• Le Comte de Cagliostro - La naissance de la légende*

     

    Le Comte de Cagliostro

    Il était " Grand-maître de la Franc-maçonnerie égyptienne " et " Grand Cophte d'Europe et d'Asie ". Sur son passeport, trois lettres attiraient l'attention : L.D.P.  Que signifiaient-elles ? Il fallait vraiment inspirer confiance au grand-maître pour qu'il livre son secret redoutable.

    Quelques années auparavant, en visitant un souterrain, dans la région de Francfort, le comte Alexandre de Cagliostro a trouvé un parchemin vieux de cinq siècles : c'est un manuscrit des Templiers ! Il donne au comte la mission de venger l'ordre du Temple et de contribuer au renversement de tous les souverains absolus. Le roi de France sera sa première victime.

    Le Comte de Cagliostro - La naissance de la légende

    Mais quel est donc ce prophète dont les Grands du royaume parlent avec admiration et que les pauvres vénèrent tant il est généreux ? Quel est donc ce mage, instrument d'une implacable et secrète volonté ? Quel est donc ce médium, qui sait lire l'avenir dans une simple carafe d'eau ?

    Le comte Cagliostro a longtemps fasciné les imaginations. Alexandre Dumas, dans son Joseph Balsamo, lui a taillé une légende sur mesure.
    Ses tours de magies et sa qualité de " Grand Cophte " lui ont valu l'amitié des ésotéristes. On ne connaîtrait de lui que les ragots de l'époque si un de ses protégés, promu garçon de laboratoire du comte avant de devenir un des plus grands savants français du XIXè siècle, n'avait laissé un journal de note prises sur le moment...

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    Pendant longtemps on a cru ce document perdu. Dès qu'il a été retrouvé, le journal a achevé de dissiper tous les nuages qui planaient encore autour de la mystérieuse personnalité du " Grand Cophte " : avec ses tours de passe-passe et ses recettes alchimiques de charlatan, le " comte " de Cagliostro n'était rien moins qu'un escroc et de bien petite envergure...

    Tout comme il n'était que de basse extraction !
    Il naît à Palerme, en Sicile, en 1743. Son père est garde-magasin, ce qui humilie un peu le jeune Giuseppe Balsamo. Mauvais garçon dès son plus jeune âge, l'enfant bascule très tôt dans la délinquance mineure.

    Son père est désespéré : Que faire de ce rejeton difficile ? Il le place comme apprenti chez l'apothicaire du couvent des Benfratelli.

    Joseph Balsamo va y apprendre quelques notions de pharmacie et de chimie, qui seront très utiles au futur comte de Cagliostro. Seulement, son esprit polisson va, une fois de plus, le faire renvoyer : a table, le jeune Balsamo est chargé de lire aux frères les passages les plus édifiants de la Légende dorée. Il ne trouve rien de mieux à faire que de remplacer les noms des vierges et des saintes martyres par ceux des plus célèbres prostituées de l'époque !

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    L'apprenti apothicaire se sent alors un talent de peintre : pour les touristes, qui commence à sillonner l'Italie, il peint le Vésuve et des paysages napolitains. Bientôt, Joseph Balsamo comprend qu'il vaut mieux être faussaire que créateur. Il met son talent artistique à la disposition de ceux qui cherchent un faux passeport ou même un faux testament.

    La soif d'échapper à sa modeste condition sociale le tenaille toujours. jusque-là, il n'a connu que les bas-fonds de Palerme et de Naples. Il veut en sortir. En attendant, il vivote, tantôt grâce au proxénétisme, tantôt en se servant de ses connaissances en chimie et en magie... Les bateleurs des quartiers populaires lui ont appris l'art de la prestidigitation et de l'escamotage ; le futur comte de Cagliostro s'en souviendra.

    Joseph Balsamo a pour ami, à cette époque, un orfèvre nommé Marano. Celui-ci est aussi méfiant qu'avide. Le jeune mauvais garçon agit avec lui en douceur : il commence par laisser entendre qu'il connait la cachette secrète d'un trésors. L'idée fait son chemin dans la tête de Marano. Joseph Balsamo, lui, feint l'indifférence.

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    Marano s'impatiente. Il remet la question du trésor sur le tapis. Il sollicite, insiste, supplie et finalement Joseph Balsamo, finit par révéler l'endroit où se cache ce fabuleux trésor mais se refuse obstinément à livrer les formules qu'il faudrait prononcer pour accéder aux richesses. Marano arrache une à une toutes les incantations magiques à son ami mais ne trouve pas étonnant que 60 onces d'or fin soient nécessaires.

    Dans une grotte bien choisie, le jeune homme prononce enfin une série de formules secrètes, à base de satanisme et de supercherie. La magie opère si bien que le diable lui-même apparaît, dans un nuage de fumée évocateur et complice. Quand le diable se retire et que la fumée se dissipe, les 60 onces d'or ont disparu !

    On retrouve Joseph Balsamo à Rome, où il vit d'expédient divers, de trafics, d'escroqueries et de ventes de faux tableaux. Déguisé en prêtre ou en moine, le jeune Sicilien sollicite des fonds pour diverses œuvres charitables. Il encaisse assez d'argent pour vivre avec un train de vie conséquent.

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    Après l'argent, les femmes. Son mariage avec Lorenza Feliciani, en 1768, fait prendre un nouveau tour à ses escroqueries.
    Intelligente et réaliste, Lorenza comprend que les trafics minables de son mari ne peuvent le mener qu'en prison. Elle pousse Balsamo à utiliser au mieux la diversité de ses talents

    Elle sera son " imprésario " et, dans le lit des Grands de la terre,
    sa " carte de visite " Ayant tâté du proxénétisme, il admet parfaitement de voir sa jeune femme servir leurs intérêt communs dans ces mêmes lits. 

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    Joseph Balsamo est devenu comte de Cagliostro. Lorenza se fait appeler Séraphina. Ils ont quitté l'Italie, où il aurait été trop facile de les confondre

    Ils passent ainsi en Espagne, en Angleterre et arrivent en France. On les revoit ensuite en Angleterre. On parle d'eux à Paris. Ils sont à Cadix. On les revoit à Lisbonne. Ils reviennent en Angleterre. Cette fois, le Sicilien s'est mué en colonel de l'armée prussienne. Même s'il se mêle d'escamotage et de magie plus que de stratégie, il n'en est pas moins très demandé par la bonne société anglaise

    On prétend qu'il est capable, par la magie, de faire grossir des diamants. Une lady, plus crédule que les autres, lui confie une rivière de diamants.
    Hélas ! l'expérience échoue et les diamants s'évaporent... pour se rematérialiser dans la malle du colonel, où on les retrouve après des recherches. Le comte va donc perfectionner ses connaissances magiques sur la paille humide des cachots. Lorenza aidant, il n'y restera pas longtemps.

    La tournée européenne se poursuit : Amsterdam, Bruxelles, Saint-Petersbourg, ou le comte se fait colonel espagnol.
    C'est à cette époque-là que le comte-colonel délaisse un peu la magie pour l'ésotérisme. Devant des auditoires éberlués par son aplomb et son ton de sincérité, il raconte son enfance et parle des forces mystérieuses qui ont guidé son éducation spirituelle. Petit à petit, la légende de Cagliostro prend corps. Il peaufine son personnage.

    Que peut-il bien raconter pour produire un tel effet sur les aristocrates de ce XVIIIè siècle, par ailleurs si entiché de rationalisme et de " lumière " ?

                                                                                                                                                                          Extrait de " Inexpliqué " 1981


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  • Commentaires

    1
    amigo
    Jeudi 9 Mai 2019 à 10:52

    Tant de bêtises répétées depuis 2 siècles par de faux historiens rendent pantois!

    Cagliostro était un être de bonté et de lumière à mille lieux des bouffonneries qu'on lui prête.

    Dieu envoie à intervalle réguliers des prophètes doués de dons surnaturels. Cagliostro était l'un des rares êtres doués de tous les dons, se sacrifiant jour et nuit pour le bien et le soulagement des hommes : rien à voir avec la magie, les loges satanistes et les ragots de journalistes menteurs à souhait: IL VIVAIT l'Evangile en esprit et en VERITE !

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