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Le fantôme de Terre-Neuve*
Nous sommes au mois de mars 1882, dans l'Atlantique Nord. Le cargo anglais Swallow, commandé par le capitaine Blackman, navigue aux environ de Terre-Neuve.
Il est 8 heure du matin. Le second, Robert Bruce fait le point et interpelle le capitaine Blackman la travers la cloison de sa cabine.N'obtenant pas de réponse, il pénètre dans la cabine et s'arrête stupéfait.
Derrière la table où se tient généralement le capitaine Blackman, un homme inconnu est assis, qui le regarde avec une sorte de ferveur.Lorsqu'il le questionne, l'inconnu garde le silence, le sourire aux lèvres.
Le second monte sur le pont et va trouver le capitaine qui pense à un passager clandestin.
Les deux hommes redescendent et pénètrent dans la cabine. Elle est vide. Le capitaine pense à une mauvaise farce. Il se penche soudainement sur la table.
Sur l'ardoise qu'il utilise pour faire ses calculs, une phrase est écrite :
Gouvernez nord-ouest !Qui a écrit cette phrase ? L'inconnu ? Ou est-il ? Le capitaine donne l'ordre de visiter minutieusement le bateau. Pendant deux heures, les marins fouillent le Swallow du haut en bas sans trouver la moindre trace de l'inconnu rencontré par Robert Bruce.
Le capitaine se fâche et demande à tout l'équipage de recopier la phrase mystérieuse afin de démasquer le coupable. L'écriture qui figure sur l'ardoise ne correspond à celle d'aucun des membres de l'équipage.
Le capitaine Blackman est cette fois très impressionné. Comme tous les marins de cette époque. Il est superstitieux. Après avoir réfléchi un instant, il demande à son second de mettre le cap sur le nord-ouest ! Et le cargo change de route.
Les heures passent. De temps en temps, le capitaine, sans rien dire, prend sa lorgnette et examine la mer. Que s'attend-il à trouver ? Il l'ignore ; mais il a l'intuition que ce changement de cap ne sera pas inutile.
Et vers 4 heures de l'après-midi, un marin aperçoit quelque chose. On approche.
C'est un navire anglais pris dans les glaces. On distingue des hommes qui agitent les bras.
Le capitaine fait mettre les chaloupes à la mer et l'on ramène à bord du Swallow tout l'équipage en perdition.- Nous venons de Québec, disent-ils, et nous allions à Liverpool quand notre bateau a été immobilisé par les glaces. Il y a une semaine de cela et notre situation devenait désespérée...
Heureusement que vous êtes venus nous sauver !...Les hommes montent toujours, enjambant le bastingage, et vont se faire servir un bol de vin chaud. Soudain, Robert Bruce a l'impression que son cœur s'arrête de battre.
L'homme qui, là, devant lui, se hisse en ce moment à bord du Swallow, cet homme qui se trouvait dans la cabine du capitaine quelques heures plus tôt...Un instant, leur regard se croisent et Robert Bruce a l'impression que l'autre parait troublé.
Il le suit, le regarde boire son verre de vin chaud, puis s'approche et engage la conversation :- Je me nomme Robert Bruce, je suis second à nord de ce bateau.. Dites donc, c'est une chance que nous soyons passés dans les parages...
- Oui, dit l'autre... Mais je savais que nous serions sauvés...
- Comment le saviez vous ?
- Ce matin, je dormais et j'ai fait un curieux rêve... J'ai rêvé que j'étais à bord d'un cargo anglais comme le vôtre et que je rencontrais un homme... Il vous ressemblait d'ailleurs, c'est curieux... J'étais dans une cabine, assis devant une table. Et puis, l'homme est parti.
Alors j'ai pris une croie et j'ai écrit un message sur une ardoise... Je me souviens, j'ai écrit :
Gouvernez nord-ouest !... Ensuite, je me suis réveillé et j'ai dit aux copains : " Aujourd'hui, on sera sauvé ! " ... Je leur ai raconté mon rêve et ils ont rigolé. Mais quand ils vous ont vus arriver, à quatre heure, ils étaient un peu épatés... Moi aussi, d'ailleurs...Le second l'emmène dans la cabine et lui montre l'ardoise. Le marin voit le message écrit à la craie et blêmit :
- Mais c'est mon message... Ce n'est pas possible !
- Si. Vous êtes venu ici ce matin, vers huit heures, écrire ces mots. Je vous ai vu... Puis vous avez disparu. Or, c'est à cause de ce message que nous avons changé de route, et c'est grâce à lui que nous vous avons sauvés...
Adapté de " Histoires magiques de l'histoire de France " de Louis Pauwels et Guy Breton
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