• Les procès des loups-garous*

     

    Les procès des loups-garous

    En un peu plus de cent ans, on a enregistré en France , 30 000 procès de loups-garous conservés dans les archives locales. 

    En 1573, dans la ville de Dole, le loup-garou Gilles Garnier est accusé d'avoir ravagé les campagnes avoisinantes et d'avoir dévoré de jeunes enfants. Après avoir confessé ses crime, il périt sur le bûcher. 

     Quelques années plus tard, dans une autre localité, des paysans découvrirent le corps sanglant et horriblement mutilé d'un jeune garçon de 15 ans. Deux loup, qui s'acharnaient sur le cadavre, s'enfuirent dans les taillis à l'approche des hommes. En poursuivant les bêtes sauvages, ils tombèrent presque aussitôt sur un homme à demi nu accroupi dans les buissons. La créature avait un aspect bestial, avec sa barbe, ses cheveux long et emmêlés, et ses ongles immenses, acérés comme des griffes, auxquels étaient encore accrochés des lambeaux de chair sanguinolents. 

    L'homme s'appelait Jacques Rollet, un simple d'esprit qui obéissait à son appétit cannibale. Il était en train de déchiqueter le corps du jeune garçon lorsqu'il fut interrompu par l'arrivée des hommes. Y avait-il réellement des loups ou non ? La force de suggestion les avait-elle fait voir aux paysans ? On n'a jamais pu le déterminer avec certitude.

    Mais il est certain que Rollet se prenait pour un loup et que c'est sous cette emprise et de cette folie qu'il avait tué et dévoré plusieurs personnes. Il fut condamné à mort mais la sentence fut commuée en un internement dans un asile de fou. La raison l'avait emporté sur le fanatisme, car là était bien la place de ce malheureux. D'autre cas troublant défièrent les annales.

     Le Loup-Garou

    Autre cas typique de lycanthropie, celui de Jean Grenier, au début du XVII è siècle. Ce garçon de treize ans, à demi idiot, présentait un faciès canin fortement accusé. Il se prenait pour un loup-garou. Un soir, il se complut à terrifier un groupe de fillettes de son âge en leur affirmant qu'à la tombée de la nuit il se transformerait en loup et les dévorerait.

    A quelques jours de là, une fillette, qui était sortie à la nuit pour rentrer ses moutons, fut attaquée par une créature que, dans son affolement, elle prit pour un loup, mais dans laquelle on reconnut par la suite Jean Grenier. Elle se défendit vigoureusement à coups de houlette et réussit à s'enfuir en courant jusqu'à sa demeure. Comme plusieurs enfants avaient auparavant disparu dans des circonstances mystérieuses, on soupçonna Grenier.

    L'affaire fut portée devant le parlement de Bordeaux. Le jeune garçon confessa qu'une nuit, deux ans plus tôt, il avait vu apparaître le diable.
    Il avait,dit-il, signé un pacte avec le maître des ténèbres, qui lui avait fait cadeau d'une peau de loup. A partir de ce moment, il avait pris chaque nuit l'apparence de cette bête sauvage et avait écumé les campagnes, retrouvant sa forme humaine au lever du jour. Il avait ainsi tué et dévoré plusieurs enfants qu'il avait rencontrés à travers champs. Il raconta même qu'une fois, profitant de l'absence des parents, il était entré dans une chaumière et avait emporté un enfant au berceau.

    Après enquête minutieuse, tous les forfaits avoués par Jean Grenier se révélèrent exacts - du moins en ce qui concerne le cannibalisme. Aucun doute ne subsiste : les enfants disparus avaient bien été tués et en partie dévorés par l'adolescent, et il est certain que celui-ci se prenait effectivement pour un loup.

    A notre époque, la lycanthropie ne fait plus l'objet de superstitions religieuses et est entrés dans le domaine de la pathologie, mais, de temps à autre, des loups-garous continuent à semer la terreur.

    C'est ainsi que trois d'entre eux, disait-on, hantaient les Ardennes belges juste avant la Première Guerre Mondiale. A la même époque, en Ecosse, la rumeur publique accusait un berger des environs d'Inverness d'être un loup-garou. En 1925, la même accusation fut proférée à l'encontre d'un jeune garçon d'un petit village alsacien proche de Strasbourg.

    En 1930, un loup-garou terrorisa la banlieue parisienne, à Bourg-la-Reine. Pierre Van Paasen relate cet épisode dans son livre Days of our Years (1939)

    En 1946, une bête mystérieuse présentant toutes les caractéristiques du loup-garou ravagea une réserve navajo, en Amérique du Nord.
    A Rome, en 1949, la police eut à enquêter sur un étrange cas de lycanthropie : tous les mois, à la Pleine Lune, un des citoyens de cette ville était en proie à d'inquiétantes hallucinations et poussait des hurlements à faire dresser les cheveux sur la tête.

    Les procès des loups-garous

     A Singapour, une série d'agressions mystérieuses posa une énigme aux autorités anglaises : des loups-garous, murmurait-on, s'attaquaient aux pensionnaires malaises d'un foyer d'infirmières situé sur l'île principale. 
    Une nuit, l'une des infirmières s'était réveillée en sursaut pour apercevoir " une horrible face bestiale, aux cheveux plantés si bas sur le front qu'ils atteignaient la racine du nez et dont la bouche laissait dépasser des crocs acérés ". Ce mystère ne fut jamais éclairci. Pas plus que celui de la jeune Rosario do Sul dans le sud du Brésil, en 1978 : cette collégienne de seize ans était en proie à des visions démoniaques et prétendait que l'esprit d'un loup féroce s'était emparé d'elle.

    En 1975, les journaux anglais rapportaient la tragique histoire d'un jeune homme de 17 ans, originaire du village d'Eccleshall, qui se croyait sur le point de se muer en loup-garou. Pour mettre un terme à ses souffrance morales, il se plongea un couteau à cran d'arrêt dans le cœur. Une enquête fut ouverte après sa mort et l'un de ses compagnons de travail révéla que le malheureux lui avait téléphoné avant son geste fatal : 
    " Il m'a dit, déclara le témoin, que son visage et ses mains changeaient de couleur et qu'il était en train de devenir un loup-garou. Puis il s'est tu, et j'ai alors entendu des grognements. "

    Cette aventure navrante montre, s'il en était besoin, que le mythe du loup-garou, bien qu'il repose essentiellement sur l'ignorance superstitieuse, n'a pas perdu son emprise sur les esprits simples. L'imagerie populaire représente le loup-garou comme une créature bestiale et velue, dressée sur ses deux jambes et s'exprimant par des grognements gutturaux, tandis que sa bouche écumante laisse apparaître des crocs sinistres. C'est là une image qui est devenue familière au public après des film célèbres. Elle n'en est pas moins inexacte. Si l'on consulte en effet les récits mythologiques ou historiques, on voit que les loup-garou n'apparaissent guère différents des véritables loups, encore qu'ils soient généralement plus grand.

    Les procès des loups-garous

    Une autre erreur largement répandue est celle qui conduit à assimiler les loups-garous aux lycanthropes. La lycanthropie est un cas pathologique. On désigne sous le nom de lycanthrope un malade mental atteint d'une psychose particulière : il se croit, à tous égards, transformé en loup, mais ne subit aucune transformation physique. Notons qu'au XVe et au XVIè siècle, on croyait que le pelage des loups-garous se développait sous leur épiderme. Et plus d'un lycanthrope a prétexté de cet argument pour expliquer que ses semblables le voyaient toujours comme un être humain.

    Le loup-garou relève en revanche de la tradition fantastique. Il s'agit d'un homme qui, grâce à des pouvoirs particuliers, se métamorphose en loup et qui de ce fait assume tous les caractères que l'on attribue à cet animal : puissance musculaire, agilité, ruse et férocité, et ce au grand dam de ceux qui croisent son chemin. Cette forme animale peut-être temporaire ou définitive.

    Les procès des loups-garous

    Lorsque Peter Srump, loup-garou notoire, fut supplicié à Cologne en 1589, il avait auparavant révélé au tribunal, dans les moindres détails, les épisodes de sa métamorphose. Nous serons enclins aujourd'hui à le considérer comme un illuminé et à juger excessive la crédulité de ses juges. Il n'en demeure pas moins qu'il avait de la sorte tué, dépecé et dévoré des centaines de victimes, tant animales qu'humaine, bien qu'en ce qui concerne ces dernières, il n'en ait jamais avoué que seize.
    Il semble tout aussi certain qu'il s'agisse d'un malade mental atteint de lycanthropie.

     Cette appellation dérive directement du grec Lycos, c'est-à-dire " loup " et anthropos qui " homme ". Ce terme désignait à l'origine un homme capable de se métamorphoser en loup, mais il s'applique aujourd'hui exclusivement à un type d'hallucination bien connu des psychiatres.

    En ce qui concerne les loups-garous proprement dits, la tradition veut qu'ils conservent, après leur métamorphose, deux de leurs caractéristiques : leur voix et leurs yeux. Pour le reste, ils deviennent véritablement des animaux dotés d'une fourrure hirsute et de griffes puissantes.

    Les procès des loups-garous

    Par ailleurs, certains indices trahissent le loup-garou qui a repris son apparence humaine. On dit par exemple que ses sourcils se rejoignent au dessus de son nez, ou que ses ongles, généralement longs et spatulés présentent une teinte rougeâtre typique, comme un répugnant reflet sanglant. Toujours en ce qui concerne les doigts, le majeur est souvent particulièrement long? parmi les autres signes révélateurs, citons les oreilles, implantées assez bas et en arrière sur la tête, et des mains et des pieds velus.

    Comment explique cette croyance aux loups-garous ?

     


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