• 20 000 lieues sous les mers ( 1954 ) - Richard Fleischer

    Croyant partir à la recherche d'un monstre marin, le naturaliste français Aronnax et son domestique Conseil, avec le harponneur canadien Ned Land, sont jeté par dessus bord et se retrouvent sur le dos, non pas de l'animal fantastique qu'ils recherchaient, mais d'un submersible, le Nautilus, " invité " parle ténébreux capitaine Nemo, ils sont en réalité faits prisonnier et obligés de faire un long voyage dans un monde étrange et fantastique. Ils finissent par apprendre le secret de Nemo : c'est un prince hindou jadis spoliés et qui cherche à se venger.

    Walt Disney, grand fan devant l'éternel de Jules Verne, avait depuis longtemps décidé d'adapter le livre du grand romancier français. A la hauteur de sa passion pour l'œuvre, il va d'ailleurs réunir les meilleurs moyens de l'époque. Le superbe scénario aura en effet droit à des effets spéciaux particulièrement maîtrisés et un casting irréprochable, au premier rang duquel l'exceptionnel Kirk Douglas. Les décors seront aussi 
    soignés dans le moindre détail et auront même l'honneur d'être reproduits  dans certains parcs d'attractions à commencer par les Disneyland de Paris et de Tokyo. Le cinémascope permet d'explorer chaque recoin du Nautilus, d'un design magnifique, extérieur comme intérieur ( la grande salle de commandement, avec son orgue et sa baie ouverte sur les profondeurs ).  Les personnages, quant à eux, ont été parfaitement définis et bénéficient d'un traitement méticuleux dans chacun de leurs traits.
    Le Capitaine Nemo est à cet égard époustouflant de tourments ! 
    Autant de bons ingrédients ne pouvaient conduire qu'à un film débordant de qualités, dont certaines scènes resteront à jamais gravées dans l'inconscient collectif. Qui n'a pas en effet tremblé devant le poulpe géant ?

     

    20 000 lieues sous les mers ( 1954 ) - Richard Fleischer

    L'aspect baroque du Nautilus lui donne une apparence visuellement  fascinante qui ajoute à l'aura de mystère et de merveille entourant le navire. 
    D'après son concepteur, Harper Goff, Disney voulait suivre la description de Verne, mais lui ne voyait pas les choses ainsi : « J'ai dit à Walt que  le Nautilus a été construit à la hâte et sommairement dans la base secrète de Nemo… Le seul matériel disponible était le fer brut récupéré des épaves…
    Nemo a tout obtenu pour son submersible - matériaux, meubles, objets d'art, et même un orgue - des épaves qu'il a trouvées au fond des océans. ».

     

    20 000 lieues sous les mers ( 1954 ) - Richard Fleischer  

    Le Nautilus a été reconstruit à l'échelle, soit 61 m en respectant l'aspect donné par Jules Verne, un monstre sous-marin avec ses éclairages avant  ressemblant à des yeux dans l'eau sombre. La plupart des scènes sous-marines ont été réalisées dans un studio construit spécialement au studio Disney de Burbank. Le Stage 3 d'une superficie de 1 765 mcomprend un réservoir central de 335 m², profond de 2,6 m.  D'autres scènes ont été tournées dans un bassin en extérieur du studio Fox.
    Les scènes ayant des couleur locales ont été elles tournées en Jamaïque et en dehors de San Diego. Les scènes en mer ont été tournées au large de Nassau aux Bahamas durant 8 semaines avec une équipes de 54 personnes.

     

    20 000 lieues sous les mers ( 1954 ) - Richard Fleischer

    Le point d'orgue du film est la scène de combat entre Nemo et la pieuvre géante en pleine tempête. La transition entre la scène calme de l'orgue, sur lequel Nemo joue la Toccata et fugue en ré mineur de Johann Sebastian Bach et celle de combat à mort avec la pieuvre donne au personnage un aspect  mi-génie mi-démon. D'après les souvenirs de Richard Fleischer:

    « La réalisation de la scène de combat avec la pieuvre était très difficile, plus un problème technique que tout autre chose. Au premier essai, le monstre ne fonctionnait pas, il a pris l'eau et a sombré. Il n'était pas conçu correctement, ne pouvait pas faire tout ce qu'on voulait en faire et semblait très artificiel. Après avoir dépensé beaucoup de temps, d'argent dessus, Walt et moi avons décidé d'arrêter cette séquence, de faire autre chose et ainsi refaire cet animal. J'ai discuté avec le scénariste et nous avons compris que le concept était mauvais. La séquence avait été tournée avec une mer calme et plate au coucher du soleil, ce qui permettait de voir la machinerie de façon trop visible. Nous sommes revenus avec l'idée qu'il pouvait se dérouler en pleine nuit durant une tempête en pleine mer et nous aurions des vagues, des éclaboussures, de l'intensité et de l'action cachée qui permettrait de masquer tous les défauts. Mais cela a coûté cent fois plus cher de le faire ainsi mais quand nous l'avons présenté à Walt il a répondu que nous avions raison et de le faire comme cela. »

     

    20 000 lieues sous les mers ( 1954 ) - Richard Fleischer

    Un autre problème durant le tournage a consisté à faire nager des poissons devant la caméra lors des scènes sous-marines. La solution a été de faire appel à des poissons en animation placés devant les objectifs. La pieuvre géante, en fait un calmar, mélange d'hydraulique, d'air comprimé, de tuyaux et de caoutchouc, nécessitait jusqu'à 28 opérateurs pour la manipuler. Le système hydraulique est l'œuvre de l'animateur ingénieur John Hench.

     

    Film complet

     


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  • L'Aventure de Madame Muir -

     

    Au début du siècle à Londres, Lucy Muir, jeune et belle veuve, quitte sa belle-famille pour aller vivre au bord de la mer avec sa fille et sa servante. Elle loue un cottage qu'on dit hanté par le fantôme du capitaine Gregg. 
    Celui-ci lui apparaît en effet et loin d'être terrorisée elle lui voue au contraire une grande tendresse malgré son caractère frustre et bougon.  La belle veuve ayant des ennuis d'argent, le fantôme lui propose de lui dicter ses mémoires de marin grâce auxquelles elle pourrait se renflouer. 
    Mais chez l'éditeur à qui elle va proposer le manuscrit, elle rencontre Miles Farley, un écrivain avec qui elle pense se remarier, délaissant pour cela le fantôme. Comment va réagir ce dernier ? Tout ceci n'était-il pas un rêve ? Le final d'une somptueuse beauté viendra nous apporter la réponse. 

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    L'Aventure de Madame Muir -

     

    Cette histoire de fantôme est l'une des plus belles l'histoire du cinéma. Ce mariage paisible entre le réel et l'irréel est un triomphe sur la mort  et sur l'ordre des choses. L'un des chefs-d'oeuvre de Mankiewicz et l'un des plus beau films hollywoodiens.

    L'aventure de madame Muir offre un alliage presque unique d'intelligence, de romantisme et de rêverie s'attardant sur les déceptions et illusions de l'existence.

    L'Aventure de Madame Muir -

    Le film raconte avec une poésie déchirante, la supériorité mélancolique du rêve sur la réalité, le triomphe de ce qui aurait pu être sur ce qui a été.  Tous les éléments de la mise en scène, des acteurs au décors, des dialogue à la photo sont superbes et marqués du sceau de la perfection.

     

    L'Aventure de Madame Muir -

     

    Certainement la plus belle histoire d'amour de tous les temps. On se laisse bercer dans cette romance fantastique grâce au couple merveilleux Gene Tierney / Rex Harisson. S’achevant sur une scène de pur mélodrame, L’aventure de Mme Muir laisse le spectateur avec un sentiment de sérénité et de plénitude qu’il est assez rare de ressentir au cinéma.  Un chefs-d'oeuvre absolu du 7ème art. 

     

     


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  • La fiancée de Frankenstein -

    Réfugiée dans les souterrains du moulin, la créature de Frankenstein n'a pas succombé lors de l'incendie du laboratoire par les villageois révoltés. Capturé par les paysans, le Monstre parvient à s'enfuir en semant la terreur sur son passage et trouve refuge dans la demeure d'un vieil ermite aveugle qui lui offre à manger et l'initie même aux rudiments du langage. Pendant ce temps, Frankenstein reçoit la visite de l'étrange docteur Pretorius, qui lui propose de créer une femme pour donner une compagne au Monstre. Il refuse. Mais Pretorius, qui a retrouvé et recueilli la Créature, parvient à décider son collègue en faisant enlever sa femme Elizabeth. Soumis, Frankenstein accepte. La nuit, dans leur laboratoire, les deux savants unissent leurs efforts et exposent le corps de leur création au Feu du Ciel. La "Fiancée" ouvre enfin les yeux, mais rugit de terreur en voyant les avances du Monstre.

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    La fiancée de Frankenstein (1935) - James Whale

     

    Après le succès de Frankenstein quatre plus tôt, Universal décide de lui donner une suite ; c'est le début d’une longue série basée sur le personnage mythique créé par la romancière anglaise Mary Shelley un siècle plus tôt. La fiancée de Frankenstein est certainement le meilleur du lot, celui qui donne le plus de profondeur au personnage du Monstre.

     

    La fiancée de Frankenstein (1935) - James Whale

     

    Il est ici doté de sentiments humains, allant ainsi bien au-delà du monstre sanguinaire, avec notamment l’une des plus belles et célèbres scènes du cinéma, la rencontre du monstre avec l’aveugle : ne pouvant le voir sous sa repoussante apparence, l’aveugle l’accueille comme un ami et lui fait découvrir quelques plaisirs simples de la vie.

    Une grande poésie dans ce film aux images sublimes, avec l'émouvante rencontre entre le « monstre » et l’aveugle qui en lui apprenant à parler, à discerner le bien / le mal, à aimer, lui redonne son humanité , avec la part de tragédie que cela suppose… Boris Karloff magistral

     

    La fiancée de Frankenstein (1935) - James Whale

     

    L'un des plus beaux chef-d'œuvre de tous les temps, un des plus grands acteurs de l'histoire et la plus belle scène au monde.

    James Whale aimait les gens ''différents'', c'est sans doute pour cela qu'il a su donner tant de force à la créateur, magistralement interprétée par Boris Karloff il est vrai, et donner le meilleur de lui-même pour ce film où la poésie et l'humour encadrent l'épouvante en un triptyque extraordinaire.

     

    La fiancée de Frankenstein (1935) - James Whale

    De l'avis général des amateurs, ce film est un chef-d'œuvre surpassant tous les autres de la série, transcendant le genre « film d'horreur » par le côté pathétique et profondément humain de la créature incarnée admirablement 
    par Boris Karloff.

     

    La fiancée de Frankenstein (1935) - James Whale

     

    À l'origine, Frankenstein et sa femme périssent dans la destruction finale. Les producteurs ayant finalement préféré une happy end, la scène où les deux personnages prennent la fuite fut tournée et vint se substituer à la fin initiale.
    Pourtant, un spectateur attentif peut voir dans les derniers plans du laboratoire, Frankenstein enseveli sous les décombres !

     

    La fiancée de Frankenstein (1935) - James Whale

     Ce film est un petit bijou de poésie et d'humanisme. Le monstre n'est pas toujours celui qu'on croit. La créature apparaît plus humaine que ses créateurs. On réussit à nous faire avoir de l'empathie pour ce monstre que nous devons à priori détesté et pourtant nous sommes de tout cœur avec lui. Un tour de force littéraire et cinématographique rarement égalé.


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    L'Homme qui retrécit

     Sur le bateau prêté par son frère pour un après midi en mer, le publicitaire Robert Scott Carey traverse un nuage d'origine inconnue. Six mois plus tard, le malheureux constate avec stupeur que son corps s'amenuise. Nitrogène, calcium et phosphore l'abandonnent, tandis que ses molécules cellulaires subissent une inexplicable mutation. Réduit à des proportion dérisoire en moins de temps qu'il ne faut pour le pire, l’apprenti lilliputien bascule sans tarder dans un cauchemar minuscule. Et d'errer dans un environnement hostile où son char, une fuite d'eau et une araignée constituent de redoutables ennemis. Pour l'infortuné perdu entre géant et néant, survivre exige désormais de chercher l'infime.

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    Le long métrage de Jack Arnold brave le temps qui passe avec panache. L'ingéniosité fiévreuse de sa mise en scène, prompte à exploiter le dépouillement et à dilater l'espace, y contribue. L'auguste prestance de décors soucieux d’accommoder gigantisme et suggestivité, comme en témoignent une portion de gâteau aux allure de roche granitique ou une épingle devenue épée, bâtit en outre une esthétique où le matérialisme transfiguré côtoie la poésie des ruines. Ajoutons que des éclairages élégants, ménagés avec une dextérité aiguë à l'approche du dénouement, composant une atmosphère crépusculaire, en parfait accord avec les vacillantes espérances du héros.

    Dans les années 50, la peur atomique provoque une véritable psychose. Hollywood s'empare du sujet avec quelques réussites à la clé comme cet homme qui rétrécit réalisé par Jack Arnold qui a également réalisé
    L’Étrange créature du lac noir "

    Ce qui fait la force de ce film de science fiction, c'est sa dimension philosophique clairement assumée lors du dénouement. 

    L'Homme qui retrécit (1957) - Jack Arnold 

    Cet homme, Scott Carey, est peu à peu dépouillé de son existence en tant qu'homme puis qu'être humain : sa taille, ses vêtements habituels, sa femme, sa maison. Il est bientôt réduit à l'état d'enfant, puis de petit animal, puis d'insecte.

    Les effets spéciaux utilisés dans ce film étaient tout simplement spectaculaire à l'époque. Récupérer la nourriture d'un piège à souris, affronter un chat ou une araignée... En changeant d'échelle, le monde familier devient monstrueux.
    La voix off nous fait partager les angoisses, la lucidité pathétique et, enfin, la sérénité philosophique de Carey, seul face à une tragédie sans espoir de retour.
    L'araignée de la cave est certifiée 100% arachnide véritable, et ça se voit à sa manière de courir.

    L'Homme qui retrécit (1957) - Jack Arnold

     

    " Je voulais créer un climat qui vous laisserait imaginer ce que ce serait si vous deveniez à ce point minuscule, que les choses banales et courante de la vie quotidienne deviennent bizarres et menaçantes. Un chat que vous adorez devient un monstre hideux, une araignée devient terrifiante, je voulais que la public s'identifie à cet homme et ressente les mêmes choses que lui... " Jack Arnold

    L'Homme qui retrécit (1957) - Jack Arnold

     

    Scott réalise quelle est la place de l'Homme, alors que l'infiniment grand et l'infiniment petit se rejoignent dans un dernier plan où l'on peut observer les étoiles : à l'échelle de l'univers, la taille de l'homme n'a pas de sens ; 
    c'est simplement l'existence qui compte. Il ne disparaît pas, il se contente de découvrir de nouveau défis dans l'infiniment petit, et de peut-être devenir  l'homme du futur.
     

    Petite merveille du cinéma de science-fiction des années cinquante, L’homme qui rétrécit n’a rien perdu de son efficacité et reste probablement l’œuvre la plus remarquable sur ce thème indémodable de l’infiniment petit et du gigantisme. Jack Arnold met très habilement en scène les jeux sur le changement de taille des décors, en relation avec le rétrécissement physique  du héros. Alors que la production exigeait un happy-end, le cinéaste réussit à imposer sa conception de l’histoire et une fin (différente de celle imaginée par Matheson) qui s’ouvre sur une vertigineuse réflexion métaphysique.

    Un pur chef-d'œuvre

     


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    Bram Stoker

    Dracula ! trois syllabes inquiétantes, chargées de mystère, que l'on ne peut répéter qu'en frémissant... Dracula, c'est le "vampire", le "prince des ténèbres", tel que Christopher Lee l'a immortalisé à l'écran. Dracula, c'est l'incarnation même du mythe du vampire, la créature universellement connue qui boit le sang de ses victimes terrorisées. Bien sur, à l'écran, ces victimes sont, de préférence, de tendres et jeunes créatures...

    Curieusement, on connait à peine, et le plus souvent pas du tout, le créateur de ce personnage littéraire hors du commun. C'est un Irlandais, Bram Stoker, qui naît en 1847 à Dublin, dans une famille modeste employés de bureau. Aucune bonne fée ne se penche sur son berceau : jusqu'à huit ans, le jeune Bram Stoker se débattra entre la vie et la mort. Seul une constitution de fer le sauvera des maladies qui l'assaillent...

    Il survit donc et se lance à corps perdu das la lecture. Il rêve en écoutant les contes égrenés par sa mère, une Celte passionnée d'étrange et de fantastique. Il fait aussi beaucoup de sport : l'enfant malingre est devenu un solide gaillard, barbu et roux, doué d'une vitalité peu ordinaire. 

    Bram Stoker touche un peu à tout : comptable le jour, il devient journaliste ou chroniqueur de théâtre la nuit. De fait, le théâtre est sa passion et il va se lier d'amitié avec un homme qui l'influencera de manière décisive : Henry Irving. En 1871, il découvre Carmilla, une oeuvre de Sheridan le Fanu, qui inspirera en partie son Dracula. 

    L'Angleterre de la fin du siècle vit à l'heure de l'étrange et du fantastique. Bram Stoker a l'occasion  de rencontrer, dans les milieux ésotéristes, quelques vampire personnalities, des originaux comme on en trouve tant à l'époque. Les sociétés initiatiques abondent. L'une d'elles, la Golden Dawn (« aube dorée ») le séduit tant qu'il s'y affilie. Il y retrouve une pléiade d'écrivains de la littérature fantastique, comme Arthur Machen, Algernon Blackwood, Sax Rohmer ou William B. Yeasts.

    Aujourd'hui encore, on connaît très mal les activités réelles de la Golden Dawn, même si on soupçonne cette société secrète, néo-païenne et magique, d'avoir exercé une influence considérable sur la littérature fantastique de l'époque. Voire sur les événements comme la montée triomphale du national-socialisme en Allemagne. Une chose est certaine : au sein de la Golden Dawn, on s'exerçait beaucoup à la magie opératoire (avec succès, paraît-il !) et aux pratiques occultes. Ecrit à cette période, l'envoûtant roman de Bram Stoker ne peut pas ne pas avoir été influencé par les activités de cette secte. Plus tard, l'auteur prétendra avoir reçu son inspiration... d'une mauvaise digestion. 

    En fait, Bram Stoker a d'abord puisé dans un important fonds de légendes populaires (principalement roumaines) et de récits troublants recueillis  au cours de l'histoire des vampires. Après tout, il est aujourd'hui prouvé que Dracula, voïvode tout-puissant de Valachie du XVe siècle, a bien existé. Selon certaines sources, il se serait appelé Vlad Drakul et aurait vaillamment défendu la Transylvanie contre les Moldaves et contre les Turcs. Non sans quelques cruautés très remarquées et très redoutées à l'époque, qui lui auraient valu le surnom de Drakul (« diable », en dialecte local).

    Plus tard le terme drakul est devenu synonyme d'esprit malfaisant, puis de vampire. Le nosferat est une variété particulière de drakul et Murneau s'est inspiré de ces mêmes légendes romaines lorsqu'il a porté à l'écran, sous le titre de Nosferatu, le Dracula de Bram Stoker. On en finirait plus de relever les différents noms donnés aux vampires dans les légendes de l'Europe centrale.

    Bram Stoker ne s'est pas contenté de les reprendre. Il a également innové : c'est à son Dracula que l'on doit la possibilité pour un vampire de se transformer en chauve-souris, ainsi que la croix et l'ail comme moyen de se protéger contre les entités buveuses de sang. Par la suite, le cinéma ne cessera de broder sur ces Thèmes.

    Le mythe de Dracula reste un des plus beaux de toute la littérature fantastique. Paru en 1897, le roman a immédiatement connu un grand succès populaire, ce qui a poussé son auteur à se consacrer entièrement à la littérature. Pourtant jamais Bram Stoker ne retrouvera le style et la pureté de son premier roman. Signalons tout de même deux œuvres qui renouent avec bonheur avec la veine de Dracula : Le Joyau des sept étoiles ( l'histoire de la résurrection d'une reine d'Egypte ) et Le repaire du ver blanc ( la survivance d'un ver monstrueux dans les souterrains d'un château )

    Miné par une maladie qui le frappe à nouveau après quelques années de bonne santé, Bram Stoker finira sa vie en 1912, au milieu de graves difficultés financières. A t-il voulu initier ses lecteurs à quelque grand mythe, comme il avait été lui-même initié à la Golden Dawn ? La question reste posée. Ses œuvres ont toujours raconté l'histoire éternelle de la lutte entre le Bien et le Mal, entre la Lumière et les Ténèbres. Une lutte aussi vieille que la vie, et qui n'aura pas de fin : incarnation redoutable et terrifiante du mal, le comte Dracula n'en finit pas de mourir et de ressusciter. Pour notre plus grande peut et... notre plus grande joie !

     


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