• Montségur, le tombeau des cathares*

    Vers 1160, alors que, de tous côtés, les schismes et les hérésies se multipliaient, surtout la doctrine cathare, qui détournait de la religion catholique les meilleurs serviteurs de la foi, clercs ou laïcs, l'Eglise s'émeut.

    Les chefs de l'hérésie cathare, dans le Midi occitan comme en Italie, sortaient, en effet, pour la plupart, des familles de la noblesse et de la haute bourgeoisie.

    Une intense activité commerciale facilitait les échanges spirituels.

    " Mais, note Fernand Niel, le côté le plus impressionnant de la civilisation occitane demeure l'extraordinaire mouvement littéraire des troubadours, qui surprend par son ampleur. On compte, en effet, plus de cinq cents troubadours connus, des comtes, de simples chevaliers, des ecclésiastiques ou des fils de bourgeois. "

    Cette littérature avait pour thème principal l'amour courtois, symbolisé par le mot paratge, qui présente les vertus d'honneur, de loyauté et de droiture s'appliquant sur l'amour de la dame aussi bien qu'au domaine politique et religieux. L'idéal troubadouresque tend vers l'absolu et s'exprime dans l'analyse sentimentale par l'amour platonique et détaché de la chair. Les poètes-chanteurs étaient tous pénétrés de la mystique cathare qui aspire à l'amour divin et, au temps des persécutions, ils seront les plus fidèles servants de la cause albigeoise.
    Les leys d'amors qu'ils avaient fixées ne comprenaient pas moins de trente et une prescriptions. " Et, fait singulier, elles posaient comme principe suprême que la "minne" ( ou amour courtois ) excluait toute idée d'amour corporel ou de mariage. La minne représente l'union des âmes et des cœurs, le mariage, l'union des corps. Le mariage signifie la mort de la minne et de la poésie. L'amour, simple passion, s'évanouit vite avec la jouissance sensuelle. Quiconque porte en son coeur la véritable minne ne désire point le corps de sa bien-aimée ; il ne souhaite que son cœur ; la vrai minne est pure et incorporelle.

    Cependant, les nuages s'amoncelaient dans le ciel occitan. Sentant venir le danger, les cathares voulurent s'assurer d'une place où ils pourraient se réfugier en cas d'attaque. Déjà les château de Quéribus, Puylaurens et Peyrepertuse leur étaient acquis. Mais c'est Montségur, au coeur des Pyrénées ariégeoises, que les hérétiques avaient choisi comme aut lieu spirituel. A cet effet, ils demandèrent à Esclarmonde de Foix et au seigneur du lieu Ramon de Perelha, tous deux fervents albigeois, de relever le château de Montségur qui était en ruine, ce qui fut fait.

    " C'est ainsi que Montségur, la citadelle qui protégeait la montagne sacrée du Thabor, fut fortifié et organisé. Semblable à une arche, il put, un demi-siècle encore, braver le flot de sang et de crimes, bientôt, allait déferler sur la Romanie et noyer sa culture et sa civilisation, nous dit Otto Rahn ".

    Car c'est bien à une guerre de sécession que l'on va assister : le Midi se dresse tout entier contre les armées du Nord ( 20 000 chevaliers, 200 000 fantassins ) qui, rassemblés à Lyon, débouchent par la vallée du Rhone le 24 juin 1209, en provenance de tous les pays du nord de la Loire.

    Otto Rahn a laissé une description haute en couleur de ces barbares venus du Nord qui voulaient parachever la conquête des provinces méridionales commencées 700 ans auparavant par Clovis :

    " En tête chevauche le sombre et irréconciliable abbé de Citeau, le "chef des forces chrétiennes contre les hérétiques albigeois ". Semblable à un cavalier de l'Apocalypse, il galope, le froc au vent à travers le pays qui n'adore pas son dieu à lui. Derrière lui, l'armée des archevêques, évêques, abbés, prêtres et moines. Aux côtés des princes de l'Eglise chevauchent les princes laïcs dans leurs armures étincelantes d'acier, d'argent et d'or. Puis viennent les chevaliers pillards avec leurs reîtres livrés à eux-mêmes : Robert Sans-Avoir, Qui-ne-boit-pas-d'eau... Dieu sait leurs noms !...

    " Ensuite, les citadins et paysans, et ensuite, par mille et mille, la racaille d'Europe : les ribauds, les truands et, dans les temples de Vénus montés sur quatre roues, les gourgandines de tous les pays possibles. "

     

    Et c'est la prise et le sac de Béziers, le 21 juillet, où toute la population est massacrée (20 000 personnes), hérétiques et orthodoxes mêlés dans l'église de la Madeleine : " Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens " se serait écrié le légat du pape. Puis c'est le tour de Carcassonne, qui voit Arnaud-Amaury s'emparer par félonie du vicomte Trencavel et de ses meilleurs chevaliers en les attirant sous prétexte de pourparlers.

    En 1230, la petite ville de Lavaur voit les " croisés " récidiver dans leurs exactions : tous les habitants, sans distinction de confession, d'âge ou de sexe, sont passé au fil de l'épée, et la châtelaine du lieu, Géralda, est jetée vivante dans un puits que l'on comble de pierres. Les cathares donnent ainsi la mesure de leur courage et de leur foi. A Goslar, ils préfèrent être pendus plutôt que d'égorger un poulet. A Minerve, dans l'Hérault, où ils se rendent à Simon de Montfort, après une résistance acharnée, cent cinquante hérétiques se jettent volontairement dans les flammes en chantant des cantiques. Là où le génie humain semblait s'être concentré, reposaient plus d'un millions de morts, c'est à dire plus que n'en coûta la suppression de toutes les autres hérésies.

    La principale cause du grand massacre albigeois, la cause cachée, mais la vraie, avait été que le secret des sanctuaires, l'antique enseignement des mystères si jalousement gardé dans tous les temples du monde par toutes les confréries, avait été révélé, et l'on avait alors compris que ce qui arrivait dans ce temps ne s'était jamais vu encore dans l'histoire de l'Univers.

    Pourtant, Montségur, temple du catharisme, dressait encore, comme un défi à l'orthodoxie, ses murailles inviolées. Déjà, en 1209, Guy de Montfort avait reculé devant le siège difficile de cette montagne. C'est le meurtre des inquisiteurs dominicains d'Avignonet qui devait décider du siège et de la chute de la forteresse. L'investissement du Pog commença au printemps de l'année 1243, mais six mois plus tard, le siège n'était pas plus avancé. Les cathares, bénéficiant de nombreuses complicités dans tous le pays, et sans doute dans l'armée royale, communiquaient avec l'extérieur.

    Des messages d'encouragement leur parvenaient d'Italie, du Saint Empire germanique et même de Constantinople. L’évêque cathare Bertrand d'En-Marti encourageait les assiégés.

    Finalement, le sénéchal de Carcassonne, Hugues des Arcis, qui dirigeait
    la '' croisade ", put venir à bout de la résistance par trahison. Un guide, connaissant un chemin secret, conduisit un groupe armé sur la plateforme sommitale. Une chronique rapporte que, le jour venu, les volontaires de l'escalade nocturne sursautèrent d'horreur à la vue de l’invraisemblable chemin gravi pendant la nuit.

    Désormais la reddition de la forteresse n'était plus qu'une question de temps. Le 1er mats 1244, une trêve fut signée entre les parties, et, finalement, le 16 mars, la citadelle se rendait.

    Deux cents cathares, parmi lesquels cinquante Parfaits, refusant d'abjurer leur croyance, préféraient mourir sur le bûcher ériger dans un champ qui rappelle par son nom le sacrifices des hérétiques :  le champ des Crémats ( ou champ des brûlés ). 

    Quant au trésor des hérétiques, Pierre Roger de Mirepoix reçut la permission de l'emporter. Il consistait en objet précieux, monnaies d'or et d'argent. Mais qu'en était-il du véritable trésor des cathares, spirituel celui-là, le Graal ?

    Les documents de l'inquisition confirment que, la nuit précédant la capitulation, quatre albigeois furent descendu par deux cordes le long de la paroi vertigineuse et parvinrent à s'échapper dans les montagnes emportant avec eux l'objet sacré. La tradition raconte que lorsque le Graal fut sauvé, une flamme s'alluma sur la montagne voisine de Bidorta, annonçant aux cathares de la forteresse qu'ils pouvaient mourir en paix. Le Graal, pierre ou livre sacré, fut sans doute caché dans une des nombreuses grottes du Sabarthez.

     Ce qui éclaire la légende que receuillit Otto Rahn de la bouche d'un vieux berger :

    " Du temps que les murailles de Montségur se dressaient encore, les cathares y gardaient le Saint-Graal. Montségur était menacé. Les armées de Lucifer assiégeaient ses murailles. Elles voulaient le raal, pour le réinclure dans le diadème de leur prince, d'où il était tombé lors de la chute des anges. Alors, au moment le plus critique, descendit du ciel une colombe blanche qui, de son bec fendit en deux le Thabor. Esclarmonde, la gardienne du Graal, jeta dans l'intérieur de la montagne le joyau sacré. La montagne se referma, et ainsi fut sauvé le Graal. Lorsque les démons entrèrent dans le château fort, ils arrivèrent trop tard. Furieux, ils firent périr par le feu tous les purs, non loin du roc qui porte le château, au champ des Crémats, le champ du bûcher...

    " Tous les Purs périrent par le feu, sauf Esclarmonde de Foix. Quand elle sut le Graal en lieu sûr, elle monta au sommet du Thabor, se mua en colombe blanche et s'envola vers les montagnes de l'Asie. Esclarmonde n'est pas morte. Aujourd'hui encore, elle vit là-bas, au paradis terrestre. "

    En fait, le message cathare n'était pas perdu. Il allait inspirer de nombreux courant secrets de l'histoire...

     


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