• Le Triomphe de l'Homo sapiens*

     

    Le Triomphe de l'Homo sapiens

    L'aventure de l'homme commence vraiment avec l'invention de l'outil. Il y a quelques trois millions d'années, dans les vastes étendues de la savane est-africaine , un bruit sec prélude à l'éclatement de deux galets frappés l'un contre l'autre par ce premier artisan qu'est notre lointain ancêtre, l'Australopithèque.

    Certes, casser des cailloux n'importe comment et les réduire ainsi en un tas de fragments inutilisables est à la portée du premier venu. Mais façonner ces mêmes pierres, les briser de manière à obtenir des éclats d'une certaine forme implique la mise en oeuvre d'une pensée réfléchie, l'existence d'une forme quelconque de connaissance accumulées à la suite d'un grand nombre d'expériences - bref un savoir. Ce savoir-là, qui sépare le simple galet éclaté de la hache de pierre, l'humanité a mis près d'un million d'années à l'acquérir.

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    Au tout début, nos ancêtres se contenteront de briser des galets de manière à obtenir ainsi une arête coupante : ce premier artefact servira indifféremment d'arme et d'outil. Mais l'homme va, de ce fait, être totalement tributaire de son environnement : pour casser des galets, encore faut-il pouvoir en trouver...

    Puis, peu à peu, l'Homo habilis d'abord, l'Homo erectus ensuite vont apprendre à façonner toutes sortes de pierres dures telles que le silex et l'obsidienne. Ils tailleront également leurs premiers outils dans l'os et dans le bois.

    Les fameux bifaces acheuléen, ou hache de pierre, que l'on rencontre un peu partout en Afrique, en Europe et en Asie, mit 700 000 ans avant d'être définitivement au point : la forme assez sommaire au départ, se précisera au fur et à mesure de l'évolution des techniques, tout en se diversifiant.

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    Les bifaces, visiblement adaptés à des usages différents, vont pourtant commencer à se faire plus rares, voire à disparaître : en fait, ils ne font que se miniaturiser et se spécialiser, en même temps qu'émerge le premier sapiens : l'homme de Neandertal...

    L'Homo erectus semble bien devoir constituer le tout dernier maillon de la chaîne évolutive menant à l'homme moderne, l'Homo sapiens.
    Mais l'évolution n'en est pas pour autant terminée et deux groupes de sapiens vont se partager la Terre pendant encore plusieurs dizaines de milliers d'années : l'Homo sapiens neanderthalensis, branche latérale qui n'a pas eu de suite, l'Homo sapiens, qui représente l'homme moderne proprement dit.

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    Les premiers ossements de l'homme de Neandertal ( littéralement : la " vallée de l'homme nouveau " ) furent exhumés en 1856 dans la vallée de Neander, près de Düsseldorf, en Allemagne. Considérés à l'époque soit comme une forme monstrueuse de l'homme moderne, soit comme une créature pas tout à fait humaine, les hommes de Neandertal représentaient une espèce bien à part que les paléontologiste du moment reconstituèrent de façon aussi caricaturale que possible.

    On sait pourtant, aujourd'hui, que ces humains primitifs qui vécurent en Europe occidentale et en Asie centrale entre - 80 000 ans et - 35 000 ans, c'est-à-dire au cours de la première moitié de la glaciation de Würm, étaient d'habiles chasseurs et d'honorable artisan. Ils surent se préserver du rigueur du climat en s'habillant de peaux de bêtes et, lorsque cela devenait nécessaire, en cherchant refuge dans les grottes et sous les abris rocheux.

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    Quand aux outils, ceux-ci deviennent un peu plus sophistiqués et mieux adaptés que dans le passé : l'homme de Neanderthal ne fabrique plus seulement des haches, mais aussi des couteaux, des perçoirs, des racloirs et des pointes de javelot, en général à partir d'éclats de silex.

    C'est cette créature - que d'aucuns qualifiaient de " bestiale " - qui nous a légué, en outre, une des caractéristiques les plus marquantes de l'espèces humaine : l'inquiétude métaphysique. Les Néandertaliens semblent en effet  avoir été les premiers habitants de la Terre à enterrer leurs morts et a fleuris leurs tombes Les plus anciennes sépultures que l'on connaisse furent creusées il y a environ 80 000 ans, pour des raisons manifestement religieuses. Mais, s'il est vrai que notre aïeul vénérait ses morts, il semble aussi qu'il redoutait leur éventuels retour, comme en témoignent les grosses pierres plates qui recouvrent les cadavres : le mythe des morts-vivants ne date pas d'hier...

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    Un profond mystère entoure par ailleurs cet homme de Neandertal : celui de sa disparition. Certains pensent qu'il fut décimé par l'Homo sapiens, dont l'apparition coïncide effectivement avec l'extinction de cette espèce. D'autres sont d'avis qu'il aurait été victime d'une épidémie.
    Quelques préhistoriens suggèrent aussi que l'homme de Neanderthal, extraordinairement bien adapté pour lutté contre le froid, n'aurait pu supporter les modifications climatiques qui entraînèrent la fonte des glaciers et ce serait éteint victime de son hyper adaptation.

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    Certes, l'Homme de Neandertal ne ressemblait guère à l'homme d'aujourd'hui, mais le déclic avait pourtant eu lieu : la grande aventure de la culture avait commencé, menant jusqu'à l'homme moderne, l'Homo sapiens sapiens. Les plus anciennes traces de cet homme actuel découvertes dans la grotte de Qafzeth ( en Israël ) par le paléontologiste français Bernard Vandermersch, datent d'environ 50 000 ans. Puis, il y a moins de 35 000 ans, le très célèbre homme de Cro-Magnon, dont on retrouvera les restes en Dordogne.

    L'homme actuel, nettement plus grand que son prédécesseur présente des arcades sourcilières beaucoup moins saillantes et une calotte crânienne plus volumineuse. On note pour la première fois, l'apparition du menton. Cet homme, sage parmi les sage, se rependra alors sur les cinq continents, s'adaptant aux terribles variations climatiques qui bouleversaient alors notre planète. Son outillage ne cesse de se diversifier et de se perfectionner : il sait maintenant travailler l'os, avec lequel il fabrique aussi bien des hameçons que des aiguilles.

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    Parallèlement à l'apparition de cet Homo sapiens sapiens, l'évolution culturelle accomplira un fantastique et quasiment miraculeux bond en avant avec la naissance de l'art, au cours de la période aurignacienne, il y a 30 000 ans.

    Une ultime question soulève cependant encore de vigoureuses controverses au sein de la communauté scientifique : la formation de l'origine des races humaines. Actuellement, on accepte de plus en plus l'idée que les différentes races sont apparues il y a fort longtemps ( avant même l'apparition de l'Homo sapiens ) et qu'elles ont évolué indépendamment, dans plusieurs zones géographiques, à partir d'hominiens de types distincts.

    Cette théorie, dite polycentrique ou polygéniste, a d'abord été défendue par l'anthropologue Franz Weidenreich, puis réactualisée en 1962 par l'américain Carleton S. Coon. Il en résulte que chacune des grandes races a connu son évolution particulière, en fonction de pressions sélectives différentes, qui ont produit des aptitudes différentes.

     Le développement de nouvelles techniques, la contribution toujours plus étroite de spécialiste issus de domaines fort différents et la prolifération des découvertes font de la préhistoire un domaine très mouvant où toutes les théories doivent être abordées avec beaucoup de réserves et une extrême prudence.

    Cela se vérifie plus particulièrement en ce qui concerne la chronologie de nos origines, qui n'a cessé d'être révisée dans le sens d'une hausse continue.

                                                                                   Extrait de " Inexpliqué " 1981

     

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