• Les stigmatisés face aux savants*

     

    Les stigmatisés face aux savants

    Un stigmatisé est une personne qui reproduit sur son corps les plaies de Jésus crucifié. On ne trouve donc des stigmatisés que dans l'église catholique, qui établit, d'ailleurs, une distinction entre les stigmates d'origine divine et les stigmates d'origine diabolique selon que le stigmatisé est en état de sainteté ou qu'au contraire il exploite ses blessures pour devenir riche et célèbre.

    Cette division est un peu artificielle, car la réalité est bien plus complexe.
    Prenons, par exemple, le cas d'Elisabeth de Herkenrode, une religieuse du XIIIè siècle. Elle passe presque toute sa vie en transe, vivant la Passion entière toute les 24/h, adoptant successivement la personnalité du Christ et celle de ses tortionnaires.

     

    Les stigmatisés face aux savants

    Le père Thurston, historien catholique, décrit cet étonnant spectacle :
    " De sa main droite, elle saisissait sa robe à la hauteur de la poitrine et se traînait vers le côté droit de la pièce, puis, de la main gauche, elle se traînait dans la direction opposée. Ensuite, elle étendait le bras et, se levant le poing d'un air menaçant, elle se donnait un coup si violent à la mâchoire que son corps entier chancelait.

    Elle vivait ses visions, les mettait en scène et, au moment opportun, les marques de la flagellation, les plaies laissées par la couronne d'épines et les autres stigmates apparaissaient sur son corps et le sang jaillissait.

    Les stigmatisés face aux savants

    On connait d'autres cas similaires. Domenica Lazarri ( qui mourut en 1848 ) et la stigmatisée anglaise Teresa Higginson s'infligeaient elles-mêmes toute une série de mauvais traitements.
    Domenica y mettait une telle ardeur que l'on entendait le bruit des coups depuis la rue. Quant à Teresa, elle pensait que c'était le démon lui-même qui la battait. On peut aussi citer l'exemple de sainte Marie-Madeleine de Pazzi. Sa sainteté ne fait aucun doute. Mais que penser de la façon dont elle exhortait ses supérieures à la flageller et de l'ardeur qu'elle mettait elle-même à flageller ses novices ?

    On comprend en tout cas le père Thurston lorsqu'il écrit : 
    " Dans des cas de stigmatisés authentiques, c'est-à-dire où l'imposture est hors de question, on remarque beaucoup de détails qui s'apparentent plus à la maladie qu'au miracle. "

    La complexité du phénomène ne doit cependant pas nous le faire rejeter en bloc, comme font ceux qui ne prennent pas le temps d'analyser les données.

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    Il est, en effet, très intéressant d'étudier le profil psychologique du stigmatisé, et on peut aisément définir un " complexe du stigmatisé " qui correspond à un état d’hystérie. La signification de ce terme a malheureusement été déformée. Il évoque communément l'image d'un névropathe ou d'un mythomane, bref, toute personne faible de caractère qui se laisse aller à des crises de nerfs pour obtenir ce qu'elle désire. Traiter quelqu'un d'hystérique équivaut à l'insulter.

    Pourtant, le sens clinique du terme est bien différent. Les psychiatres en ont longtemps fait une affection purement féminine, mais des études effectuées sur le comportement des soldats dans les tranchées ont démontré que les hommes pouvaient aussi souffrir de cette
    maladie " féminine ".

    Les stigmatisés face aux savants

    En premier lieu, il faut distinguer le type hystérique des symptômes d'hystérie. Les deux peuvent parfaitement être dissociés. C'est le type hystérique qui adopte cette conduite que l'on associe communément au terme d'hystérie. Mais les symptômes hystériques peuvent survenir chez tout être qui  doit faire face à une tension inhabituelle, d'origine extérieure ou intérieure. Ils sont très utiles en cas de danger.

    On connait par exemple, le cas des soldats frappés de paralysie ou de cécité en plein combat. Les analyses prouvent que les symptômes sont bien réels et que l'origine est hystérique. Le soldat ne peut plus assumer son rôle de combattant ; cependant comme il est conditionné par son entrainement et par la peur d'être traité de lâche, il ne veut pas fuir.
    Son cerveau résout alors le conflit en rendant son corps inapte au combat.

    Les stigmatisés face aux savants

    Ainsi certaines manifestations miraculeuses, comme l'apparition d'une pigmentation en forme d'anneau de mariage autour de l'annulaire d'une religieuse, peuvent être considérées comme des formes d'hystérie.

    Les psychiatres pensent que les symptômes hystériques ne sont pas incompatibles avec une vie ordinaire bien qu'ils se produisent le plus souvent chez des êtres qui mènent une vie à part. Ils n'expliquent pas totalement le phénomène des stigmates, mais ils en décrivent bien le mécanisme.

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    Toutefois, beaucoup de théologiens catholiques rejettent encore cette théorie. Ils font remarquer que nombre de stigmatisés, comme sainte Gemma Galgani, Padre Pio ou sainte Thérèse d'Avila, n'avait rien d'excités et qu'au contraire ils menaient une vie calme et modeste.

    C'est à première vue une objection valable, mais lorsque l'on y regarde de plus près, l'on s'aperçoit que ces " êtres calmes " avaient souvent souffert de mystérieuses maladies et qu'ils étaient d'une sensibilité exacerbée. Beaucoup d'entre eux avaient été victimes de paralysie, de cécité et d'attaques nerveuses. Beaucoup aussi étaient atteints de tuberculose, ce qui avive la sensibilité. Il est intéressant de noter que les visions qui provoquèrent leurs stigmates mettaient en général un terme à ces maladies mystérieuses.

    Les stigmatisés face aux savants

    Le comportement des stigmatisés rappelle celui des chamans des sociétés primitives : transes, visions, possibilité de guérir, de prophétiser... Certains font aussi des dissociations de personnalité et se croient plusieurs personnes à la fois. C'était le cas de Teresa Higginson, de Constance Marie Castreca, de mère Béatrice Marie de Jésus et de Térèse Neumann, qui parlait aussi en différentes langues.

    Il se peut que les stigmatisés soient les chamans de l'Eglise catholique, mais de toute façon, cela ne change rien à l'origine hystérique de tous ces phénomènes.

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    Ce qui ne fait que confirmer la grande influence de la suggestion. Par exemple, les plaies de sainte Véronique Giulani, décédée en 1727, s'ouvraient et saignaient sur l'ordre de son confesseur. Il en est de même de Louise Lateau et d'autres, dont les supérieurs pouvaient à volonté commander les extases. On sait par ailleurs que la plaie qu'Anne-Catherine Emmerich portait au côté avait l'étrange forme en " Y " du crucifix de l'église de Coesfeld, en Allemagne, où elle méditait quand elle était enfant. Et les marques de flagellation de sainte Gemma Galgani reproduisaient celles de son crucifix favori.

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    A l'élément très subjectif qui préside à l'élaboration des stigmates, il faut ajouter leurs aspect très variés. Ce sont parfois de simple points rouges, parfois des coupures profondes en forme de croix, ou des trous ronds, ovales ou carrés. On a observé aussi des formes de clou sur le dos des mains ou dans les paumes sur les pieds et même dans les semelles. Les plaies au côté varient aussi beaucoup car tous les stigmatisés ne voient pas la mise en croix de la même façon.

    Il est intéressant de remarquer que l'on ne connait aucun cas de plaie aux poignets. D'après le saint suaire de Turin, c'est pourtant à cet endroit qu'on enfonça les clous. Mais maintenant que ces recherches ont été rendues publiques, on aura peut-être bientôt des cas de stigmates aux poignets.

    Les stigmatisés face aux savants

    On a bien essayé de produire des stigmates par hypnose, mais on n'a obtenu que de maigres résultats : de petites rougeurs sur la peau et quelques saignements. C'est bien peu à côté des plaies qui affilèrent des stigmatisés authentiques pendant toute leur vie.

    Cela ne prouve pas non plus que l'explication hystérique des stigmates soit fausse, c'est tout simplement une question de contexte et de degré.
    En effet, dans le contexte religieux, les stigmates prennent nécessairement l'aspect spectaculaire des blessures de la crucifixion.
    Mais il existe d'autres cas de lésions spontanées de la peau, hors du contexte religieux. On peut citer le cas de Eleonore Zugun.
    Harry Price, qui étudia cette victime d'un poltergeist, observa sur sa peau des marques de fouet, des morsures et même des inscriptions que lui infligeait, disait-elle, un démon qu'elle seule voyait.

    Les stigmatisés face aux savants

    En résumé, tous les cas de stigmatisation semblent venir du subconscient, mais ils resteront spectaculaires et miraculeux tant que nous n'aurons pas compris ce qui relie la cause à l'effet.

     


  • Commentaires

    1
    Editions Jourdan
    Mercredi 13 Mars 2013 à 14:35

    Bonjour, nous avons une publication traitant de ce sujet qui est donc susceptible de vous intéresser, pourriez-vous nous fournir une adresse e-mail afin de vous faire parvenir le communiqué de presse ?

    Bien cordialement,

    Les éditions Jourdan

    2
    giova35 Profil de giova35
    Samedi 16 Mars 2013 à 14:18
    Je m'intéresse bien entendu à votre publication. Voici mon Email - giovanni.mangione@mobistarmail.be Un grand merci.
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    3
    annie
    Samedi 6 Septembre 2014 à 02:24

    Merci je ne savais pas qu'il y avait autant de stigmatise 

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