• Jeanne d'Arc - 2. L'héritage des druides*

     

    Jeanne d'Arc et l'héritage des druides

    Le caractère mythique de certains aspects de la vie de Jeanne d'Arc  ne manque pas d'être hautement significatif des buts véritables de sa mission et des conditions matérielles et spirituelles qui lui permirent de la mener à bien.

    A cet égard, la véritable " promotion '' qui préluda à la manifestation publique de la Pucelle est un bel exemple de mise en condition de l'opinion populaire. On parlerait de nos jours de campagnes publicitaires, ou de guerre psychologique, préparant le terrain politique et militaire dû à un vieil héritage celtique que le christianisme n'avait pu faire totalement disparaître.

    Et l'on comprendra mieux, à la lueur de quelques-uns de ces faits, l'attitude de l'Eglise qui n'hésita pas à la déclarer " sorcière, devine, fausse prophétesse, invocatrice de malins esprits, magicienne, schismatique, sacrilège, idolâtre, apostate, blasphématrice, séditieuse,  de la paix, altérée de sang humain et excitant à verser, quittant sans vergogne la pudeur de son sexe et prenant scandaleusement habit d'homme d'armes pour ces choses et autres abominables à Dieu et aux hommes, séductrice des princes et des peuples, usurpatrice des honneurs et du culte divins, hérétique ou véhémentement suspecte d'hérésie... "

    Jeanne d'Arc et l'héritage des druides

    Crécy, Poitier et Azincourt avaient décimé la noblesse française, qui avait perdu toute espèce de vigueur et de prestige et se montrait prête , en ce début de XVè siècle, à se soumettre au prétendant anglais. Ce dernier ne se posait pas en conquérant, et aucune question de nationalité n'entrait en ligne de compte.

    La situation était catastrophique en France. Les fléaux qui frappaient le pays depuis la démence de Charles VI, et surtout depuis le meurtre du duc d'Orléans, n'avaient épargné personne.

    N'attendant plus rien de la terre, le peuple tournait les yeux vers un ciel désespérément vide. Cependant quelques-uns ne renonçaient pas.
    Une ardente fermentation religieuse, à laquelle était étranger le haut clergé, agitait les campagnes. Quelque chose de l'exaltation mystique d'autrefois s'était réveillé. Ainsi le Breton Thomas Connecte, membre de cette singulière congrégation qui prétendait compter les druides parmi ses aïeux, parcourait-il le Nord et les Flandres en prêchant partout avec virulence " contre les vices et péchés d'un chacun, et en spécial contre le clergé ".

    Jeanne d'Arc et l'héritage des druides

    D'autres prêcheurs, tirant leurs textes de l'Apocalypse, remuaient les autres provinces. Le cordelier Richard, disciple de Vincent Ferrier, annonçait la naissance de l'Antéchrist et révélait " qu'en l'an trentième ( 1430), on verrait les plus grandes merveilles qu'on eût jamais vues ".

    Ainsi qu'à toutes les époques de fermentation religieuse, les cas d'extase se multipliaient. Marie d'Avignon, une visionnaire, était allée trouver Charles VII pour lui conter que, dans une de ses visions, elle avait aperçu des armures qu'on semblait lui offrir, que ces armes n'étaient pas pour elle mais pour une jeune fille qui viendrait après elle et qui délivrerait de ses ennemis le royaume de France.

    Des prophéties se répandaient ici et là, assurant que la France perdue par une femme serait sauvée par une femme. Tel ce tercet d'un almanach du XVè siècle :

    Une femme la France perdra,
    Une femme la France sauvera,
    L'une de l'autre sortira

    Il est facile à comprendre : Isabeau de Bavière, reine de France, liée au parti anglais, perdra le royaume et sa fille le sauvera.

    Ces prophéties semblent bien correspondre à des slogans et à des idées élaborées pour préparer un certain climat psychologique.
    Tous annonçaient qu'une vierge, venue des marches de Lorraine, délivrerait Orléans et rendrait le royaume à son véritable roi, Charles VII. Une autorité plus imposante confirmait encore ces révélations.

    Jeanne d'Arc et l'héritage des druides

    On avait consulté le druide Merlin et sa prophétie, où il était dit que
    " la Vierge descendra sur le dos du Sagittaire ", du tireur à l'arc.
    Le peuple lut dans cette parole la promesse qu'une pucelle mettrait sous ses pieds " les hommes armés
    de l'arc ", les Anglais.

     La précision de la prophétie de Merlin l'Enchanteur, rapportée par Geoffroi de Mommouth laisse rêveur : " De la ville du Bois-Chenu sortira la Pucelle, afin de prendre soin de la guérison... Elle portera dans sa droite la fôret de Calyddon, dans la gauche les créneaux des murs de Londres... Chacun de ses pas allumera une double flamme... Elle fondra en larmes pitoyables et remplira l'île d'une clameur d'épouvante... A la mort de la pucelle, la forêt danoise se soulèvera : elle éclatera en une voix humaine et criera : Leve-toi, Cambrie... et dis à Gwynton : La terre te dévorera ! "

    Jeanne d'Arc et l'héritage des druides

    Le Bois-Chenu est ce bois composé de chênes extrêmement vieux, appartenant à Jacques Darc, qui comportait l'arbre dit arbre des Dames.

    Il s'agit d'un ancien bois sacré remontant à la fin de la période druidique et de l'un de ces arbres sous lesquels officiaient les druides et dont on disait qu'ils étaient la demeure d'une fée. L'arbre selon les druides, possédait une âme, et ils traitaient certaines maladies par transfert psychique sur cette âme. La guérison dont il s'agit ne peut être que celle de la France malade. D'une France malade de ses divisions en souffrant à la fois d'illégitime royale et de l'inégalité de voix du tiers état dans ses représentations parlementaires.

    Dans sa main gauche, matérielle et quelque peu vile, la cité et le pouvoir de Londres que Jeanne devra acheter quand elle ne pourra vaincre les armes à la main. Dans sa dextre, elle emporte la forêt de Calyddon dont on sait qu'elle était l'alliée des Français. En cela, elle incarne l'indomptable âme celtique, qui n'avait pas adhéré aux mœurs nouvelles.

    Les larmes de Jeanne expriment sa pitié et sa générosité qui viendront à bout des plus épaisses murailles, et le bruit de ses victoires épouvantera l'île anglaise. La forêt danoise représente la grande famille celte dont les loges de charbonniers furent les auxiliaires les plus résolus de la Pucelle.
    Quant à Gwynton, c'est le nom celtique de Winchester dont le cardinal fut l'un des plus redoutable ennemis de la Pucelle.

    Comme on peut le constater en lisant son histoire officielle, l'enfance et l'adolescence de Jeanne ont été fortement imprégnées par les influences celtiques.

    Jeanne d'Arc et l'héritage des druides

    Sur un certain plan ésotérique, l'histoire de la Pucelle n'est que le couronnement d'une série vingt-cinq fois séculaire de légendes populaires qui annonçaient l'affranchissement des basses couches de la société. C'était un moule dans lequel Jeanne se coula naturellement, parce qu'elle était faite pour le remplir. Mais, malgré sa piété ce moule n'était si chrétien ni catholique, et l'idéal chevaleresque et populaire, dans lequel elle s'était incarnée, est toujours resté en dehors du christianisme.

    La Pucelle chevaucha donc sous la protection de la vieille déesse patronymique de la France, celle que les druides et les Bélénides avaient rapportée de leur lointaine Phrygie.

    Pour certains hermétismes, Jeanne incarne la figure centrale de l'ésotérisme royal, croyance qui veut que certaines monarchies auraient eu pour arcane une fée royale, ou Dame blanche.

    Quel que soit le plan sur lequel on se place, on ne peut que constater, en reprenant le jugement du plus méconnu de nos hermétistes, Grasset d'Orcet, que " ni les héros, ni les héroïnes, ni les miracles eux-mêmes ne s'improvisent ; ils sont le résultat d'une infinité de collaborations occultes, presque toujours séculaires ".

     

      


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