci juge d'après la loi païenne...

    " Dans la cité du roi des Khazars, il y a de nombreux musulmans marchands et artisans, qui sont venu dans son pays en raison de sa justice et de la sécurité qu'il procure. Ils ont une mosquée principale, dont le minaret s'élève au-dessus du château royal, et d'autres mosquées avec, en plus, des écoles où les enfants apprennent le Coran. "

     Ce libéralisme a surpris les esprits contemporains. N'appelait-on pas Itil " la capitale aux mille églises " ? Cette paix ne fut maintenue qu'au prix d'une très forte hiérarchisation de la société et d'un carcan législatif pesant. Toute personne qui enfreignait une simple règle était déchue de ses droits civils et de ses libertés. Le moindre trouble pouvait faire basculer tout le pays dans l'autoritarisme le plus pur ou dans l'anarchie la plus violente. C'est peut-être ce qui s'est passé lors de la disparition brutale de l'empire...

    Le pouvoir bicéphale était divisé en pouvoir religieux et pouvoir temporel. D'un côté, il y avait le " Khan " ou chef religieux, et de l'autre le " Khaghan-bek ", qui commandait les armées, réglait les affaires de l'Etat, paraissait en public et menait les guerres. Cependant, chaque jour, il se présentait, pieds nus et un bout de bois à la main, devant le grand Khan pour faire acte d'allégeance. Il était le seul, avec le k-nd-r khaghan et le Jawshyghr khaghan, à pouvoir approcher le roi, qui ne devait avoir aucune relation avec ses sujets ni leur parler. C'est pourquoi il n'admettait personne en sa présence et ne s'occupait que des choses de l'esprit.

    Il ne touchait à la terre que par l'intermédiaire de son vizir, le khaghan-bec. Si, pour une affaire de grande importance, on était amené à l'approcher, on se prosternait  et on se frottait le visage sur le sol jusqu'à ce qu'il donnât l'ordre d'avancer et de parler. Son autorité était si absolue qu'on affirmait qu'il lui suffisait d'ordonner à un de ses serviteurs d'aller se tuer pour que celui-ci le fasse. La succession s'effectuait toujours dans la même famille, quel que soit le degré de richesse de l'héritier.

    Le khan avait un trône et un pavillon d'or. Il était le seul à jouir de cette faveur. Son palais était le plus élevé de tous les édifices de la ville. Lorsqu'il mourait, on lui élevait un vaste édifice de vingt chambres. Dans chacune d'elles, on creusait un tombeau. Des pierres étaient écrasées et réduites en poudre pour être répandues sur le sol. On faisait ensuite passer l'eau d'une rivière par-dessus l'édifice, de façon que ni homme, nu démon, ni ver ne puisse parvenir jusqu'à la dépouille du khan. Après son enterrement, ceux qui l'avaient mis en terre étaient décapités. Ainsi, personne ne connaissait l'emplacement exact du tombeau, que l'on nommait " paradis ". Les chambres intérieures, dit-on, étaient tendues de brocarts et de soies tissées de fils d'or.

    La capitale de l'empire s'appelait, à la fin de la période d'or, Itil. Auparavant, il y en avait eu d'autres, notamment Balandjar, située dans le Caucase septentrional, et Samandar, au VIIIè siècle, sur la rive occidentale de la Caspienne.

    Itil impressionnait beaucoup tous les visiteurs. C'était une très grande cité qui s'étendait sur les deux rives de la Volga. Sur l'une d'elles habitaient les musulmans, et, sur l'autre, le roi et sa cour. La cité était essentiellement marchande, mais propre. Elle était à la fois un centre commercial brillant et une plaque tournante pour les échanges d'idées et les créations artistiques.

    Le peuple khazars n'avait en lui même rien de créateur. Il se contenta d'avoir une grande influence sur tous les peuples barbares et de faire circuler les différentes formes artistiques, qu'elles soient byzantines, musulmanes, juives ou occidentales. Toutefois, les khazars produisirent quelques objets, essentiellement guerriers ou utilitaires, en s'inspirant alors des Perses et des Sassanides. Les archéologues viennent, tout récemment encore, de découvrir quelques-uns de ces objets dans les sites de l'Europe de l'Est.

    On doit aussi aux khazars d'avoir divulgué l'écriture hébraïque dans toutes les contrées dont ils étaient les maîtres. Ceci explique probablement pourquoi nous trouvons aujourd'hui de ces lettres dans l'alphabet cyrillique.

    C'est donc un empire brillant et fort riche. Comme le dit avec beaucoup d'humour Magadassi, au Xè siècle :
    " En khazars, moutons, miel et juifs se trouvent à foison ! "

    Pourquoi les khazars se sont-ils convertis à la religion juive ? 

     


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    Tout d'abord, il ne faut pas confondre " les dieux " avec Dieu. Ce dernier, en tant que figure monothéiste adorée par les religions révélées est unique, et ne peut donc, à lui seul, être considéré comme un peuple. Les dieux, en revanche, issus des anciens panthéons et des mythologies antiques, doivent être classés, avec les peuples de l'air. Parmi l'infinité des mythologies, seules les ases possèdent une résidence dans le ciel, contrairement aux dieux ou divinités grecque et romaine, par exemple, dont le Panthéon ou l'Empyrée se situent sur Terre, au sommet d'une montagne. Les ases et les asynes sont les dieux et les déesses guerriers des mythologies germaniques et scandinaves. 

    Leur chef est le dieu borgne Odin, nommé Wotan dans la version germanique dont s'est inspiré Richard Wagner pour son opéra L'Or du Rhin. Dans son royaume céleste d'Asgard, l'enclos des dieux, nommé Walhalla en allemand, règne avec lui ses deux fils, Thor - dont le célèbre marteau, Mjöllnir, provoque le tonnerre lorsqu'il le lance - et Baldr - surnommé " le Bon ", car il est considéré comme le meilleur des ases - accompagné des dieux Loki - dieu du Feu et voleur, semeur de discorde et incarnation du mal - , Freyr, Njödr, Tyr, Heimdallr, Vidar, Bragi, Vali, Hoenir, Forseti et Ullr.

    La guerres des Géants

    Le royaume des ases, nommé Asgard ou Walhalla, situé dans le ciel, à côté du Soleil et de la Lune, est relié à la Terre, Midgardr, où vivent les hommes, par un pont nommé Bilfröst, qui se manifeste sous la forme d'un arc-en-ciel. Ce palais céleste fut construit par un géant, aidé de son cheval Svaldifari. Il fut convenu que, si le géant parvenait à bâtir ce palais dans un délai imparti, il aurait pour récompense la déesse vane Freyja, le Soleil et la Lune. Pour éviter de payer ce salaire exorbitant, qui les aurait privés à la fois des principaux luminaires cosmiques et de l'éternité, les dieux utilisèrent une ruse. Loki, le maître des métamorphoses, se changea en une jument en chaleur, sur laquelle se précipita Svaldifari, laissant le géant seul à la tâche. Le géant entra alors dans une colère si terrible que les dieux, effrayés, demandèrent à Thor de lui briser le crâne avec son marteau. Des œuvres de Svaldifari et de la jument Loki naquit un cheval à huit pattes, nommé Sleipnir, qu'Odin choisit comme coursier.

    Dans l'Eddas, recueil de récits mythologiques, on apprend que les ases furent en lutte avec les géants du givre, qu'ils massacrèrent, notamment le premier d'entre eux, Ymir, dont le corps dépecé et coupé en morceaux donna naissance au monde.

     

    Les Walkyries

    Dans la mythologie scandinave, les Walkyries, ou Valkyries, sont des vierges guerrières, filles de l'ase Odin. Grandes, belles, à l'allure fière et hiératique, elles ont des yeux très bleus et de longs cheveux blonds épais comme des cordages de navires. Elles portent des casques ailés ou cornus, se couvrent la poitrine de cuirasse de fer et chevauchent des coursiers volants. Lorsqu'une bataille doit avoir lieu sur Terre, opposant des clans rivaux, Odin envoie les Walkyries assister au combat. Chacune d'entre elles choisit le héros qui lui semble le plus vaillant et le plus valeureux pour l'emporter, s'il est mortellement atteint, jusqu'au Walhalla, lieu céleste où résident les dieux et les guerriers blessés. Leur rôle s'apparente donc à celui des anges gardiens dans la religion chrétienne.

    Les guerriers ainsi élus se retrouvent dans une vaste salle dont les murs sont revêtus de boucliers, de lances et d'épées sanglantes. Ils s'y livrent des combats violents, mais leurs blessures guérissent miraculeusement et ils se réunissent ensuite joyeusement auprès d'Odin pour manger du porc rôti et boire de l'hydromel ou de la bière forte, versés dans des cornes par les belles et fières Walkyries, qui, de guerrières, deviennent alors servantes.

    Entre chaque bataille, les Walkyries parcourent la Terre en empruntant la forme de cygnes blancs, proches en cela des waclygean, femme-cygnes de la mythologie celtique. Certaines d'entre elles choisissent de déserter le Walhalla pour s'installer sur terre comme simples mortelles. Elles sont alors réputées non seulement pour leur beauté mais aussi pour leurs dons de guérison.

    Richard Wagner s'est inspiré de cette mythologie ainsi que de La Chanson des Niebelungen, rédigée au début du XIIIè siècle, pour composer son opéra La Walkyrie Brünnhilde, ou Brynhildr, qui désobéit à Odin en donnant malgré tout la victoire à un guerrier promis à la mort. Odin la punit en la plongeant dans un profond sommeil, couverte d'un bouclier et protégée d'un mur de feu. Elle est délivrée par le héros Sigurd, qui la dépouille de sa cuirasse et l'éveille d'un baiser. Ils s'aiment, mais lorsque Brünnhilde apprend que Sigurd lui préfère la magicienne Gudrun, elle s'immole par le feu après que son amant a été assassiné par traîtrise. Parmi les inspirations de Richard Wagner, il faut également citer un personnage historique, la reine mérovingienne Brunehilde (appelée Brunehaut en France), veuve de Sigebert qui fut la première Reine de France.

    Les dieux germaniques et scandinaves ne sont pas immortels, puisque leur fin est consommée lors du Ragnarök, l'Apocalypse germanique  et scandinave que Wagner a popularisé sous le nom de " Crépuscule des dieux ". Le loup monstrueux Fenrir, enchaîné par les ases, rompt ses liens et dévore le Soleil et la Lune, tandis que le serpent de Midgardr émerge et provoque un déluge. Les géants empruntent Bilfröst, le pont de l'arc-en-ciel, et envahissent le Walhalla, où ils tuent les ases, aidés par Fenrir et le serpent. Le monde des dieux est détruit, mais le Soleil reparaît sur Terre, où un homme et une femme, miraculeusement rescapés, repeuplent un monde désormais privé de dieux.  

     

     

     

     


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