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Les dragons*
Depuis des millénaires, le mythe des dragons hante l'imagination des peuples de la Terre entière. Mais est-on bien sûr qu'il s'agit d'un mythe ? La figure menaçante du dragon est toujours là, tapie au creux d'horribles légendes. Et la figure héroïque de l'homme qui cherche à le combattre se dresse toujours. On l'appelle Persée, Mardouk, Hercule, Siegfried ou Saint-Georges.
Mais le dragon renaît éternellement de ses cendres, toujours vivant dans l'imagination populaire. S'il faut en croire les traditions, il crache le feu et dors au fond des étangs, en montant la garde devant d'inaccessibles trésors. Attention à son sang : il contient de foudroyants poisons.
Au moins dans le domaine littéraire, la race des dragons est toujours prospère. Ainsi, selon J.R.R. Tolkien, le dragon Smaug veille-t-il sur les richesses accumulées au creux d'une montagne.En France, à Tarascon, la fameuse tarasque, une sorte de mannequin figurant un animal monstrueux, est promenée chaque année dans toutes les rues de la ville en souvenir d'un monstre fabuleux et amphibie qui faisait régner la terreur dans la région des bords des Rhône, avant d'être, selon la légende, apprivoisé par sainte Marthe.Pour les celtes et les romains, le dragon était un symbole guerrier.
L'écrivain romain Marcellus a raconté comment était entré dans Rome, a la tête de cohortes qui portaient des enseignes frappées de dragons : " Le vent agitait ces enseignes comme si les dragons avaient été vivants et prêts à semer la destruction ".
Dans la littérature celtique le mot " dragon " désigne un chef. Un pendragon est un chef suprême, élu pour faire face dans les périodes de danger ou de troubles.
Avec la légende de saint Georges, le dragon entre dans l'épopée de la chevalerie courtoise. Le gout de ces dragons pour les jeunes et belles vierges est assez saisissant.Il existe de nombreuse variante qui reprennent ce thème.
Sans vouloir accorder trop d'importance aux légendes qui décrivent tant de dragons, on peut se demander sur quels faits réel s'appuient ces contes. Après tout, les dragons ne sont peut-être que des extrapolations mythiques d'animaux qui ont vécu, mais qui ont pu disparaître...
Certains animaux préhistoriques, par exemple, pourraient parfaitement passer pour des dragons.
Le ptérodactyle, ce reptile volant de l'ère secondaire, à ainsi de nombreux attribut de dragons de nos légendes.
Le plésiosaure, reptile marin qui hantait les rivages de notre continent il y a cent cinquante millions d'années, les possèdent également. Certain fossile de plésiosaures ont été récemment découverts en Europe; les spécimens mesuraient jusqu'à 9 m et possédaient des mâchoires armées de plus de 80 dents.
S'ils avaient pu survivre depuis l'ère secondaire, certains de ces reptiles auraient été susceptibles de terroriser les premiers hommes et d'imprimer leur image dans l'inconscient collectif de nos ancêtres.
C'est l'hypothèse du professeur Carl Sagan, un des scientifiques les plus doués de sa génération.
Dans " Les dragons d’Éden ", Carl Sagan écrit : " Les fossiles les plus récents remontent à 60 millions d'années. Les premiers représentants de la lignée humaine sont apparus voici 10 millions d'années. Ne peut-on imaginer que ces créatures anthropoïdes aient pu rencontrer le Tyrannosaurus Rex ? Est-il possible que des dinosaures aient survécu à l'extinction de leurs congénère, à la dernière période du Crétacée ? ". Aussi téméraire soit-elle, cette hypothèse a de quoi séduire...
Au Moyen-Age, les moine copistes interprétaient tout à fait différemment l'existence des dragon dans nos mémoires. Pour eux, qui enluminaient les manuscrits de toutes sortes d'animaux fabuleux, chaque créature de leur bestiaire fantastique avait une signification. Le phénix était le symbole de la résurrection; La panthère représentait le Christ. Le dragon, lui, n'était autre que l’Antéchrist. Une allégorie caractéristique affirme ainsi que la panthère dîna, puis dormit trois jours. A son réveil, elle bailla et tout les animaux suivirent son souffle embaumé, à l'exception du dragon, le seul ennemi de la panthère, qui se cacha, terrorisé par ce souffle qui pouvait l'anéantir.
Le Bestiaire de Guillaume le Clerc de Normandie, qui remonte à 1210, montre le dragon combattant l'éléphant - le symbole d'Adam - en le frappant de sa queue et en s'enroulant autour de ses pattes ....
La lutte entre l'éléphant et le dragon est attestée chez le romain Pline l'Ancien, qui écrit :
" Aux Indes vivent les plus gros éléphants, et aussi les dragons, qui sont leurs ennemis et qui les attaquent sans cesse. Les plus grands d'entre-eux s'enroulent autour des éléphants en formant un nœud."Pour le naturaliste antique, les dragons étaient des animaux réels, qui avaient leur place dans toute bonne classification zoologique.
En 1658, Edward Topsell écrit une "Histoire des serpents", qui contient des descriptions précises et détaillées de différentes sorte de dragons souvent accompagnées de gravures réalistes.
Le " serpent-dragon " vient ainsi s'ébattre près de son proche parent, le serpent. Le " dragon-reptile " voisine de même avec le caméléon Les "dragons de l'Inde", décidément à l'honneur, retrouvent leurs cousins d'Ethiopie et de Phrygie :
" Ils ont, affirme l'auteur, d'énormes bouches qui leur permettent d'avaler tout entières de nombreuses créatures, homme ou animaux. "
L'auteur est enfin remarquablement précis pour signaler les propriétés médicinales du corps du dragon : leur graisse est ainsi destinée à soigner les ulcères. Leur tête sert à prévenir le strabisme, et leur langue, conservée dans du vin, protège des " incubes ", succubes et autre démons cauchemardesques.
Pour les anciens cartographes, le dragon était un animal familier :
" Cette contrée est déserte et toute pleine de dragons et de serpents géants ", écrivaient-ils quand ils avaient à dessiner une contrée inexplorée. Pour eux, les dragons étaient des symboles de l'inconnu et ils en parsemaient leurs cartes exotiques en les plaçant parmi des girafes et des éléphants.Cette présence sur les cartes anciennes, d'animaux mythiques mêlés à des animaux réels est probablement due à une interprétation hâtive et erronée des récits des grands voyageurs. On a ainsi vu que l'alligator de Chine décrit par Marco Polo s'est mué en un genre de dragon sous le crayon et le pinceau d'un dessinateur d'époque.Le corps gigantesque de quelques grands serpents, comme le python ou le boa constrictor, a également pu frapper les imaginations. Bien que ces serpents soient dépourvus des attributs classiques des dragons, il est fréquent qu'ils soient ainsi baptisés par ceux qui subissent leur présence.
Ainsi en 1878, en Inde, après une chasse au python mangeur d'hommes, les habitants d'un petit village ne parlait plus que du dragon.
Le varan de Komodo est, lui aussi, souvent appelé " dragon de Komodo", sans doute à cause de sa taille impressionnante, qui peut dépasser les 3 m de son long corps couvert d'écailles, de ses courtes pattes et de sa tête véritablement hideuse. Par contre il ne vole pas et il est en voie de disparition dans son habitat des îles indonésiennes.
Même si serpents, crocodiles et grands lézards possèdent quelques traits qui pourraient être ceux des dragons de nos légendes, on ne peut raisonnablement les assimiler à ces créatures fabuleuses, ni même considérer qu'ils sont à l'origine de ces légendes.
Si les dragons n'ont aucune réalité animale, ne peut-on considérer, dans ce cas, qu'ils ne sont que des symboles d'éléments cosmique ? C'est le sens que leur donnent les chinois, qui considèrent les dragons comme entités bénéfiques.
Surprenant retournement de situation qui nous ouvre un monde d'étranges interprétations...
Extrait de " Inexpliqué " 1981
Tags : dragon, legende, serpent, ainsi, animaux
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