• Grâce aux expéditions de 1938, de 1961 et de 1962, organisées par le géochimiste soviétique Kirill Florensky, nous avons en notre possession de nouveaux éléments d'études, essentiels, sur l'explosion de la Toungouska , en 1908. En 1962, Florensky explora la région en hélicoptère. Au lieu de chercher des fragments importants de météorite comme l'avait fait Leonid Kulik dans les années vingt, il inspecta minutieusement le sol au cas où des particules microscopiques s'y seraient déposées lors de l'explosion. Son hypothèse était juste.

    Aidé de son équipe, il trouva une bande étroite de poussière cosmique qui s'étendait sur 250 km au nord-ouest du lieu d'explosion. Il y avait aussi des milliers de particules différentes de métal. Ce qui indique que l'objet de la Toungouska n'avait pas une composition uniforme.

    Les débris interplanétaires se composent généralement de pierres de faible densité contenant des traces de fer. Les météores, ou étoiles filantes, sont formés de la poussière de comète. Les particules retrouvées au nord-ouest de la Toungouska semblent donc donner raison aux astronomes, qui ont toujours défendu la théorie de la comète. En  1963, dans le magazine Sky and Telescope, Florensky fit paraître un article intitulé : " Une comète est-elle entrée en collision avec la Terre en 1908 ? " Il concluait par l'affirmative.  


    Florensky n'oublia pas de procéder à des examens de radioactivité. Il ne trouva rien hormis ce que le bois absorbe pendant les retombées des essais nucléaires. Il s'occupa aussi de la question de la croissance anormale des arbres de la région dévastée, phénomène que certains interprètent comme une mutation génétique causée par les radiations. Après examen, les biologistes de l'équipe conclurent que l'accélération n'excédait pas celle que l'on observe toujours après un incendie.

    Il reste les maladies de peau des rennes, ces "croûtes "étranges. En l'absence de témoignage vétérinaires, il est difficile de trancher ; cependant, on peut raisonnablement avancer que le souffle de chaleur intense qui embrasa les arbres est aussi la cause des " brûlures " et autres effets dont souffrirent les rennes. Des radiations atomiques auraient aussi affecté les hommes ; or, personne ne se plaignit jamais de malaises étranges et lorsque douze ans plus tard Leonid Kulik arriva sur les lieux, il trouva tous les témoins de l'incident en bonne santé.

    Ceux qui continuent à croire en la possibilité d'une explosion nucléaire s'appuient sur les travaux de trois physiciens américains : Ckyde Cowan, C.R. Athuli et Willard Libby. En 1965, ils détectèrent une augmentation de 1 % dans les anneaux annuels d'arbres de de 1908 et de 1909.

     

    Cependant, les choses ne sont pas aussi simples. Il faut en effet préciser que des variations annuelles de l'ordre de 1 à 2 % du niveau de radiocarbone se produisent assez fréquemment sans que l'on sache très bien pourquoi. Par ailleurs, trois savants hollandais voulurent vérifier les expériences de leurs collègues américains. Ils sélectionnèrent un arbre dans un pays plus proche de la Sibérie, en Norvège. Or, ce n'est pas une augmentation de radiocarbone qu'ils trouvèrent, mais une baisse ! Ces résultats contraire montrent donc bien que l'on peut retenir les expériences de Cowan, d'Athuri ey de Libby comme la preuve d'une explosion nucléaire dans la Toungouska. 

    Il reste a expliquer la présence d'une rangée d'arbres intacts au centre même de l'explosion, fait aussi observé à Hiroshima, ainsi que le "pilier de feu" signalé par des témoins. En fait, ces phénomène ne se produisent pas uniquement en cas d'explosion nucléaire. Des débris interplanétaires se transforment souvent en boules de feu quand ils traversent notre atmosphère. Heureusement, ils sont en général de plus petite dimension que l'objet de la Toungouska.

    Les expériences sur maquettes d'Igor Zotkin et de Mikhail Tsikulin, du Comité des météorites de l'Académie soviétique des sciences, ont prouvé que la présence d'arbres intacts au centre même de l'explosion est caractéristique de toute explosion aérienne. Ils reproduisent plusieurs explosions sur une maquette de forêt. Résultat : une rangée d'arbres intacts au centre, le reste totalement dévasté.
    Après analyse, il semble donc que l'hypothèse d'une explosion nucléaire dans la Toungouska soit sans fondement.

     

    Des années plus tard, pendant la nuit du 31 mars 1965, le phénomène de Sibérie se répéta au-dessus de l'Amérique du Nord. Une boule de feu éclaira dans sa course 1 millions de km² avant d'exploser au-dessus des villes de Revelstoke et de Golden, à 400 k au sud d'Edmonton, Alberta (Canada). Les habitants de ces deux villes parlèrent d'un " terrible grondement de tonnerre " qui ébranla les maisons et brisa les vitres. L'explosion dégagea une énergie équivalant à plusieurs kilotonnes de T.N.T.

    Les savants calculèrent le point d'impact de la météorite et, comme Leonid Kulik un demi-siècle plus tôt, ils partirent à la recherche du cratère. Mais ils eurent beau inspecter en hélicoptère le sol recouvert de neige, ils n'aperçurent rien de la sorte. Ce n'est que lorsque une expédition se rendit à pied sur les lieux qu'ils trouvèrent une étrange poussière noire disséminée sur la neige pendant des kilomètres. Les analyses révélèrent qu'elle était constituée d'un type particulièrement fragile de météorite pierreuse connue sous le nom de chondrite carbonacée. A Revelstoke comme dans la vallée de la Toungouska des témoins virent tomber une pluie noire. 

    Lors des nouvelles expéditions soviétiques de 1977, on procéda à l'analyse des particules de pierre microscopiques éparpillées dans la régions de la catastrophe. Elles ont la même composition cosmiques recueillie dans la haute atmosphère par les fusées. Ce qui confirme que l'objet mystérieux de la Toungouska était bien une comète.

    Mais si c'était une comète, comment se fait-il qu'aucun astronome n'en ait détecté la présence avant sa chute ? En premier lieu, parce qu'elle resta toujours près du Soleil, qui en cacha l'éclat. Ensuite, parce qu'elle était de toute façon trop petite pour pouvoir être aperçue, même pendant la nuit.


    Les astronomes savent maintenant que l'objet de la Toungouska était un fragment de la comète Encke qui se serait détaché il y a des milliers d'années. En 1976 un astronome tchèque, Lubor Kresak, remarqua que l'orbite de l'objet de la Toungouska, calculée d'après l'angle de la chute, était très semblable à l'orbite de la comète Encke.

    Le docteur Kresak estima que l'objet n'avait pas 100 m de diamètre lorsqu'il se trouvait dans l'espace, et une masse d'environ 1 millions de tonnes. C'est à la poussière de sa désintégration dans l'atmosphère que l'on doit les nuits anormalement claires observées dans l'hémisphère Nord après l’événement de la Toungouska.

     Le docteur Kresak conclut : " L'objet de la Toungouska était sans doute un fragment d'une comète désintégrée. Cela sembe la seule explication plausible de l'incident. L'origine commune avec la comète Encke semble très probable. "

    Un tel événement peut donc se reproduire.
    Les astronomes ont trouvé un assez grand nombre d'astéroïdes dont les orbites croisent celle de la Terre.
    En 1976, la catastrophe faillit se répéter : un astéroïde inconnu, d'un diamètre de quelques centaines de mètres passa à 1,200 km de la Terre.
    Statistiquement, les astronomes estiment qu'un objet de la taille de la comète de la Toungouska entre en collision avec la Terre environ tous les deux milles ans.
    Ce qui n'est pas pour nous rassurer.


    3 commentaires
  •  

    Pierre Gripari

    Si, par un beau après midi, l'envie vous prend d'aller manger un couscous dans l'un de ces minuscule et très simple bistrots qui font le charme et la renommée de la rue de la Folie-Méricourt, en plein cœur de ce vieux Paris paisible et populeux qui vit au rythme de l'apéritif et des informations télévisées, vous rencontrerez peut-être un drôle de bonhomme au poil tout ras et aux yeux pétillants de malice. Vous le reconnaîtrez immédiatement à sa voracité peu commune, à son accoutrement bizarre, et, si vous engagez la conversation avec lui, vous serez immédiatement conquis. Car cet homme est sans doute l'un des plus merveilleux conteurs de France et de Navarre. Il a en effet toutes les légendes du monde dans sa tête : les françaises bien sûr, mais aussi les chinoises, les russes, les babyloniennes, les scandinaves, les africaine, les japonaises, les grecques, les irlandaises, les juives, les américaines et même les martienne, oui les martiennes !

    Monsieur Pierre, comme l'appellent avec un affectueux respect les petites gens de la rue de la Folie-Méricourt, pourrait bien être d'ailleurs lui-même une sorte d'extra-terrestre qui se serait caché sous l'identité de Pierre Gripari, l'auteur de quelques romans et de plusieurs dizaines de nouvelles qui comptent assurément parmi les plus authentiques et les plus savoureux chefs-d'oeuvre de la littérature fantastique contemporaine. De son oeil de farfadet interplanétaire, il regarde le monde par le petit bout de la lorgnette, il démasque les sorcières, les fantômes et les méchants petits farceurs qui, en plein Paris, s'amusent incognito à faire tourner la Terre à l'envers et à remplir la vie de maléfices.

    Pierre Gripari

    Après avoir lu les Contes de la rue Broca ou l'Arrière-monde, ces deux livres qui ont fait sa célébrité et qui vous enlèveront toute envie de vous endormir si, à minuit sonné, vous avez la bonne idée de vous y plonger, vous prendrez très au sérieux l'avertissement placé en dos de couverture de Diable, Dieu et autres contes de menterie ( des histoires à ne pas lire sans avoir préalablement consulté son horoscope ) : 

    " Si une chienne, le soir, vient gratter à ta porte, n'ouvre pas. Si une peau d'ours t'appelle par ton prénom, ne répond pas. Si ton mari te fait cadeau d'un diable apprivoisé, ne t'y attache pas. Méfie toi particulièrement des vieilles couturières, des poinçonneuses de métro, des réverbères qui s'allument à la tombée de la nuit. Et surtout, et surtout, si tu n'as pas envie de trouver Dieu, eh bien, ne le cherche pas. ! "

    Pierre Gripari

    Héritier de Gogol, Kipling, Kafka, Mérimée, Chrétien de Troye, et de tous les maîtres de la littérature fantastique, Pierre Gripari fait montre d'un scepticisme à toute épreuve. On lui présenterai le bon Dieu en personne qu'il lui dirait dans un rire diabolique : " Je ne crois pas en vous, mais venez donc chez moi, je vous raconterai des histoires... " Et, pourtant, l'auteur de L’Évangile du rien, n'a vraiment strictement rien d'un écrivain rationaliste. Ses compagnons préférés ont pour nom Dracula, Perceval ou Jésus-Christ, il sait tout des aventures et mésaventures du père Noel, et ses facétieuses et délicieuses Rêveries d'un martien en exil prouvent qu'il a des fréquentation toujours très surprenantes : c'est avec une aisance et une jubilation incomparable que Pierre Gripari voyage dans ses univers parallèles. Et lorsqu'il s'avisent à remonter le temps, alors les souvenirs que vous ont laissés les cours d'histoire s'évanouissent aussitôt.

    En effet, selon notre impayable conteur, les instituteurs et les professeurs d'histoire n'enseignent que des mensonges. Les choses ne se sont pas du tout passées comme ils le prétendent, et si vous voulez savoir tout ce que l'on ne vous a jamais dit sur la vie très étrange et très mystérieuse de Joseph Staline ou Adolf Hitler, par exemple, précipitez-vous immédiatement dans la lecture de La Vie, la mort et la résurrection de Socrate-Marie Gripotard ou des Vies parallèles de Roman Branchu. Vous en apprendrez de bien belle !

    Pierre Gripari

    A une imagination fantastique véritablement époustouflante , Pierre Gripari joint une érudition sans égale. Il n'y a pas plus de deux ou trois livres dans sa chambre, mais il a tout lu, et quand l'idée lui vient de raconter à sa façon quelque bonne vieille légende du temps passé, cela donne des résultats plutôt inattendus. Vous en trouverez un délectable exemple avec le Conte de Paris, l'un de ses tout premier livre. de quoi s'agit-il ? Écoutons Pierre Gripari nous le dire lui-même :

    " Nous sommes en présence d'un roman arthurien, pourvu de tous les ingrédients traditionnels qui ont fait le succès du genre : grand coup d'épée, quêtes lointaines, objets magiques, rencontres mystérieuses, intervention de personnages venus de l'Antiquité, nains et fées, géants et sorcières. Nous avons le plaisir de retrouver le roi Arthur, la reine Geneviève, le sénéchal Keu, Gauvain, Lancelot et leurs compagnons, mais aussi Pâris Alexandre, fils de Priam, l’astucieux Ulysse, le Hollandais volant, sans oublier Sadko, le cithariste de Novgorod ! Ajoutons, pour finir, que ce récit se fait remarquer par sa haute portée spirituelle, puisque nous y voyons les compagnons de la Tables Ronde traverser toute l'Europe, par la voie des airs, pour aller délivrer Rome de l'imposture monothéiste et rétablir l'enseignement de la Bonne doctrine qui est comme chacun sait, l’Épicurisme... "

    Pierre Gripari

    Lire Pierre Gripari est très certainement l'une des occupations les plus enrichissantes qui se puissent concevoir aujourd'hui. En effet, non seulement ses livres vous arracheront très avantageusement à la monotonie quotidienne, mais encore ils vous feront goûter aux délices d'une langue vivifiée par un humour étincelant, ainsi que par une pensée philosophique dont la profondeur vous impressionnera, même si elle revêt une forme volontiers loufoque et paradoxale.  

     

     


    votre commentaire