• Les Mammouths - La disparition*

     

    Les Mammouths - La disparition

    C'est en 1799 que les paléontologues découvrent le premier squelette complet de mammouth. Depuis, on continue à se poser une même question : pourquoi ces animaux gigantesques ont-ils brusquement disparu de la surface de la Terre ?

    L’Aortique reste une des régions les plus mystérieuses du globe. Les océanographes et les géologues ont commencé depuis peu à sonder ses profondeurs.

    Un des aspects les plus curieux est la couche de permafrost qui court le long des côtes de la mer des Laptev, en Sibérie du Nord, jusqu'en Alaska et qui traverse ensuite le Canada jusqu'à la baie d'Hudson.
    C'est une couche de boue gelée, une sorte de soupe constituée de sable, de cailloux, de coquillages, de matières végétales et de restes à demi décomposés de millions d'animaux de toutes tailles, du petit rongeur au tigre à crocs de sabre et au bœuf musqué, jusqu'au plus grand de tous, le mammouth, l'éléphant de l'Arctique.

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    De tous ces restes d’intérêt géologique, le fossile de mammouth de Sibérie, est celui qui a retenu le plus d'attention. Les mammouths ont disparu depuis au moins douze mille ans, et on ne cesse depuis deux siècles d'en retrouver, ensevelis dans les glaces. Comment ces animaux ont-ils pu vivre dans ces régions inhospitalières et pourquoi et comment ont-ils disparu ?
    Ces questions divisent les scientifiques depuis la fin du siècle dernier.

    La date de l'apparition sur terre de ces mastodontes reste incertaine. On sait seulement qu'ils prospèrent pendant le pléistocène ( ère qui commença il y a 2 millions d'années et qui se termina à peu près 10 mille ans avant le début de l'ère chrétienne ). Ils formaient une des trois espèces de la famille des Elephantidés, dont les éléphants d'aujourd'hui font aussi partie.

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    Le mammuthus méridionalis semble être originaire d'Europe et d'Asie. Il est sans doute l'ancêtre de l'éléphant actuel. Le mammuthus imperator a vécu des milliers d'années au Canada et en Alaska avant de disparaître soudainement. Le mammouth de Sibérie est celui qui dura le plus longtemps. On a retrouvé des os fossilisés jusque dans le Wyoming et près du lac Michigan alors que son habitat naturel était la Russie du Nord, surtout la Sibérie. On pense que des troupeaux d'au moins 50 mille têtes parcouraient ces immenses territoires à la recherche de quantités considérables de nourriture nécessaires à leur subsistance.

    Les quelques reste de mammouths retrouvés en Amérique du Nord appartiennent au type commun préhistorique. Ce sont principalement des restes de squelettes à différents stades de fossilisation et de détérioration.
    C'est en Sibérie que l'on a découvert les corps les plus complets. Ils étaient si bien conservés - congelés par la nature - que les défenses géantes étaient utilisées pour faire des ornements et des ustensiles de la vie quotidienne.

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    Il y a au moins deux mille ans que les Chinois et les Mongols connaissent l'existence de ces dépôts d'ivoire souterrains. Aux XIIIe et XIVe siècle, les marchands arabes se rendaient en Russie pour acheter les gigantesques défenses et ce commerce fluorisait à l'intérieur de la Russie.
    Au XVIè siècle, grâce aux grands de ce monde, comme Marie, reine d'Ecosse, le jeu de billard se popularisa et l'ivoire devint très recherché.
    Ce que les Russes appelaient Mamontova-Kosty - ou ivoire de mammouth - figurait en bonne place dans les échanges commerciaux entre l'Angleterre, la France et Saint-Petersbourg.

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    Curieusement, personne ne connait l'origine exacte du terme Mammouth.
    On sait seulement que les Sibériens utilisaient le mot Mammat. On suppose que c'est une déformation du Behemot, que l'on trouve dans le livre de Job. Les chasseurs sibériens qui cherchaient et transportaient cet ivoire précieux à travers les étendues glacées croyaient qu'un rat géant, aux dent immenses, vivait sous terre et venait mourir à la surface. Cela aurait été une terrible malédiction d'en rencontrer un vivant. Les énormes boîtes crâniennes et les long os donnèrent naissance à une autre croyance populaire. On en fit les restes de géants qui auraient habité la terre avant le Déluge, des créatures mi-bêtes, mi-hommes, que Noé aurait laissé derrière lui.

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    C'est un diplomate hollandais, du nom de Evert Ysbrand Ides, qui le premier, fit la relation entre la mammouth de Sibérie et l'éléphant actuel. Chargé d'une mission , il voyageait vers la Chine quand il entendit les Chinois et les Mongols raconter comment ils avaient retrouvé des mammouths ensevelis dans la glace. Il s'intéressa beaucoup à ces récits et, de retour de son expédition, il publia un livre où il démontrait qu'il s'agissait là de restes d'éléphants qui existaient " avant le Déluge ".

    Pierre le Grand, très intrigué, chercha alors à savoir si ces grands éléphants vivaient encore dans une partie éloignée de son immense territoire. Un explorateur sibérien, Michel Wolochowicz, lui affirma qu'il avait trouvé le corps d'un de ces pachydermes en train de dégeler sur les berges du fleuve Indighirka, près des côtes de l'Arctique, en Sibérie du Nord. Malheureusement, des loups s'étaient attaqués à la dépouille et il ne restait plus guère que le squelette.

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    Voici le témoignage de Wolochowicz :

    " Sur une dune, je vis un morceau de chair putréfiée, épais et brun. Cela ressemblait à des poils de chèvre, mais ce n'était pas une peau de chèvre.
    C'était sûrement un behemot. Je n'ai jamais rien vu qui ressemble à ça."

     C'est l'explorateur Khariton Laptev qui, dans un écrit de 1743, émit l'hypothèse que ces animaux étaient en fait morts depuis très longtemps, mais qu'ils avaient été préservés de la décomposition :

    " On a déterré sur les berges de plusieurs rivières de la toundra des mammouths entiers. La peau est intacte mais la toison et le corps sont en voie de décomposition ainsi que les os. Quant aux défenses, elles sont parfaitement conservées. "

    Pendant tout le XVIIIe siècle, les zoologues se passionnèrent pour les mammouths de Sibérie. Mais ils en restaient aux suppositions.

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    Tout changea quand, en août 1799, on mit au jour un spécimen très bien conservé dans le delta du fleuve Lena. On doit cette découverte à un chasseur d'ivoire du nom de Shumakov. Il était aussi chef d'une tribu, celle des makov. Il était aussi chef d'une tribu, celle des Tungus, et croyait aux superstitions concernant les mammouths. Il aperçut un jour une forme gigantesque prise dans la glace. Il s'enfuit, effrayé. L'année suivante, il passa au même endroit. Le bloc de glace avait quelque peu fondu. Il regarda de plus près et distingua la forme d'un immense animal.
    Quand il revint, en 1801, la glace avait continué à fondre et on pouvait apercevoir une partie de l'animal. Shumakov, terrifié, crut qu'il allait mourir car il venait de jeter un regard sur " un rat vivant ".

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     De fait, il tomba malade, mais, à sa grande surprise, il se rétablit. Il en conclut donc qu'il était protégé. Guéri de sa terreur, il retourna sur le site, en 1803, et trouva l'animal complètement dégagé de la glace. De nouveau repris par la peur, il alla consulter son " revendeur ", un homme du nom de Roman Boltunov. Ce dernier, après avoir pris soin de subtiliser les défenses, décida de faire connaitre la découverte du mammouth. Il en exécuta un croquis qu'il envoya au professeur Mikhail Ivanovich Adams, de l'Académie des sciences de saint-Pétersboug

    Devant l'importance de cette découverte, le professeur Adams mit immédiatement sur pied une expédition. Quand ils arrivèrent sur place, l'animal n'était plus intact. Les loups avaient dévoré la partie qui n'était plus protégée par la glace, la trompe et une patte de devant.
    Heureusement, le crâne n'avait pas souffert. Il était toujours recouvert de peau, et une oreille, l’œil gauche ainsi que la plus grande partie du cerveau s'étaient bien conservés. Le côté encore congelé était presque complet et la peau à long poils gisait sous le corps.

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    En prenant de multiples précautions, Adams démembra le cadavre pour pouvoir le ramener à Saint-Pétersbourg. Il fallut dix hommes pour soulever le corps La toison rousse, qui se détacha d'elle-même, ne pesait pas moins de 17 kilos. Quand il eut racheté les défenses à Boltunov, Adams envoya le tout à Saint-Pétersbourg. Grâce à ce spécimen, il demeura définitivement que ces mystérieux animaux pris dans les glaces étaient les ancêtres des éléphants.

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    Mais d'autres questions restaient sans réponse. Pourquoi ces créatures avaient-elles disparu ? L'espèce était-elle d'ailleurs vraiment éteinte ? Comment en effet, expliquer qu'un animal " mort avant le Déluge " puisse être si bien conservé ? Ce n'est qu'un siècle plus tard que la découverte d'un autre spécimen, le mieux conservé qui ait jamais été découvert, apporta quelques éclaircissements supplémentaires.

    En août 1900, un groupe de chasseur remarqua qu'un glissement de terrain s'était produit sur les rives de la Berezovka, dans la province de Yakoutsk, en Sibérie du Nord. La tête et les épaules d'un mammouth émergeaient du sol gelé. Les chasseurs s'emparèrent d'une défense avant de rapporter leur découverte au gouverneur de Yakoutsk. Ce dernier fit aussitôt monter la garde auprès de l'animal et informa l'académie des sciences de Saint-Pétersbourg.

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    Otto Hertz, chef du département de zoologie de l'Académie russe des sciences, monta une expédition. Il était accompagné d'un géologue et d'un naturaliste réputés.

    Après un voyage de plusieurs mois à pied et à cheval, ils arrivèrent sur les lieux. Les animaux sauvages avaient un peu endommagé la peau de la tête et une partie avant, mais le mammouth était dans l'ensemble en très bon état, toujours gelé dans le permafrost.

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    Entamant la boue glacée avec des outils en acier spécialement étudiés pour ce travail, les experts réussirent à délivrer le cadavre de sa tombe antédiluvienne. Ils eurent cependant à faire face à un problème majeur : l'odeur insupportable de putréfaction qui envahit les lieux dès que le corps fut dégagé de la glace. Malgré tout, le naturaliste réussit à disséquer le mammouth en prenant bien soin de ne pas endommager la peau.

    Il conserva aussi les organes mous qu'il plaça dans des conteneurs spéciaux pour pouvoir les examiner plus tard. Quand il disséqua la peau des pattes arrière, il trouva une viande rouge sombre qui ressemblait à de la viande de bœuf. Hertz raconta plus tard que lui et  ses hommes avaient d'abord envisagé de la découper en steak et de la faire griller mais qu'ils avaient finalement changé d'avis pour la laisser aux chiens de traîneau.

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    Le corps était celui d'un jeune mâle, haut de 2,70 m. Les pattes de derrière, recroquevillées sous le corps, le pelvis ainsi que la patte avant droite étaient cassés. La peau avait une épaisseur de 1 à 2 cm et était recouverte de deux couches différentes de poils : la première couche était gris-jaune et mesurait 2,5 cm de long ; les poils de la couche supérieure étaient emmêlés : ils étaient de couleur rousse et longs de 15 cm.

    Sous la peau, on trouvait une couche de graisse épaisse d'environ 10 cm.
    Elle était beaucoup plus importante dans la région du poitrail, ce qui provoque cette bosse caractéristique que l'on voit dans les dessins de mammouth des hommes préhistoriques. Beaucoup plus tard, la datation au carbone 14 démontra que le mammouth de Berezovka et le mammouth d'Adams étaient tous deux mort il y a 30 000 ans.

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    On trouva dans la bouche du mammouth de Berezovka de l'herbe et des boutons d'or que, pour une raison mystérieuse, il n'avait pas eu le temps d'avaler. On en conclut que la mort avait été très soudaine. Une analyse du contenu de l'estomac révéla que le mammouth se nourrissait de plantes que l'on trouve encore de nos jours en Sibérie.

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    Se pourrait-il que des mammouths aient survécu ?

     


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