• Les saturnales

     

    L'origine des saturnales est sans aucun doute à chercher dans la volonté de célébrer le solstice d'hiver qui, correspondait à la période la plus sombre de l'année. Les réjouissances étaient jadis associées à l'ouverture des réserves encore intactes et prometteuse d'une abondance inépuisable et synonyme d'un âge d'or sur lequel régnait Saturne. Ces fêtes semblent remonter à la fondation de Rome, mais elles auraient été mises en sommeil sous le règne de Tarquin le Superbe, septième et dernier roi de Rome qui régna de 534 à 509 av. J.-C. C'est durant la deuxième guerre punique, s'étendant des années 218 à 201 av. J.-C., qu'elles furent en quelques sorte dépoussiérées : on passe alors d'une vieille fête paysanne à une grande fête populaire scellant l'union de toute la cité.

    Se trouve alors réunies trois dimensions. Les saturnales gardaient indéniablement le caractère agricole de leur origine, puisque Saturne est le dieu qui favorise la germination, propre à apporter à la fois futures récoltes et donc richesse aux hommes. Cela explique que l'on offrait aussi à cette occasion des pièces de monnaies. 

    La deuxième dimension, tout aussi notable, est le passage de la vie sauvage à la vie civilisée. Selon Macrobe, c'est Saturne qui, détrôné, aurait trouvé refuge dans le latium où il aurait alors réuni les hommes éparpillés dans les montagnes et leur aurait donné des lois. Ce passage est étrangement marqué par un retour à l'état antérieur, que caractérisent tous les débordements qui pouvaient être constatés mais aussi du "monde à l'envers". Certains chercheurs, tel Mircea Eliade, y voient même une répétition de la cosmogonie qui a succédé au chaos et que les peuples auraient de cette manière manifestée à chaque solstice d'hiver. Toute nouvelle année serait donc une reprise du temps à son commencement et témoignerait d'un besoin de régénération.    

    Les saturnales

    Enfin, les saturnales remplissaient un rôle sociale. C'est la raison pour laquelle elles furent remises à l'honneur durant la crise que constitue la deuxième guerre punique. Au moment des saturnales, la société se retrouvait réunie dans toutes ses composantes et communiait dans un même élan, puisque nombre de frontières se trouvaient abolies pour l'occasion, renforçant du même coup la communauté. 

    Les saturnales n'étaient pas seulement une fête religieuse mais de véritables réjouissances publique. A l'origine, il s'agissait d'une cérémonie qui se tenait le 17 décembre dans le temple dédié au dieu, mais la durée des célébrations finit par s'étendre : trois jours après la réforme du calendrier julien, quatre sous Auguste, cinq sous Caligula, et enfin une semaine complète sous Dioclétien, jusqu'au 24. Pour l'occasion, la statue de Saturne était libérée des bandelettes et liens qui l'entravaient le reste de l'année. D'autres dieux aussi étaient honoré à l'image de la déesse Angerona, le 21 décembre. Celle-ci avait comme particularité de faire traverser les jours courts et les périodes angoissantes. 

    Pendant ces fêtes, le temps était comme suspendu : les tribunaux et les écoles étaient en vacances et tous les habitants de la ville cessaient leurs travaux. Il n'était pas non plus permis d'entreprendre une guerre, ni d'exécuter un criminel. La foule se portait en masse vers le mont Aventin, comme pour y retrouver la période qui avait précédé la fondation de l'urbs et une ambiance plus bucolique. Se succédait sept jours de festins, d'abord en public puis dans toutes les maisons où l'on s'invitait entre amis. Les jeux de hasard étaient aussi permis. L'ambiance était propice à tous à tous les débordements. La foule exubérante envahissait les rues, de nuits comme de jour, aux cris de "Io Saturnalia !  Io bona Saturnalia !" Les beuveries étaient nombreuses et dégénéraient parfois en orgies. C'était aussi le moment du "monde à l'envers", où l'ordre hiérarchique des hommes et la logique des choses étaient inversés de façon parodique et provisoire : les esclaves commandaient à leur maître et ceux-ci les servaient à table ; certains empereurs auraient ainsi admis des esclaves à leur table. On ne revêtait plus la toge, mais tout le monde portait la tunique, vêtement des pauvres et des esclaves ainsi que le bonnet de la liberté, coiffure des esclaves affranchis.   

     


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  • GRYLA

    A Noël, Gryla s'offre un bon repas. Cette géante, qui se terre  dans les montagnes d'Islande, dans le Dimmuborgir, le " château sombre " aux colonnes de lave, mange les enfants désobéissants. A l'approche des fêtes, elle descend dans les villages pour les attraper et dévorer. Snorri Sturluson, le principal écrivain scandinave du Moyen Âge, en parle avec effroi dans son livre Edda : "  La créature à trois têtes et quinze queues portait cent sacs dans lesquels pouvaient tenir vingt enfants ! " A côté, les croque-mitaines du continent font pâle figure. Elle aime également les hommes : elle a consommé trois mariages. De ces unions, treize ignobles gnomes sont nés. Voleurs d'enfants pour le compte de leur mère, ils semèrent la paniques pendant des siècles. Les longues nuits de l'hiver nordique, dans lesquelles se faufilaient les trolls et les êtres surnaturels, ont grandement favorisé la naissance d'un tel monstre et de sa descendance. Mais avec le temps, Gryla est devenue une femme grasse, grincheuse et grotesque, objet de moqueries des Islandais qui conjurent ainsi les frayeurs de leurs ancêtres. 

    BABOUCHKA

    La petite fille des neiges Snegourochka ou le grand-mère Babouchka accompagne "Père Gel" ou Père Givre" dans la sainte Russie. Le vieil homme à barbe blanche, envelopper dans un épais manteau rouge orné de fourrure blanche, sillonnait l'empire des tsars. Coiffée d'un magnifique kokochnik (diadème) et vêtue d'une robe blanche ou bleue à paillettes, Snegourochka contraste évidemment avec la vieille Babouchka. Pour autant, la grand-mère reste à jamais dans le cœur des Russes. Comme Tante Arie, elle endosse même parfois le rôle d'une " mère Noël ". Son histoire n'en est d'ailleurs pas si éloignée. Le soir de la Nativité, trois étrangers lui demandèrent le chemin de l'étoile polaire. Leur indiquant le sud, elle referma aussitôt la porte au froid, mais la maison devint glaciale. Babouchka " fée des nouveaux nés ", comprit alors son erreur. Ne retrouvant pas la trace des mages, la vieille femme se racheta en déposant des jouets et du pain noir pour les trois rois dans les foyers, en promettant de revenir chaque année.

    Tante Arie

    Ni sainte comme Nicolas, ni barbue comme le père Noël, Tante Arie est une fée qui apporte des étrennes aux enfants du pays de Montbéliard, du territoire de Belfort et de l'Ajoie suisse. Est-elle associée à junon, surnommée Aeria, épouse du dieu romain Jupiter, assimilée à Fréa, épouse du dieu germanique Wotan ? Ou la "dernière fille des druides" qui, chaque fin d'année, au solstice d'hiver, arpente les lieux du pays où résonnent les chants de la cueillette du gui ? A moins qu'elle ne soit le personnage réincarné de la "bonne comtesse" Henriette de Montfaucon Montbéliard, mariée à un comte du Wurtemberg, chevalier protecteur des plus démunis ? Bonne fée dans les foyers, elle est sorcière en sa grotte. Dehors, elle maintient l'ordre naturel de choses en visitant les fours à pain et en surveillant les jeunes filles. Le XIXè siècle la transforme en distributrice de cadeaux. Le soir de Noël, Arie descend de la montagne sur son âne Marion dont le tintement des clochettes endort les enfants. Au matin, les plus sages découvrent des cadeaux et des gâteaux, comme les "nichottes" quand les désobéissants héritent d'un bonnet d'âne et de verges trempées de vinaigre.

     

     


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  • Aux origine du père Noël

     

    Le père Noël n'a pas toujours été ce gros bonhomme rouge et joviale à barbe blanche. Avant que Santa Claus s'introduise dans nos cheminées et que son image se fixe au cours du XIXè siècle, de nombreux personnage religieux ou légendaires distribuaient déjà des présents au enfants en période hivernale. Des saints chrétiens aux lutins nordiques et aux fées inquiétantes en passant par le petit Jésus en personne, ces êtres distributeurs de cadeaux variaient  d'une région à l'autre mais tous ont en partie inspiré notre père Noël avant de s'effacer devant son succès. 

    Certains folkloristes n'hésitent pas non plus à voir de lointains ancêtres du père Noël dans quelques divinités païenne qui récompensaient les bienfaiteurs su solstice d'hiver. Parmi elles, le dieu celte Gargan, avec sa hotte, fait un bon candidat, tout comme Odin, divinité scandinave parcourant les cieux sur son cheval à huit pattes. Les origines du père Noël remonte donc à plusieurs siècles, mais la diversité de ses "ancêtres" rend difficile une "généalogie" précise. De toutes ces figures donatrices à travers l'Histoire et les pays, en voici quelques-unes parmi celles qui influencèrent le plus de personnages et la légende du père Noël.

    En Allemagne, avant que les enfants ne reçoivent leurs cadeaux de la part du père Noël, cette fonction était dévolue à Frau Holle au nord, et a Berchta au sud, deux fées vivant recluses dans une montagne et parcourant les foyers en hiver. 
    En Suède, c'est un lutin à barbe blanche, le Jultomte, qui distribuait les cadeaux. En Suisse et en Savoie, le père Chaande visita les enfants jusqu'au XXè siècle, tandis que la Befana s'occupait de l'Italie et la Tante Arié de la Franche-Comté. Suite à la Réforme protestante, c'est le Christkindeln "l'Enfant Jésus" qui remplit cette fonction en Allemagne à la place de saint Nicolas. 

    Aux origine du père Noël

    Mais la plupart de ces distributeurs de présents n'étaient pas si sympathique que notre père Noël. Quand ils n'étaient pas accompagnés de personnages effrayants  ayant pour fonction de punir les vilains garnements, ils n'hésitaient pas à le faire eux-mêmes, et s'ils distribuaient des récompenses aux enfants méritant, les moins sages risquaient de se voir offrir du charbon, de se faire battre, où d'être emportés dans un sac. Ces "valets" sales et inquiétants, portent le nom d'Hans Trapp en Allemagne, ou de père Fouettard en Lorraine, accompagnateurs respectifs du Chistkindel et de saint Nicolas. Mais le père Noël tel que nous le connaissons a perdu ce caractère ambigu et s'est bonifié. Il est l'unique héritier de toutes ces figures locales qui fusionnèrent en un seul être, avant que celui-ci ne les remplace au cours du XIXe et XXe siècle. Mais bien qu'il emprunte beaucoup à ces croyances populaires, le gros barbu rouge et son traîneau sont nés aux Etats-Unis.

    De tous les personnages ayant influencé la légende et la figure du père Noël, le plus prégnant et immédiat est sans nul doute saint Nicolas. Saint patron des marins, c'est tout naturellement qu'il passa outre-Atlantique à bord d'un navire hollandais du XVIIè siècle. Malgré leur confession protestante, les Hollandais exportèrent la coutume de Saint-Nicolas à laquelle ils demeuraient très attachés. Au fil des siècles, Sinterklaas, saint Nicolas en hollandais, continua à distribuer ses cadeaux, accompagné du père Fouettard, et la tradition du 6 décembre s'enracina aux Etats-Unis.

    Aux origine du père Noël

    En 1822, un théologien New-yorkais du nom de Clément Clarke Moore s'inspira de la légende de Sinterklaas  et d'autres légendes pour composer un poème intitulé " A visit from Saint Nicolas " paru dans le journal local The Sentinel le 23 décembre. Dans cette oeuvre, Moore mettait en scène saint Nicolas, devenu Santa Claus, sous les traits d'un lutin jovial à la barbe blanche allant de cheminée en cheminée pour distribuer ses présents, sorte de métissage entre les différents personnages légendaires exportés par chaque communauté. C'en était fini du père Fouettard, de l'âne et de la mitre du saint homme, place au traîneau et au bonnet rouge : l'image laïcisée et définitive du père Noël se dessine. Le poème connut un tel succès, chacun y reconnaissant un personnage familier mais plus amical, qu'il fut mainte fois édité et illustré au cours des décennies qui suivirent. 

    En 1837, le dessinateur Robert Weir représenta Santa Claus tout de rouge vêtu et chaussé de larges bottes noires. En 1863, Thomas Nast, illustrateur d'un journal new-yorkais, accompagna le poème d'un dessin le représentant sous une forme plus humaine et, en 1885, il établit son atelier au pôle Nord. Jusqu'en 1886, Nast fut chargé d'illustrer chaque article relatif aux festivités de fin d'année, construisant petit à petit le personnage dodu au manteau rouge et blanc que nous connaissons. Les principaux attribut de notre père Noël se fixèrent ainsi au cours du XIXè siècle au gré de l'imagination des écrivains et illustrateurs qui lui enlevèrent tout caractère religieux et participèrent à la construction d'un mythe. 

    Aux origine du père Noël

     En 1831, Coca-Cola n'a fait que reprendre un personnage déjà populaire et à l'apparence figée depuis la fin du XIXè siècle pour promouvoir sa boisson auprès des plus jeunes. La célèbre marque diffusa ainsi l'image de Santa Claus : l'héritier de saint Nicolas fut de nouveau export, mais vers l'Europe cette fois. Progressivement, tous les personnages folkloriques distributeurs de cadeaux s'effacèrent devant cette figure. Après la seconde guerre mondiale, la société de consommation répandit cette image dans le monde entier et fit du père Noël un personnage interculturel. D'un saint chrétien patron des enfant, les écrivains et dessinateurs américains du XIX siècle sont passé à un personnage laïque et jovial, finalement devenu symbole de la société de consommation. Entre sacré et profane, foi et marketing, l'histoire du père Noël ne s'est pas écrit en un jour. 

     


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    Le temps de Noël est celui des contes et des chants. Dans ce registre populaire qui se fredonne ou se raconte à la nuit tombée, il est un chant à la mélodie entraînante qui a pour nom La Marche des Rois. Cet ancien Noël provençal repris par Bizet dans l'Arlésienne en 1872 évoque la marche des mages que la tradition a transformé en rois, venu honorer l'enfant Jésus. Difficile de démêler dans cette histoire l'authentique de l'improbable. Regardons donc comment le récit forgé par la tradition a construit celui des Rois mages.

    A la base de toute légende existe un fait réel, même s'il est d'essence divine. L'Évangéliste saint Matthieu nous livre les faits :
    " Après la naissance de Jésus à Bethléem de Judée, sous le règne d'Hérodote, des mages venus d'Orient se présentèrent à Jérusalem. Où est le roi des juifs qui vient de naître ? demandaient-ils. Nous avons vu son étoile et nous sommes venus lui rendre hommage. "
    Ni leur royauté, ni leur nombre, ni leurs noms ne sont indiqués par l'évangéliste, mais leur existence a très vite été adoptée par les Pères de l'Eglise.

    Dans les premiers siècles qui ont suivi la large diffusion du christianisme, des théologiens, dits Pères de l'Eglises, ont en effet étudié, comparé, interprété ou traduit les textes bibliques pour les rendre plus accessibles. Ces précieux écrits servent de référence pour comprendre comment les récits se sont transmis. Parmi eux, Tertullien (155-225), d'origine africaine serait à Carthage le premier auteur latin défenseur de la foi chrétienne. Origène (185-254) d'Alexandrie, n'est pas considéré comme un père de l'Eglise mais a permis d'en éclairer la pensée.

    Dans ses Homélies sur la Genèse, Origène est le premier à fixer le nombre des mages à trois. Ce n'est bien sûr pas par un hasard mais une référence à la Sainte Famille comme à la nature trinitaire de Dieu. S'il retient ce nombre, c'est aussi pour essayer d'établir des correspondance tout comme l'a fait Tertullien entre différentes prédictions de l'Ancien Testament et la vie de Jésus. 
    Dans le psaume 72 par exemple, il est écrit : " Les rois de Tarsis et des îles enverront des présents ; les rois de Saba et de Séva paieront le tribut. Tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront. "

    Il est fort probable aussi qu'Origène, fidèle au texte de saint Matthieu, ait choisi les trois mages en rapport avec les trois présents offerts dans le récit biblique : l'or, la myrrhe et l'encens. Il est à noter que les siècles avançant, les interprétation se sont multipliés . Un texte connu dans l'histoire sous le nom d'Excerpta latina barbari, ou Extraits latins d'un barbare, conservé à la Bibliothèque nationale de France apporte une précision supplémentaire. Traduit du grec en latin, il mentionne le nom de trois mages : Bithisares, Melchior et Gathaspa venus vraisemblablement de Perse et de Babylonie. Ces noms, oubliés puis retrouvés, s'imposeront définitivement à partir du XIIe siècle, moment à partir duquel l'Eglise va formaliser le culte des mages et les présenter comme des rois.

    Mais le texte va plus loin puisqu'il précise également l'âge de chacun des mages. Melchior serait un vieillard, Gaspard un homme jeune et Balthazar un homme d'âge mûr. A nouveau la symbolique s'impose et puise ses sources dans une série de sermons du pape saint Léon le Grand (440-461). Celui-ci fit des mages le symbole de l'universalité du christianisme. En attribuant aux mages les trois âges de la vie, l'auteur anonyme du VIIIè siècle donnait ainsi plus de poids au message universel défendu par Léon le Grand. Non seulement les représentants de toutes les nations s'étaient agenouillés devant le Divin Enfant, mais aussi ceux de tous les âges. Il a ainsi voulu montrer que, dès la naissance du Sauveur, ce n'était pas seulement les juifs qui avaient reconnu la divinité du Christ, en la personne des bergers, mais aussi les non-juifs, appelés par ailleurs les "gentils".

    D'aucuns diront que le nombre trois symbolise les trois continents alors connus : Asie, Afrique et Europe. D'autres penseront que les mages font allusion aux trois fils de Noé : Sem Cham et Japhet. Il est au environs du XVIè siècle une couleur de  peau distincte pour voir derrière ces trois figures de l'humanité tout entière. La nature de leurs présents est elle aussi symbolique. Par la variété de leurs cadeaux, ils viennent reconnaître les différentes natures du Christ : l'or si précieux pour honorer le roi, la myrrhe qui pense les blessures pour l'homme mortel et l'encens qui s'élève dans le ciel pour rappeler la nature divine de l'Enfant. D'autres ouvrages comme Le Livre de la caverne des trésors écrit en syriaque par Ephren de Nisibe au VIè siècle, racontent autrement l'histoire des mages. L'ouvrage fait mémoire d'une prophétie expliquant que de l'or, de l'encens et de la myrrhe avaient été déposés par Adam en Perse, pour être apportés au Messie dont la venue devait être annoncée par un astre extraordinaire.

    A la fin du XIIIe siècle, Jacques de Voragine, futur évêque de Gênes, rassemble toutes les traditions éparses concernant les Rois mages dans un livre qu'il intitule La Légende dorée. A cette époque justement, la légende a pris des proportions gigantesques du fait de la redécouverte providentielle des reliques des mages à Milan lors d'un siège provoqué en 1158 par Frédéric II Barberousse, empereur d'Allemagne. Frédéric conquiert la ville soutenue par le pape et confisque les reliques. Elles sont transportées à Cologne en passant par Valance. Besançon, Strasbourg et Mayence et suscitent une forte émotion. De nombreux pèlerinages subsisteront sur les lieux du passage tandis que les mages rejoindront la crèche sous forme de petit santons. L'Eglise continue de célébrer la fête des Rois le premier dimanche de janvier.  

     


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  • Le Mystère de la Nativité 

    Le " mystère de la nativité " est indissociable de l'histoire de la Sainte Famille. Il est à la fois l'épicentre car c'est dans le foyer de Marie et Joseph, tout juste mariés, que Dieu, qui les a choisis selon le récit, fait naître Jésus à Bethléem. Le révélateur car c'est par cette naissance bien réelle du temps du roi Hérode que  l'histoire de la Sainte famille commence. La Nativité est donc pour  Marie et Joseph le plus intime et le plus publique des événements qui puissent leur arriver.

    Si cette naissance a été qualifiée par la suite de "mystère", c'est pour accentuer la portée extraordinaire tant au niveau religieux qu'au plan historique. Rappelons que le mot "mystère" vient d'une racine grecque qui signifie "être initié". Le mot revient à expliquer ce que nous ne pouvons voir avec les yeux et que nous n'aurons jamais fini de comprendre, mais qui éclaire d'une signification les choses importante de la vie et du monde.

    Pour comprendre en effet ce qui participe au mystère de cette naissance, il est nécessaire de replonger dans l'histoire du pays hébreu, conquis par l'Empire romain et de bien avoir à l'esprit ce qui avait été promis au peuple juif descendant d'Abraham et de Moïse. De longue date était annoncée la venue d'un libérateur qui serait appelé le "Messie", c'est-à-dire celui qui, envoyé par Dieu, viendrait apporter le salut à Israël et par Israël au reste du monde. Cette espérance messianique, le peuple juif très croyant l'avait puisée dans les Livres saints de l'Ancien Testament où se trouvaient consignés les promesse faites par Dieu à leurs prophètes inspirés.

    Les historiens du premier siècle, on peut s'en étonner, se sont faits discrets sur les circonstances de la naissance de Jésus, même s'ils n'ignoraient pas le personnage public qu'il était devenu. Subsistent les textes de l'historiographe judéen Flavius Joseph au 1er siècle, et du Latin Pline le Jeune (env. 61-115). L'historien romain Tacite (env. 58-120) et l'érudit romain Suétone (entre le 1er et 2ème siècle) l'évoquent également brièvement à l'occasion de la description de l'incendie de Rome. Mais les seuls documents qui narrent de façon plus précise la nativité de Jésus sont les évangiles dits de l'enfance, de Luc et Matthieu. 

    Matthieu introduit ainsi son récit : " Jacob engendra Marie, de laquelle a été engendré Jésus, celui qui est appelé le Christ. " L'évangéliste parle aussi des mages venus d'Orient, guidés par l'Etoile de Bethléem. Ils se mettent en chemin pour rendre visite à la Sainte Famille et adorer l'enfant. Au court du récit de Luc, la conception virginale de la Vierge Marie annoncée par l'ange Gabriel a été retenue comme un des premiers signes signifiants d'une naissance atypique. L'ange dit à Marie : " Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. " La réponse de Marie, qui acte son adhésion à ce projet insensé, est la suivante : "Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon sa parole. "

    Devant de tel signes, les théologiens se sont accordés pour dire que toute la vie de Jésus reposait sur un mystère à approcher non par la raison ni l'intelligence mais par la cœur : mystère de sa vie et de sa mort auquel s'ajoute le mystère de ceux qui, comme Marie, ont adhéré et fait confiance. Alors, la nativité de Jésus Christ est-elle idéalisation légendaire comme les païens de l'époque ont pu le penser, eux qui étaient sensibles aux origines surhumaines des puissants ? Ou bien est-ce une croyance qu'adopteront les chrétiens ? L'empereur Constantin, en se convertissant au christianisme en 330, lève les doutes.

    Si aucun texte dans les évangiles ne précise la période de l'année où a eu lieu cet événement, c'est le pape Libère qui décide en 354, que la Nativité sera fêtée le 25 décembre. Il assimile ainsi les fêtes populaires et païennes célébrées autour du solstice d'hivers avec une nouvelle fête religieuse. Cette date est rapidement adoptée en Orient depuis la fin du IVe siècle. Certaines Eglises orthodoxes (Jérusalem - Russie - Serbie - République monastique du mont Athos)  utilisant le calendrier julien, continuent de célébrer la fête de la Nativité le 7 janvier.

    Le Mystère de la Nativité

    La légende qui a véhiculé la naissance de Jésus dans une grotte date du IIè siècle. Ce récit s'inscrit dans le registre littéraire du merveilleux. On en trouve le détaille dans le Dialogue avec Tryphon de l'apologète et philosophe chrétien Justin de Naplouse, puis dans le Protévangile de Jacques. Ces récits apocryphes n'ont pas été retenu comme étant authentiques, mais ont alimenté le décor de la Nativité, transformant la mangeoire de pierre de la salle haute dans laquelle Jésus avait été déposé en une image plus romantique, celle de la grotte. Les deux plus anciennes représentations de la Nativité qui soient connues datent du IVè siècle.

    La première consiste en une peinture murale ornant la chambre mortuaire d'une famille chrétienne ayant vécu aux environs de 380, découverte dans les Catacombes de Saint-Sébastien à Rome. L'autre mention fait référence à une scène peinte sur le sarcophage de Stilicon (IVè siècle) de la Basilique Saint-Maximilien à Milan représentant l'adoration de l'enfant Jésus par les Rois mages. Mais la plupart des représentations remontent en Occident au Moyen Age, tandis qu'en Orient les icônes ont très tôt représenté la Nativité. De très nombreux peintres y ont depuis trouvé leur inspirations. 

     


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