• Les Mammouths - L'étrange fin*

     

    Les Mammouth  - L'étrange fin

    Grâce au mammouth de Beregovka, les zoologues apprirent beaucoup sur cette espèce disparue. Cependant, un fait demeure mystérieux  : l'herbe et les leurs que l'on retrouva dans la bouche du mammouth indiquaient que la mort avait été soudaine. Que s'était-il passé exactement ?

    L'autopsie fournit l’explication. Une analyse précise du contenu de l'estomac décela la présence d'herbe, de différentes sortes d mousses et de lichens ainsi que des branches vertes de pins et de sapins de la toundra. Certaines graines montrent que l'animal trouva la mort en automne. Les boutons d'or non mâchés prouvent que tout se passa très vite.

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    Voici comment les géologues reconstituent l'incident :le mammouth devait paître en toute tranquillité quand il avança sur une couche de glace trop mince ; il s’effondra dans une ravine, se cassant la patte et le pelvis. Les tonnes de neige et de boue liquide qui s'abattirent sur lui à mesure qu'il se débattait l'étouffèrent. Il est intéressant de noter que dans certaines parties du corps le gras, normalement à demi liquide, se figea en une sorte de graisse fine. Ce processus, une fois établit devint permanent.
    l se produit quand un corps, animal ou humain, se trouve immergé ou enterré dans un milieu humide.

    On a retrouvé depuis d'autres mammouths ensevelis dans la ceinture de permafrost. En 1948, en Alaska, on dégagea la tête et le poitrail d'un bébé mammouth et, au cours de l'été 1977, lors de la construction d'une route dans la région de Lakoutsk, on découvrit un jeune mammouth de six mois en meilleur état de conservation que celui que l'on avait déjà trouvé dans la région. Comme sa trompe était intacte, les spécialistes remarquèrent à son extrémité deux sortes de doigts : il s'en servait vraisemblablement pour saisir des objets de petite taille, à la manière des éléphants actuels, à moins qu'il ne les ait utilisés pour empêcher le froid de lui pénétrer dans les naseaux.

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    On établit que le mammouth de 1977 était mort de la même façon que le mammouth de 1900. Hertz pensait d'ailleurs que la plupart des mastodontes avaient péri dans de pareil circonstances. Hypothèse que beaucoup rejettent : il peut sembler assez peu scientifique de généraliser de cette façon... L'école de pensée " catastrophiste " maintient qu'un cataclysme gigantesque entraîna un brusque changement de température qui, en gelant les plaines de Sibérie, priva les mammouths de leur nourriture.

    A l'origine de cette théorie, on trouve Georges Cuvier, naturaliste français du XIX siècle, père de la paléontologie. Cependant, les paléontologues modernes réfutent cette thèse, car elle repose, sur une erreur fondamentale. En effet, c'est en observant que les fossiles trouvés dans une strate de roches peuvent être distants de millions d'années de fossiles trouvés dans la roche voisine de Cuvier déduisit que seule une catastrophe pouvait expliquer de tels bouleversements géologiques. A son époque, on n'avait pas encore démontré que les éruptions volcaniques ou autres pouvaient enchevêtrer les strates de cette façon.

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    Par ailleurs, depuis la disparition des mammouths, on a jamais eu connaissance de tels bouleversements géologiques en Sibérie et, comme Hertz le fait remarquer, la végétation n'a guère changé depuis le jour où le mammouth de Berezovka trouva la mort en mangeant des boutons d'or.

    L'explication la plus vraisemblable semble résider dans une succession d'hivers particulièrement rigoureux. Animaux migrateurs, les mammouths parcouraient lentement les grandes plaines vers le sud en hiver, vers le nord en été. Ils se servaient très certainement de leurs défenses si curieusement recourbées pour gratter la neige et dégager l'herbe et le lichen. Leur toison laineuse, leurs petites oreilles, et leurs bosses de graisse leur permettaient de s’adapter à un froid extrême.
    On peut pourtant envisager que, lors d'un hiver rude ou d'un printemps glacial, ils se soient trouvés dans l'impossibilité de creuser assez profondément dans la neige pour trouver leur nourriture.
    Si de tel conditions s'étaient reproduites pendant des dizaines ou des centaines d'années, on comprendrait que les troupeaux aient finalement disparu.

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    Des faits viennent confirmer cette hypothèse. Dans le bulletin de la Société géologique d'Amérique, Robert Bell expliqua en 1898 comment les rennes de l'Ile d'Akpatok, dans la baie d'Ungava, au Canada, disparurent dans des circonstances semblables à celles que l'on vient de décrire : " Pendant un hiver particulièrement rigoureux, la couche de neige était plus importante qu'à l'ordinaire et la pluie se mit à tomber.
    Fait sans précédent : une couche de glace résistante recouvrit le sol et la neige. Les rennes se trouvèrent dans l'impossibilité de se nourrir.
    En conséquence, l'espèce entière périt et l'île ne se repeupla jamais.
    S'il n'avait pas existé d'autres rennes, l'espèce aurait maintenant totalement disparue.

    Qui plus est, Bell rappelle qu'on a retrouvé un nombre important d'os de mammouth le long des côtes de Sibérie, tout particulièrement dans les embouchures de la Lena et d'autres fleuves. Il fait remarquer qu'avant que les bisons ne soient décimés par les chasseurs, de nombreux troupeaux se noyaient en essayant de traverser des rivières gelées alors que la couche de glace était trop mince pour leur poids. Ceci a donc pu se produire pour les mammouths, dont le poids était encore plus important.

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    Une autre théorie met en cause l'homme préhistorique qui, grand chasseur de mammouths, serait responsable de l'extinction de l'espèce.
    C'est peu vraisemblable.

    Toutes ces théories tentent d'expliquer pourquoi et comment les mammouths disparurent de la surface de la terre. Mais ont-ils vraiment totalement disparu ?

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    La grande forêt sibérienne, la taïga, s'étend sur quelque 7 770 000 Km²  et, à part quelques tribus primitives, elle est inhabitée.
    En 1581, Ermak Timofeyevich, capitaine d'une bande de cosaques fut envoyé en Sibérie au début de la conquête de cet immense territoire par la Russie. Il affirma avoir aperçu " un grand éléphant poilu " à l'est des monts de l'Oural. Devant son étonnement, les gens de la région lui dirent connaitre cet animal que, dans leur langue, ils appelaient " montagne de viande ". Ceci se passait un siècle avant que le diplomate et explorateur hollandais Evert Ysbrandt Ides ne suggère que le mammouth était apparenté à l'éléphant.

    L'on possède un autre témoignage plus sérieux. En 1920, Gallon, diplomate français en mission en Sibérie, fit la connaissance d'un paysan russe, un chasseur qui avait passé quatre ans dans la taïga à traquer l'ours et le loup.

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    Il lui raconta l'histoire suivante :

    " Ceci se passa pendant ma deuxième année dans la forêt. Un jour, je découvris une empreinte gigantesque enfoncée profondément dans la neige. Elle devait bien mesurer 60 cm dans sa partie la plus large et 45 cm de long. Non, pas ronde, mais ovale. Il y avait quatre trace, les empreintes de quatre pieds. Les deux premières  à environ 4 m des deux suivantes, ces deux dernières étant de plus grande taille. Les traces tournaient soudain vers l'est, en direction d'une forêt d'ormes de taille moyenne. Dans cette même direction, je trouvais de la bouse en quantité importante. En l'étudiant, je m'aperçus qu'elle était constituée de matière végétale. A 3 m en hauteur, à l'endroit où l'animal avait pénétré dans la forêt, il y avait une rangée de branches cassée. Je suis certain que ce trou avait été fait par la tête de cet animal monstrueux quand il s'était enfoncé dans cette forêt. "

     Le chasseur suivit les traces et, quelques jours plus tard, il en trouva d'autres. Le premier animal avait été rejoint par un de ses semblables.

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    Voici la suite de son récit :

    " Je marchais contre le vent, ce qui me permit de continuer à approcher sans que les bêtes aient la possibilité de me sentir. Tout à coup, j'aperçus distinctement un de ses animaux. Sur le moment, je dois avouer que la peur me saisit. Il se tenait près d'un jeune arbre. C'était un immense éléphant, avec de grandes défenses blanches très recourbées. Il était de couleur sombre. Il avait de longs poils à l'arrière-train et semblait moins poilu à l'avant. je n'ai jamais vu d'éléphant aussi gigantesque. J'aperçus aussi son compagnon à travers les
    arbres. "

    Le chasseur n'osa pas se servir de son fusil, qu'il jugea de calibre insuffisant pour de tels monstre. Terrifié, il s'en alla sans bruit et regagna ses quartiers d'hiver, ne cessant de penser à ce qu'il avait vu.


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    Gallon précise dans son récit que cet homme, dans son ignorance, ne soupçonnait pas qu'un tel animal ait pu exister dans des temps reculés.
    Le terme même de mammouth lui était totalement inconnu et, quand Gallon en fit mention, il ne comprit pas ce que ce dernier voulait dire.

    Etant donné que personne n'a jamais pu expliquer d'une façon satisfaisante pourquoi les mammouths ont disparu, étant donné aussi que leur nourriture de base existe toujours en Sibérie et qu'enfin on peut tenir compte du récit de Gallon, il n'est pas impossible qu'un petit nombre de ces géants errent encore dans les vastes forêts inexplorées de Sibérie.

     


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