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    Avec le roi Louis-Philippe, magie et initiations occultes atteignent-elles le plus haut représentant du pouvoir en personne ? On peut le penser. Dans la famille d'Orléans, on s'est toujours passionné pour la sorcellerie, même lorsqu'il fallait pour cela "pratiquer de la main gauche", comme on dit en ésotérisme, c'est-à-dire ne pas hésiter à recourir aux "services" de la magie noire pour faire aboutir ses desseins...

    Le souverain n'échappe pas à son hérédité. Pendant son exil en Angleterre, il a beaucoup fréquenté les cabalistes, rose-croix et autres spécialistes du monde de l'étrange. On sait qu'il connait sur le bout des doigts les grande conjurations léguées par les initiés du siècle précédent.
    Il aurait lui-même pratiqué plus d'une évocation de nécromancie. 
    Quant aux divers procédés d'envoûtement, que ce soit d'amour ou de haine, il les maîtrise sans conteste, bien qu'il répugne à donner dans une magie opérative.

    Entre l'attentat de Fieschi, le 20 juillet 1835, et le coup de fusil manqué de justesse du garde Lecomte à Fontainebleau, en avril 1846, on a beaucoup essayé de l'assassiner. Nul n'a réussi.

    Chaque fois, le roi en a réchappé comme par miracle. Et cela fait jaser. On prétend à la Cour comme à la ville que le souverain à quelque pacte avec l'invisible, à moins qu'il ne dispose d'une autre forme de protection magique. Sinon, pourquoi serait-il aussi insouciant de risquer sa vie, aussi plaisamment détendu alors qu'une balle vient de se loger à quelques centimètres de son front, dans un panneau de sa voiture, et que la bourre de la charge est encore prise dans sa perruque...

    Le pacte ne doit pas entendre sa famille dans ses clauses... En 1842, le roi est inquiet. Son fils, le duc d'Orléans, a revu une ancienne maîtresse qui, nul ne l'ignore, s'adonne elle aussi à la magie d'amour et de haine. On a séparé jadis le prince de cette femme, par ailleurs mariée et donc peu susceptible d'entretenir avec lui quelque liaison que ce soit. Au cours de la scène de retrouvailles, le prince s'est blessé au doigt et la personne a soigneusement conservé le mouchoir plein de sang...

    " Je n'aime pas que ce mouchoir ensanglanté soit resté entre ses mains ", ne cesse de répéter Philippe Egalité à ses proches.

    Il craint une chose qu'il connait bien par sa culture ésotérique ; l'envoûtement de sang. C'est l'un des plus terribles. Tous les grimoires assurent que l'on peut conduire quelqu'un à la mort grâce à lui, pour peu qu'on applique convenablement le rituel. Et il y a des centaines de gens à Paris qui sont capables de la faire.

    Le 13 juillet 1842, le duc d'Orléans part pour Neuilly dans une calèche à deux chevaux. Au bout de la route des Ternes, les chevaux s'emballent sans raison aucune. Le prince est protégé hors de la voiture et il se fracture le crâne. Il meurt presque sur le coup.

    Est-ce le maléfice du sang qui a fait son oeuvre ou simplement le
    hasard ? Le roi penche pour la première hypothèse et sans doute a-t-il ses raisons. Il fait soigneusement laver les tâches de sang qui maculent le pavé. L'initié craint qu'on utilise à nouveau cette précieuse substance pour porter préjudice criminel à toute la famille royale cette fois...

    Le reste du siècle, nous le disions ne dédaignera ni la magie noire, ni l'astrologie, ni toutes les autres sciences occultes. Napoléon III s’intéresse à la voyance et il fréquente en particulier cet étonnant personnage, aujourd'hui complètement méconnu que fut Edmond Billaudot. L'homme est un magiste dans la plus grande tradition du terme. Il se vêt d'une longue robe aux motifs cabalistiques pour aller en consultation avec l'empereur. Il prédit la défaite de Sedan et voit dans le ciel d'un de ses rêves les combats de Verdun avec une incroyable précision. Mais le plus étrange est certainement une séance de "somnambulisme", comme on disait à l'époque, au cours de laquelle il prend la main d'un mort et vit en transe la séparation de l'âme et du corps.

    Entre 1860 et 1900, l'engouement pour l'occultisme, qu'il soit ou
    non "de la main gauche", gagne encore. On dit des messes noires aux quatre coins de Paris, Rue du Cherche-Midi, le ténébreux Huysmans pratique d'incroyables cérémonies sataniques. Il s'en défendra par la suite, mais sa connaissance de certains détails du rituel diabolique est beaucoup trop précise pour qu'il n'ait été mêlé de près à ses applications opératives.

    Hyppolyte Rivail un petit comptable, devient Allan Kardec et donne tous les moyens d'évoquer les morts dans ses deux ouvrages qu'il dit inspirés de l'au-delà, le Livre des médiums et le Livre des esprits. Le spiritisme est né. Il va devenir une véritable mode dès 1890. Et, aujourd'hui encore, on peut remarquer que la tombe de son fondateur est toujours la plus fleurie au cimetière du Père-Lachaise !

    Le chanoine Docre, l'un des inquiétant héros de Là-bas, n'est nullement un personnage imaginaire. Huysmans l'a carrément calqué sur l'une des plus terribles figures du satanisme de l'époque, l'abbé Boullan. C'était un excellent prêtre, docteur en théologie par surcroît, ancien supérieur d'une communauté religieuse, fort prisé de ses supérieurs... jusqu'à ce qu'il se découvre des dons de guérisseur- sorcier et qu'il tombe dans les grimoires et les rituels de la magie satanisante.

    Huysmans n'a rien inventé. Le prêtre maudit qui célèbre une messe noire dans une cave parisienne devant une image caricaturale du Christ, nu sous ses vêtements sacerdotaux, avec une chasuble rouge ornée d'un bouc noir et d'un pentagramme renversé, a existé en la personne de Boullan. Moyennant une certaine somme versée à des organisateurs très discrets, on pouvait toujours en 1981 se rendre à pareille cérémonie.

    Il s'en dit dans le VIè arrondissement, près de la rue Mouffetard où l'on va toujours recueillir de la terre sacrée sur la tombe du diacre Pâris à saint-Médard, voire, certaines nuits, dans le cimetière du Montparnasse ou au Père-Lachaise. Messes noires ou messes d'or, où est la différence ?
    La seconde est peut-être plus orgiaque, c'est tout. Mais au cours de l'une ou l'autre, on demande au Diable de réaliser occultement certains desseins peu avouables que l'on caresse.

    Au temps d'Huysmans, l'abbé Boullan proposait par exemple ses services et ceux, très particuliers, des religieuses de son diabolique harem pour aider dans les affaires. Rien n'a changé. Si vous désirez "être envoûte de fortune", selon la formule consacrée par des spécialistes, rendez-vous dans certain débit de boisson de la rue Mouffetard. C'est, dit-on encore, l'un des points forts de la géographie secrète de la capitale. 
    Ainsi, quand il y a des exécutions, le bourreau vient s'y recueillir avant d'aller mettre en train la célèbre machine de ce bon docteur Guillontin.
    Il est vrai qu'il a aussi affaire pour sa part aux magiciens. Un tueur officiel leur est, parait-il, du plus grand secours pour certaines opérations très précises et nécessitant certaines connaissances et certains ingrédients...

    Dans l'arrière-boutique de cet établissement, où vous ne pénétrerez d'ailleurs qu'en montrant patte blanche, vous rencontrerez  le pourvoyeur des cérémonies sataniques. On dit au Diable des messes comme à Dieu, avec des intentions, et l'on verse son obole. Pour quelques bonnes centaines de francs, il vous fera réussir dans certaines affaires délicates vous tenant à cœur. Il n'a pas son pareil pour éliminer les concurrents ou pour circonvenir le hasard à votre avantage.

    Rien n'a vraiment changé depuis les terribles messes de l'abbé Boullan. Rien et surtout pas le danger qu'il y a à fréquenter ce genre de compagnie. Un danger occulte bien entendu, puisqu'on ne tient pas compte d'une éventuelle descente de police qui pourrait s’intéresser de près de près à ce qui se passe lors des conjurations sataniques. Le pacte de Faust, on s'en souvient, comportait certaines clauses à l'avantage du bailleur. De même la cérémonie noire.

    Boullan est mort d'un envoûtement jeté sur lui par les ennemis de ses pratiques, les rose-croix, représentés en particulier par le grand ésotériste Stanislas de Guaïta. Ce dernier n'a jamais fait qu'utiliser le choc en retour, l'énergie psychique ou surnaturelle mise en oeuvre par le prêtre maudit au sourd de ses rituels.

    " ... j'étais à Lyon, écrit Huysmans, le 3 janvier 1893, lorsque parvint chez l'abbé une lettre de la rose-croix, signée Guaïta, condamnant à mort par les fluides celui qui vient de mourir... "

    Vers 1856, tous les amateurs d'occultisme et de science secrètes fréquentent le 120 du boulevard du Montparnasse, où s'est installé Eliphas Levi. Il s'appelle en fait Alphonse Louis Constant, et c'est un ancien séminariste vivant de sa plume et de son crayon. Il a hébraïsé son non quelques années auparavant après avoir étudié la cabale et les doctrines ésotériques. De ces recherches, il a tiré plusieurs traités de science occulte et, en particulier, le célèbre Dogme et rituel de haute magie.

    Levi n'est pas un sataniste. Il s'en défend. Pour lui, la magie, avec ses conjurations et ses pactes, peut procéder d'entités autre que diaboliques. Il pense très sérieusement qu'elle constituera l'un des champs privilégiés d'investigation dans l'avenir. Il estime être personnellement appelé par son itinéraire spirituel, propre à justement empêcher que les forces ténébreuses d'un certain ésotérisme ne prennent le pas sur le véritable occultisme de l'adepte.

    C'est pour cela qu'il se méfie de ce jeune prêtre à la fois insolent et timide, aux yeux étrangement hallucinés, qui, au début de cette année 1856, vient lui demander conseil. L'homme voudrait emprunter au maître le célèbre Grimoire d'Honorius, l'un des plus dangereux recueils de recettes noires jamais publié. Lévi lui demande ce qu'il veut en faire, et l'autre, énigmatique, répond simplement :

    " J'ai une certaine mission à remplir. "

    Un an plus tard, dans la nuit du 1er au 2 janvier, une voix réveille le magiste.

    " Viens voir ton père qui va mourir ", dit-elle à son oreille.

    Il sursaute, croyant dans un premier temps à une hallucination. Puis il se persuade que la voix mystérieuse venait effectivement de quelque part, de ce monde incertain peut-être, se dit-il, dont il s'occupe dans ses livres et ses opérations magiques. Une étonnante intuition l'oblige à errer tout le jour dans Paris et à se retrouver à l'église Saint-Etienne-du-Mont, où l'archevêque de la capitale inaugure en grande pompe la neuvaine de sainte Geneviève.

    Là, il assiste horrifié à l'assassinat du prélat par le jeune homme venu jadis chercher chez lui le fatidique grimoire. Louis Verger n'avait sans doute pas réussi à découvrir le texte maudit dans lequel se lisent plusieurs envoûtements de mort dont la tradition sataniste vante l’efficacité. Il avait choisi le couteau. Dans la petite chambre qu'il avait louée, rue de Seine, on découvrira tout un arsenal de sorcier, des poupées de cire transpercées de clous, un cœur de bœuf en décomposition, des herbes maléfiques...

    De nos jours, il y a, dans la capitale, plusieurs " fournisseur en chambre " de ce genre de matériel. Bave et sang de crapaud se vendent fort bien, tout comme les ouvrages de magie d'Eliphas Lévi, qui constituent toujours pour leur éditeur d’excellents succès de librairie.

    Le siècle de l'atome n'a jamais mis en péril le destin mystérieux d'un certain Paris. Il ne l'a même pas  marginalisé. Sectes et sorciers passent des annonces dans les médias et l'on parle très sérieusement de mettre l'alchimie au programme à la Sorbonne !

    Et toutes les deux semaines, dans les caves de cette dernière, qui communiquent toujours avec deux des grands souterrains traversant la capitale, une étrange association réunit ses membres. Ils accèdent par une arrière-boutique de la rue Saint-Jacques à un étroit boyau voûté qui les conduit au lieu de prédilection de leur culte, une immense salle basse dont l'administration des Carrières de la ville ne connait pas la destination initiale. Là, on adore le Baphomet du Temple. On lui sacrifie un coq et non plus un enfant, comme cela se faisait, parait-il, par le passé...

    L'histoire du Paris des mystères continue.

     


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    Dans toutes les légendes, il est fait mention d'un objet aux vertus extraordinaires qui, à partir d'une certaine époque, aurait disparu mystérieusement. L'interprétation symbolique du Graal la plus communément admise est celle qui consiste à l'assimiler à la coupe qui servit à Jésus, lors de la Cène, et où Joseph d'Arimathie recueillit le sang du Sauveur provenant de la blessure au côté due au coup de lance du centurion Longin. Cela nous permet de faire remarquer que la coupe est très souvent associée à la lance, mais l'étude de la complémentarité des symboles nous entraînerait trop loin de notre sujet.

    Pour en revenir à la coupe, indiquons que nous étudierons sa signification antique dans les chapitres suivants, concernant la Grande Tradition. Cependant, sans déflorer notre sujet, remarquons que la perte du Graal (vase de la Connaissance), ou de l'un des symboles équivalents, peut être assimilée à la perte de la Tradition avec tout ce que cela comporte d'appauvrissement spirituel.

    Ainsi, pour les traditionalistes, le mythe du Graal est le reflet d'un enseignement perdu. Ce fut l'interprétation des nationaux socialistes, qui développèrent leur pensée en voyant dans le Graal-pierre une loi de vie seulement valable pour certaines races.

    Dans son Roi du monde, René Guénon n'a pas voulu trancher le débat quand il déclare  que le  Graal serait à la fois un "vase" (de l'occitan grasale) et un "livre" (gradale ou graduale) ".

    Pour nous, le national-socialisme est un phénomène à la fois plus simple et plus complexe à expliciter dans son essence. 
    Le Graal est le Livre sacré des Aryens, perdu et retrouvé, caché enfin à Montségur par les cathares, qui sont restés incapables de le déchiffrer correctement. Le reste semble, dès lors, couler de source : il appartenait aux savants, aux chercheurs, aux spécialistes de l'écriture païenne enchevêtrée de redécouvrir le Graal-pierre et le traduire en langage clair, afin que la tradition aryenne ne soit pas perdue et que, ainsi, le secret de la genèse du monde parvenant à la connaissance des maîtres du IIIè Reich, il vienne justifier leurs théories politiques par la caution d'une écriture millénaires.

    C'est à ce titre qu'Otto Rahn, le grand spécialiste du catharisme, fut envoyé par les pontifes du nazisme dans le pays albigeois, afin d'y découvrir ce fameux Graal-pierre, évoqué dans ses poésies par Wolfram von Eschenbach, qui parle d'une pierre précieuse. Or les manichéens originaires de la Perse associaient le mot "Goor" (pierre précieuse) au mot "Al" (éclat), ce qui donnerait le Graal par contraction, dans le sens de "pierre précieuse gravée", et serait la notion historique la plus fondée de par son origine étymologique.

    Cela nous permet de comprendre tout l’intérêt que les dirigeants hitlériens, au premier desquels Rosenberg, portaient à cette recherche.

    L'emblème choisi par Hitler, le svastika, ou croix gammée, revêt, dans cette même mythologie une signification ésotérique. Le fondateur du parti national-socialisme voulait renouer par là avec toutes les religions et toutes les magies qui reposent sur le symbolisme ; de même, les ordres de chevalerie (comme celui du Temple) étaient à l'origine des sociétés initiatiques, les devises féodales étant choisies par les chefs qui possédaient les connaissances occultes nécessaires. En suivant ce courant, Hitler s'affirmait comme le continuateur d'une certaine tradition concrétisée avant lui par le groupe Thulé.

    Quant au Graal, puisqu'il est au centre de notre sujet, de par sa signification, il présente un rapport étroit avec le svastika.
    Montsalvat, la montagne du Graal, peut-être assimilée au Paradeshâ du sanscrit, qui signifie "contrée suprême" ou "centre spirituel" par excellence. Les familiers de René Guénon auront fait aussitôt le rapprochement : il est facile de voir que la montagne Polaire, dont il est question sous des noms divers dans presque toutes les traditions, est la fameuse hyperborée. René Guénon est d'ailleurs très affirmatif sur ce sujet, contrairement à ce qu'il écrit à propos du Graal, puisque selon lui 
    " il s'agit toujours d'une région qui, comme le paradis terrestre, est devenue inaccessible à l'humanité ordinaire, et qui est située hors de l'atteinte de tous les cataclysmes qui bouleversent le monde humain à la fin de certaines périodes cycliques. "

    Rien ne manquait désormais à la nouvelle religion nazie  : le mythe du sang de la tradition ésotérique, les voix des innombrables prophètes, dont nous allons faire état, la croix gammée comme signe de reconnaissance, l'ensemble noyé dans la musique liturgique de Wagner.
    Louis Bertrand, académicien français rallié à cette "religion", nous a décrit dans son livre consacré à son dieu : Adolf Hitler, une de ces manifestations religieuses du IIIè Reich à Nuremberg.

     

    Les SS à Montségur

     " Au centre de cette esplanade géante, entièrement recouverte par des troupes en armes, une avenue large comme le lit d'un fleuve qui se perd dans les lointains de l'horizon. Tout à coup, un orchestre wagnérien invisible remplit tout l'espace de sonorités triomphales : c'est la marche des Nibelungen... Et voici que, du fond de la prairie, tout au bout de l'avenue qui conduit à la tribune du Führer, une bande pourpre se lève, comme celle qui annonce le soleil dans un ciel matinal. Ce sont les vingt mille étendards qui s'ébranlent. Rythmé par la musique triomphale, le flot monte, déferle, s'étale en une vaste nappe rouge, s'arrête brusquement d'un seul mouvement. Et, d'un seul mouvement, les vingt mille étendards se dressent, grandes fleurs pourpre, et s'abaissent en une salutation unanime devant la minuscule silhouette en chemise brune, à peine discernable là-haut, au sommet de la tribune, et qui représente le maître de la Troisième Allemagne... Et je me demande quel souverain, quels héros national a été acclamé, adulé, chéri et idolâtré autant que cet homme, ce petit homme en chemise brune qui, suivi de son cortège, comme un souvenir, a toujours l'air d'un ouvrier. C'est bien autre chose que la popularité, c'est de la religion. Hitler, aux yeux de ses admirateurs, est un prophète, il participe de la divinité "

    Quant aux Tables de la Loi, Hitler les enviait au peuple juif qui, lui, pouvait suivre une ligne de conduite unique depuis le fond des âges, c'est pourquoi on imagine facilement sa fureur lorsqu'il évoquait Moïse et le peuple hébreu qui, depuis des siècles et malgré toutes les persécutions, gardaient intacte la tradition judaïque et la religion de ses pères. Quelle victoire aux yeux du monde entier que la possession du Graal par Adolf Hitler, et quelle revanche en même temps sur l'éternel ennemi ! Il serait alors apparu, lui, le Führer, comme le messie de la religion éternelle, le chef théocratique d'une Europe nouvelle ayant l'Allemagne pour pivot et... principale bénéficiaire de la connaissance absolue dans l'éternel devenir de la race blanche.

    Hitler avait fait sienne la légende germanique qui, de Charlemagne à Frédéric Barberousse, enfiévrait les imaginations allemande : nous voulons parler de la légende de l'empereur endormi au sein d'une grotte de Thuringe, et qui ne se réveillera que pour proclamer le Reich de 1 000 ans établi sur toute l'Europe et la supériorité de l'Allemagne sur tous les autres peuples du monde par la volonté de Dieu.

     

    Les SS à Montségur

    Mais le maître du IIIè Reich était trop versé dans les questions ésotériques pour oublier que la légende de l'empereur endormi s'appuie sur la transposition germanique du mythe du Graal et l'exploitation qu'en a faite Wolfram von Eschenbach à la fin du XIIè siècle. C'est probablement lors du sacre de Henri VI en 1190, à Mayence, que Guyot de Provence devait rencontrer l'Allemand Wolfram von Eschenbach, celui-ci faisait du Perceval occitan le Parzival germanique magnifié par Richard Wagner.

    On a trop répété les mêmes histoires sur Adolf Hitler, "le peintre en bâtiment, le petit bourgeois nationaliste et déçu repêché par un groupe surgi on ne sait d'où", pour être satisfait de pareils clichés. De la même façon, on a mis le groupe Thulé à toute les sauces pour expliquer l'ascension foudroyante d'Adolf Hitler. Une telle attitude méconnaît une grande partie de l'histoire allemande, car, comment, dans un tel cas, donner une solution aux problèmes posés par un pareil phénomène : par quel sortilège un homme parti de rien a-t-il pu, en l'espace de dix années, franchir les obstacles énormes qui le séparaient du pouvoir et capter la confiance de millions d'hommes, chômeurs, ouvriers, bourgeois et intellectuels ? Pourquoi la crise de 1929 n'a-t-elle pas profité au parti communiste allemand ?

    Il faut voir dans le succès personnel de Hitler un signe de reconnaissance par lequel s'établissait une espèce de communication mystique entre le 
    " Volk" (c'est-à-dire la communauté du sang) et son Führer, au contact des grands mythes germaniques agitant l'inconscient collectif de ce grand peuple. Depuis des temps immémoriaux, les Germains avaient pris conscience de la destruction de leurs anciennes divinités, et au 
    Crépuscule des Dieux de Wagner répondait en écho le Crépuscule des Idoles de Nietzsche.  

    C'était, de plus, en Allemagne, et, en Bavière, que la légende du Graal s'était transportée, transmise de siècle en siècle jusqu'aux illuminés de Bavière. Le culte solaire transmis aux cathares par les manichéens a été repris par les rose-croix et les illuminés pour parvenir, sous la forme du svastika, au IIIè Reich.

    Pour apporter une confirmation aux thèses des dirigeants nationaux-socialistes, il fallait toutefois remonter le cours de l'histoire occidentale, et les Allemands de 1933 n'étaient pas incultes au point d'ignorer que la légende du Graal provenait de ce Midi cathare qui les fascinait. Le choix d'Otto Rahn pour accomplir cette quête marque le soucis de s'entourer des meilleurs garanties, puisque  ce dernier joignait à une profonde connaissance de la Romanie, une parfaite maîtrise de la langue française et possédait des dons de spéléologue et de sportif.

    Avant de partir pour une neuvième croisade, Otto Rahn avait longuement étudié l'histoire et la doctrine des cathares dans laquelle il espérait trouver la Clef des choses cachées, pour reprendre le titre d'un ouvrage de Maurice Magre, célèbre écrivain languedocien.

     


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    L'Ascension, parfois appelée "petite Pâques", célèbre, quarante jours après Pâques, l'élévation miraculeuse du Christ dans le ciel. 
    Ce jour saint peut donner lieu à des prodiges : certains ont vu, dit-on, des processions dans le ciel et entendu les anges chanter, d'autres ont aperçu la forme d'un mouton dans les nuage (rappel de l'agneau de Dieu). 
    D'ailleurs, selon une tradition  anglo-saxonne, la tête d'un agneau est toujours visible dans les nuages le jour de l’Ascension.

    Ce jour-là, on doit s'abstenir de travailler car cela porte malheur et favorise les accidents ou attire la foudre. Pour les Américains, la foudre frappera celui qui porte un vêtement cousu au moment de l'ascension. 
    Qui chasse s'expose en outre à de graves dangers et qui fait sa lessive le jour même ou durant toute la semaine de l'Ascension entraîne une mort, notamment celle du chef de famille.

    Si l'on veut conserver une bonne santé, il ne faut pas non plus manger de légumes le jour de l'Ascension, ni de groseilles car ce fruit abrite le diable.

    En revanche, l'Ascension passait au Moyen Âge pour un jour favorable à une saignée. En Provence, la plante grasse, cueillie à l'aube dans un creux d'un rocher, apportait paix et prospérité à la maison où elle était suspendue. L’œuf pondu à l'Ascension ne pourrit pas et a des pouvoirs magique.

    Autrefois, on faisait une procession à l'Ascension contre la grêle.
    S'il fait beau à l'Ascension, l'été sera long et chaud  mais s'il pleut, c'est un présage de mauvaise récolte et d'épidémie pour le bétail, d'où les dictons : " Pluie de l'Ascension, tout dépérit jusqu'à la moisson " ou
    " S'il pleut le jour de l'Ascension, tout s'en va en perdition ".
    Aux yeux des Britanniques, la pluie qui tombe ce jour là a des vertus curatives, notamment pour les maladies des yeux, à condition d'avoir été recueillie dans un récipient propre.

    Les couvreurs, maçons et tailleurs de pierre ont choisi pour leur fête l'Ascension "parce que c'est un couvreur qui ouvrit le toit de la maison où Jésus-Christ avait été enseveli, un tailleur de pierre qui retira la dalle qui recouvrait le tombeau et un maçon qui démolit la maçonnerie du tombeau pour permettre à Notre Seigneur de s'élancer dans le ciel.

     


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