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Les stigmatisés*
Un vendredi au mois de mars 1901, une jeune fille italienne priait devant un grand crucifix quand elle " tomba " dans une extase qui allait changer sa vie. Elle se nommait Gemma Galgani. Elle était orpheline et âgée
de 23 ans. Elle désirait devenir religieuse passionniste, mais avait été rejetée à cause de sa maladie, une tuberculose de la moelle épinière. Cette simple, tranquille et dévote jeune fille devint alors domestique dans le couvent local.Mais son extase la transporta hors de l'ordinaire, puisqu'elle lui fit ressentir les souffrances de Jésus-Christ, son agonie et sa respiration, qui correspondait à chaque coup de fouet reçu ! Quand Gemma fut retrouvée par sa mère adoptive, ses bras et son dos étaient couverts de blessures comparables à des marques de fouets. Ses vêtements étaient tachés de sang.
A partir de ce moment et jusqu'à ce qu'elle meure, c'est-à-dire deux ans plus tard, ces stigmates apparurent avec une régularité étonnante tous les jeudis. Ils disparaissaient le lendemain.
Son biographe, le père Germano Di Stanislao, a décrit comment ses blessures se développaient, sans douleur, comment, lentement, elles devenaient rouges, sur les paumes et le dessus des deux mains.
Sous l'épiderme, une déchirure dans la chair s'ouvrait au fur et à mesure de l'extase. Peu de temps après, la peau éclatait et, sur les mains innocentes, apparaissaient les marques de blessures faites dans la chair. Elles étaient très profondes et pleine de sang à demi coagulé.Le vendredi, les blessures se fermaient rapidement, laissant uniquement une marque blanche jusqu'au dimanche. Selon le père Germano, l'endroit où se situaient les marques variait de semaine en semaine : elles apparaissaient quelquefois sur les mains ou sur les pieds, quelquefois elles saignaient à travers la peau demeurée intacte. D'autres fois, des clous munis de grosses têtes pouvaient être aperçus dans la blessures, à l'extérieur de boursouflures de chair et de sang coagulé.
En dépit du scepticisme de certains, il n'était pas possible de douter de la réalité du phénomène de ces stigmates : cela faisait plusieurs fois qu'il apparaissait sous observation médicale. Bien que les preuves les plus importantes de l'évidence du phénomène soient entre les mains de l'Eglise catholique et inaccessibles, nous avons suffisamment de témoignage pour établir leur réalité ( médecin et photos ).
Le mot " stigmate " s'applique aux blessures infligées à Jésus-Christ au cours de son arrestation, de sa Passion et de sa mort, telles qu'elles sont reproduites sur les corps du stigmatisé. Ces blessures correspondent traditionnellement à celle faites par les clous dans les mains et les pieds du Christ, et par la lance sur le côté de la poitrine. Il y a aussi des stigmates supplémentaires : marques de flagellation sur le corps, trou sur le front, comme ceux faits par la couronne d'épines, épaule déformée par le poids de la croix portée le Jésus-Christ ou, plus bizarrement, de curieux symboles imprimés sur le cœur et sur d'autres organes.
Les stigmates véritables ont des caractéristiques physiologiques très intéressantes, qui les différencient des blessures ordinaires. Le sang qui s'en échappe est un sang artificiel clair. Les blessures restent ouvertes durant longtemps, quelquefois des années, avec une entière inhibition du procédé de cicatrisation normal, sans être touchées par une quelconque inflammation ou infection.
D'une façon qui demeure peu compréhensible, ces blessures peuvent s'ouvrir et guérir spontanément, mais elles sont habituellement associées à un état de transe par lequel le stigmatisé revit les souffrances de la passion du Christ, qui fournit le " modèle " de ce que subit le corps des stigmatisés. Contrairement à toutes les autres sortes de blessures, la plupart des stigmates apparaissent de façon régulière, certains durant le Carême et Pâques, d'autres lors de journées consacrées aux fêtes de l'Eglise, d'autres enfin tous les vendredis, surtout le vendredi saint.
En février 1981, Marthe Robin, 78 ans, mourut à Valence : elle avait supporté ses stigmates durant 53 années, au cours desquelles ils saignaient tous les vendredi.
Bien que saint Paul ait écrit : " Aucun homme ne me trouble, car je supporte en mon corps les marques du seigneurs Jésus ", nous n'avons aucune preuve de l'existence des stigmates jusqu'en l'année 1224 : François d'Assise fut alors stigmatisé pendant une retraite spirituelle sur le pont Alvernia, dans les Apennins. En priant à l'extérieur de son antre, il vit un séraphin ailé dans le ciel et s'évanouit.
Son biographe, Thomas Celano, décrivit ces blessures uniques trois années après la mort du saint, en 1226 :
" Ses mains et ses pieds semblaient percés par des clous, la tête des clous apparaissant dans la partie intérieur des mains et sur le côté supérieur des pieds... Son côté droit, tout comme s'il avait été percé par une lance, était recouvert d'une cicatrice qui saignait souvent, à tel point que sa tunique et son caleçon étaient tachés de sang. "
Il était intéressant de noter que Celano ne décrit pas seulement une blessure, mais une sorte de clous et une sorte de masse textile logé dans la blessure. Les clous de ses pieds " ressortaient " tellement que François ne pouvait marcher.
Cet événement dramatique causa alors une vive et profonde émotion sur l'imagination médiévale.
Bientôt d'autres cas furent rapportés. Des stigmatisations véritables et spontanées, observées par des témoins et bien répertoriées, se sont reproduites jusqu'à nos jours. Il est vrai qu'elles peuvent être plus fréquentes aujourd'hui que par le passé.
Le docteur Imbert Goubeyre tenta de dresser une liste des stigmatisés en 1894, et il recensa 321 cas. Une étude menée dans les années 1950 par une autorité reconnue compétente en la matière, le père Herbert Thurston, a estimé ce chiffre trop faible : beaucoup de cas ne sont pas mentionnés par le docteur Goubeyre, pour différentes raisons. Ensuite, un grand nombre de stigmatisés, pieux et dévoués, ont sans doute préféré garder leur secret comme un " cadeau ", celui-ci étant seulement connu des proches et des confesseurs.
Une autre statistique curieuse est l'extraordinaire proportion de femmes stigmatisées : le docteur Goubeyre répertoriait seulement 41 hommes, dont un seul entièrement stigmatisé. D'autres hommes stigmatisés sont cités par le père Thurston et par l'écrivain Montague Summers, mais ils ne présentent pas toutes les marques traditionnelles de la Passion du Christ, ou ne souffrent pas de saignements périodiques.
Le seul autre cas connu de stigmatisé complet est celui du capucin
Pio Forgione, dont l'humble vie se déroula au monastère de San Giovanni, à Foggia, en Italie. Il est mort en 1968. En 1915, âgé de 28 ans, il sortit d'une longue méditation avec une forte douleur dans les mains.
Trois années plus tard, il se trouvait, seul, dans le chœur de l'église, célébrant la fête de la stigmatisation de François d'Assise, quand son cri fit accourir ses frères. Ils le trouvèrent inconscient, saignant abondamment des cinq endroits traditionnels, ceux des blessures du Christ. Il pria ses frères de garder le secret. En vain !L'adulation publique fut si ardente qu'il fut constamment observé. Ses blessures consistaient en de grande dépressions circulaires dans les paumes, semblant quelquefois transpercer celle-ci. Le révérend Charles Carty fut appelé par le supérieur qui avait examiné les blessures peu après leur apparition. Carty jura qu'il avait vu clairement à travers les trous.
La blessure au côté gauche de Pio était formée de deux marques en forme de croix peu profondes mais couvertes d'une croûte et très douloureuses. Elle saignait en abondance, au point de remplir même une tasse certains jours !
Madeleine de Pazi, une sœur carmélite, fut considérée comme un cas curieux. Après une étude attentive, le docteur Eric Dingwall a été amené à croire qu'elle était " un exemple d'un exhibitionnisme flagellatoire et masochiste ". Entre ses " transports ", elle vivait des intervalles de temps durant lesquels elle sentait les " tentations " de son corps et se roulait dans des buisson d'épines ou se frottait avec des bouquets d'orties.
Elle commençait à croire qu'elle était attaquée et se mettait à battre l'air autour d'elle, à jeter des pierres à ses assaillants invisibles, ou à se tordre en convulsions sur le sol. Naturellement, le Diable fut rendu responsable, de toute évidence outragé par la " sainteté " de Madeleine.L'étude de la variété des stigmates est surprenante : Catherine de Ricci, qui mourut en 1590, Gemma et bien d'autres présentaient quelquefois des épaules déformées et se plaignaient de ressentir une douleur et un poids très lourd, comparable à une croix invisible. Au XIIIè siècle, Helena Brumsin présentait des marques de flagellation, tout comme Anna Katharina Emmerich, quelque six cents années plus tard.
Archangela Tardena " vécut ", en 1608, une extase qui laissa aveugle pendant plusieurs années, les stigmates et les marques de flagellation demeurant visibles sur son corps, lui-même resté intact bien après sa mort.Catherine de Sienne cachait ses stigmates. Les blessures pouvaient encore être aperçues quand son corps fut dispersé à travers toute l'Europe pour servir de relique... Les blessures de Marie Francis, morte en 1791, perforaient entièrement ses mains. Son confesseur, plus d'une fois, plongea le bout du doigt à travers elles. Celles d'Elisabeth de Herkenrode, sœur cistercienne belge du XIIIè siècle, perdent aujourd'hui encore du sang, alors que, dans les années 1880, une autre stigmatisée belge, Louise Lateau, perdait du sang chaque vendredi à partir de petites marques rouges et ovales sur la paume de ses mains, qui ne présentaient pourtant aucune déchirure. Claire de Brigny, nonne italienne du XVè siècle, présentait une blessure pectorale qui saignait d'une façon alarmante, avant d'être entièrement stigmatisée. Comme beaucoup de stigmatisés, Madeleine de la Croix, qui reçut les marques 39 années avant sa mort, en 1560, avait été surprise en pleine lévitation.
La plus célèbre des stigmatisée du XXè siècle est peut-être Teresa Neumann. Tout comme Louise Lateau, elle était issue d'un milieu très pauvre et était employée comme domestique, jusqu'à ce qu'une mystérieuse maladie l'empêchait de travailler. En 1926, âgée de 28 ans, elle fut spontanément guérie après une extase qui la laissa stigmatisée. Pendant 32 ans, presque tous les vendredis, elle perdait du sang des mains, des pieds, du côté et du front, quelquefois en grande quantité. Ensuite elle retrouvait son état normal jusqu'au dimanche.
A cette époque, elle était sous surveillance médicale, dans le village bavarois de Konnersreuth, et elle était suivie de près par l’évêque de Ratisbonne. Les docteurs l'examinaient et décrivaient fréquemment ses blessures, qui présentaient les formations initialement observées chez François d'Assise. Un des praticiens remarqua que au fur et à mesure que les années passaient, les blessures qui avaient été remarquées sur le dos des mains se développaient aussi sur les paumes.
Selon Johannes Steiner, qui a écrit, en 1967, une biographie de Teresa Neumann et qui a publié une série de photos représentant les blessures rectangulaires de sa main, aucune nourriture ni aucun liquide, excepté l'hostie de la communion et le vin, ne franchirent ses lèvres durant les trente-cinq dernière années de sa vie. Diverses observations, émanant de différents docteurs, ont confirmé ce fait !
Plus encore, ses fonctions cessèrent après 1930 et son appareil digestif se " dessécha ". Cependant, en dépit de ce phénomène, elle resta parfaitement active, ayant des extases et des visions jusqu'à sa mort, en 1962...
Beaucoup d'autres mystiques, stigmatisés ou personnes se soulevant par lévitation, ont aussi subsisté de cette façon !
Des cas de stigmatisés continuent à être rapportés. De tous ceux qui peuvent être cités, deux présentent un intérêt particulier.
Le premier est celui de la petite Cloretta Robinson, qui était âgée de dix ans lorsqu'elle fut stigmatisée pendant 19 jours, aux Pâques de 1972.
Elle fut observée par deux psychiatres qui rapportèrent qu'ils avaient vu, sous leur microscope, des gouttes de sang couler à travers des morceaux de peau de ses paumes. Ces marques ne revinrent jamais, mais ce cas est remarquable ; non seulement Cloretta est une petite Américaine normale, et pas du tout mystique, mais encore il s'agit de la première petite stigmatisée noire et non catholique...L'autre cas est celui de Teresa Musco, qui est morte en 1976. Comme il est dit dans le National Enquirer du 11 janvier 1977, il s'agissait d'une pauvre couturière italienne qui avait prédit qu'elle à l'âge de 33 ans.
Elle fut stigmatisée en 1969 et, quoique presque illettrée, dans ses moments de transe, elle arrivait à parler et à écrire en araméen ! Ses mains étaient complètement percées. En sa présence, on vit une statue perdre du sang. Son corps ne présenta aucune rigidité cadavérique durant les sept premiers jours qui suivirent sa mort. Inévitablement, un mouvement pris naissance, et fit une sainte de cette simple et dévote fille...L'Eglise est restée plus réservée. Aujourd'hui, la question se pose : ces stigmates sont-ils dus en fait à Dieu, au Diable, ou à des supercherie ?
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Commentaires
Merci à toi. Il est question de a remarque sur les blessures aux poignets dans la seconde partie. N'oublie pas tous les témoins directe de Padre Pio qui saignait devant une foule de fidèle. Son cas a été attesté authentique par tout ceux qui ont étudié son cas. Il y a quelques chose et la cause nous est encore inconnue. La nature humaine est si complexe !3Binet Jean-RaymondVendredi 25 Janvier 2013 à 12:56Je suis entièrement d'accord que ce mystère reste encore entier sur certaines incohérences, malgrès mes profonds doutes concernant les stigmatisations infligées ou tout autres faits en rapport avec la crucifixion de Jésus ..même si certaines ont été certifiées ou authentifiées par des experts ou témoins de l'époque...tout comme pour le mystère de Teresa Musco une personne illettrée arrivant à écrire en Araméen, de la statue qui pleure avec des larmes de sang etc...Le réalisateur Rupert Wainwright s'en ai inspiré pour le fameux film "Stigmata".
Merci Giovanni
4Jean-Pierre MathyVendredi 25 Janvier 2013 à 17:06Moi aussi mon cher Jean-Raymond, j'ai vu ce film "Stigmata" avec un grand intérêt et je dois avouer qu'il m'a beaucoup plu ... Depuis mes 15 ans, et poussé en cela par mon Initiateur, je me suis investi à fond dans l'ésotérisme et l'étude des phénomènes inexpliqués, de même que dans la lecture approfondie des textes non reconnus par le Canon de l'Eglise catholique, ces textes dits "apocryphes". J'ai, à mon tour, sévi dans de nombreux cycles de conférences tant en France qu'en Belgique sur ces sujets ô combien intéressants à plus d'un titre et je continue encore aujourd'hui, malgré une santé défaillante, à m'investir dans la recherche et la Connaissance. Au moins, je suis à peu près certain de ne pas mourir complètement idiot ! ;-)
Merci encore de tout coeur à Giovanni et à toi singulièrement mon JRB pour des raisons qui n'appartiennent qu'à nous ... Semper fidelis ...
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LaComtesseauxpiedsnuSamedi 24 Mars 2018 à 22:08article intéressant et exhaustif
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Le cas de Thérèse Neumann a fait l'objet de toute mon attention depuis que j'ai lu le chapitre du livre de Paramhansa Yogânanda : "Autobiographie d'un Yogi" et qui lui entièrement consacré. Le Maître est allé lui rendre visite lors d'un séjour en Europe.
Tout comme Jean-Raymond Binet, ce qui me laisse perplexe, c'est le positionnement des stigmates aux mains et qui se situent dans la paume alors que des études scientifiques sérieuses ont démontré que la crucifixion de Jésus avait dû se faire dans les poignets, le poids du corps ne permettant pas la crucifixion dans les paumes qui se seraient déchirées ... D'autres explications ont été aussi avancées, arguant que comme le Crucifié subissait également l'implantation de clous aux pieds, les mains ne subissaient pas une trop grande traction et justifiaient l'emplacement de ces clous dans la paume.
Quasi impossible de se faire une opinion exacte vu l'absence totale de témoignages directs ... Ce qui précède n'empêche pas la réalité du phénomène des stigmates dont nombreux sont reconnus comme authentiques.
Merci encore à Giovanni pour le travail méticuleux de recherche.