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Les lignes de Nazca*
Quand les premiers conquistadors forcent les portes de l'Empire inca, ils ont un instant l'illusion que les terres plates qui s'ouvrent devant eux seront faciles à conquérir. Ils déchantent vite : sous leurs yeux se dresse bientôt la formidable masse de la Cordillère des Andes.
Tout l'Empire inca est dans ce contraste entre une plaine côtière et semi-désertique et des sommets qui défient l'entendement humain. Là est bien le royaume de la démesure, et l'homme a dû lutter pendant des millénaires avant d'apprivoiser un tel paysage. Les Incas ne sont que les derniers maillons d'un immense effort humain pour survivre dans cette contrée. Le souvenir des premiers habitants s'est perdu dans la nuit des temps.
On a seulement retrouvé les signes que ces ancêtres des Incas gravaient dans la pierre, leurs poteries et, parfois, des traces de leur architecture.
Ces marques se nomment Chimù ou Chanchan au nord du Pérou, Pachacàmac (près de Lima), Ica et Nazca au sud du pays.C'est dans la région de Nazca, bien connue des archéologues, qu'ont été découvertes les plus belles poteries polychromes des cultures préincaïques ; ainsi que des tissus et des motifs de broderie qui forcent encore notre admiration, tant leur technique est élaborée et tant les dessins sont originaux.
Faire resurgir ici une histoire oubliée n'est pas facile. Les pampas sont d'immenses étendues désertiques de sables et de cailloux, battues toute l'année par des vents qui empêchent la faune et la flore de prospérer.
Il est également difficile d'imaginer que des hommes aient pu vivre sur ces terres désolées, y croître et se multiplier.En 1927,Toribio Mexta Xesspe, un pilote de l'armée de l'air péruvien survole la région de Nazca et aperçois sur le sol, d'incroyables lignes droites et courbes qui se croisent sur des kilomètres. Encore plus incroyable : parmi ces lignes, il distingue nettement des figures qui représentent des oiseaux, des animaux, ...des hommes ! en plein désert.
L'aventure mystérieuse de Nazca ne fait que commencer.
1929, Ducan Masson, un ingénieur écossais, remarque d'étranges sillons sur le sol. Intrigué, il loue un avion et effectue une nouvelle reconnaissance aérienne du site. A son tour, il est stupéfié par le complexe réseau de lignes et de figures courant sur le sol...
1939, le professeur américain Paul Kosok, venu sur place, relève toutes les figures géométriques de Nazca, non sans difficulté, tant elles sont nombreuses et mêlées.
Les dessins apparaissent disséminés principalement entre l'océan Pacifique et la Cordillère des Andes, sur une surface d'environ 500 Km², dans la pampa de Vallacuri. La plus forte concentration se trouve entre la Palpa et Nazca, à proximité du Rio Ingenio.
Répertorier ces lignes n'est guère aisé : même d'un avion volant à
2 000 m, on n'en distingue pas la fin. Cette multitude, cet enchevêtrement et cette apparente confusion peuvent laisser les observations pantoises.
Mais, avec un peu d'attention, on voit soudain ce réseau grouillant s'organiser autour de quelques lignes dominantes. De sorte que l'on a l'impression de survoler des pistes d'atterrissage, une sorte d'Orly revu et corrigé par des surréalistes...
Le tout garde aspect de rigueur géométrique. Les figures ne sont pas moins surprenantes. La plus connue, et celle qu'on distingue d'emblée, est une sorte d’araignée géantes, longue d'environ 46 m et remarquablement stylisée. Les pattes se rattachent à une espèce d'abdomen, paraissent dessinées d'un seul trait. On en compte huit.Plus loin, on distingue un singe d'une centaine de mètres de longueur, dessiné en pleine action, sa longue queue se repliant en spirale.
Plus loin encore, on peut voir ce qui pourrait passer pour un condor, long de 180 m, dont les lignes parfaites se détachent sur un fond sombre et uni.
Vient ensuite toute une succession de figures plus ou moins énigmatiques : perroquets, chats, oiseaux à quatre pattes, sauriens, poissons, fleurs, serpents à plusieurs têtes ou objets sans forme connue.
Quel est donc le message de toutes ces figures ? Le plus troublant, c'est que ces figures ne sont pour la plupart visibles que du ciel.
Un soir de 1940, Paul Kokok a vu les derniers rayons du soleil s’effacer dans le prolongement d'une de ces lignes. C'était le 22 juin, jour du solstice d'été. Peut-on parler de coïncidence ?
C'est à Maria Reiche, une astronome allemande que nous devons l'étude la plus poussée et la plus minutieuse sue Nazca. Elle découvre ainsi des spirales en forme de bouquets d'étoiles, de nouveaux dessins d'animaux, dont une "baleine" longue de 27 m. La pureté du trait des figures et leurs précisions forcent son admiration.
Elle fut aussi intriguée par la figure du "chandelier", qui s'étale sur 183 m de long, sur le flanc d'une colline, et dont les deux branches verticales passent très exactement à 100 m du sommet de la colline.
Un autre fait la trouble : dans leur grande majorité, les figures à flanc de colline représentent des hommes. Elle se demande si tous ces dessins ne symbolisent pas les constellations visibles dans le ciel, celle de la Grande Ourse en particulier.
Les photos aériennes lui livrent une vue d'ensemble plus large. En bonne mathématicienne, elle en conclut que nombre de ces lignes droites sont des arcs de cercle. De plus, absence de cassure dans les courbes lui suggère des connaissances géométriques poussées. Une telle rigueur dans les formes n'indique-t-elle pas que les Nazcans étaient aptes à une pensée conceptuelle et abstraite ?
Bref, plus l'astronome allemande avance dans ses recherches, plus le mystère de Nazca s'épaissit. Maria Reiche dirige alors ses pensées vers l'analyse géométrique des différentes lignes, et notamment vers la recherche de leur unité de mesure.
Autre point important : la présence de cercle. Comment les Nazcans n'auraient-ils établi aucun lien entre cette figure et la roue ?
D'hypothèse en hypothèse, Maria Reiche a fini par conclure que l'unité de mesure du site de Nazca étaient bien inscrites à l'intérieur des figures et des lignes, mais qu'elle était " codée " et, par conséquent, indéchiffrable pour nous.Parallèlement à ces travaux, de nombreux sceptiques viennent se pencher sur Nazca et émettent à leur tour leurs hypothèses. Le professeur américain Arthur C. Clarke ne voit dans le site aucun mystère, mais le simple désir des hommes d'inscrire sur le sol des signes qui leur assureront une sorte d'immortalité. Contre cet argument, les objections du plus élémentaire bon sens pleuvent. Il y a bien autre chose derrière l'énigme de Nazca. Mais quoi ?
Extrait de Inexpliqué 1981
La suite de ce mystère dans " Nazca et les aéronautes "
Tags : nazca, ciel, lignes, site, fut
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