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Comme beaucoup d'alchimistes, les anciens maîtres de la philosophie taoïste préconisaient la recherche d'une " Voie" idéale, le Tao, principe d'ordre et d'unité à la fois immanent et transcendant, en quoi toutes les contradictions apparentes se résorbent .
L'équilibre parfait résulte de la synthèse harmonieuse de deux courants d'énergie opposés : le yin et le yang, c'est-à-dire le féminin et le masculin. Accéder à cet équilibre subtil, c'était, croyait-on, parvenir à l'extase et à l'éternité. A défaut d'immortalité, le taoïsme admettait qu'il était possible, grâce à certaines pratiques physiologique de prolonger la durée de vie.Les adeptes les plus fervents se livraient à toutes sortent d’exercices spirituels afin que leur corps "distille" en quelque sorte une certaine quantité de yang : c'est ce que l'on appelait l' " alchimie sexuelle ".
L'alchimie interne du Tao offre des ressemblances frappantes avec certaine pratiques du tantrisme indien. Au cours de sa méditation, l'adepte du tantra se concentre pour visualiser sa colonne vertébrale interne, dite sushumma, qui représente l'axe du cosmos. Le long de la sushumma est fixée une série de " roues " ou chakras : on en compte généralement six, plus une septième au sommet du crâne.
La chakra inférieure correspond au bassin : à cet endroit dort le serpent Kandalini, lové autour d'un phallus interne, le lingam, dont il tient l'extrémité dans sa bouche. Au moyen de divers exercices de yoga, il est possible d'éveiller Kandalini, qui s'étire et pénètre dans la sushumma. Le but recherché est de faire atteindre à Kandalini le sommet du crâne, siège d'une union sexuelle transcendante.Grâce à la parfaite maîtrise de son corps, le disciple est investi de pouvoirs réels ou imaginaires. Et notamment, dit-on, celui de la transmutation des métaux en or. Là encore, le mercure et le soufre jouent un rôle important, comme on peut le constater dans un ancien traité : " Si l'on mélange du mercure à un poids égal de soufre, on obtient un remède efficace contre la lèpre ; mélangé à trois fois son poids de soufre, il guérit les états de langueur et de morbidité ; ajouté à quatre fois son poids de soufre, il chasse les cheveux blancs et les rides ; avec cinq fois le même poids de soufre, c'est un remède contre la consomption ; si l'on porte le poids de soufre à six fois celui du mercure, alors on obtient une panacée capable de guérir tous les maux. "
Les analogies sont donc frappantes entre l'alchimie occidentale et orientale. Mais on constate toutefois une différence importante : la sexualité ne joue apparemment aucun rôle dans l'alchimie médiévale européenne, pas plus qu'aux siècles suivants. Il faudra attendre la traduction des manuscrits taoïstes et tantristes, à la fin du XIXè siècle, pour que les sociétés ésotériques introduisent le sexe dans la quête alchimiques. Citons ici la Golden Dawn Society ou encore l'Ordre Templis Orientis fondé par Karl Kellner en 1906. Aleister Crowley, qui fut membre de ces deux sociétés, était un prosélyte acharné de cette nouvelle orientation donnée au Grand Oeuvre et fonda bientôt sa propre secte basée sur la magie sexuelle. Sans oublier les psychiatres fascinés par la symbolique alchimique, pour lesquels le sexe est le ressort de tous les actes humains.
Au XXè siècle, la technologie a accompli le vieux rêve des alchimistes : la transmutation de la matière est réalisée. Pourtant les alchimistes modernes poursuivent toujours leurs recherches avec les méthodes traditionnelles. Mais revenons en
arrière, aux XVIIIè et XIXè siècle, qui virent le développement spectaculaire des sciences expérimentales. Les travaux des chimistes comme Lavoisier, Priestley et Davy, la formulation de la théorie atomique par Dalton et les importantes découvertes qui suivirent tant dans le domaine de la physique que dans celui de la chimie, auraient dû sonner le glas de l'alchimie... Et pourtant il n'en fut rien. Il est vrai qu'au XIXè siècle et au début du XXè, les alchimistes délaissant quelque peu les creusets et les cornues, explorèrent plutôt le domaine mystique et spirituel. L'époque le voulait ainsi, qui vit fleurir d'innombrables sociétés occultes, comme celles que nous avons déjà évoquées. Ce fut aussi l'apothéose des Roses-Croix. La plupart de ces sectes offraient une synthèse maladroite des traditions magiques de l'Occident et des bribes mal digérées de philosophie occidentale.C'est alors qu'en 1919 le physicien britannique Ernest Rutherford of Nelson annonce qu'il a réussi expérimentalement la transmutation d'un élément chimique en un autre : il avait transformé de l'azote en oxygène. En fait, la quantité minime d'oxygène ainsi obtenue et le procédé utilisé ne rappelaient en rien les travaux des alchimistes. Néanmoins, cette expérience apportait un démenti éclatant à tous ceux qui déclaraient toute transmutation impossible. Était-ce un espoir nouveau pour le aspirants alchimistes ? En réalité, on savait déjà qu'il existait des transmutations naturelles : les éléments radioactifs présents dans la nature se désintègrent progressivement en émettant des radiations. Celles-ci frappent de nouveaux éléments qui deviennent radioactif à leur tour. Il se forme ainsi une chaîne de désintégrations successives qui aboutit à la formation de plomb stable. Rutherford avait inversé ce processus naturel : en bombardant l'azote avec les rayons alpha, il avait obtenu deux autres corps simples : de l'oxygène et de l'hydrogène.
Parmi ceux à qui cette première réussite allait insuffler un nouvel espoir, citons Franz Tausend, un chimiste munichois de 36 ans. Il avait échafaudé sa propre théorie de la structure de la matière, mélange pour le moins curieux des doctrines de Pythagore, qui considérait l'Univers comme une combinaison d'harmonies musicales, et des plus récentes découvertes de la chimie moderne. Tausend avait publié un opuscule intitulé 180 éléments, leur masse atomique et leur intégration dans un système de périodes harmoniques. Il affirmait que chaque atome était caractérisé par une fréquence liée à la masse de son noyau et à la disposition concentrique des électrons autour de ce dernier.
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