• Jeanne d'Arc - 5. Morte à Rouen ?*

     

    Jeanne d'Arc - 5. Morte à Rouen ?

    Jeanne d'Arc a-t-elle été brûlée à Rouen ?

    L'exécution de Rouen constitue le second motif de divergence partageant les historiens. En effet, il est établi de façon certaine qu'une jeune femme prétendant être la Pucelle est réapparue publiquement en 1436 en Lorraine où, le 20 mai, elle fut " avouée pour leur sœur " par les deux frères de lait de la Pucelle, Jean et Pierre Darc.

    Elle épousa le seigneur lorrain Robert des Armoises avant de repartir en campagne, notamment avec Gilles de Rais, et décéda, en 1449, de mort naturelle sans laisser de postérité. L'unique problème est de savoir s'il s'agit d'une aventurière ou de la véritable pucelle.

    Au cours des années qui suivirent le procès de Rouen, les Français ne considéraient nullement comme définitivement établi que Jeanne eut véritablement été suppliciée. Ainsi peut-on lire dans le Journal d'un bourgeois de Paris : " Beaucoup de gens croyaient fermement que, par sa sainteté, elle se fut échappée du feu et qu'on eut brûlé une autre. Un frère de l'ordre de Saint-Dominique dit encore qu'elle avait abjuré, et qu'on lui avait infligé comme pénitence quatre ans de prison au pain et à l'eau, dont elle ne fit pas un jour. Elle se faisait servir comme une Dame. "
    Une chronique bretonne de 1440 entend laisser planer le doute :
    " L'an mil CCCCXXXI, la veille du Sacrement, fut la Pucelle brûlée à Rouen ou condamnée à l'être. "

    Jeanne d'Arc - 5. Morte à Rouen ?

    Une chronique de Metz précise encore : " En la ville de Rouen en Normandie, elle fut échauffée et arse en un feu, ce veut-on dire, mais depuis fut prouvé le contraire. "
    Observons que les chroniqueurs anglais partagent cette opinion, ainsi le manuscrit 11542 du British Museum : " Finalement, la fire ardre publiquement. Ou toute autre femme semblable à elle. De quoi beaucoup de gens ont été et sont encore de diverses opinions. "
    William Caxton déclare dans sa Chronique d'Angleterre (1480) qu'il a appris au cours d'un voyage à la cour de Bourgogne que la Pucelle était restée prisonnière durant les neuf mois qui suivirent sa condamnation.

    Ces chroniques diverses permettent de relever d'autres contradictions, ne serait-ce que sur la date d’exécution :
    1431, pour les chroniqueurs français, 1432, pour les Anglais.
    Ou encore sur le mode de supplice : Jehan de La Chapelle, dans une chronique de 1492, écrit que " la Pucelle fut décapitée avant d'être brûle ".

    Robert Amblain, dans ses Drames et secrets de l'histoire, attire notre attention sur un point d'importance relevé dans un manuscrit de Pierre Cauchon, conservé à la bibliothèque de l'Assemblée nationale :
    " Nous juges, pour que tu fasses une pénitence salutaire, notre clémence et notre modération étant sauves, nous te condamnons, finalement et définitivement à la prison perpétuelle, avec le pain de douleur et l'eau d'angoisse, de telle sorte que là, tu pleures tes fautes et n'en commettes plus qui soient à pleurer. "

    Jeanne d'Arc - 5. Morte à Rouen ?

    D'autres chercheurs contemporains, anglais ceux-là, affirment avoir retrouvé dans diverses archives la preuve que Jeanne " avait touché une pension de la Couronne britannique deux ans après la date du bûcher de Rouen ".

     Enfin, la chronique de Perceval de Cagny établit que la Pucelle " fut amenée du chastel, le visage embroché, au lieu où le feu était prêt, selon le rapport officiel de ceux qui disaient ce avoir vu ".

    Le Dictionnaire de l'ancienne langue française de Frédéric Godefroy nous dit embrochée signifie " entièrement voilé ". Telle est aussi l'opinion de Littré : " L'ancien français enbrocher, comme le provençale embrocar, a deux sens : cacher, voiler et pencher, d'où rendre triste : renfrogner ".

    Il faut préciser que les malheureux condamnés au feu portaient sur la tête une mitre en papier enduite, comme la chemise, d'une pommade soufrée. Il est donc bien évident qu'il ne faut pas prendre le mot enbroché dans sa signification seconde de " triste ", mais dans l'acceptation première de " voilé ". La femme menée au bûcher de Rouen portait un chaperon, qui voilait son visage, et une mitre sur la tête. On tenait donc à dissimuler le visage de la malheureuse !

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    Robert Ambelain fait remarquer un point qui abonde dans le sens de la survie de la Pucelle : la messe anniversaire de sainte Jeanne d'Arc se célèbre en ornements blancs aux vierges, et non en ornements rouges, particuliers aux martyrs...

     Notons au passage qu'il a fallu près de cinq siècles pour que l'église admette la mission divine de Jeanne et qu'elle soit canonisée. A deux reprises, 1885 et 1888, la Sacrée Congrégation renvoya l'affaire et ce ne fut qu'après de longues tractations politiques qu'elle fut déclarée vénérable, en 1909, et canonisée, en 1920. Six mois plus tard, l'Assemblée nationale votait le rétablissement des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, rompues en 1905...

    Jeanne d'Arc - 5. Morte à Rouen ?

    L'on comprend mieux ces réserves de l'Eglise si l'on considère avec attention les documents concernant la dame des Armoises. Un fait est certain : il y eut de nombreuses " fausse Pucelles " qui furent
    " démasquées et justifiées âprement ", ainsi que leurs complices. Tel ne fut pas le sort de Jean et Pierre Darc, qui reconnurent Jeanne des Armoises pour leur " sœur ", en mai 1436, comme l'établit la Chronique messine du doyen de Saint-Thiebaut.

    Un acte indiscutable confirme la réapparition de Jeanne. Il s'agit de la Généalogie de la maison des Armoises, conservée dans les archives de cette famille et citée par Pierre de Sermoise dans ses Missions secrètes de Jeanne la Pucelle.

    Cet acte fut dressé, en 1770, par le juge d'armes Bernard Chérin. Il y est dit : " Noble Robert des Armoise épousa Jehanne du lys à la Grange-aux-Ormes, le 7 novembre 1436 " On peut également lire dans cette généalogie " Robert des Armoises, mort sans génération. Femme : Jeanne, la Pucelle de France. "

    On peut aussi citer un acte établissant une transaction intervenue entre les deux époux où il est formulé ceci : " Nous, Robert des Armoises, chevalier, seigneur de Tichémont, et Jeanne du Lys, la Pucelle de France, dame dudit Tichémont, ma femme... " Ce document est certifié par les sceaux de Jean de Thoneletil, puissant seigneur voisin, et de Saubelet de Dun, magistrat royal et prévôt de Marville.

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    Il serait fastidieux d'évoquer d'autres documents et d'autres témoignages. Aussi nous bornerons nous à citer quelques-uns de ceux qui reconnurent en la dame des Armoises la Pucelle de France.
    Charles VII, qui la reçut à Orléans, en septembre 1439, et qui lui fit le meilleur accueil. Nous ne voulons pour preuve de cette reconnaissance que le fait que ni elle ni ceux qui l'accompagnaient ne furent jamais inquiétés, qu'elle quitta librement cette ville et qu'elle y revint l'année suivante, en toute quiétude.

    Et l'on peut lire dans les Comptes de forteresses d'Orléans : 4 septembre 1440. A Jehan Pichon pour 6 pintes et chopines de vins à 8 deniers la pinte, présentée à Jehanne des Armoiries " Il s'agissait d'un vin d'honneur identique à ceux à ceux qui célébrèrent, l'année précédente, le retour de la libératrice de la ville, à laquelle on remit, et là il s'agit de la reconnaissance de toute une population, une somme de 210 livres
    " pour le bien qu'elle a fait à ladite ville durant le siège ".

    A côté de la reconnaissance royale et de celle de toute une ville, on peut citer celles de personnages aussi illustres que Yolande d'Anjou, reine de France, Jean Dunois, le Bâtard d'Orléans, demi-frère de Jeanne, Gilles de Rais, Poton de Xaintrailles....

    Pour Robert Ambelain, Jeanne fut transférée secrètement, le jour de son supplice, de la forteresse rouennaise du Bouvreuil hors des murs de la ville, par un souterrain qui servit encore au cours de la Seconde Guerre mondiale. Toujours selon le même hauteur, elle aurait été détenue de 1432 à 1436 au château de Montrottier, près d'Annecy, où l'on peut toujours voir, dans le donjon, une salle dite Prison de la Pucelle.
    C'est de cette prison que la délivrèrent Xaintrailles et Jean de Blanchefort.

    Jeanne d'Arc - 5. Morte à Rouen ?

    L'on a vu la suite, la reconnaissance de la dame des Armoises, son mariage, ses campagnes militaires. On sait aussi qu'elle séjourna au château de Jaulny, où l'on peut encore voir son portrait, et qu'elle mourut en 1449. Selon toute vraisemblance, elle reposerait, non loin, dans l'église de Pulligny, sous une dalle à l'inscription martelée...

    Jeanne d'Arc - 5. Morte à Rouen ?

    En novembre 1968, Pierre de Sernoise put relever ce qui restait de l'inscription : " Priez pour l'âme d'icelle-ci ", et une croix pattée et cerclée, identique à celle ornant l'un des anneaux de Jeanne, identique à la
    " croix de la Pucelle " que fit ériger, en bordure de la route de Poissy, son demi-frère Dunois, lui aussi Bâtard d'Orléans.

    Le voile entourant encore Jeanne ne sera définitivement levé que lorsque l'Eglise permettra la diffusion des documents qu'elle détient, et dont elle nie toujours l'existence.

    Jeanne d'Arc - 5. Morte à Rouen ?

    La vérité ne fera que rendre plus admirable encore celle qui, princesse ou bergère, est la plus noble et sainte fille de France.

     Jeanne d'Arc - 5. Morte à Rouen ?

     


  • Commentaires

    1
    Mardi 12 Août 2014 à 10:48

    Pour aller plus avant dans la découverte de la vraie histoire de Jeanne, Pucelle d'Orléans, visitez le site des "Secrets de Jeanne"

    www.jeannedomremy.fr

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