• Les enragés de Saint - Hubert*

     

    La clef de Saint - Hubert

    Avant pasteur et sa découverte du vaccin antirabique, à la fin du siècle dernier, la rage était un mal si redouté que ceux qui n'en étaient pas atteints entendaient bien s'en protéger, même en éliminant physiquement les " enragés ". Aussi, dès qu'un de ses membres présentait les symptômes de l'affreuse maladie, la famille le
    tenait-elle " serré ", parfois jusqu'à l'étouffer, entre deux matelas.
    L'Eglise condamna ce genre de pratique, mais admit néanmoins que le malade fût maintenu étroitement ligoté, afin de l'empêcher de nuire.
    Certains médecins n'en continuèrent pas moins à " expédier " le patient en douceur, en le saignant à mort.

    Pendant des siècles, le fléau ne connut point d'autres remèdes que les intercessions auprès de saints et de saintes réputés l'éloigner : saint Marcoul, premier abbé de Nanteuil, sainte Quitère, vierge de Galice, saint Othon, évêque de Bamberg, saint Ulrich, évêque d'Augsbourg,
    saint Hubert, moine de Bretigny..., lequel n'était que le filleul du principal protecteur contre la rage, saint Hubert, patron de l'Ardenne.

    Les enragés de Saint - Hubert

    Celui-ci était prince d'Aquitaine, peut-être de la souche carolingienne.
    Vivant à la cour du roi Thierry III, il passait le plus clair de son temps à la chasse, apparemment peu soucieux du salut de son âme. Un Vendredi saint, alors qu'il poursuivait un cerf dans la forêt d'Ardenne, une croix étincelante apparut entre les bois de l'animal, tandis qu'une voix céleste le morigénait sur son existence mécréante. Hubert se repentit et entra en religion. Bien que son hagiographie soit vraisemblablement calquée sur celle de l'apocryphe saint Eustache, retenons néanmoins qu'Hubert fut évêque de Tongre-Maastricht, qu'il fonda la cité de Liège et décéda à Tervueren, sans doute en 727. Moins d'un siècle plus tard, son corps fut remis aux moines d'Andage, une abbaye située au cœur de la forêt ardennaise qui, dès lors, pris le vocable de Saint-Hubert.

    Les enragés de Saint - Hubert

    Il semble bien que, dès le IXe siècle, saint Hubert fût invoqué contre la rage, maladie qu'un des miracles prêtes au bienheureux avait jugulée.
    Quant au pèlerinage au sanctuaire, on assurait qu'il garantissait la guérison au patient pour autant qu'il " eut la vraie foi et qu'il observât les prescriptions ordonnées ". Ces dernières ne manquent pas de pittoresque : " Dès qu'une personne se croit infestée du venin de la rage, elle se rend à Saint-Hubert ; si elle a été mordue à sang par un animal enragé, elle subit l'opération qu'on appelle la Taille ; si elle n'a pas été mordue à sang, elle reçoit le Répit. Après quoi, la personne retourne chez elle, accomplit une neuvaine. Elle est assurée de sa guérison. Voici comment se fait l'opération de la Taille : l’aumônier fait une petite incision au front de la personne qui a été mordue ; l'épiderme étant légèrement soulevé à l'aide d'un poinçon, il introduit dans l'incision une parcelle exiguë de l'étoffe de la sainte étole  et l'y maintient à l'aide d'un étroit bandeau de toile noire qui doit être porté pendant neuf jours,
    c'est-à-dire pendant une neuvaine qui est prescrite à Saint Hubert "
    La taille fut pratiquée jusqu'en 1932, en dépit du vaccin de Pasteur. Au cours des siècles, le culte réservé au saint ardennais connut un tel succès qu'il suscita même la création d'un ordre de chevalerie dont les derniers rois de France furent les chefs souverains. Aujourd'hui encore,
    Saint-Hubert draine les foules vers son admirable basilique, où persiste le souvenir du chasseur devenu homme de Dieu que reconnaissent pour patron les bouchers-charcutiers, les sonneurs de cor et, bien sûr, les chasseurs eux-mêmes.

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