• Nicolas Flamel

     

    Nicolas Flamel était écrivain-juré de l'université de Paris. En 1357, il avait acheté un très grand et très ancien manuscrit enrichi d'enluminures.

    "L'ouvrage, a-t-il écrit, était soigneusement relié et protégé par une épaisse couverture de cuivre repoussé, ornée de lettres et d'étranges dessins en relief. Il m'apparut que je ne saurais déchiffrer ces mots qui n'étaient ni latins ni grecs. Quant aux pages intérieures. Les signes m'en semblèrent avoir été gravés avec un stylet de métal sur de l'écorce..."
     
    Sur la première page était tracée une dédicace en lettres d'or suivie d'anathèmes proférés à l'encontre de quiconque ouvrirait ce livre sans être prêtre ou scribe.

    Flamel pouvait se considérer comme scribe, aussi s'enhardit-il à poursuivre sa lecture. L'auteur se proposait d'aider le peuple juif à s'acquitter des lourdes taxes exigées par les Romains en lui enseignant le secret de la transmutation des métaux en or.
    Les instructions à suivre, si elles étaient claires et précises, se référaient malheureusement toutes à l'ultime phase du processus. Mais impossible de déchiffrer ces figures à qui n'était pas versé dans la cabale.
     

    Nicolas Flamel

    Pendant plus de vingt ans, Nicolas Flamel essaiera en vain de trouver celui qui pourrait lui expliquer le sens des illustrations, son épouse, Dame Pernelle, lui suggéra enfin de se rendre en Espagne pour y consulter un juif réputé fort savant qui pourrait peut-être jeter quelque lumière sur cette énigme.


    Il se rend donc à la ville de Léon, dans le Nord de l'Espagne, où il a le bonheur de rencontrer un certain maître Canches, éminent et fort savant médecin juif. En apercevant lesdites gravures, ce dernier est transporté d'étonnement et de joie en reconnaissant là un fragment d'un livre qu'il croyait à jamais perdu.

    Il décide aussitôt de revenir en France avec Flamel afin de consulter l'ouvrage. Mais, à Orléans, terrassé par la maladie, vu son grand âge, il s'éteint rapidement. Après avoir mis en terre son nouvel ami, Flamel rentre seul à Paris. Il pouvait désormais accomplir le Magistère. Trois mois plus tard, Nicolas Flamel réussit sa première transmutation en or.


    Nicolas Flamel


    Maître Nicolas et Dame Pernelle sauront faire bon usage de la fortune qui leur échoit ainsi : "Quatorze hôpitaux, trois chapelles et sept églises, toutes sises en la ville de Paris, nouvellement bâties grâce à nos soins et dotées de magnifiques ornements et de revenus. Et nous avons fait à Boulogne presque autant qu'à Paris, sans parler des nombreuses aumônes que nous avons distribuées personnellement aux indigents, et principalement aux veuves et aux orphelins."


    Après la mort de Flamel en 1419, d'étranges rumeurs commencent à circuler
     : la pierre philosophale serait cachée dans l'une de ses anciennes demeures, que l'on se met à fouiller fébrilement.  A tel point que, de l'une d'elles, il ne reste bientôt plus qu'un tas de pierres ! On raconte aussi que Nicolas et Pernelle seraient toujours vivants. Elle se serait réfugiée en Suisse, tandis qu'une simple bûche aurait été placée dans son cercueil ; lui aurait pris les mêmes dispositions concernant ses propres funérailles. Et la légende persistera aux siècles suivants: Le riche alchimiste aurait conquis l'immortalité.


    Au XVIIe siècle, le grand voyageur Paul Lucah, qui visite l'Asie Mineure, rencontre un éminent philosophe turc qui lui révèle que les véritables philosophes détiendraient le pouvoir de prolonger la vie humaine d'un millier d'années.

     Nicolas Flamel

    " Je pris alors la liberté de citer l'illustre Flamel, qui possédait, dit-on, la pierre philosophale et qui n'en est pas moins mort. Mon interlocuteur sourit de ma naïveté et me dit d'un air ironique : Pouvez-vous réellement croire cela ? Non mon ami, Flamel est bien vivant. Ni lui ni son épouse n'ont connu la mort. Il n'y a pas plus de trois ans que je les ai vus pour la dernière fois en Inde ; c'est l'un de mes bons amis."

    En 1761, Flamel et Dame Pernelle auraient été vus à l'opéra de Paris. Plus tard des rumeurs analogues circuleront à propos du comte de Saint-Germain, supposé lui aussi avoir découvert l'élixir de longue vie. Mais l'alchimiste et son épouse n'ont pas fini de hanter les rues de leur ville. Au milieu du siècle dernier, ils rôdaient sur le boulevard du Temple du moins si l'on en croit Ninian Bres : " Vous vous demandez sans doute comment je peux être si sûr qu'il s'agissait bien de Nicolas Flamel ! Eh bien ! je vous répondrai que j'ai passé bien des heures à la Bibliothèque nationale, penché sur le livre d'Abraham le Juif. si vous regardez attentivement la cinquième page, tout en bas à droite, représenté parmi ceux qui cherchent l'or dans leur jardin, vous pourrez voir le visage qui me fixa ce soir-là sur le boulevard du Temple, et qui n'a pas cessé depuis de hanter mes nuits."
     

    Nicolas Flamel

    Ci-dessus - Portail de l'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie, financé en 1389 par Nicolas Flamel, et sur lequel il s'était fait représenter avec son épouse.

     
      
    ALLEGORIE
      
    Le voyage de Nicolas Flamel est en réalité une allégorie donnant encore une partie du "Modus Operandi" de l'oeuvre.
    Ce passage où pris d'un malaise en Calice il fait halte dans la ville de "Léon" et là sur les conseils d'un marchand de Bologne, il aurait consulté un médecin Juif : "Maître Canches " qui au cours de la conversation, aurait manifesté des connaissances en cabale Juive telle que Flamel lui aurait montré les figures de son livre, le médecin se serait alors exclamé qu'il s'agissait de l'œuvre perdue du "rabbin l'Ash Mesareph" qu'on pensait définitivement détruite et il aurait aussitôt proposé à Flamel de le raccompagner jusqu'à Paris, mais en cours de route, il serait mort, non sans avoir ouvert les yeux et les portes de la science à Flamel...
      
    " Cette allégorie est le récit à peine voilé de la mort de la matière première qui est le point de départ véritable du magister philosophal "
      
    Ce pèlerinage est sans doute cité par Flamel pour dire que l'œuvre ne peut se faire sans une initiation et il est fort probable qu'elle nous montre que Nicolas dans la réalité rechercha cette initiation et l'a reçu d'un autre alchimiste (sous les traits de Maître Canche)
     
                                                                                                                                                                                  Extrait de " Inexpliqué " 1981
      

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    Le comte de Saint-Germain

     

    Vers 1700, les habitants de la petite rue de l'Hirondelle, à Paris, s'inquiètent d'un propriétaire aux mœurs étranges. Il y a quelques années, maître Dumas est devenu brutalement riche. Depuis, il ne va plus à l'église et s'enferme des heures entières dans une sorte de laboratoire secret, où même sa femme ne va pas.

    Tous les vendredis, vers 3 heures de l'après-midi, un horrible petit bonhomme noir vient lui rendre visite. Personne ne connaît l'identité de cet homme. Le 31 décembre 1700 vers 5 heures, la femme de maître Dumas s'inquiète de ne plus entendre son mari. Quand elle force la porte du laboratoire, la pièce est vide. Maître Dumas s'est volatilisé !

     

    Le comte de Saint-Germain


    La police fait fouiller la maison et sonder tous les murs. En vain. Toute la ville comment cette inquiétante disparition. On en parle même à la Cour, où le marquis de Villeret raconte l'anecdote au jeune Louis XV, qui n'est encore qu'un enfant, mais qui sera impressionné au point d'en reparler pendant des mois.

    Cinquante-huit ans plus tard, un curieux gentilhomme capte tous les regards de la cour de France. Il se fait appeler comte de Saint-Germain , mais l'on ignore son vrai nom. En a-t-il un, d'ailleurs, lui qui prétend détenir le secret de l'immortalité et posséder quelques dons, comme celui de la voyance ?
     

    Le comte de Saint-Germain


    Pour ce qui est de l'immortalité, la vieille comtesse de Vergy raconte une étrange histoire. La première fois où le nom du comte a été annoncé, elle a tressauté : elle se souvenait fort bien d'avoir entendu ce nom-là, une cinquantaine d'années plus tôt, à Venise, où le comte de Vergy était ambassadeur.

    S'agissait-il du père du comte ? " Non, de moi-même ", lui aurait répondu le gentilhomme, qui se souvenait, à son tour, de la belle jeune femme qu'était la comtesse de Vergy. Stupéfaite, celle-ci lui lance : " Mais, vous auriez au moins cent ans ! " Et le comte de Saint-Germain  aurait répliqué : " Ce n'est pas impossible, madame, je suis peut-être plus vieux qu'il n'y paraît. "
     

    Le comte de Saint-Germain

    Beaucoup d'histoires de ce genre circulent sur le comte quand on le présente au roi, à Versailles. Louis XV a soudain l'idée de lui soumettre le cas de maître Dumas, qui est toujours dans sa mémoire. Première surprise : le comte de Saint-Germain demande au roi s'il s'agit bien du maître Dumas qui habitait rue de l'Hirondelle en 1700 !  Soit cinquante-huit ans plus tôt...

    Le roi est très étonné, mais il insiste. Le comte de Saint-Germain lui avoue sa réticence : " Sire, en dévoilant ce que je sais, je crains de vous exposer à certains dangers " Le roi imposant sa volonté, le comte demande un plan de Paris, localise l'ancien hôtel de maître Dumas et se concentre en paraissant oublier tout ce qui l'entoure.


    Enfin il murmure : " Sire, les ouvriers qui ont cherché maître Dumas étaient de très mauvais ouvriers. Dans un angle du laboratoire, près de l'entrée, il y a une trappe dans le parquet. Plusieurs lames mobiles recouvrent l'entrée qui mène à un caveau, par un escalier entre plancher et muraille. C'est là que notre homme s'est retiré. C'est là qu'il a avalé une puissante drogue et qu'il est mort. "

    Le roi l'interrompt : " Était-ce bien le diable qui venait le voir ? "
    Le comte de Saint-Germain réplique : " Je crois plutôt que c'est maître Dumas qui allait voir le diable... Mais je ne peux vous en dire plus à sa Majesté, à moins qu'elle ne se fasse rose-croix. Il y a là de terribles secrets ! "
     
    Le comte de Saint-Germain

    Dès le lendemain, poussé par Mme de Pompadour qui protégeait le comte, le roi demandait l'ouverture d'une nouvelle enquête sur cette vieille affaire. Son lieutenant de police criminelle devait effectivement découvrir la trappe dont avait parlé le comte de Saint-Germain, l'escalier secret, le caveau et, enfin, le corps de maître Dumas, une coupe près de lui, dans laquelle se trouvait encore une boulette d'opium.
    Tout ce que l'étrange personnage avait dit était vrai.

    Mais qui était-il vraiment ?
     
    Ses contemporains ne savaient quasiment rien de lui. Ni de son pays d'origine, ni son vrai nom, ni même son âge. On trouve seulement sa trace à Londres vers 1743 et à Paris vers 1758.  Et les fouilles pratiquées dans son tombeau ont révélé que celui-ci était vide. L'inscription de la pierre continue à nous défier : " Celui qui se faisait appeler comte de Saint-Germain et Welldone et dont on ne sait rien de plus repose dans cette église. "

    D'où pouvait-il venir ? Tout et n'importe quoi devaient être dites à son sujet mais une chose est sûre : le comte de Saint-Germain était à la fois très doué et très riche. Il avait un don certain pour les langues et parlait couramment le français, l'anglais, l'hollandais et le russe. Il affirmait, en outre, parler le chinois, l'hindou et le persan.
     

    Le comte de Saint-Germain


    Sur sa richesse, plusieurs témoignages nous sont parvenus. Quand il commence à faire parler de lui en 1740, le comte de Saint-Germain a l'allure d'un homme qui aurait entre trente et quarante ans. Dans les salons de Vienne, ses vêtements attirent l'attention. Alors que ses contemporains s'adonnent à la soie colorée et aux rubans voyants, il ne porte que du noir. Sans doute pour rehausser l'éclat des diamants qu'il porte à plusieurs doigts, à son gousset et à sa tabatière.  Chez lui, le diamant semble d'ailleurs être une passion : on raconte qu'il en a les poches remplies et qu'il s'en sert comme monnaie.

    Dans ses Mémoires, Mme de Pompadour affirme que le comte de Saint-Germain parvenait à fabriquer d'énormes diamants avec plusieurs petits et qu'il avait le pouvoir de faire grossir les perles. Casanova, qui l'a rencontré à plusieurs reprises, raconte que le comte de Saint-Germain lui a, un jour, demandé une pièce de cuivre de quelques sols qu'il a posée sur une sorte de graine noire ; il a soufflé dessus avec une pipette en verre et il a posé le tout sur un charbon ardent : une fois refroidie, la pièce était une pièce... d'or !

    Bien entendu, on pourrait parler d'habile manipulation.

    Le comte de Saint-Germain avait, en société, de curieuses manières : invité à un repas, il ne profitait pas des meilleurs plats et dînait d'eau minérale, ce qui lui permettait de parler du début du repas à la fin et, probablement, de mieux captiver ses auditeurs. Mais peut-être n'était-il que végétarien, une discipline de vie qui serait tout à fait compatible avec ses pouvoirs paranormaux incontestables.

     
                                                                                                                                                               Extrait de " Inexpliqué " 1981
     
      

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    Monstres des profondeurs

    Puisque 60 % de la surface de notre globe sont sous les eaux, il ne faut pas s'étonner de la constance avec laquelle, depuis l'antiquité, les hommes rapportent leurs rencontres avec des monstres marins géants.

    La Bible parle à cinq reprises du Léviathan, ce monstre mi-serpent mi-dragon, issu du folklore phénicien, qui se retrouve dans la plupart des mythologies orientales. En Europe, ce sont les navigateurs scandinaves qui nous ont donné les premières relations de telles apparitions.

    Monstres des profondeurs

     L'archevêque Olaus Magnus, exilé à Rome au XVIe siècle, a publié vers 1555 une longue histoire des pays nordiques, pleine de récits inquiétants sur les serpents de mer.
    Il y décrit notamment une créature de 60 m de long pour 6m de tour de taille, qui mangeait des veaux, des agneaux, des porcs et même des pêcheurs :
    « Un animal noir, avec une sorte de crinière, des yeux brillants, la tête dressée comme un chapiteau sur une colonne ».
    Curieusement, de nombreuses descriptions plus récentes correspondent à cette ancienne relation.

    Au XVIIIe siècle, on signale encore un serpent de mer géant au large de la Norvège. Un autre archevêque, Erik Pontoppidan, en fait un livre en 1752, dans lequel il rapporte tous les témoignages qu'il a pu recueillir sur ce sujet.

    Mais le XVIIIe siècle, c'est aussi le déferlement de la rationalité scientifique. Les apparitions de monstres en mer sont reléguées au rang de légendes pour marins et tournées en dérision. Pourtant, les fameux monstres n'en continuent pas moins à surgir sous les yeux des navigateurs terrorisés.

    Monstres des profondeurs

    S'il est de bon ton d'expliquer que les « bosses » des serpents aperçues au-dessus des vagues ne sont que des bancs de dauphins en train de jouer, quelques scientifiques acceptent l'hypothèse de serpents de mer géants. En 1893, Thomas Huxley écrit qu'il n'y a aucune raison pour qu'on ne trouve pas de reptiles de 15 m de long – ou plus – dans la mer.
    Dans la première moitié du XIXe siècle, les apparitions de monstres marins se multiplient le long des côtes nord-américaines.

    Les polémiques entre partisans et adversaires de l'existence du serpent de mer font rage. On s'insulte dans les colonnes du Times londonien. Les ennemies les plus résolus du mégophias vont jusqu'à faire publier des faux témoignages d'apparitions pour ridiculiser les défenseurs des monstres marins. Au début du Xxe siècle, beaucoup de témoins n'oseront pas affirmer publiquement ce qu'ils ont vu : « Ne dites rien, lance le capitaine du Grangense à ses hommes immédiatement après une de ces apparitions, ils diraient que nous étions saouls... »
     
    Et pourtant, tous les témoignages sont formels, il se passe parfois de drôles de choses sur la mer.

    Commentaire du lieutenant George Senford, du navire marchand Lady Combermere, après avoir aperçu, à moins de 200 m de son navire, un serpent long d'environ 20 m : « Nous n'avons pas pu nous tromper et nous sommes tous très heureux d'avoir eu la chance de voir le « véritable serpent de mer », dont on disait qu'il était le produit de l'imagination de quelques skippers yankees ! »

    Monstres des profondeurs

    En 1879, un autre militaire, le major H. W. J. Senior, du Bengal Staff Corps, voyageant à bord du City of Baltimore, aperçoit un serpent de quelques 9 m de long, en plein golfe d'Aden. Il décrit sa tête comme celle d'un bulldog. Son rapport sera contresigné par plusieurs autres passagers.
    Plus tard, c'est le capitaine John Ridgway qui, au cours de sa traversée de l'Atlantique à la rame, aperçoit, à 10 m de son embarcation, un serpent de mer long de 10 m, au corps « phosphorescent comme s'il avait été bordé de néon ». C'était le 25 juillet 1966. La bête plonge en direction du bateau, mais ne reparaît pas.

    Monstres des profondeurs

    Plus récemment encore, au large des côtes de Cornouailles, un de ces monstres – un Morgawr, comme on l'appelle dans la région – fait plusieurs apparitions en 1975 et 1976. Il est même pris en photo. Au pays de Galles, dans les eaux de la baie de Cardigan, en 1975, trois petites filles aperçoivent une créature traverser la plage pour plonger dans la mer. La bête avait 3 m de long, un long cou, une longue queue et  des yeux verts. Plusieurs pêcheurs confirmèrent leurs dires en reconnaissant, sur un croquis, le monstre qu'ils avaient vu en mer.

    Evidemment, chaque affaire de serpent de mer amène son lot de vrais et de faux témoignages. Les escroqueries au monstre marin abondent, depuis le journal qui veut remplir ses colonnes avec du sensationnel facile jusqu'au petit malin qui veut gagner beaucoup d'argent en vendant à la presse des clichés fabriqués.
    Un examen minutieux des photos, ou une étude précise des « restes » retrouvés, conclut presque toujours à une supercherie ou à un animal connu comme certaines espèces de requins ou de baleines.

    Monstres des profondeurs

    Malgré tout, à défaut de preuves concrètes, il faut bien considérer comme convaincants les récits répétés depuis des années, et même des siècles, d'apparitions de monstres marins, toujours dans la même région. Dans le détroit de Géorgie, sur la côte occidentale canadienne, on connaît le Caddy – Cadbosaurus pour les savants – depuis des générations. Avant l'arrivée des Blancs, il terrorisait déjà les Indiens. Récemment, plusieurs pêcheurs l'ont encore aperçu.
    Plus au sud, sur la côte Pacifique, dans une zone de pêche hauturière très appréciée, près de l'île de San Clemente, les témoignages à propos de serpents de mer abondent et viennent de gens « éclairés », plutôt difficiles à s'émouvoir et soucieux ordinairement de s'éviter le ridicule.
     
    Pourquoi, dans ces conditions, le serpent de mer est-il si mal connu ? Sans doute en partie à cause du progrès : on peut imaginer que les monstres marins – si monstres il y a – préfèrent s'écarter des voies maritimes fréquentées. Et comme l'homme ne s'éloigne guère de ces voies fréquentées. Autrefois, quand la navigation était beaucoup plus imprécise et silencieuse, les rencontres étaient logiquement plus nombreuses.

    Un homme, pourtant, s'est acharné à étudier ces créatures déroutantes : Bernard Heuvelmans, un zoologiste belge spécialisé dans la recherche des animaux disparus. Publié voici quelques années, son ouvrage "Dans le sillage des serpents de mer" est le plus exhaustif et le plus détaillé de ceux qui existent sur le sujet. L'auteur a dépouillé près de six cents témoignages oculaires, recueillis entre 1639 et 1964. Une soixantaine se rapportait à des animaux connus pris à tort pour des monstres. Cent vingt cas enfin ont été éliminés pour l'insuffisance des détails relatés ou un trop grand flou dans la description. Restent quelque trois cent cinquante cas. Les plus passionnants.

    Après avoir attentivement étudiés, Bernard Heuvelmans les classe en neuf types distincts de manifestations, qui vont du serpent de mer « au long cou » et au corps en forme de cigare – le plus souvent observé – jusqu'au crocodile géant long de 15 à 20 m, qui n'est que très rarement observé et toujours dans des eaux tropicales. Pour les autres types, l'auteur utilise des termes purement descriptifs comme « chevaux marins », « créatures à plusieurs bosses », « phoques géants » ou
    « ventres jaunes ». Il fait également état d'un groupe appelé « périscopes ambigus », qui pourrait se composer d'anguilles géantes ou d'animaux à long cou.

    Enfin, Bernard Heuvelmans note que, depuis le début du siècle, la plupart des apparitions concernent des monstres marins « à long cou », ce qui signifierait que leur nombre est en train d'augmenter, sans doute au détriment des autres créatures fantastiques, comme le phoque ou l'otarie géants.
                                                                                 Extrait de " Inexpliqué 1981 ''
     
     

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