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Les esprits frappeurs*
Des bruits mystérieux, des craquements sinistres, des odeurs infectes, des meubles qui s'envolent, des courants d'airs glacés, des bruits de voix inexplicables, des jets de pierres, des lévitations involontaires, des installations électriques qui tombent en panne, des objets qui disparaissent :
les " esprits frappeurs " ont une imagination féconde quand ils veulent manifester leur présence.On appelle poltergeists ces phénomènes anormaux. Le mot est très ancien : il vient du folklore allemand et dérive de polter ( bruit ) et geist ( esprit ). Avec un peu plus de rigueur, les chercheurs en parapsychologie ont proposé de définir toutes ces manifestations d'esprits frappeurs par le concept de psychokinésie spontané récurent, ou PKSR.
Les premières relations de poltergeists viennent d'Allemagne : peu avant
l'an 1 000, des chutes de pierres, des coups et des grands bruits ont troublé la tranquillité de Bingen, une petite ville des bords du Rhin. A partir du XIIè siècle, sous l'influence de l'Eglise, on classe les poltergeists dans la catégorie des phénomènes d'origine diabolique.En 1184, au pays de Galles, le domicile d'un certain William Nott est ravagé par une force mystérieuse qui lacère les tentures et répand des ordures.
Au XIIIè siècle, Gerald of Walles note l'existence d'un " esprit " qui apostrophe les gens.
En 1599, Martin Del Rio tente de classer tous les incidents connus : il compte 18 sortes de démons, chacune se spécialisant dans le déclenchement d'un trouble particulier.D'après lui : " La seizième sorte de démons se compose de spectres qui, à certains moments et en certains lieux, notamment dans des maisons, sont susceptibles de créer des bruits et des troubles divers. Je ne donnerai pas d'exemples ici, ce phénomène étant parfaitement connu. Certains réveillent le dormeur en cognant sur le matelas et en faisant tomber ledit dormeur du lit ".
L'étude scientifique des cas de poltergeists commence. On se demande alors si certains épisodes de la Bible ne relèveraient pas de cette classe d'incidents.
Pendant deux mois, en décembre 1716 et janvier 1717, le presbytère d'Epworth ( où habite le jeune John Wesley qui fondera l'église méthodiste ), est le théâtre de coups violents frappés par un esprit. Pourtant, à cette époque, John est absent du presbytère. Son père est plusieurs fois repoussé par une force mystérieuse qui bloque son chemin. Il lui arrive même d'être soulevé de son lit. En fait, l'affaire semble due à l'influence de la sœur de John, Hetty, alors âgée de 19 ans.
Plus tard, tout au long du XIXè siècle, des esprits frappeurs viendront, en grand nombre répondre aux sollicitations de spirite. Ceux-ci faisaient trop bien tournoyer les tables et les pianos pour que leurs expériences soient aujourd'hui crédibles. DD Home, le célèbre médium spécialisé dans les lévitations spectaculaires, débuta sa carrière par un commerce soutenu avec ces esprits.
Petit à petit on allait se tourner vers des hypothèses beaucoup plus naturelles. Dans les années 1940, on commence à expérimenter la psychokinésie, ou PK, au laboratoire de parapsychologie de l'université de Duke , aux Etats-Unis. En Angleterre, les recherches sur les phénomènes de PKSR sont menée par la Société pour la recherche psychique.
Sir William Barrett est un des animateurs de cette recherche. Il étudie suffisamment de cas pour que les phénomènes de poltergeists soient reconnus comme indubitables. Ce qui ne donnait pas, pour autant, d'explications.
En France enfin, quelques cas célèbres ont longtemps défrayé la chronique, notamment celui du fameux curé d'Ars, régulièrement poursuivi par des esprits frappeurs, incendiaires ou destructeurs.
La plupart des données contemporaines sont centralisées par la gendarmerie nationale, qui les étudie attentivement et qui leur a consacré un petit bureau d'études.Un des cas de poltergeists les plus extraordinaires s'est manifesté d'août 1977 à septembre 1978, à Enfield, dans la banlieue nord de Londres. Plus de 1500 incidents de natures PKSR ont été enregistrés, en présence de nombreux spécialistes venus étudiés le problème. On a vu parmi eux, des assistantes sociales, des thérapeutes du langage, des photographes, des psychologues, des prêtres et, bien entendu, des journalistes.
Au début, les phénomènes n'ont pas été très gênants : un léger bruit de pas dans une chambre. Ensuite le poltergeists s'est manifesté par des bruits plus marqués. Une voix profonde, rude et presque méchante, a pu être enregistrée à plusieurs reprises sur un magnétophone. Cette vois devait faire l'objet de nombreuses tentatives d'identification.
" Elle " a d'abord déclaré appartenir à un homme de 72 ans, qui aurait habité dans une rue voisine. Un auditeur l'aurait identifiée comme étant celle d'un de ses oncles, un vieil original surnommé " le Gitan ". Mais aucune piste ne devait aboutir à la moindre preuve...
D'autres fois, l'esprit faisait voler un jouet sur la tête d'un photographe. On a vu des papiers et des vêtements s'enflammer spontanément, des boites d'allumettes prendre feu à l'intérieur d'un tiroir, des couteaux et des théières se tordre devant témoins ou des pierres éclater sur le sol.
Particulièrement vigoureuse, cette force inconnue devait également soulever la cuisinière à gaz ou projeter, hors de la maison, des meubles aussi lourds qu'un sofa, une commode ou un lit à deux places.
Au milieu de tous ces phénomènes : Janet, une fillette de 12 ans.
Elle fut plusieurs fois sujette à des phénomènes de lévitation involontaire, certifiés par des témoins. Avec sa sœur, elle devait être si souvent jetée hors de son lit par l'esprit qu'elle avait décidé, à la fin, de dormir par terre.Le phénomène devait finalement cesser, les parents finissant par s'amuser de ce poltergeist plutôt inoffensif et le traitant avec un humour et un calme délicieusement britanniques.
Généralement, un effet de poltergeists se fait annoncer par une série de coups mystérieux. Les exemples abondent et il est inutile de les détailler. Il peut arriver, pourtant, que des poltergeists débutent par des déplacements d'objets ou par d'autres manifestations insolites.
On cite souvent le cas d'une famille allemande de Neudorf qui a vu une série de clous apparaître au plafond et tomber un à un. Ces clous se trouvaient, l'instant d'avant, dans une armoire fermée à clé. Cette même famille a pu apercevoir des cintres qui prenaient leur vol à angle droit ou des objets qui sortaient des murs en étant chauds.
Cette chaleur est rapportée en France dans la plupart des ces de PKSR, par les témoins qui ont ramassé des pierres mystérieusement jetées...
Les voix non identifiables sont un des aspects les plus spectaculaires de ces poltergeists. Selon Gilles,de Tourette, un médecin français du XIXè siècle, les esprits frappeurs manifesteraient souvent des symptômes de traumatismes apparentés à la copropraxie ( penchant à la scatologie ) et à l’écholalie ( la répétition absurde de discours entendus ).
Souvent, on a pu observer que les jeunes gens " possédés " par un esprit poussaient des cris obscènes et répétaient des phrases incohérentes. De tels symptômes se retrouvent chez les enfants traumatisés pour de tout autres raisons, par exemple le divorce de leurs parents.La combustion spontanée est très souvent associée à une activité de PKSR : il existe de nombreux témoignages d'incendies déclenchés en l'absence de toute tentative volontaire directe.
Hormis les classiques jets de pierres, il existe enfin, toute une série de manifestations de poltergeists absolument étonnantes. En 1962, à Indianapolis, aux Etats-Unis, une famille est victime d'un esprit très calme, qui ne déplace rien. Il se contente de... mordre ! Surtout la grand-mère ! Il la pique également à de nombreuses reprises. Une enquête rigoureuse menée sur place à, bien entendu, trouvé la traditionnelle jeune fille en crise pubertaire. Toutefois, aucune supercherie n'a pu être établie pour les morsures.
En février 1958, la famille Hermann, de Seaford, aux Etats-Unis, est victime d'un esprit... déboucheur. Il renverse bien, de temps à autre, tous les bibelots de la maison, mais sa présence va à tous les récipients en forme de bouteille, qu'il s'agisse d'eau minérale, de médicaments, d'eau bénite, inefficace contre cette magie !
Les policiers et les parapsychologues appelés en renfort ne peuvent que constater l'ampleur des dégâts. Au centre de toute l'affaire, il y a comme toujours, un jeune enfant : James, 12 ans, qui ne s'aperçoit de rien quand les bouchons s'envolent. Une étude minutieuse des objets déplacés permet d'établir que l'intensité de la PKSR est directement proportionnelle à la proximité de James. Les lois " naturelles " de l'énergie sont donc respectées : plus on s'éloigne de la source d'énergie et plus elle devient faible...
Il est très rare que des phénomènes de poltergeists surviennent hors du domicile de la personne qui les provoque. C'est pourtant ce qui s'est passé, en décembre 1960, en Ecosse. Virginia Campell, 11 ans, transportait son " esprit " à l'école et lui faisait ouvrir son pupitre à un moment où elle se trouvait elle-même dans l'impossibilité matérielle de la faire. Virginia faisait même voler la baguette de sa maîtresse loin du tableau. Elle s'excusait auprès de celle-ci : " Je vous assure, mademoiselle, ce n'est pas moi ! "
Dans tous les cas, à de rarissimes exceptions près, ces phénomènes de PKSR paraissent donc liés à des jeunes gens en âge pubertaire.
Est-ce le passage à l'âge adulte qui détermine l'arrivée de ces esprits frappeurs ? N'est-ce pas plutôt, un phénomène lié à une certaine tension sexuelle ? Les réponses demandent à être nuancée.Extrait de " Inexpliqué " 1981
Tags : esprit, frappeurs, bruit, installations, involontaires
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