• Dragon - Symbolisme*

    Ainsi les dragons d'Extrême-Orient sont des créatures beaucoup moins maléfiques que leurs congénères occidentaux. Et on ne rencontre pas, dans la tradition orientale, de " tueurs de dragons ". Ceux-ci, qui élisent domicile sur les nuages dispensateurs de pluie, dans les rivières, les lacs et les étangs, symbolisent les forces cosmiques qui unissent le ciel et la terre.

    Le dragon, en Orient, est l'emblème du pouvoir. Les empereurs de Chine s'asseyaient sur un trône sculpté de dragons et ces animaux ornaient également leur robe. Dans la Chine ancienne, les dragons étaient en outre associés aux pratiques de géomancie, ou feng-shui.

    Les géomanciens étaient en quelques sorte des astrologue-sourciers qui recherchaient, par des calculs très compliqués, les emplacements les plus favorables à l'édification des villes, des palais, des tombeaux des empereurs, ceux où ils seraient sûrs de bénéficier de toute la puissance des grands courant telluriques.

    Dragon - Symbolisme

    Ces courants magnétiques pouvaient être de nature négative (yin) ou positive (yang). Le courant positif était symbolisé par un dragon mâle et suivait en général les lignes des hauteurs et des pics escarpés où résidaient le dragon. Les routes qui cheminaient ainsi de mont en mont étaient dites lung-mei ( route du dragon ). Il était important qu'un certain équilibre soit préservé entre le yin et le yang et on devait prendre garde, en construisant de nouveaux édifices, en bâtissant des routes ou des villes, de ne pas détruire ce précaire équilibre naturel. Il fallait donc choisir avec soin les sites nouveaux, en harmonie " avec les courants locaux du souffle cosmique ", sous peine de s'attirer de fâcheux désagréments.

    Les empereurs devenaient de plus en plus puissants dans le Céleste Empire et les géomanciens s’efforçaient de maîtriser et de canaliser ces grands courants telluriques, de façon à les faire converger vers le siège du gouvernement impérial, à Pékin. Sur leur itinéraire, les " routes du dragon " impériales étaient soigneusement protégées. Il était interdit de construire à leur proximité. On disait alors que la gloire d'une dynastie reposait en grande partie sur l'habileté des géomanciens à choisir les emplacements les plus favorables pour ensevelir ses fondateurs.

    John Mitchell, grand expert en feng-shui et en lung-mei, voit dans ces secrets de l'harmonie entre le ciel et la terre le fondement de beaucoup de vieilles religions de l'Ancien Monde.

    Non seulement en Chine, mais en Europe, en France et en Grande-Bretagne notamment, les hommes ont choisi, pour leurs lieux de culte, des emplacements correspondant aux grands courants magnétiques terrestres.

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    Des anciens sites mégalithiques se répartissent suivant un réseau complexe qui correspond aux lignes de force des principaux courants telluriques. John Mitchell, en examinant le tracé qui relie entre eux les grands sites de Grande-Bretagne, y a découvert l'image plus ou moins approximative d'un dragon.

    En reliant les uns aux autres les principaux sites mégalithiques du sud de l'Angleterre, il a vu apparaître un gigantesque alignement depuis le Saint Michael's Mount en Cournouailles, à l'ouest, jusqu'à la côte est, au nord de Lowestoft, en passant par les sites anciens de Glastonbury et Avebury. Et cette ligne correspond exactement à celle du lever du soleil au jour du 1er mai.

    En suivant cette ligne, d'ouest en est, John Mitchell a constaté une étrange concentration d'éléments associés aux dragons. Tout comme si l'église avait voulu, en plaçant ces lieux sous le patronage des deux saint, conjurer l'influence du paganisme adorateur de dragons et en extirper les racines, fort profondes si l'on en croit l'abondance des monuments mégalithiques !

    Si l'on suit cette ligne imaginaire, on trouve à l'extrême ouest le Saint Michael's Mount, promontoire rocheux de la côte de Cornouailles, qui est connu comme site mégalithique. Puis l'on traverse les Hurlers de Bodmin Moor : trois cercles de pierres concentriques et qui sont, dit la légende, des serpents en pierre par un saint chrétien.

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    L'église Saint Michel de Brent Tor, près de Dartmoor, se perche au sommet d'un affleurement de roches noires. 
    Plus à l'est, dans le Devonshire, l'église Saint Michel de la vallée de Cadbury est bâtie en contrebas d'une ancienne chaussée dallée où, selon la légende, un dragon avait établi son repaire. Quelques 30 km plus loin, on trouve l'église Saint Michel de Trull. Un autre dragon aurait été tué sur la colline voisine de Castelman. Sur l'un des vitraux sud de cet édifice, l'on peut voir saint Georges, saint Michel et sainte Marguerite, terrassant chacun un dragon.

    Et 8 km plus loin, c'est la petite ville de Creech Saint Michael. Puis Lyng : on peut y voir des dragons sur les vitraux ainsi que sur les bancs sculptés de l'église. Puis l'on trouve encore les ruines d'une église Saint Michel au sommet d'une butte artificielle, dite Burrowbridge Mump

    Lorsque l'on survole la région du Somerset, on constate que cet ancien site présente la forme d'un gigantesque chien : " le Chien qui garde le temple des Etoiles de Glastonbury ". Le porche de l'église d'Othery Saint Michael, près de sedgemoor, s'orne d'un dragon sculpté. 

    Nous trouvons dans l'apocalypse selon saint Jean une allusion au rôle de saint Michel : " Et je vis descendre du ciel un ange qui tenait dans sa main la clé de l'abîme et une grande chaîne ; il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il l'enchaîna pour mille ans, et il le jeta dans l'abîme, qu'il ferma à clé et scella sur lui, afin qu'il ne séduisit plus les nations, jusqu'à ce que les mille ans fussent écoulés. "

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    Les évangélisateurs chrétiens ne savaient pas exactement quelle forme le dragon empruntait sur terre et, dans le doute, ils érigèrent leurs sanctuaires sur les emplacements des cultes anciens afin d'en abolir le souvenir. Mais l'Eglise n'a pas pu conjurer entièrement le dragon, même dans l'enceinte de ses propres lieux de cultes ! Les dragons des églises n'apparaissent pas toujours comme une incarnation évidente du mal.
    Loin de là ! Et les artistes médiévaux anonymes n'ont pas toujours représenté leur anéantissement.

    Ainsi les dragons volent sur le tympan du prieuré de Penmon, dans l'île d'Anglesey. Ils nous lorgnent avec concupiscence sur les miséricordes des stalles du chœur de la cathédrale de Wells. Ils vont deux par deux, librement, sur le curieux porche de l'église de Kilpeck à Worcester.

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    Les Pères de l'Eglise n'approuvaient pas ces fantaisies de leurs tailleurs de pierres : " Pourquoi ces monstres ridicules ? ", demande Bernard de Clairvaux, fondateur, au XIIèe siècle, de l'ordre cisterciens.

    " Si ces hommes n'ont pas honte de telles folies, pourquoi du moins ne sont-ils pas rebutés par l'effort nécessaire ? ", interroge-t-il ? Pourquoi ?
    Mais parce qu'il était sage de se concilier malgré tous les anciens dieux, en toute éventualité...

    On peut s'interroger sur la vénération obscure qui entoure les dragons. Certains ont vu en eux des représentants de quelques puissances extra-terrestre, de même qu'ils voient dans l'apocalypse une allusion voilée à quelque gigantesque bataille galactique.

    D'autres voient une connexion entre les sites fréquentés par les dragons légendaires et les lieux d'apparition des ovnis. Sur ce postulat hasardeux, ils ont échafaudé une théorie : les hommes qui observèrent pour la première fois les étranges objets volants virent en eux une fabuleuse source de richesses. Convoitant le trésor des dieux venu du ciel, ils tuèrent ces dieux pour s'en emparer.

    Dans un Mabinogion ( roman de chevalerie gallois ), on trouve ce passage : " Peredur entendit parler d'un Serpent, chevauchant un grand anneau d'or, qui ravageait les environs, ne laissant pas une habitation intacte à 7 miles à la ronde. Alors Peredur alla à la rencontre du Serpent et le combattit avec vaillance et acharnement. Il le tua et s'empara de l'anneau d'or. "

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    Après avoir aperçu ces premiers " disques volants ", les hommes vouèrent un culte aux dragons qui, par leurs anneaux serpentins, en rappelaient la forme circulaire. Les hommes primitifs édifièrent alors des tertres circulaires et des alignements de pierres, afin d'inciter les soucoupes volantes à se poser à nouveau sur terre. Ainsi Stonhenge, si l'on voulait en croire cette intéressante théorie ne serait qu'un gigantesque terrain d'atterrissage...

    Au XVIIIè siècle, déjà, le docteur William Stukeley prétendait que les grands alignements de pierres préhistoriques étaient des images géantes de serpents, tracées à l'intention des dragons - ou de leurs serviteurs - qui pourraient les apercevoir du haut des nues. Ce serait, somme toute, des poteaux indicateurs géants !

    D'autres enfin voient dans les dragons des projections psychiques émanant soit d'une race extra-terrestre supérieure, soit de l'inconscient collectif Thomas Bearden écrit : 

    " L'inconscient collectif est toujours beaucoup plus puissant que l'inconscient individuel et il est capable de matérialiser une forme imaginaire, qu'il s'agisse d'un objet ou d'un être vivant. "

    Parmi ces phénomènes, Bearden range, outre les dragons, les ovnis, les fées, le monstre du Loch Ness... Les anciennes civilisations, qui se préoccupaient beaucoup des astres, en donnaient des représentations symboliques. Des mythes aztèques,  assyriens ou babyloniens parlent de Vénus comme du " Serpent à plumes ", du " dragon terrifiant ", qui faillit autrefois détruire la terre par des incendies et des inondations effroyables.

    S'il est aussi difficile de définir et d'interpréter l'image du dragon, c'est qu'il reflète les obsessions de ceux qu'il fascine. Les psychanalystes sont tout aussi convaincants lorsqu'ils présentent le dragon comme l'image du père, qui veille sur la virginité de sa fille, que lorsqu'ils en font le symbole de la mère abusive.

    Au Moyen Age, les alchimistes croyaient à la mutabilité du dragon. Il n'existait pas pour eux de stabilité des formes et des fonctions. Lorsque la pratique de l'alchimie fut interdite, ils employèrent différents codes secrets pour désigner les différents états de la matière. Le dragon représenta alors la matière brute, avant la transmutation ; ou encore le mercure, qui intervient dans la transmutation d'autres métaux. 

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     Le dragon est aussi le gardien de l'or, objet de la longue quête des alchimistes. Encore faut-il tuer le dragon afin qu'il renaisse sous une autre forme.

     


  • Commentaires

    1
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