• La chasse aux fantômes*

     

    La chasse aux fantômes

    Il n'y a pas deux fantômes semblables. Un bon chasseur de fantôme approchera chacun d'entre-eux différemment. Voyons donc comment les chercheurs sérieux entreprennent leur affaire et quelle sorte d'évidence ils recherchent.

    " La peur me saisit, et un tremblement secoua tous mes os. Alors qu'un esprit passait devant ma figure, les poils de ma chair se hérissèrent. Il demeura immobile, mais je ne pus discerner sa forme. " C'est ainsi qu'est décrite l'expression de la vision d'un fantôme dans
    le Livre de Job ( IV, 1-16). Beaucoup de ceux qui rencontre un spectre éprouvent littéralement le phénomène du " poil qui se hérisse ".
    Quelques-uns, heureusement pour eux, loin d'être effrayés, désirent faire la rencontre d'un esprit et l'étudier activement et sérieusement.

    L'existence des fantômes a été acceptée sans question dans presque toutes les civilisations à travers l'histoire de l'humanité. C'est seulement avec le développement de l'observation scientifique en Occident, dans les derniers siècles, que, l'on s'est mis à discuter de leur existence et de leur nature. Et il y eut peu de tentatives sérieuses pour découvrir ce qu'ils sont réellement, et pour étudier leur comportement. Beaucoup de gens répondent encore à l'idée de fantômes avec un mélange irrationnel de peur, de ridicule et de rire.

    Nous rejetons ce que nous ne comprenons pas, plutôt que d'envisager la possibilité qu'il y ait, en effet, " plus de chose dans le ciel et sur la terre " que nous n'en rêvons : telle est à peu près la position du monde scientifique.

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    Les spectres sont même rejetés par ceux qui les ont vus. " Je l'ai vu, mais cependant je ne peux y croire " est la réaction communément rapportée. Car l'esprit humain rejette d'instinct une information qu'il est incapable d'assimiler ou d'interpréter. Des meilleurs témoignages  sont encore nécessaires avant que les fantômes puissent trouver leur place dans les manuels de la physiques et de biologie.

    Et, d'abord, qu'est-ce qu'un fantôme ? Les dictionnaires le définissent comme un esprit supposé séparé du corps, ou encore l'âme d'une personnalité morte. Cette explication de la nature des fantômes ne peut être prise ici en considération, car les apparitions des personnes vivantes sont fréquentes.

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    Frédéric W.H.  Myers, l'un des chefs de la récente recherche psychique, a caractérisé, quant à lui, le fantôme comme " une manifestation d'une énergie personnelle persistante ", définition à laquelle il est parvenu après une étude approfondie et soigneuse d'une masse de témoignage et qui s'applique aussi aux morts qu'aux vivants. Une grande quantité de témoignages est utile, voire indispensable, d'autant plus que voir ou entendre des présences fantomales est une expérience très commune.

    En 1889, la Société britannique pour la recherche psychique engagea une vaste enquête concernant les expériences d'apparitions en posant la question :
    " Avez-vous jamais, alors que vous vous croyiez complètement éveillé, ressenti la nette impression de voir un être vivant ou un objet inanimé, ou d'être touché par lui, ou d'entendre une voix, impression qui, aussi loin que vous puissiez découvrir, n'était pas due à une quelconque cause physique ? "

    Plus de 10 % des 17 000 personnes qui répondirent à ce questionnaire, diffusé par quelques grands journaux anglais, dirent : " Oui "
    Des enquêtes postérieures, dans divers autres pays, ont confirmé ce tableau.

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    Des apparences isolées de fantômes peuvent ne pas être dramatique. Quand elles se répètent pendant une longue période, elles deviennent dignes d'étude. Nous prendrons pour exemple le spectre à propos duquel il y eut un compte rendu fait en 1892 par une étudiante en médecine, Miss Morton. Celle-ci écrivit :
    " J'ai vu la forme d'une dame de haute taille, habillée de noir, qui se tenait en haut de l'escalier. Au bout de quelques instants, elle descendit les marches, et je la suivis du regard sur une courte distance, curieuse de ce qu'elle pouvait être. Je n'avais qu'un petit bout de chandelle, et tout d'un coup, elle se consuma et s'éteignit. Incapable alors d'en voir plus, je me dirigeai vers ma chambre. "

    Ce spectre s'est de lui-même prêté à l'étude : durant les 7 années suivantes, six personnes, en plus de Miss Morton, ont vu le fantôme, qui ressemblait énormément à une personne connue qui avait précédemment occupé la maison. Et coïncidant avec ses apparitions, des bruits, apparemment produits par ces dernières, furent entendus par une vingtaine de personnes. Les voisins suivaient un modèle régulier : la silhouette descendait l'escalier, entrait dans le salon et se tenait dans l'embrasure de la fenêtre. Puis elle quittait la pièce par la porte, longeais le corridor et disparaissait. Miss Morton, pleine de ressources, noua quelquefois des fils à travers les marches de l'escalier, mais ils demeurèrent intacts.

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     Miss Morton, qui devait être une jeune femme exceptionnellement courageuse, a fait de fréquentes tentatives pour amorcer la conversation avec le spectre. Mais, bien qu'il parût au courant de sa présence, il ne répondit jamais. Elle essaya aussi de le toucher, mais il s'écarta toujours.
    " En le coinçant dans une encoignure, comme je l'ai fait une fois ou deux, a écrit notre témoin, il disparut. "

    Miss Morton essaya même de saisir la dame en noir, mais ce fut avec le même résultat négatif.

    Un jour, voyant l'apparition à la fenêtre habituelle, elle demanda à son père s'il la voyait aussi, mais il n'en était rien. Lorsque celui-ci s'avança vers la fenêtre, le fantôme se mit promptement à tourner autour de lui.

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    Il y avait un chat chez les Morton. Pourtant, il ne parut nullement être conscient de la présence de la dame en noir. Quant aux chiens, ils réagirent comme s'ils avaient vu quelqu'un : l'un d'eux courut au pied de l'escalier, remua la queue et sauta comme s'il attendait d'être caressé, mais ensuite il recula, la queue entre les jambes, et se coucha sous le sofa.

    Un autre fut souvent trouvé " en état de terreur " sans raison apparente : la sensibilité de certains animaux aux présences surnaturelles les a fait employer comme " détecteurs " de fantômes.

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    Dans une investigation de ce genre, il est utile de savoir quelque chose du cours probable des événements. Alors que la nature des fantômes demeure encore mystérieuse, leur comportement a été étudié en détail.  Et c'est ainsi que G.N.M. Tyrrell, dans son livre Les Apparitions, publié en 1943, a pu identifier quatre principaux groupes d'après leur type d'activité.

    Le premier de ces groupes consiste en des apparitions qui hantent certains endroits. Ceux-ci purent être classés dans la catégorie
    " centrés sur un lieux ", plutôt que sur une personne. Dans l'ensemble, ils n'éveillent pas la peur, et ils en arrivent parfois à être traités comme faisant partie de la famille : ils sont rarement malfaisants.

    Quant à la seconde catégorie, elle consiste en apparitions après la mort, se manifestant quelques temps après le décès de la personne vue, et sans aucun rapport avec quelque endroit ou événement particuliers.

    En troisième catégorie, il y a les cas de crise, où l'apparition est celle de quelqu'un ayant subi jadis une profonde expérience, comme un accident ou une maladie.

    La dernière des catégories de Tyrrell est le moins connu des types d'apparition, mais peut-être celui qui intrigue le plus : l'apparition produite expérimentalement. Dans ces cas précis, le fantôme n'est pas celui d'un mort ni d'un mourant, mais d'un vivant qui a délibérément tenté de rendre son image visible à quelqu'un d'autre. Tyrrell a dénombré 16 tentatives de ce genre couronnées de succès, et il s'est demandé pourquoi une expérimentation évidemment renouvelable a été ignorée des autres chercheurs :  cette catégorie reste un domaine d'étude étrangement négligé.

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    Et, bien que les expériences " hors du corps " aient récemment donné lieu à de nombreuses et importante recherches, les comptes rendus de visibilité à distance " auto produites "demeure très rares.

    Ces fantômes, dont des chercheurs pointilleux ont conclu à l'authenticité, montrent habituellement un certain nombre de traits caractéristiques.

     Une telle vision obéit aux lois de la perspective, se montrant différente à des observateurs différents. Elle a une apparence solide.
    Elle est visible, même reflétée dans un miroir, et ses mouvements produisent les bruits qui leur sont propres : par exemple, on peut entendre ses pas. Elle donne généralement l'impression d'être aussi réelle qu'une personne vivante, même si ce n'est que pendant un laps de temps limité. De plus, on peut avoir à son passage une impression soudaine de froid.

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    Cette sensation de froid est aussi un trait communément rapporté dans des cas dits de " Poltergeist " mais les poltergeist sont des genre d'apparitions considérés comme différents : ils provoquent des mouvements d'objets physiques, bien qu'on ne les voie pas agir. Des apparitions ont été relatées en association avec l'activité Poltergeist, mais nous n'avons pas encore vu ces apparitions prendre un objet et le jeter.

    Lorsqu'un fantôme n'est vu que par une seule personne, il y a naissance de soupçon d'hallucination, d'erreur ou de tromperie, cette dernière étant le fait soit de celui qui perçoit, soit de quelqu'un d'autre. Mais les apparitions sont souvent vu par plus d'une personne en même temps, ce qui est souvent suffisant pour écarter l'éventualité d'une tromperie ou d'une méprise. La seule certitude acquise est que la vraie nature des apparitions demeure inconnue. Ce n'est pas obligatoirement un esprit désincarné : ce peut être un phénomène " intersubjectif ", la création commune des esprits de ceux qui l'ont aperçu.

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    Une vision peut fournir un véritable témoignage de sa nature non physique. C'est ainsi qu'elle peut traverser les murs. Parfois, elle apparaît et disparaît à travers les portes qui s'ouvrent et se ferment, tandis que les portes " réelles " demeurent fermées. Elle peut devenir transparente et s'évanouir.

    Ces ombres illusoires peuvent pourtant être apparemment enregistrées sur pellicule photographique. Il y a beaucoup de prétendues photographiques de fantômes, mais il y en a peu dont les clichés soient vraiment convaincants. La fraude a été si répandue dans le domaine de la photographie psychique que l'attention a été détournée des rares exemples qui peuvent bien être réels.

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    Un cas sérieux et frappant est celui de Raynhan Hall, qui est la demeure du marquis de Townshend, à Nortfolk, et qui se situe en 1936.
    Un photographe professionnel et son assistant étaient en train de prendre des photos de la demeure. Pendant qu'il photographiait l'escalier, l'assistant raconta avoir vu un spectre en train de descendre les marches. L'image prise à ce moment, et qui a été déclarée authentique et sans trucage par des experts en photographie, montre effectivement une forme brumeuse, floue.

    La maison a depuis longtemps la réputation d'être hantée par une dame en brun, qui fut aperçue simultanément par deux témoins un jour de 1835. Plus tard, elle fut encore vue par le capitaine Marryat, un écrivain qui, sans aucune galanterie, tira sur elle un coup de feu. Malgré cette action déplaisante et inamicale, on la vit de nouveau en 1926 : elle se montra à Lord Townshend et à deux témoins. Dix ans plus tard, elle se faisait " tirer le portrait " grâce au photographe.

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    Des photographes ont pris des images de fantômes fort convaincantes dans des églises. En 1940, par exemple, un avoué a saisi une forme humaine, sans erreur possible, devant l'autel de l'église Saint-Nicolas, à Arundel, dans le Sussex. D'apparence moins floue, plus consistante que la dame en brun de Raynham Hall, elle était toutefois partiellement transparente. Certains l'on interprétée comme l'image d'un prêtre agenouillé.

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    Un personnage similaire est apparu sur une photo prise dans l'église de Sainte-Marie, à Woodford Carroll, en 1966. Deux fantômes de prêtres se sont également montré une photo de Lady Palmer prise par son amie, Miss Townsend, dans la basilique de Domrémy, le pays de Jeanne d'Arc.

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    Le prix de la qualité technique pour une photo de fantôme doit aller au révérend K.F. Lord, de Newby, dans le Yorkshire, pour avoir enregistré la présence devant son autel d'un spectre aux orbites vides, et dont l'image est très nette.

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    Après ces quelques exemples de fantômes attachés plus principalement à un lieu, on dispose en plus grand nombre de témoignages photographiques d'apparitions hantant une personne. C'est ainsi que les albums de photo de famille du médium londonien Gladys Hayter contiennent des douzaines d'images en couleurs de leurs inexplicables, d'ombres et d'êtres humains vivants, apparemment plus ou moins dématérialisés.

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    En 1979, cette femme a photographié un enfant dans une voiture, image qui semblerait entièrement normale si ce n'était le fait que, comme Gladys Hayter l'a certifié, ... il n'y avait pas d'enfant dans la voiture lorsque la photo a été prise !

    Cependant, aucune photographie ne peut être aussi convaincante que les témoignages oculaires. Et leur accumulation serait la meilleurs preuve de l’existence des fantômes.

    Mais en dépit d'un siècle de recherche intensive, les questions demeurent sans avoir encore reçu de réponses définitives. Que sont-ils ? Dans quelles conditions se manifestent-ils ? Les chasseurs de fantômes continuent toujours d'affronter des mystères innombrables...

                                                                                    Extrait de " Inexpliqué " 1981


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