• Les incorruptibles - Ceux qui ne retournent pas à la poussière*

     

    Les incorruptibles - Ceux qui ne retournent pas à la poussière

    Un des plus ancien témoignages écrits dont nous disposons sur l'incorruptibilité des corps concerne sainte Etheldreda, la fondatrice de la fameuse abbaye d'Ely, qui mourut en 679. Seize ans après la mort de la sainte, sa sœur, sainte Sexburga, qui luui avait succédé comme abbesse d"Ely, fit exhumer les restes d'Etheldreda afin de les ensevelir à l'intérieur de l'église. Cette exhumation eut lieu en présence d'un médecin nommé Cynefrid , qui avait opéré Ethedreda d'une tumeur à la mâchoire quelques jours avant sa mort. Bède le Vénérable, qui l'interrogea ensuite, consigna son récit dans son Histoire ecclésiastique de la nation anglaise :

    " Lorsqu'on voulut, après toutes ces années, retirer ses ossements de la tombe, on dressa une grande tente, et toutes les sœurs de la congrégation se tinrent d'un côté et tous les frères de l'autre. L’abbesse, suivie de quelques autres religieuses, s'avança alors pour prendre les ossements afin de les nettoyer, lorsque nous l'entendîmes soudain pousser un cri... Je fus alors appelé. M'avançant sous la tente, j'aperçus le corps de la sainte femme que l'on venait de retirer de la tombe et qui était étendu sur un lit : on aurait juré que celle-ci était simplement endormie. "

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    A mon grand étonnement, Cynefrid nota que la profonde blessure de la mâchoire avait disparu et que l'on ne distinguait " plus la plus légère cicatrice ". Les vêtements dans lesquels la défunte avait été mise en terre étaient également intacts. Le nouveau tombeau de sainte Etheldreda allait devenir l'un des sanctuaires les plus populaires et les plus fréquentés de toute l'Angleterre, jusqu'à ce que Henry VIII fasse raser l'église et disperser les reliques.

    L'un des cas les plus anciens et les plus curieux est celui de sainte Cécile, qui fut martyrisée en 232. Le bourreau chargé de décapiter cette noble Romaine se montra si maladroit qu'il lui porta trois coups de hache sans parvenir à ses fins, et la sainte agonisa pendant trois jours, gisant sur le sol de sa demeure, les mains jointes dans un geste de prière et la tête incomplètement séparée du corps. Revêtue de ses plus riches parures, elle fut placée dans la catacombe de saint-Calixte, dans la position même où elle était morte.

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    En 1822, le pape Pasqual 1er eut une vision qui lui révéla l'emplacement de la sépulture de la sainte, dont il fit transporter la dépouille sous l'autel de la basilique qui lui était consacrée. En 1599, au cours de travaux de restauration de la basilique, la tombe fut à nouveau ouverte, en présence de nombreux témoins. Le sarcophage de marbre renfermait un cercueil en bois de cyprès en bon état. Le couvercle en fut soulevé et la foule confondue put voir la sainte reposant toujours dans la même position. Le corps était dans un parfait état de conversation, avec la profonde blessure du cou bien visible. La dépouille mortelle fut ainsi exposée durant un mois avant d'être replacée sous l'autel, à l'intérieur d'une caisse spécialement exécutée d'après les ordres du pape clément VIII.

    Le sort réservé à la dépouille mortelle du martyr polonais saint André Bobola est encore plus étonnant. Ce missionnaire jésuite fut massacré par les Cosaques en 1657. Après avoir été roué de coups, il fut traîné de ville en ville derrière un cheval ayant d'être en partie écorché vif, et certains de ses membres furent arrachés ou tranchés puis dispersés. On l'enterra hâtivement au cimetière de Pinsk par un été torride, dans un terrain marécageux et parmi un monceau d'autres cadavres. Quarante ans plus tard, alors que les autres corps avaient subi depuis longtemps la putréfaction habituelle, sa dépouille fut retrouvée intacte - si l'on excepte évidemment les blessures qui lui avaient été infligées - et fit l'objet d'un examen médical.

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    En 1917, son corps, toujours bien conservé et présentant une remarquable souplesse, était encore exposé au public. En 1922, les troupes de l'Armée rouge, ayant entendu parler de cet état miraculeux, cernèrent l'église de pinsk et violèrent la sépulture du saint. Après avoir satisfait leur curiosité, les soldats laissèrent le cadavre sur les dalles pendant un certain temps, avant de l'emmener à Moscou. Et il fallut une requête du pape Pie XI en personne, bien des années plus tard, pour que la sainte relique soit rendue aux polonais. Elle est aujourd'hui conservée à Varsovie, dans l'église dédiée à ce saint.

    La plupart des saint que nous mentionnons ici ont connu une mort violente. Et l'on pourrait penser que les blessures béantes ou les germes bactériologiques auraient dû, au contraire, hâter la décomposition des cadavres. Aussi, les esprit sceptiques voient-ils dans cette miraculeuse préservation une légende forgée par la croyance populaire. Certes, c'est parmi les saints et les mystiques de l'église chrétienne que l'on trouve la plus grande proportion de ceux qui selon le mot du père Thurston,
    " on échappé à l'horreur de la tombe ".
    Néanmoins, les catholiques romains n'ont pas le monopole de tels prodiges ; on en trouve des exemples similaires au sein des autres religions.

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    C'est ainsi que les annales chinoises connues sous le nom de Vies des saints bouddhistes font état de cas analogues à ceux rapporté par les autorités catholiques. A certains égards, l'histoire de Hui Neng rappelle celle de saint André Bobola. Ce célèbre patriarche mort en 712 avait été inhumé au monastère de kuo-En, là où il avait dispensé son sage enseignement.

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    Au moment de la chute de la dynastie Song en 1276, les trois mongoles ouvrirent sa sépulture afin de vérifier de visu les rumeurs qui couraient à propos de la préservation miraculeuse du corps du saint homme.
    Au bout de 564 années, la peau du maitre apparu toujours ferme et lisse, sans aucun signe de racornissement. Les profanateurs, voulant vérifier également l'état des organes, ouvrirent le corps et trouvèrent le cœur et le foie en parfait état. Vivement impressionnés, ils repartirent alors sans se livrer à d'autres sacrilèges

    En dépit de la croyance qui voit dans l'incorruptibilité du corps une
    " faveur divine ", les autorités ecclésiastiques n'en concluent pas pour autant à la sainteté du défunt. En 1977, à Espartinas, en Espagne, un caveau familial fut ouvert à l'occasion des funérailles d'un vieil homme.
    Quelle ne fut pas la surprise du fossoyeur et de ses aides lorsqu'ils découvrirent le corps intact d'un des fils du mort enterré là depuis 40 ans.

    Le jeune garçon, José Garcia Moreno, était mort en 1937, à l'âge de 11 ans, des suites d'une méningite. Tout le village défila bientôt devant la tombe, s'émerveillant devant le petit cadavre miraculeusement préservé sous les lambeaux de vêtements qui le couvraient, et supputant que l'enfant avait dû être un saint pour recevoir une telle marque de bienveillance divine.
    Une pétition fut envoyée au Vatican pour demander sa canonisation.
    Toutefois la Congrégation des rites considèrent que des phénomènes surnaturels comme les stigmates, les visions, la lévitation ou l'incorruptibilité ont moins de poids qu'une vie de piété et de vertu exemplaires.

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    Parfois la nature religieuse de l'incorruptibilité est encore moins évidente.
    En 1644, une comtesse hongroise renommée pour sa beauté, Zofia Bosniakova, mourut à l'âge de 35 ans après avoir été mariée deux fois et avoir donné naissance à un fils. Son premier mari, épousé à 17 ans, avait succombé 1 ans après les noces. Le second époux, Franco Wesslenyi, diplomate réputé autant que duelliste invétéré, montrait une humeur bruyante et querelleuse, si bien que la comtesse fit retraite dans son château de Strecno, dans le nord de la Slovaquie, menant une vie austère et pieuse.

    En 1689, lors de travaux de restauration des bâtiments, le cercueil de la châtelaine fut ouvert, révélant sa beauté toujours intacte. Si l'on en croit l'histoire locale, la " Dame de Strecno ", bien qu'elle n'ait point été béatifiée, reposerait aujourd’hui dans une église de Teplice-Sanov, en Tchécoslovaquie, toujours revêtue d'une robe qu'elle confectionna elle-même, et toujours aussi belle après 336 ans.

    L'exemple que nous allons citer maintenant est fort curieux, car, cette fois, l'incorruptibilité n'est pas l'indice d'une vertu hors du commun, bien au contraire ! Christian Kahlbutz, un chevalier allemand ressemblerait plutôt à l'irascible second mari de la douce comtesse Zofia, Kahlbutz n'était certes pas dépourvu de bravoure, comme il le prouva en 1675, en défendant vaillamment sa province natale du Brandebourg contre les envahisseurs suédois. Mais il se révéla aussi un odieux tyran local, abusant notamment de ce que l'on appelait alors " le droit de cuissage seigneurial ". Et il semble que, outre ses onze enfants légitimes, il ait engendré ça et là une nombreuse progéniture. Lorsqu'une jeune paysanne refusa ses hommages, il se vengea en tuant son fiancé. La jeune fille le fit comparaître en justice.

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    Il échappa néanmoins à son juste châtiment grâce à sa position sociale et au serment solennel qu'il prononça en cette circonstance :
    " Je jure que je ne suis pas le meurtrier. Que le seigneur empêche mon corps de pourrir si je mens ! "
    Il mourut en 1702 et ce ne fut qu'en 1792, lorsque les nouveau châtelains entreprirent de rénover la chapelle, que l'on découvrit son cadavre intact dans son cercueil. Le crime, qui ne faisait de doute dans l'esprit d'aucun de ses contemporains, se voyait ainsi confirmé d'éclatante façon.

    Cette anecdote pittoresque puise probablement dans le folklore local, et son aspect édifiant est trop évident pour n'être pas fabriqué.
    Néanmoins, la conservation inexplicable du corps du chevalier reste un fait avéré. Pendant les jeux olympiques de Berlin, en 1936, les visiteurs affluèrent au village de Kampehl afin de contempler le cadavre brun et racorni dans son cercueil ouvert. Toutefois, celui-ci fut rapidement recouvert d'une plaque de verre, car les curieux avaient pris la fâcheuse habitude de couvrir le linceul ( également intacte depuis la mise en biere ) d'inscriptions d'un goût douteux.

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    Rappelons qu'en 1895, Rudolf Virchow, le pathologiste bien connu, avait pratiqué une autopsie et n'avait décelé aucune trace d'un embaumement antérieur. Il put de la sorte vérifier le remarquable état de conservation des tissus et des viscères. Une autre équipe scientifique berlinoise entreprit ultérieurement diverses investigations, sans pouvoir résoudre cette énigme.

    Comment la science moderne explique-t-elle cette incorruptibilité de certains corps ?

      


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