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Léviathan*
Ce monstre issu de la mythologie phénicienne est devenu chez les Hébreux une incarnation du mal. D'après l'Apocalypse d'Esdras et l'Apocalypse de Baruch, livres apocryphes de la Bible, Dieu créa Léviathan et tous les monstres aquatiques au cinquième jour de la Création. Comme pour toutes les créatures vivantes, Dieu en créa tout d'abord deux spécimens, l'un mâle et l'autre femelle. Mais il craignit qu'en se multipliant ils ne détruisent toute vie sur terre. Alors il fit périr l'un des deux monstres, et conféra à l'autre l'immortalité à titre de compensation.
La description la plus complète de Léviathan est donnée par Dieu
lui-même dans le Livre de Job :
" Sa vue seule suffit à terrasser. Personne n'est assez féroce pour l'exciter... La terreur règne autour de ses dents ! Son dos, ce sont des rangées de boucliers, que ferme un sceau de pierre. Ils se touchent de si près qu'un souffle ne peut s'y infiltrer. Ils adhèrent l'un à l'autre et font bloc sans fissure. Son éternuement projette de la lumière, ses yeux ressemblent aux paupières de l'aurore. De sa gueule jaillissent des torches, il s'en échappe des étincelles de feu. De ses naseaux sort une fumée, comme un chaudron qui bout sur le feu.
Son souffle allumerait des charbons, une flamme sort de sa gueule.
Sur son cou est campée la force, et devant lui bondit l'épouvante.
Quand il se dresse, les flots prennent peur et les vagues de la mer se retirent. Les fanons de sa chair sont soudés ensemble :
ils adhèrent à elle, inébranlables. Son coeur est dur comme le roc, résistant comme la meule de dessous. L'épée l'atteint sans se fixer, de même lance, javeline ou dard. Pour lui, le fer n'est que paille, et l'airain, du bois pourri. Les traits de l'arc ne le fond pas fuir :
les pierres de fronde se changent en fétu. La massue lui semble un fétu, il se rit du javelot qui vibre. Il a sous lui des tessons aigus, comme une herse il passe sur la vase. Il fait bouillonner le gouffre comme une chaudière, il change la mer en brûle-parfum. Il laisse derrière lui un sillage lumineux, l'abime semble couvert d'une toison blanche.
Sur terre il n'a point son pareil, il a été fait intrépide. Il regarde en face les plus hautains, il est roi sur tous les fils de l'orgueil. "Chaque soir, au crépuscule, Dieu s'amuse pendant trois heures avec Léviathan, sa créature la plus formidable. Mais au jugement dernier, il le mettra à mort, à en croire l'Apocalypse du prophète Isaïe dans l'Ancien Testament : " Ce jour-là, Yavé châtiera, avec son épée dure, grande et forte, Léviathan, le serpent tortueux ; il tuera le dragon qui habite
la mer. "Le Léviathan est également présent dans le folklore provençale, qui narre les amours entre le monstre marin et la bounge, vipère gigantesque portant sur le front une escarboucle, comme la vouivre, et qui rejetait sur ses poursuivants un jet de boue brûlante qui les réduisaient en cendre.
Avant de se baigner dans le lac salé de Tatt, en Galatie, où vivaient les Gaulois, la Bounge déposa sur le bord de son escarboucle, devenant subitement aveugle. Léviathan en profita pour la rejoindre et s'unir avec elle, concevant ainsi un nouveau monstre marin, le Tharascouros, qui devint la Tarasque.
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Commentaires
2goldstein avigdorJeudi 19 Novembre 2020 à 18:353goldstein avigdorJeudi 19 Novembre 2020 à 18:36
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Merci de citer vos sources. Ce texte est tout droit recopié de La petite encyclopédie du Merveilleux d'Edouard Brasey....