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Colas Chachas sorcier de la vallée de la Semois*
A Auby comme partout, la légende se mêle à l'histoire et bien malin celui qui, dans l'histoire de Colas Chacha, fera la part de la fable et celle du passé vécu.
Il était une fois, il y a très longtemps un pâtre nommé Colas Chacha, qui chaque matin reconstituait la harde du village en allant de masure en masure quérir chèvres et brebis. Il portait au cou, à côté de son cornet, un chapelet à gros grains et passait à Auby pour un homme d'une foi ardente. En fait, l'habit faisant moins que jamais le moine, le bougre était roi des sorciers du canton. C'était lui qui, au terme des orgies et des danses frénétiques du Sabbat, conduisait sa troupe maudite au sommet de la colline et l'obligeait à sauter à reculons de l'éperon encore visible aujourd'hui.La personnalité nocturne du berger aurait sans doute échappé à tout le monde, si une matrone du village l'ayant un jour complimenté sur son chapelet et son air dévot, n'avait été gratifiée d'un regard incendiaire et de cette menace : " Tu ne me connais pas encore ! ".
Quelques semaines plus tard, une mystérieuse épidémie décima le bétail et les soupçons se portèrent sur une jeune fille, qui torturée et convaincue de maléfice, accusa Chacha et les membres de sa coterie satanique. Le prêtre, interrogé et soumis à son tour à la question, avoua tout ce qu'on voulut et fut brûlé vif sur un fagot d'épines noires, au milieu du pont de Bouillon. Sa lamentable fin n'a pas laissé de trace dans les minutes du procès de sorcellerie qui, aux XVIème et XVIIème siècle, furent le corollaire sulfureux des guerres de religion, mais il n'est pas douteux que la légende s'empare d'un cas tristement réel.
Auby, village reculé du très catholique duché de Luxembourg, n'échappa pas à la vague de répression qui alluma des bûchers aux quatre coins de l'Europe occidentale et qui, selon l'expression de l'historien Jean Delumeau, correspondit à une phase
" de la christianisation des masses en profondeur ".Une autre version de la légende met Colas Chacha aux prises avec les fées, les dernières divinité païennes des sources et des bois.
Préférons aux sorcières ces charmantes protagonistes et gageons que le spectacle de leurs robes de soleil et de lune s'envolant du rocher était pus plaisant aux yeux du pâtre que celui d'horribles mégères chevauchant un balai.Extrait de " La Belgique insolite & mystérieuse "
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