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Une prophétie de Nostradamus
En 1556, Nostradamus, qui vient de publier un très étrange livre intitulé
Centuries et Prophéties de Nostradamus, est reçu par M. de Florinville dans son château de Fains, en Lorraine. M. de Florinville est un esprit fort qui ne croit ni aux devins ni aux prophètes. En invitant chez lui le médecin de Salon, il a comme on dit, une idée derrière la tête. Il veut lui jouer un tour.- Sauriez-vous, monsieur Nostradamus, interroge-t-il en souriant, dire l'avenir de personnage étrangers à notre race ?
- Bien sûr, répond Nostradamus
- Entendez moi bien reprend M. de Florinville, je veux parler d'animaux...
- J'avais compris, dit Nostradamus
- Parmi ces animaux, celui-ci est le plus grossier. Il s'agit...
- ... de deux cochons de lait, dit Nostradamus
Le rire de M. de Florinville se fige :
- Comment le savez-vous ?
M. de Florinville, accompagné de quelques amis, conduit son hôte à la porcherie où se trouve effectivement deux cochons de lait, l'un rose et blanc, l'autre rose, taché de noir.
- Je vous écoute, dit le châtelain ; quel est votre horoscope pour chacun de ces animaux ?
Nostradamus n'hésite pas.
- Celui-ci, dit-il en désignant le cochon blanc, sera dévoré par un loup. Quand au noir, c'est vous même qui le mangerez !
- Nous verrons si cette prophétie se réalise, dit M. de Florinville.
Après quoi, pour faire mentir la prophétie, il va trouver son cuisinier :
- Nicolas, tu vas tuer le cochon blanc et l'apprêter sur le champ pour que nous le mangions ce soir.
Le repas est succulent. Les assiettes sont vides. Ravis du bon tour qu'il vient de jouer à Nostradamus, il se tourne vers lui et lui dit :
- Savez-vous ce que vous avez mangé, monsieur Nostradamus ?
- Oui, dit le médecin, du cochon de lait...
- Hé oui, monsieur ! Et précisément celui qui devait - d'après votre horoscope - finir sous la dent du loup !... Vous voyez comme il est facile de faire mentir vos prophéties... Non, tout cela n'est que sornettes et stupidités, je viens de vous en donner la preuve... Fort heureusement, dans notre siècle éclairé, ces billevesées de charlatan ne peuvent abuser que des enfants, des vieilles femmes ou des illettrés... Mes amis, buvons à la Raison !...
Tout le monde applaudit et l'on trinque. Lorsque les verres vides sont reposés sur la table, Nostradamus qui a écouté le discours de M. de Florinville sans manifester la moindre impatience ni le moindre agacement, tourne la tête vers le châtelain :
- Et le cochon noir, dit-il simplement, où est-il ?
- Tout frétillant, à la porcherie !
- J'aimerai le voir...
- Rien de plus facile. Suivez-moi...
Et tous les convives se rendent à la porcherie derrière M. de Florinville.
Là, une surprise les attend : il n'y a plus de cochon noir...- Où est-il, demande Nostradamus en souriant, je ne le vois pas...
- Attendez, il doit être quelques part... Où est le cochon noir, demande t-il au cuisinier ?
- Il n'est plus là, dit le cuisinier en baissant la tête.
- Comment il n'est plus là ?
Nicolas se met à tortiller son bonnet et raconte qu'ayant tué le cochon blanc pour le préparer, il était en train de beurrer un plat quand un jeune louveteau à demi apprivoisé, à qui les servantes donnent parfois un morceau de viande, est entré dans la cuisine et a dévorer l'animal...
- Alors, ajoute le cuisinier, je suis allé tuer l'autre cochon, le noir, et c'est celui-là que vous avez mangé ce soir...
Nostradamus avait le triomphe modeste. Il se contenta de dire :
- Il y a sous les étoiles beaucoup plus de merveilles qu'on ne croit...
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Un jour qu'il traverse Savone, en Italie, il croise dans la rue un jeune moine et s'agenouille brusquement devant lui. " Relevez-vous, dis le moine.
- Non. Un chrétien doit s'agenouiller devant le pape... Puis-je solliciter une bénédiction ? "
Le moine le bénit en souriant et poursuivit son chemin. Trente-cinq ans plus tard, ce moine qui s'appelait Felice Peretti, était plus connu sous le non de Sixte Quint, et il était pape...
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Nostradamus avait un laboratoire en haut de sa maison. Un matin, il travaillait prêt de sa fenêtre et, de la rue, on ne voyait que son bonnet.
Un bonnet carré que tout le monde connaissait bien à Salon-de Provence.
Une jeune fille passa et vit le bonnet. Elle cria " Bonjours, monsieur
de Nostre-Dame ! "
Et Nostradamus, sans bouger, répondit : Bonjour, fillette ! "
Or, la jeune fille allait à un rendez-vous galant dans le bois voisin.
Et là, il se passa des choses. Et le soir, quand elle rentra, elle vit de nouveau le bonnet carré et cria : " Bonsoir, monsieur de Nostre-Dame ! "
Et Nostradamus répondit : " Bonsoir, petite femme !... "Extrait et adaptation de " Histoire Magiques de l'Histoire de France " de Guy Breton et Louis Pauwels
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