Pour choisir le sexe de leurs rejetons, les guêpes "Nasonia Vitripennis" emploie une technique étonnante. Ces insectes parasites injectent leurs œufs dans le ventre de certaines mouches. Les larves qui naissent dévorent progressivement les entrailles de leurs hôtes. Curieusement, les larves des futurs mâles survivent mieux que celle des femelles.
Cette inégalité larvaire pose un problème : en effet, si les mâles peuvent s'accoupler avec plusieurs femelle, chaque femelle ne peut s'accoupler qu'une fois. La pénurie en femelle pourrait donc menacer.
Pour y parer, les "Nasonia Vitripennis" pondent deux fois à l'intérieur de leurs mouches réservoirs à nourriture. La première ponte va produire surtout des mâles. La seconde, en compensation, produit une grande majorité de femelles.
Le procédé est original. Plusieurs mystères subsistent pourtant : comment les femelles pondeuses font-elles pour produire, presque à la demande, une écrasante majorité de sexes femelles ? Nul ne le sait encore.
Autre énigme du monde des insectes : l'orientation.
Beaucoup d'espèce migrent, les une sur de courtes distances, les autres sur des milliers de km. Les voyageurs les plus extraordinaire paraissent bien être les "papillons monarques".
A la fin de l'été, ces papillons d'Amérique du Nord quitte la région des Grands Lacs américains pour se diriger vers le golfe du Mexique et le Texas, après un voyage de deux ou trois mille kilomètres.
Dès le mois de mars, avec leur femelles fécondées, les monarques reprennent lentement la route du nord. Aucun d'eux n'atteindra la région des Grands Lacs : les plus vaillants ne dépasseront pas un millier de km. Par contre, sur le trajet, ils auront pondu de nombreux œufs, qui donneront naissance à de nouveaux papillons. Et l'éternelle course migratoire se poursuivra de génération en génération.
Comme beaucoup d'insectes, les papillons se laissent guider par les conditions climatiques. Mais on ignore encore comment les monarques réussissent à s'orienter, surtout dans le cas des papillons nouveau-nés qui retrouvent spontanément la route du nord.
Il est possible que la direction du vent joue un rôle ainsi que la position des étoiles ou peut-être le champ magnétique.
Une piste de recherche très inintéressante étudie la présence dans le système nerveux central des animaux migrateurs, de ferromagnétiques, qui joueraient le rôle de boussole interne.
De même, il apparaît clair que la plupart des insectes possèdent une connaissance très étendu des règles générales de la navigation aérienne.
Les insectes sont également victimes de la course aux armements. Sélection naturelle oblige, chaque espèce tend, au cours de l'évolution, à développer des armes défensives et offensives de plus en plus efficaces.
Redoutable guerriers, les termites ont mis au point des armes chimiques complexes. Pour eux, c'est une nécessité. Pour faire face aux raids meurtriers, des fourmis guerrières, les termites disposent d'armes blanches offensives (mandibules), défensive (cuirasse) mais aussi chimiques !
Les termites Schedorhinotermes possèdent deux catégories de défenseurs : le grand et le soldat. Ce dernier manipule avec efficacité l'arme chimique : il se contente de frotter sa tête contre le corps de la fourmi assaillante sans chercher à la saisir, ce dont il serait d'ailleurs incapable. On voit alors la fourmi reculer, se traîner sur le sol et mourir. Le produit n'est toxique, bien entendu, que pour la fourmi...
Plus extraordinaire encore : les termites trinervotermes sont capables de tuer à distance ! Ils envoient directement sur leur adversaires une sorte de glu paralysante et meurtrière. Un genre d'insecticide, inventé avant le développement de la chimie par l'homme.
Non content de faire la guerre, certains insectes ont mis au point l'esclavage. Comme les sociétés humaines, les fourmis pratiquent aussi bien l'agriculture que l'élevage. Certaines espèces cultivent des champignons. D'autres vivent en bonne entente avec divers insectes, tels les pucerons, dont elles recueillent avec gourmandise le liquide sucré qui leur sort du ventre.
Les fourmis esclavagistes, elles, organisent des raids contre les fourmilières voisines. Elles s'emparent alors des œufs, qu'elles ramènent chez elles. Ces œufs donneront naissance à des larves, qui deviendront des ouvrières et travailleront en bonne ouvrières bien programmées, pour les fourmis esclavagistes. Déchargées de leurs besognes quotidiennes, les ouvrières de l'espèces esclavagiste auront alors tout le loisir de se consacrer à leurs activités guerrières !
Prédateurs redoutables, les fourmis ont aussi leurs adversaires. Le plus terrible est une mouche microscopique parasite, qui profite du moindre moment d'inattention des fourmis pour leur pondre dans le ventre. Les œufs de ces mouches, devenus larves, grandiront en dévorant les entrailles de la fourmi qui les a portés.
Contre cet "ennemi intérieur", les fourmis à parasol ont mis au point un système de surveillance assez spécialisé. Tandis que les ouvrières cueillent et transportent de gros morceaux de feuilles pour en garnir le nid, une fourmi naine du même groupe monte la garde, juchées sur le tas de feuilles. Ordinairement, ces fourmis naines sont affectées à la culture des champignons microscopiques.
Dès que les mouches se préparent à fondre sur les ouvrières, les fourmis naines se regroupent et font face à l'attaque aérienne. A tout moment, surveillant en permanence l' "espace aérien", elles peuvent repousser l'ennemi venu du ciel...
Les insectes on l'a vu, ont quasiment tout inventé. Par instinct, ils connaissent les trajectoires à emprunter au moment de leurs migrations. Ils savent comment tuer et transporter leurs proies. Ils parviennent à détecter une femelle à plusieurs kilomètres de distance. Ils ont trouvé le moyen de prévoir les attaques des plus terribles et des plus fourbes prédateurs. Ce ne sont là que des réponses stéréotypées à des situations déterminées.
Ils savent aussi, et c'est le plus étonnant, distinguer le parent de l'étranger. Même sans l'avoir jamais vu. Cette connaissance des relations de parenté est aujourd'hui le problème qui intrigue le plus les biologistes : Ils en ont des preuves, ils s'en servent pour interpréter certains aspects de l'évolution des espèces, mais ils sont encore incapables d'en donner une explication satisfaisante.
Comment les animaux font-ils pour déterminer la carte génétique de leurs congénères, alors que nous commençons à peine à savoir décortiquer le nôtre ? Peut-être le langage des odeurs joue-t-il, ici encore, un grand rôle. Chez les abeilles, on vient de constater que les individus savent reconnaître leurs liens de parenté grâce à ces phéromones. Même mort, l'insecte garderait une sorte d'effluve de sa carte génétique...
Le monde fascinant des insectes est très loin d'avoir livré tous ses secrets ; ils en savent au moins autant que nous.
Extrait de " Inexpliqué 1981"