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Jean Ray - Bio
Jean Ray affirmait avoir été dompteur dans sa jeunesse. On le mit donc au défi de prouver ses dires. Un cirque se trouvait dans les environs. A la stupéfaction générale, il entra dans la cage aux lions, seul, les mains dans les poches. Il avait 76 ans... Diable d'homme !
Bien sur, suggéra alors un de ses amis, il se peut que Jean Ray, à force de raconter qu'il avait été dompteur, ait fini par le croire. Et que les lions l'aient également cru.
Mystérieux Jean Ray, personnage insaisissable, auréolé d'une légende où il est difficile de discerner le vrai du faux, le vécu de l'imaginé, le rêve de la réalité. Avec lui " on ne sait jamais " comme il le répétait souvent, un sourire malicieux aux lèvres et le regard pétillant.
Raymond-Jean-Marie De Krener naît à Gand, le 8 juillet 1887. Son père est marin Sa mère est institutrice. Et sa grand-mère est une indienne Dakota - c'est du moins, ce qu'affirme la légende...
A quinze ans, l'aventure commence pour lui, dans un tumulte qui semble sortir de l'un de ses contes. Il est tour à tour matelot, calculateur à l'observatoire de Juvisy, responsable d'une revue culturelle, second dans la marine marchande. Il aurait même navigué pendant plus de trente ans. Une vie d'aventures et de dangers.Pendant tout ce temps, il aura pu parfaire sa légende et peaufiner son énigmatique passé. On saura qu'il aime entendre parler de son visage gothique, de ses yeux cruels, de sa bouche d'inquisiteur ou de son cœur de pierre : qu'il est toujours ravi de choquer et de scandaliser les bonnes gens. Il se veut doté d'étrange pouvoirs. Il se croit le dernier écumeur des mers, le dernier pirate des temps modernes... Il raconte que pendant sa jeunesse, il a assisté à une exécution capitale à Canton, et qu'il avait avant demandé de remplacer le bourreau ! Ce qu'on lui avait refuser.
Pourtant très tôt, Jean Ray manifeste une vive passion pour la littérature. Dickens a toute sa prédilection. Malgré toutes ses aventures, et peut-être grâce à elles, il s'est mis à écrire. Son oeuvre est immense.
En 1925 il publie les Contes du whisky, des histoires noires et diaboliques où son univers original pointe déjà.
En 1932, la Croisière des ombres confirme ce talent : dans deux des nouvelles de ce recueil ( La Ruelle ténébreuse et le Psautier de Mayence ), il franchit les lisières du réel et nous fait découvrir la quatrième dimension de notre monde, avec un inoubliable cortège de terreurs et d'abominations.Son génie visionnaire s'affirme. Il fera de lui l'un des plus grands auteurs fantastiques de ce temps. On a pu le comparer à Lovecraft, cet autre grand génie du siècle, tout aussi singulier et secret.
En 1942, le Grand Nocturne nous introduit dans le monde parallèle des
" anges déchus ", pour lesquels l'homme n'est qu'un pion dérisoire.
En 1943 et 1944, Jean Ray est à l'apogée de son talent : Malpertuis - la Cité de l’indicible peur - Les Cercles de l'épouvante et les Derniers Contes de Canterbury en témoignent.Avec le Livre des fantômes qui parait en 1947, Jean Ray s'oriente délibérément vers les histoires d'horreur et d'angoisse. Il appartiendra aux Editions Marabout de publier la quasi-totalité de son oeuvre.
Dès le début des années soixante, cette maison fait paraître :
Vingt-Cinq Histoires noires et fantastiques - Saint Judas de la nuit -
Le Carrousel des maléfices et les Contes noirs du golf.Jean Ray est incontestablement le maître de l' " école belge de l'étrange ".
Son fantastique fit des émules. Sous le pseudonyme de John Flanders, il écrit également des romans d’aventures pour la jeunesse.Ce génie fantastique se retrouve également dans la série des aventures de Harry Dickson, le " roi des détectives ", dont les adversaires sont souvent dotés de pouvoirs surnaturels. Au début Jean Ray se contentait de traduire ces aventures, sans intérêt, imaginées par un Allemand resté inconnu. Puis il exigea de les écrire seul et directement, avec une unique contrainte : s'inspirer des couvertures des fascicules originaux, généralement assez réussies. Il les rédigeait souvent en une seule nuit, avec, pour stimuler son imagination et susciter des brumes du mystère, l'aide de quelques flacons de genièvre.
C'est ainsi que nous pouvons nus délecter de ces étranges serials, où les fusées stratosphériques côtoient les ''guirits " venus de Sibérie, les dieux-démons assyriens et la Gorgone. Avec, de temps en temps, des passages vraiment onirique, à la limite de l'écriture automatique chère aux surréalistes.
Roi de la peur, du mystère, de l'épouvante et du fantastique, Jean Ray est un écrivain aux multiples facettes. Son univers unique est loin d'avoir livré tous ses secrets. Ne prétend-il pas avoir expérimenté personnellement la quatrième dimension ?
A l'âge de 17 ans, il entre dans une pâtisserie aux gâteaux appétissants. Personnes. Il finit par emplir un sac de petits fours et ressort tranquillement, en se promettant de revenir. Deux semaines plus tard, il revient et cherche en vain cette étonnante boutique. Sans rien trouver. Les commerçants les plus proches sont formels : il n'y a jamais eu de pâtisserie dans la rue... Aventure réelle ou caprice d’imagination ?
Avec Jean Ray, " on ne sait jamais " !CITATIONS
- Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les dieux doivent leur existence à la croyance des hommes? Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent.
- On ne s’effraie d’une chose que lorsque notre intelligence a décidé qu’elle est effrayante.
- La crainte superstitieuse que les vivants ont des morts, est héréditaire et incurable. Il ne faut pas en être plus honteux que du fait d’avoir hérité, par exemple, l’inaptitude aux mathématiques ou la tendance à mentir.
- Pourquoi les morts m'auraient ils fait peur ? Les vivants m'avaient tant fait souffrir. Les morts pouvaient-ils être plus méchants ?
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