• Le Tableau ( 2011 ) - Animation -

     

    Un château, des jardins fleuris, une forêt menaçante, voilà ce qu’un Peintre, pour des raisons mystérieuses, a laissé inachevé. Dans ce tableau vivent trois sortes de personnages : les Toupins qui sont entièrement peints, les Pafinis auxquels il manque quelques couleurs et les Reufs qui ne sont que des esquisses. S'estimant supérieurs, les Toupins prennent le pouvoir, chassent les Pafinis du château et asservissent les Reufs. Persuadés que seul le Peintre peut ramener l’harmonie en finissant le tableau, Ramo, Lola et Plume décident de partir à sa recherche. Au fil de l’aventure, les questions vont se succéder : qu'est devenu le Peintre ? Pourquoi les a t-il abandonnés ?
    Pourquoi a-t-il commencé à détruire certaines de ses toiles ! 
    Connaîtront-ils un jour le secret du Peintre ?

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    Jean-François Laguionie, nous fait voyager dans le monde de l'art, au sein d'une peinture inachevée où règne une drôle de lutte des classes entre des personnages plus ou moins terminés. 
    Quittant leur « cadre », certains d'entre eux partent en quête de leur créateur, le peintre...

    C’est le discours du « grand chandelier », le chef des Toupins.
    A travers lui, on voulait évoquer les grands « parleurs » de toutes les dictatures… il est vraiment ridicule, absurde !
     Le grand Chandelier est coloré, assez séduisant. Sa corpulence apporte une sorte de réconfort, comme certains hommes politiques … 
    Il flatte ses auditeurs, il leur dit qu’ils sont les plus beaux du tableau. 
    Et les Toupins se font avoir.

     Dans cet extrait, les militaires ignorent qu’ils sont dans un tableau. Ils se croient enfermés dans une situation réelle. Finalement, ça nous ressemble assez : on a tendance à mettre un cadre, à se fabriquer des prisons mentales, alors que bien souvent, on peut en sortir, il suffit d’essayer, de se dire que c’est possible.

    Les trois tableaux que l’on découvre dans cette séquence, Garance, l’autoportrait et le petit Arlequin, ont tous été peints à Venise, qu’on voit un peu plus tard dans le film. C’est une période de la vie du peintre. Il « habitent » maintenant son atelier. Et, contrairement  aux héros de l’histoire, ils le connaissent. Ils nous apprennent quelque chose sur lui, le grand absent du récit. Mais chacun des trois a sa 
    version, un point de vue très différent !

    La peinture de la grande femme est très sensuelle, très amoureuse. Tandis que l’autoportrait a été  fait beaucoup plus tard, peut-être après  une rupture. A ce moment-là, le peintre était d’une humeur tellement épouvantable qu’il s’est représenté de cette manière ! 
    Tout cela permet des dialogues rigolos, et des peintures à l’ambiance très différente. L’une est aussi chaleureuse que l’autre est froide !

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    Le Tableau ( 2011 ) - Animation - Jean-François Laguionie

     

    Ce film d'animation est un petit bijou de poésie et visuellement splendide. Le travail sur les personnages est impressionnant tant ceux-ci sont nombreux. Il ne manque aucun détail aux toupins, ils sont vêtus  de façon prétentieuse dans un style "haute couture", manifestement le peintre s’est moqué d’eux mais ils ne le savent pas! Le peintre ne les ayant pas terminés, les pafinis semblent avoir plus de liberté et de 
    spontanéité, il leur manque un pan de costume ou la couleur de la peau.
    Les reufs sont des personnages fragiles, simplement esquissés, mais dont le dessin du visage peut être aussi expressif que celui des autres acteurs du tableau. 
     

    Le Tableau est un bel hommage au dessin, à la peinture et 
    aux artistes en général.


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  • Le jour où la Terre s'arrêta (1951) - Robert Wise

    Un mystérieux engin volant à une vitesse incroyable est entré dans l'atmosphère terrestre, parcourant de nombreux continents, il finit par atterrir dans un parc de Washington aux Etats-Unis.

    Un extra-terrestre descend de la soucoupe et demande à rencontrer le chef terrien. Des militaires soupçonneux lui tirent dessus, l'extra-terrestre est en fait un être ressemblant traits pour traits aux terriens et celui-ci est blessé. Un robot descend alors de la soucoupe à l'air beaucoup moins sympathique et détruit toutes les armes des militaires avant de se poster devant la soucoupe.

    Klaatu, l'extra-terrestre est emmené à l'hôpital. Sa mission était de rencontrer les grands responsables de la Terre pour leur transmettre le message dont il est porteur. Klaatu vient en paix, pour avertir que si les hommes amène leur arme nucléaire dans les fusées, la communauté
    galactique va se fâcher très fort...

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    Ce chef d'œuvre de la science fiction allie les 2 principales peur de l'Amérique de l'époque : les Ovnis et la bombe atomique.

      

    31 janvier 1950 : le président Harry Truman autorise la fabrication de la bombe à hydrogène. A compter de cette date, les tensions entre l’URSS et les USA ne cessent de s’amplifier et un climat de peur s’installe.
    Les films d’invasion "aliens" trustent alors les écrans et matraquent le public avec le même message : le danger vient de Mars, la planète Rouge...

    Robert Wise, collaborateur de Welles, reçoit une proposition d’adaptation  du roman “Farewell of the master” (Harry Bates), il imagine le premier film de science fiction mettant en scène un alien non belliqueux. 
    Disposant d’un budget assez limité (995 000 dollars), Wise ne peut élaborer des plans de foule impressionnants, ni espérer voir une pléiade de stars à l’affiche de son projet. Mais n’est-ce pas dans ces conditions que l’on reconnaît les hommes de talent ? Wise le prouve grâce à une réalisation intelligente et effica
    ce. 

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    Le jour où la Terre s'arrêta (1951) - Robert Wise

     

    Car c’est bien la bêtise et la violence humaine que dénonce Robert Wise dans Le jour où la terre s’arrêta. Cupides, traîtres, violents, ce n’est pas pour rien que son plus proche ami sera ce gamin , trop jeune pour  avoir été contaminé par la méfiance et l’esprit perverti des adultes qui ne 
    savent plus écouter les avertissements.

    Admirable, sobre et dense de bout en bout, le film use de l'humour en forme de clins d’œil (tel le professeur Barnhardt sous les trait d'Albert Einstein) tout aussi bien que de l'effroi : un simple message en morse, envoyé par un lampe de poche sur le masque aveugle de Gort, est plus terrifiant qu'une armada de soucoupes crachant leur rayon ardent. On doit d'ailleurs à cette séquence la phrase extraterrestre la plus célèbre de l'histoire du cinéma : " Klaatu barada nikto "

    Le jour où la terre s’arrêta est un film fondateur de la science-fiction  au cinéma. Un film qui parvient à la fois à tenir en haleine et à délivrer un message social.

     Ce film est un immense classique de film de Science fiction. 
    Pas du fait de son potentiel de distraction, mais parce que la SF n'est finalement ici qu'un vecteur habile pour pousser le spectateur à réfléchir plus globalement à l'humanité. Quoique réalisé en 1951, le propos reste furieusement moderne. Sa fin ouverte force à une introspection, au moins fugace. C'est déjà ça de gagné.

     

    Le jour où la Terre s'arrêta (1951) - Robert Wise

     

    Certains verront même dans le film, une représentation moderne et allégorique du Christ. Klaatu est l'archétype de Jésus recherchant la vérité humaine. Les parallèles avec l'histoire messianique sont nombreux : il vient du ciel, se mêle aux hommes sous le nom de Carpenter (charpentier), se heurte à leur incompréhension, meurt et renaît pour les sauver et le robot veille sur lui tel un ange gardien. Philosophiquement, le film est un regard magistral sur les bons et les mauvais côtés de la nature humaine.

    Le jour où la Terre s'arrêta (1951) - Robert Wise

    Le rôle du robot Gort est interprété par Lock Martin qui n'avait rien d'un comédien initialement car il était... portier ! Il avait en effet été remarqué pour sa taille impressionnante

    N'oublions pas la musique exceptionnelle de Bernard Hermann .

     

     


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  • La petite ville de Bedford Falls est en émoi. Chaque habitant prie pour le cas désespéré de George Bailey, qui a tenté de mettre fin à ses jours. Les prières montent au ciel, où l'on décide de dépêcher sur Terre l'ange de seconde classe Clarence, afin de sortir Bailey de ce mauvais pas. Chemin faisant, Clarence prend connaissance du passé de George et se rend compte que le malheureux a consacré toute sa vie à faire le bien. Sans discontinuer, il s'est effacé pour privilégier le bonheur des siens et aider les autres. Une ultime malversation de Potter, un banquier cupide, a conduit George au bord de la faillite. Devenu odieux avec sa famille, George a pris la décision de se suicider...
     
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    La Vie est Belle (1946) - Frank Capra

     

     

    Lorsque George dit à Clarence qu'il préférerait ne jamais être né, le bon ange a une idée géniale ; faire voir à George ce que serait sa petite ville et tout ceux qu'il aime s'il n'avait jamais existé. Alors, en compagnie d'un George Bailey au comble de l'horreur et du désespoir, nous voilà plongés dans un univers hideux, où tout n'est que laideur, vice, corruption, où tous les personnages, famille et amis de George, subissent un véritable enfer terrestre. Bref, nous assistons soudain, sans effets spéciaux, à un grand moment d'extraordinaire cinéma fantastique ! 
     
    Avec cette histoire qui a tout d’un conte de Noël, Frank Capra semble avoir été touché par la grâce. Son film est parfait,  un subtil équilibre entre drame et comédie, un film riche empreint de tendresse et d’humanité.
     
     
    La Vie est Belle (1946) - Frank Capra
     
    Dans les trois premiers quarts du film, Capra se révèle habile, prenant, parfois touchant. Dans le dernier quart, il se surpasse et le spectateur s'aperçoit qu'il  n'a pas seulement affaire à un excellent film comme Capra en a réalisé beaucoup, mais à un chef-d'œuvre.
     
    Depuis sa sortie, " La Vie est Belle " a gardé son impact émotionnel, la mise en scène de Capra n'a pas pris une ride.

    La Vie est Belle (1946) - Frank Capra

     
    James Stewart est absolument éblouissant de naturel. Sa gestuelle, sa silhouette mais aussi, sur la fin, ces regards terribles, sombres et désespérés font merveilles.
     Franck Capra lui offre une fois de plus un personnage humaniste.
     
    La fin du film est un sommet de mélodrame, un hymne à la famille, à l'amitié, au partage, à l'amour. " La Vie est Belle " est un enchantement de tous les instants, une réussite totale.
     

    La Vie est Belle (1946) - Frank Capra

    La vie est belle est un chef-d'œuvre de tendresse et d'humanisme, mêlant simplement le réalisme social au merveilleux.
     
    Mal accueilli en son temps, ce film admirable - Capra n'a pas fait mieux - est aujourd'hui estimé à sa juste valeur : un film culte : le temps à rendu son verdict !

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    Égaré dans l'espace-temps, un engin spatial américain s'écrase en 3978 sur une planète inconnue. Les astronautes Taylor, Landon et Dodge découvrent que les hommes primitifs de cette planète mystérieuse sont placés sous le joug de singes très évolués...

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    La Planète des Singes (1968) - Franklin J. Schaffner

    Adapté du roman éponyme de Pierre Boulle, ce film fut et reste un choc. Mené par un Charlton Heston musclé, indépendant et macho, le film nous dépeint des singes parlant et agissant comme nous, tandis que les humains, dénués de parole voire d'intelligence, sont enfermés dans des cages et soumis à des expériences.

    Mêlant le thème souvent exploité en science fiction écrite de " La Race qui nous succédera " et la peur atomique typique des années 1960, le film de Schaffner se distingue par une splendeur plastique rarement égalée, et une remarquable intelligence de situations comme de dialogues. Les figurants singes, 200 au total, maquillé par John Chambers secondé par 78 techniciens, sont d'une expressivité total et les décors trouvés en Arizona et en Utah, avec ces montagnes rouge brique au centre desquelles scintille l'eau turquoise du lac où s’abîmera l'astronef, imposent la réalité d'une monde étranger, quand bien même ce monde est la Terre du futur.

    Les joutes oratoires entre Taylor et Zaius sont toujours d'une grande subtilité, féroces aussi, l'orang déclarant : " L'homme tue tout ce qu'il trouve dans la forêt. puis il migre vers nos zones de cultures et il les détruit. Plus tôt nous l'aurons exterminé, mieux ça voudra ! "  D'une tout autre nature, les rapports de l'astronaute avec Cornélius et Zira, les deux chimpanzés éclairés qui lui reconnaissent les premiers son statut d'être intelligent, sont plein de poésie, d'humour aussi, la savante nommant 
    Charlton Heston " Beaux Yeux " mais, alors qu'il part, répugne de l'embrasser en lui disant : " Tu es décidément trop laid. ". Chaque détail compte, ainsi de Taylor éclatant de rire en voyant Landon planter sur le sol de la " nouvelle " planète un petit drapeau américain, ou découvrant dans une caverne une poupée qui dit " maman " en anglais, ce qui commence à lui faire devenir la vérité.

    La Planète des Singes (1968) - Franklin J. Schaffner

    Mais le plus important dans le film n'est pas dans la forme mais dans le message de tolérance qui rend le film encore plus attachant. Pierre Boulle voulait dans son roman dénoncer la bêtise humaine, et notamment les guerres à répétition, la course à l'armement, la perversion par l'homme de toute avancée technologique. L'inversion des rôles donne une grande force à la dénonciation tout en évitant tout en évitant l'écueil du sentimentalisme ou discours moralisateur. Elle fait rejaillir l'absurdité de notre monde, trouvant un allié en Taylor, cynique utopiste qui a participé à la mission pour fuir la Terre.

    Notons au passage que Rod Sterling, le créateur de la série télévisée culte 
    "La Quatrième dimension " participe activement au scénario. Il ajoute ainsi l'idée de guerre nucléaire qui était d'actualité à cette époque avec la course des Etats-Unis et de l'URSS, il déplace le récit en 1972 et transforme les astronautes français en américains. Il situe clairement l'action sur Terre et modifie la fin en utilisant la statue de la liberté.

    Au tribunal, lorsque Cornélius et Zira disent que Taylor est le chaînon manquant et que Taylor explique d'où il vient, les trois juges se couvrent simultanément les yeux, les oreilles et la bouche, en allusion aux singes de la sagesse.

    Le maquillage des singes a été créé par John Chambert. Il disposait d'une équipe de 80 personnes. Avant le film avait passé de nombreuses heures au zoo de Los Angeles à étudier l'expression faciale des singes.

    Un budget revu à la baisse de 5,8 millions de dollars est alloué au projet. Les acteurs faisant les singes étaient obligés de garder leur maquillage pendant les pauses parce que cela aurait pris trop de temps pour les remaquiller. Une trentaine d'année plus tard, le remake de Tim Burton aura droit à un budget de cent millions de dollars sans hésitation. Mais le film de Tim Burton n'atteint pas la force, l’enthousiasme, la grandeur et la poésie de celui-ci. 

     

    Sorti la même année que 2001, la Planète des singes, à l'égal de son illustre compagnon, a définitivement fait entrer la SF dans l'âge adulte.
    Un grand classique à voir et à revoir.

     


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  • La nuit du chasseur ( 1956 )

    Harry Powell, un criminel psychopathe, est condamné pour vol. Il partage sa cellule avec Ben Harper, un fermier ruiné qui attend le jour de son exécution et fait, en dormant, de précieuses révélations que Powell recueille avec avidité. Powell comprend que Harper a caché quelque part les 10 000 dollars qu'il a volés, mais ne parvient pas à savoir où précisément. Libéré, Powell se rend dans le village où vit la veuve de Harper. Se faisant passer pour un innocent pasteur, il s'arrange pour faire la connaissance de la jeune femme et de ses deux enfants, puis il s'insinue dans leurs bonnes grâces. Il y parvient tant et si bien qu'il épouse la malheureuse...

      

    La nuit du chasseur ( 1956 )

    La Nuit du chasseur n'est pas un succès commercial en terme d'audiences et de critiques lors de sa sortie. Le mauvais accueil du film par le public empêche Laughton de réaliser un autre film par la suite. Néanmoins, avec les années, le film réussit à acquérir un statut de film culte, notamment grâce à la prestation de Robert Mitchum.

    La nuit du chasseur ( 1956 )

    Les critiques ont classé La Nuit du chasseur parmi les plus grands films de tous les temps. C'est un film unique. Il ne ressemble à rien d'autre et il s'agit de la seule réalisation de Charles Laughton. En 1954, l'acteur passe derrière la caméra pour adapter le roman de Davis GrubbLa Nuit du chasseur.

    La nuit du chasseur ( 1956 )

    Dans la défroque du «serial killer», Robert Mitchum décroche son meilleur rôle. Il parle directement à Dieu en levant les yeux vers le ciel, prend une voix sucrée, refuse de toucher son épouse durant la nuit de noces. Sur ses phalanges sont tatoués les mots Love et Hate. Tout cela appartient à la légende.

    Ce petit bijou tourné en noir et blanc est une petite merveille, tant par la photographie que par la poésie. Quelques scènes cultes restent dans toutes les mémoires.

    La nuit du chasseur ( 1956 )

    La fameuse séquence où l'on retrouve le cadavre de la disparue au fond de la rivière a été tournée dans une piscine du studio. Elle reste inoubliable, avec le mannequin sidérant de ressemblance ligoté au volant d'une Ford T immergée, les longues algues flottant comme des cheveux d'Ophélie. Il faut dire que Laughton avait dépensé 20.000 dollars de sa propre poche pour obtenir le résultat souhaité.

    La nuit du chasseur ( 1956 )

     

    Qu-est ce qui est plus angoissant qu'un salopard qui pourchasse deux enfants innocents ? Et que le salaud en question est un beau parleur qui met tout le monde dans sa poche. Ce film est un conte noir et poétique qui a certainement inspiré Tim Burton. Il y dans certains plans, une lumière, des cadrages et des jeux d'ombres, totalement inédits. Un pur chef-d'oeuvre.

    La nuit du chasseur ( 1956 )

    Grâce au grand Stanley Cortez, directeur de la photo pour le film d’Orson Wellesla Splendeur des Amberson (1942), La Nuit du Chasseur est une sorte de Lanterne magique. Cortez déclara plus tard que parmi tous les réalisateurs avec qui il avait travaillé, seuls deux comprenaient l’importance de la lumière «cette chose incroyable qui ne peut être décrite»: Welles et Laughton. Réfracté par le prisme d’un cauchemar enfantin, ce film est tout en perspectives obliques et jeux d’ombres. L’entrée du révérend dans l’existence de John et Pearl, une des plus belles rencontres du cinéma, est un véritable attentat baroque.

    Dans les mémoires, La Nuit du Chasseur demeure comme un film de poursuite – ce qui est étrange car c’est pour l’essentiel un film immobile. Mais cette illusion s’explique parfaitement. La poursuite est l’élément moteur du film, une poursuite qui voit les enfants, abandonnés par les adultes, échapper au révérend et s’enfuir sur une barque glissant dans le courant.

    La nuit du chasseur ( 1956 )

    Au bout du trajet se trouve le refuge. Tels Moïse sauvé des eaux, John et Pearl sont recueillis par une vielle femme, Mrs Cooper (la grande Lillian Gish), figure maternelle qui devient leur protectrice.

    C’est avec l’apparition de Gish que le film de Laughton, déjà remarquable, voit son propos gagner encore en profondeur formelle et thématique. Laughton considérait Gish comme l’élément central du film. Pour Laughton, le meilleur moyen d’atteindre la vérité passe par les formes les plus simples: le conte de fées, les références bibliques et, bien sûr, les images muettes.

     

    La nuit du chasseur ( 1956 )

    Tout comme l’amour et la haine habitent tous deux l’âme humaine, la foi et la religion servent un objectif aussi corrosif qu’ennoblissant. Si le révérend représente le fanatisme borné et la certitude, Mrs Cooper redonne toute sa valeur à la foi, incarnant la compassion et la force de la religion chrétienne.

    L’apogée expressive de ces deux facettes de la religion est présente dans une scène d’anthologie, qui voit le révérend, assiégeant la maison de Mrs. Cooper, chanter un cantique et se voir bientôt rejoint par la vieille femme, articulant ses propres mots de dévotion

     Aujourd’hui, non content d’être devenu culte, il est considéré aujourd’hui comme un grand classique du cinéma, objet d’études sans fin des cinéphiles et cinéastes. Avec le recul, on s’aperçoit d’ailleurs à quel point les auteurs d’aujourd’hui ont pu être influencés par cette Nuit du Chasseur.


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