GRYLA
A Noël, Gryla s'offre un bon repas. Cette géante, qui se terre dans les montagnes d'Islande, dans le Dimmuborgir, le " château sombre " aux colonnes de lave, mange les enfants désobéissants. A l'approche des fêtes, elle descend dans les villages pour les attraper et dévorer. Snorri Sturluson, le principal écrivain scandinave du Moyen Âge, en parle avec effroi dans son livre Edda : " La créature à trois têtes et quinze queues portait cent sacs dans lesquels pouvaient tenir vingt enfants ! " A côté, les croque-mitaines du continent font pâle figure. Elle aime également les hommes : elle a consommé trois mariages. De ces unions, treize ignobles gnomes sont nés. Voleurs d'enfants pour le compte de leur mère, ils semèrent la paniques pendant des siècles. Les longues nuits de l'hiver nordique, dans lesquelles se faufilaient les trolls et les êtres surnaturels, ont grandement favorisé la naissance d'un tel monstre et de sa descendance. Mais avec le temps, Gryla est devenue une femme grasse, grincheuse et grotesque, objet de moqueries des Islandais qui conjurent ainsi les frayeurs de leurs ancêtres.
BABOUCHKA
La petite fille des neiges Snegourochka ou le grand-mère Babouchka accompagne "Père Gel" ou Père Givre" dans la sainte Russie. Le vieil homme à barbe blanche, envelopper dans un épais manteau rouge orné de fourrure blanche, sillonnait l'empire des tsars. Coiffée d'un magnifique kokochnik (diadème) et vêtue d'une robe blanche ou bleue à paillettes, Snegourochka contraste évidemment avec la vieille Babouchka. Pour autant, la grand-mère reste à jamais dans le cœur des Russes. Comme Tante Arie, elle endosse même parfois le rôle d'une " mère Noël ". Son histoire n'en est d'ailleurs pas si éloignée. Le soir de la Nativité, trois étrangers lui demandèrent le chemin de l'étoile polaire. Leur indiquant le sud, elle referma aussitôt la porte au froid, mais la maison devint glaciale. Babouchka " fée des nouveaux nés ", comprit alors son erreur. Ne retrouvant pas la trace des mages, la vieille femme se racheta en déposant des jouets et du pain noir pour les trois rois dans les foyers, en promettant de revenir chaque année.
Tante Arie
Ni sainte comme Nicolas, ni barbue comme le père Noël, Tante Arie est une fée qui apporte des étrennes aux enfants du pays de Montbéliard, du territoire de Belfort et de l'Ajoie suisse. Est-elle associée à junon, surnommée Aeria, épouse du dieu romain Jupiter, assimilée à Fréa, épouse du dieu germanique Wotan ? Ou la "dernière fille des druides" qui, chaque fin d'année, au solstice d'hiver, arpente les lieux du pays où résonnent les chants de la cueillette du gui ? A moins qu'elle ne soit le personnage réincarné de la "bonne comtesse" Henriette de Montfaucon Montbéliard, mariée à un comte du Wurtemberg, chevalier protecteur des plus démunis ? Bonne fée dans les foyers, elle est sorcière en sa grotte. Dehors, elle maintient l'ordre naturel de choses en visitant les fours à pain et en surveillant les jeunes filles. Le XIXè siècle la transforme en distributrice de cadeaux. Le soir de Noël, Arie descend de la montagne sur son âne Marion dont le tintement des clochettes endort les enfants. Au matin, les plus sages découvrent des cadeaux et des gâteaux, comme les "nichottes" quand les désobéissants héritent d'un bonnet d'âne et de verges trempées de vinaigre.