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    Il est des livres qui éclipsent parfois leurs auteurs et, dans le même mouvement, toute leur production littéraire. Le Pont de la rivière Kwaï est de ceux là.
    Tout le monde connait le roman et le film célèbre de David Lean qui en a été tiré.
    On peut ne pas savoir que son auteur est français et s'appelle Pierre Boulle.
    La Planète des singes est un film mondialement connu tiré aussi d'un roman de Pierre Boulle. Ce dernier n'aurait-il écrit que ces deux romans rendu célèbre par le cinéma ? Que non !

    Il est l'auteur d'une oeuvre riche et diversifiée qui se situe souvent au carrefour de la science-fiction et du fantastique. Une certaine partie de ses livres fait en effet référence à la science, mettant en cause l'esprit scientifique, les progrès de la science ou ses limites.

    Pierre Boulle

    Pierre Boulle sait de quoi il parle. Né à Avignon en 1912, il obtient, à l'issue de ses études, un diplôme d'ingénieur en électricité. Ses textes reposent donc sur des connaissances rigoureuses. Des recueils de nouvelles comme les Contes de l'absurde (1953) et E=MC² (1957) en témoignent largement.
    Leur singularité est de faire intervenir une donnée irrationnelle qui les fait tomber dans le domaine du fantastique.

    Le poids d'un sonnet, tiré des Contes de l'absurde, en est un exemple superbe.
    Cette nouvelle montre un amateur éclairé qui tente de retrouver un poème sur une feuille carbonisée où il était inscrit, en s'aidant du poids des lettres imprimées.
    Il y réussira. Ce récit met en jeu la logique la plus rigoureuse et la plus extrême possible, le fantastique naissant de cet excès de rigueur. Les capacités analytiques et déductives d'un individu sont poussées à un point qui les rend presque magiques.
    Et pourtant, seule la raison agit.

    Pierre Boulle

    Ce que Pierre Boulle s'attache aussi à montrer, c'est la faille d'un système posé comme parfait, c'est une science qui ne doute jamais d'elle même et qu'il piège pour montrer comme le passage de rigueur à l'absurde peut-être bref et irréversible.

    Ainsi, dans Le Robot parfait, la Compagnie des cerveaux électroniques conçoit-elle un robot qui en vient à être une copie conforme de l'homme. Mais il lui manque quelques choses pour qu'il soit un homme. Un professeur découvrira quoi : la possibilité de se tromper. Et il invente un robot qui se trompe.

    Où, dans le règne des sages, deux sociétés scientifiques dont la science tient lieu de foi, et qui, faute de s'être concertées en arrivent, lors d'expériences, aux résultats exactement inverses de ce qu'elles souhaitaient.

    Boulle ironise donc sur une science qui a perdu le sens de l'homme, de l'erreur, et se considèrent comme but ultime. C'est aussi l'esprit moderne qu'il stigmatise dans son oubli des valeurs fondamentales qui fondent les sociétés humaines et leur permettent de vivre dans la dignité. Ce n'était pas autre chose  qui était traité dans le roman de guerre Le Pont de la rivière Kwaï.

    Pierre Boulle

    Un monde moderne qui se soumet au règne de la facilité et du confort va voir rejaillir les plus bas instincts des hommes : c'est le thème des jeux de l'esprit, roman dans lequel un Gouvernement scientifique mondial, assoiffé de paix universelle, plonge le monde dans l'ennui et le mène au suicide collectif. Pour échapper à ces effets très néfastes, ce gouvernement en vient à proposer des divertissements de plus en plus barbares.

    Pierre Boulle

    La barbarie naît ainsi du monde de l'électronique et du plaisir, pour avoir oublié l'esprit. C'est aussi l'esprit scientifique borné et dogmatique qui se trouve mis en procès dans la Planète des singes,a  avec l’orgueil de l'homme, sa faculté d'autodestruction et l'obscurantisme de la religion. 

    Pierre Boulle nous tend, à travers ce roman, un miroir dans lequel il ne fait pas bon se regarder.

    Témoin lucide de son temps, cet esprit libre et ouvert a compris que la science détenait les clés de notre avenir, et, en deçà de la science, l'esprit qui l'anime.
    C'est à cet esprit là qu'il s'adresse. Sans doute ce qu'il dit n'est-il pas nouveau, mais c'est une voix française qui le dit, et avec talent.

    Outre les ouvrages déjà cités, on peut aussi évoquer Le Saint, aux curieux échos métaphysique, et Les Histoires charitables, dans lesquelles le tragique et l'insolite se côtoient. 

    Son dernier roman Le Bon Leviathan, paru en 1981, illustre de façon pertinente, et toujours dans le cadre du fantastique, certaines attitudes contemporaines face à l'atome, la technique et le surnaturel. Il y dégage le caractère infantile et superstitieux des homme de notre temps.

    Pierre Boulle

    Son Gargantua, super pétrolier à propulsion atomique
    de 600 000 t, après avoir provoqué des réactions de haine et d'hostilité, se voit l'objet d'une vénération aveugle pour avoir été à l'origine - coïncidence ? - d'une guérison miraculeuse. Et la marée noire tant redoutée en vient à sauver ceux qui la craignaient.

    En conclusion : " Le bon Leviathan s'enfonça dans la nuit africaine, pour distribuer les bienfaits de sa marée noire rédemptrice sur une mer de rêve. "

     

     


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    Au XXè siècle, après des millénaires d'empirisme, quelques esprits hardis ont entrepris de tester sur ordinateur les effets possibles de l'influence des planètes sur notre vie. Un des tout premiers a été l'américain John Nelson, qui s'est intéressé aux rapport entre la situation des différentes planètes et les " orages cosmiques "

    Est-ce pour autant une " preuve " scientifique en faveur de l'astrologie ?

    Il faut se demander d'abord, depuis que les travaux de Nelson ont établi une relation certaine entre la position des planètes par rapport au Soleil et l'apparition de taches solaires, s'il existe une relation analogue entre cette position des planètes et les traits de caractères particuliers des individus nés pendant la période concernée. Si une telle relation devait être démontrée, il faudrait ensuite déterminer si cette influence sur le développement de la personnalité est due à des forces gravitationnelles ou aux intensités différentes des relations cosmiques. 

    Peu après que Nelson eut installé son télescope sur le toit du building de la R.C.A. et bien avant qu'il ait publié ses premiers résultats, un jeune statisticiens français qui s’intéressait à l'astrologie entreprit de répondre à la première de ces questions, Michel Gauquelin et sa femme, Françoise, commencèrent leurs recherches en partant du principe qu'il n'y avait aucun rapport entre la date de la naissance et la personnalité et le développement du sujet considéré. Pourtant, ils enregistrèrent des résultats inattendus. 

    L'horoscope est une carte du cercle du zodiaque, avec la Terre en son centre, et les planètes telles qu'elles sont vues de la Terre. Certaines de ces planètes se déplacent assez rapidement comme la Lune, si bien que l'aspect de cette carte change de minute en minute.

    Le principe de l'horoscope n'a pratiquement pas changé depuis 5 000 ans. Les anciens Babyloniens pensaient que les étoiles étaient placées sur une sphère qui accomplissait chaque jour une révolution autour de la Terre, tout en se déplaçant légèrement chaque fois, si bien que l'orientation en était modifiée u bout d'une années. A l'intérieur de cette sphère, les planètes entouraient la Terre. 

    Toujours selon les Babyloniens, le Soleil tournait autour de la Terre en une journée et la Lune, plus rapidement, si bien qu'elle parcourait tout le zodiaque pendant que la Soleil parcourait une constellation. Les autres planètes se déplaçaient à différentes vitesses, tantôt rapidement dans une direction, puis lentement, revenant en arrière avant de reprendre leur trajectoire. Dans ses grandes lignes, cette représentation du ciel, vu de la Terre, est encore en usage de nos jours pour les calculs de navigation.

    Evidemment, nous ne pouvons pas voir les étoiles en plein jour, pas plus que nous ne pouvons voir celles qui se trouvent au-dessus de l'hémisphère opposé. Il n'est guère difficile toutefois de déduire leurs positions même quand nous n'avons pas la possibilité de les voir.

    Imaginons que nous nous tenions face au plein sud, par une nuit claire, aux environs de minuit. Choisissons, pour que cet exemple soit encore plus caractéristique, la période du solstice d'hivers, à la fin du mois de décembre. A ce moment, selon les conventions astrologiques, le Soleil passe du Sagittaire au Capricorne. A minuit, la constellation du Scorpion se trouvera donc exactement sous nos pieds, de l'autre côté de la Terre, et la constellation du Taureau sera bien visible au-dessus de notre tête, au sud. A l'est du Taureau, nous verrons les Gémeaux, le Cancer, puis le Lion ; vers l'ouest, le Bélier et les Poissons. 

    C'est donc ainsi que le ciel nocturne nous apparaît. Cependant, comme nous l'avons déjà expliqué plus haut, toutes les tables de mesures astronomiques destinées à la navigation postulent toujours que le Soleil est à ce moment à 0° du Bélier, comme c'était le cas 4 000 ans auparavant.
    Il nous faut alors imaginer un cercle du zodiaque complètement artificiel, dans lequel le Soleil viendra juste d'entrer dans le Capricorne ; le Cancer se trouvera plus haut dans le ciel, avec le Lion et la Vierge à l'est, la Balance apparaissant tout juste à l'horizon ; à l'ouest, on verrait les Gémeaux et le taureau, et le Bélier en train de disparaître.

    Dessinons maintenant l'horoscope. Traçons un cercle, divisé en douze parties égales qui correspondront plus au moins au douze mois de l'année. Le sommet de ce cercle présentera le point culminant de la trajectoire quotidienne du Soleil ; sur la gauche et sur la droite, nous avons les lignes d'horizon, est et ouest. A mesure que la Terre accomplit sa révolution, la Balance s'élève graduellement à l'est. A minuit, le jour du solstice d'hiver, c'est le signe ascendant. A l'aube, au moment du lever du Soleil, le signe ascendant sera le Capricorne ; à midi, ce sera le Bélier.

    Des corrections seront également apportées aux planètes indiscernable à l’œil nu  et qui n'ont été découvertes qu'au cours de ces 200 dernières années. Ainsi que du temps officiel communément admis, qui comporte encore une marge trop grande d'erreur. Il faudra également apporter des corrections au temps local. Lorsqu'il est minuit en Grande-Bretagne, ou à proximité du méridien de Greenwich, il est minuit dans le centre du pacifique. Fort heureusement, les calculs nécessaires pour convertir le temps local en temps universel et de là en temps sidéral sont fort simple. Il suffit de consulter les tableaux correspondants. Alors, après avoir regardé la position des planètes sur les éphémérides, vous pouvez tracer votre horoscope.

    Voici donc votre horoscope : une carte montrant les positions relatives des planètes et leur localisation dans le cercle du zodiaque. 
    La Terre est un point minuscule au centre de ce cercle. Sur n'importe quel point de l'hémisphère Nord situé sur le méridien de Greenwich, jusqu'à l'équateur, l'horoscope sera identique. Au-delà de l'équateur, là où le Soleil apparaît non plus au sud mais au nord, l'horoscope est simplement inversé.

    Il ne reste plus qu'à interpréter cet horoscope. Comment procéder ?

     


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    La psychologie par les astres

    Nous avons vu que l'astrologie était une science fort ancienne, dont les fondements remontent à plusieurs millénaires. Cependant, la plupart des concepts utilisés actuellement en astrologie remontent pour la plupart à la fin du siècle dernier. A cette époque, en effet, cette science un peu tombée dans l'oubli revint à la mode et suscita un grand engouement, tant en France qu'en Angleterre. C'est de cette période que date notamment l'association de l'astrologie et des tarots. Il n'existe pourtant pas de lien historique entre ces deux éléments : Tout au plus peut-on dire que les 22 " atouts " du jeu de tarots proviennent d'un ensemble plus ancien de 50 cartes, dont 12 autres représentaient les signes du zodiaque et 7 autres encore, les planètes.

    Les occultistes du XIXè siècle firent régner une certaine confusion. Un bon exemple en est fourni avec les prétendues Tables de correspondances publiées par Aleister Crowley en 1909. Il y avait là 194 tables, qui attribuaient des symboles aux planètes, aux astres et aux éléments : lettres de l'alphabet hébreu, couleurs, dieux et déesses de l'Inde, de l'Egypte et de Rome, plantes, pierres précieuses, parfums, et toutes sortes de concepts cabalistiques.

    La psychologie par les astres

    Crowley avait établi lui-même ces tables, en s'inspirant des écrivains occultistes anglais des années 1880 et 1890, comme L. MacGregor Mathers, et d'auteurs ésotériques du Moyen Age comme Cornélius Agrippa. On reconnaissait également l'influence de l'astrologie romaine et de la cabale juive. Un tel système de correspondances se veut évidemment une application du vieux principe " ici-bas comme  là haut ", et peut pratiquement autoriser n'importe quelle interprétation. Ces associations, complètement artificielles, ont sans doute contribué à  accréditer les clichés absurdes répandus dans le grand public.

    On peu de même contester l'anthropomorphisme fâcheux qui entache certaines interprétations astrologiques. Il est dit, par exemple, que les natifs des Poissons ont souvent les yeux proéminents, que leurs pieds  sont particuliers et qu'ils sont bons nageurs ; que les natifs du Cancer auraient une démarche oblique, tandis que les Sagittaires auraient un visage allongé aux dents saillantes. Quant aux Taureaux, ils seraient obstinés et se signaleraient par un corps massif, un cou épais et musclé et un torse puissant.

    La même identification un peu naïve se retrouve dans l'énoncé des caractères attachés à chaque planète. Voici ce que l'on peut lire dans un traité populaire d'astrologie : 

    Soleil : orgueil, générosité, égoïsme, sens de l'honneur, loyauté, passion, vitalité.

    La psychologie par les astres

    Lune : Sensibilité, sentimentalité, instinct maternel, féminité, tempérament changeant.

    Mercure : rapidité, vivacité d'esprit, intelligence, sens de la répartie, éloquence.

    Vénus : beauté, grâce, charme, dons artistiques, affection, sociabilité.

    Mars : virilité, énergie, courage, esprit d'initiative, impulsivité, passion, agressivité.

    Jupiter : optimisme, bonne humeur, générosité, jovialité, fair play, force, solennité. 

    Saturne : méfiance, caractère taciturne, pessimisme, réserve, esprit d'analyse, résolution.

    Les caractères concernant Uranus, Neptune et Pluton sont nettement moins significatifs.

    Tout se passe comme si l'on attribuait encore à chacune des planètes les qualités et les défauts des dieux et des déesses dont elles portent le nom. On peut alors s'interroger sur le choix du nom des différentes planètes par les anciens astronomes. Certes, Mars, par sa coloration rouge, pouvait évoquer les traits belliqueux du dieu de la Guerre et, d'une manière générale, des caractères essentiellement masculins; Mais pourquoi une petite planète brillante est-elle associée à l'intelligence et à la vivacité d'esprit et une autre à la beauté et au charme ? Pourquoi encore une planète lointaine, se déplaçant lentement, représente-t-elle l'optimisme et la générosité, une autre la méfiance et le pessimisme ?

    La psychologie par les astres

    Si nous prenons le cas du Soleil, une explication commence toutefois à se faire jour : personne ne niera que les enfants nés à midi en plein été n'auront pas la même personnalité que les enfants venus au monde à minuit au cœur de l'hiver. Sans pour autant croire à l'astrologie, beaucoup sont persuadés que la saison et l'heure de la naissance, ainsi que le temps qu'il fait ce jour là ont une influence déterminante sur les êtres tout au long de leur vie. 

    Imaginons qu'un bureau de marketing bien connu, après de nombreuses études statistiques, en soit arrivé aux conclusions suivantes : 
    " Dans une large proportion, les enfants nés dans le milieu de la journée au cours des deux premières semaines du mois d'août sont généralement plus robustes et jouissent d'une meilleure santé que la moyenne nationale. Ils sont souvent grands et blonds et, en grandissant, ils se montrent habituellement dynamiques et sociables, faisant preuve à la fois d'esprit pratique et de générosité. "

    Vrai ou faux, se serait pour le moins une probabilité qui pourrait retenir l'attention des savants les plus sceptiques. Mais si, au lieu de recourir au langage statistique, on disait : " Les lions sont, en général... ", on entendrait alors crier à la superstition et à l'absurdité...

    La psychologie par les astres

    Pourtant, comme nous l'avons déjà fait remarquer, dire que le Soleil est dans le Lion ne signifie pas autre chose que : cette période est comprise entre le 22 juillet et le 23 août. On peut peut-être penser que la région du zodiaque appelée Lion a été ainsi nommée parce que l'expérience séculaire à montrer que ceux qui naissaient durant cette période présentaient des caractéristiques léonines. Après tout, la forme de la constellation elle-même n'évoque pas particulièrement un lion ; d'autre part, du fait de la précession des équinoxes, dont nous avons parlé, le Soleil, à cette époque, est aujourd'hui en réalité dans le Cancer.

     Il est donc possible que les noms de toutes les constellations du zodiaque aient été choisis en fonction des tendances caractéristiques montrées par ceux ou celles qui étaient nés pendant les périodes concernées. Nous disposons maintenant d'une énorme masse d'informations recueillies pendant plus de deux millénaires par les astrologues de Babylone et par leurs successeurs. 
    Il est également permis de supposer que les noms des planètes correspondent aussi aux traits dominants du caractère des individus nés au moment où chacune de ces planètes dominaient l'horoscope. 

    La psychologie par les astres

    L'horoscope, nous l'avons vu, est une carte du ciel à un moment donné.
    IL donne le " signe " astrologique de la personne née à ce moment, c'est-à-dire qu'il précise dans laquelle des douze parties de l'année a eu lieu cette naissance. L'horoscope indique, pour ce jour, dans quelle partie du zodiaque se trouve le Soleil et quel est le signe ascendant à l'est. Il nous montre aussi la position respective, dans le ciel, des neuf autres planètes.

    La plus importante est la Lune, qui traverse tous les signes du zodiaque en moins de trois jours. Il est communément admis que le Soleil et la Lune exercent une très grande influence sur le cours des destinées terrestres : le Soleil apporte chaleur et lumière et joue un rôle essentiel dans la croissance des végétaux. Par leurs forces d'attraction, opposées ou combinées, les deux astres provoquent les marées. Il parait certain, en tout cas, que le mouvement des planètes affecte les champs magnétiques et gravitationnels à l'intérieur du système solaire.

    Vers le milieu des années quarante, un ingénieur des télécommunications de la R.C.A., John Nelson, installa un télescope sur le toit du building de sa compagnie, dans le centre de Manhattan, et il se mit à observer le Soleil. Nelson avait constaté que l'apparition de tâches solaires s'accompagnaient presque toujours d'une interruption plus ou moins importante des communications radio. Et il cherchait à savoir si l'on pouvait, d'une façon ou d'une autre, prévoir ces
    " orages cosmiques ". Il n'avait pas de connaissances particulières en astronomie et ne intéressait nullement à l'astrologie. Il découvrit pourtant qu'il existait une relation entre les perturbations solaires importantes et la position respective des planètes, c'est-à-dire la configuration astrologique du ciel.

    La psychologie par les astres

    En 1967, Nelson pouvait prétendre à un pourcentage de 93 % de succès dans la prédiction des orages cosmiques. Il avait en effet constaté que, lors d'orage cosmique particulièrement importants, l'une des quatre planètes les plus centrales du système solaire ( Mercure, Vénus, la Terre et Mars ) formait avec une planète plus éloignée, un angle de 0°, 90° ou 180 ° dont le Soleil représentait le sommet. De plus, deux autres planètes au moins devaient être en relation angulaire harmonique avec les deux premières.

    Notons qu'il est pour le moins curieux que Mercure, traditionnellement associée à la communication par tous les astrologues, soit l'une des planètes essentielles du système établi par Nelson...

    Dans leur ouvrage The cycles of Heaven, Guy Lyon Playfair et Scott Hill écrivaient que " le travail de Nelson était un exemple remarquable de ce qu'avait été l'astrologie et de ce qu'elle pourrait toujours être  : L'étude des mouvements célestes et l'interprétation correcte de leurs effets terrestres ".

    La psychologie par les astres

    Ces " effets terrestres " sont encore loin d'être complètement déterminés, pouvant aller des simples marées au courant de radiations cosmiques qu accompagne les éruptions solaires. Beaucoup de biologistes estiment que les orages cosmiques violents peuvent avoir une influence déterminante sur l'évolution, et les météorologistes ne connaissent que trop bien leurs effets sur le temps. Quant aux éruptions solaires elles-même, il est permis de supposer qu'il peut s'agir d'une sorte de marée solaire, en relation avec la position des autres planètes par rapport au Soleil.

     Y a-t-il vraiment un rapport entre les prévisions des horoscopes et les positions des planètes dans le ciel ?


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  • Si, par une chaude après midi d'été, vous voyez passer près de vous, l'air pressé, un lapin blanc aux yeux roses, qui regarde l'heure à sa montre de gousset et se lamente : " Oh ! mon Dieu ! Oh mon Dieu ! je vais être en retard ", n’hésitez pas à le suivre car, pour sûr, il vous entraînera dans un monde merveilleux : celui qu'un jeune professeur de mathématiques créa, en 1862, pour le plus grand enchantement d'une fillette prénommée Alice. 

    Lewis Carroll a trente trois ans quand il se décide à publier en 1865, les Aventures d'Alice au pays des merveilles. Il est plaisant de noter que ce chef-d'oeuvre, qui a connu depuis, des tirages millionnaires et a été traduit dans toutes les langues, fut publié à compte d'auteur par la maison MacMillan - scrupuleux, Carroll craignait de faire perdre de l'argent à son éditeur !

    Fils d'un pasteur anglais, Lewis Carroll est le troisième d'une famille de onze enfants qui, comme lui, sont tous bègues et gauchers. D'aucuns verront dans cette gaucherie et cette difficulté à s'exprimer une probable origine à sa manie de l'inversion et à la prolifération des mots à double signification : les fameux " mots valises ".

    Les onze premières années de sa vie se passent dans un climat familial affectueux. Très jeune, il invente à l'usage de ses nombreux frères et sœurs toutes sortes de jeux, crée et illustre de petites revues manuscrites et se plait à apprivoiser les animaux même les plus insolites, tels serpents et crapauds...

    Ce goût annonce déjà le bestiaire qui peuplera son oeuvre (Lapin blanc, Lièvre de Mars, Chat de Cheshire, Chenille au narguilé, et bien d'autres encore).

    C'est à la Christ Church de l'université d'Oxford, où il s'inscrit en 1850 et accomplira toute sa carrière d'étudiant et de professeur, que Lewis Carroll va faire la connaissance d'Alice. Fille du doyen de cette digne institution, le docteur Liddell, elle a à peine quatre ans quand il la rencontre. Elle sera la première, et la préférée, des innombrables " amies-enfants" qu'il fréquentera par le suite et qui rempliront, selon sa propre formule, les " trois quart de sa vie ", le dernier quart disponible étant occupé, outre ses cours, par la pratique de la photographie. Remarquable portraitiste, il photographie ainsi quelques-uns de ses contemporains les plus célèbres, mais, surtout, il fait d'admirable portraits de ses amies les petites filles. Il abandonnera brusquement cette activité en 1880.

    En 1872, parait toujours chez MacMillan, De l'autre côté du miroir, aventures magiques d'une petite fille qui a réussi à passer la ligne de démarcation que le miroir trace entre les mondes extérieur et intérieur. 
    Comme Alice au Pays des MerveillesDe l'autre côté du miroir est un récit onirique où tout est admis, mais, ici, les pérégrinations d'Alice obéissent à la plus stricte des logiques, celle d'une partie d'échecs. Ce mélange audacieux d'absurde et de rigueur, d'imagination délirante et de bon sens, typique du monde de l'enfance, fait toute la force et l'originalité de Lewis Carroll. Comme pour Alice, le succès est immédiat : les deux volumes présentent en outre une merveilleuse unité sur le plan de l'illustration et l'on a du mal à soupçonner, derrière cette parfaite cohésion du texte et de l'image, le profond désaccord qui opposa Carroll à son illustrateur. C'est pourtant à John Tenniel que revient le mérite d'avoir donné, à jamais, visages et formes aux créatures du poète.

    Le 29 mars 1876 parait un long poème loufoque, parcouru d'une désopilante fantaisie : La Chasse au Snark. Ce " délire en huit épisodes ou crises ", engendre la plus grande perplexité et, partant les plus surprenantes interprétations.
    Qu'est-ce donc que ce Snark que pourchassent L'Homme à la Cloche et son équipage composé d'un Garçon d'étage, d'un Marchand de bonnets et capelines, d'un Avocat, d'un Courtier en valeurs, d'un Marqueur de billard, d'un Banquier, d'un Castor, d'un Boucher et d'un soi-disant Boulanger ?

    Celui qui comprendra les folles strophes décrivant, avec forces détails, 
    les " cinq indubitables caractéristiques " qui permettent de reconnaître " 
    " les véritables Snarks garantis authentiques " aura quelques chance d'en capturer un spécimen...

    Le 14 novembre 1898, au terme d'une vie simple et monotone, Lewis Carroll meurt d'une congestion pulmonaire. L'austère et timide professeur de mathématiques nous a laissé ses rêves fous, ramenés d'outre-miroir, et l'enchantement de sa fantaisie persiste. Comme l'énigmatique sourire du Chat de Cheshire.

     

     


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  • Il vivait dans un petit cottage, à l'ombre des collèges de la très gothique université d'Oxford. Conservateur convaincu, il accordait une attention distraite aux événements de son temps et négligeait soigneusement la lecture des journaux.
    Le monde contemporain avait pour lui infiniment moins d’intérêt que celui des anciennes littératures saxonnes, germaniques et celtiques qu'il enseignait à Oxford.
    Ces mythologies devaient lui inspirer une oeuvre sans précédent.

    Tous les jeudis soir, dans le courant des années trente, John Ronald Reuel Tolkien retrouvait, en effet, ses amis jeunes érudits et vieux lettrés d'Oxford, pour fumer paisiblement la pipe, évoquer les fabuleuses péripéties des Niebelungen ou la geste immémoriale de Cù Chulainn, le héros mythique de l'Irlande, et lire à haute voix les premiers chapitres de Bilbo le Hobbit ou du Seigneur des anneaux, ces contes qui feraient bientôt de lui l'un des écrivains les plus fameux de la seconde moitié du XXe siècle.

    Traduite partout dans le monde, portée à l'écran par le dessinateur américain Ralph Bakshi, l'oeuvre de Tolkien ressuscite tout un univers enfoui dans le patrimoine légendaire des peuples européens : des magiciens, des elfes, des chevaliers aux armes étincelantes, des fées, des trolls et toutes sortes de créatures folkloriques, dont les plus célèbres demeurent ces délicieux petits " hobbits " auxquels leur créateur s'identifiait volontiers, et qui incarnaient à ses yeux une vieille Angleterre à jamais disparue. C'est que dans ces récits, qui empruntent à la fois aux sagas scandinaves, aux romans de la Table ronde et aux sombres crépuscules de la mythologie germanique, perce la nostalgie de ces campagnes verdoyantes où il faisait si bon raconter des histoires au coin du feu. 

    Né un 3 janvier 1892, J.R.R. Tolkien n'était encore qu'un enfant lorsqu'à Birmingham, où un vieux prêtre l'avait recueilli après la mort de sa mère, il dévorait déjà les anciens poèmes saxons, en particulier le Beowulf, et manifestait de surprenantes aptitudes à l'étude philologique. La langue galloise, qu'il avait découverte au hasard d'une excursion, l'avait ainsi immédiatement fasciné par la beauté et sa complexité poétiques. Et comme il l'écrivait un jour dans un très remarquable essai sur le conte de fées, " la marmite de soupe, le chaudron du conte, a toujours bouilli et on y a constamment ajouté de nouveaux éléments friands ou non ".

    Les " éléments " que Tolkien a jetés personnellement dans le chaudron du conte sont en l’occurrence tout particulièrement
    " friands "  et la lecture de Bilbo le Hobbit, du Seigneur des anneaux ou du Simarillion, ses trois principaux ouvrages, est assurément des plus délectables, car elle nous entraîne à la découverte de royaumes dont la géographie semble obéir à la seule fantaisie du conteur. Mais ces royaumes ne sont peut-être pas aussi " fantastiques " qu'il peut y paraître de prime abord. De judicieux exégètes de l'oeuvre de Tolkien n'ont pas manqué d'observer de tenaces ressemblances entre la Terre-du-Milieu, théâtre des titanesques affrontements du Seigneur des anneaux, et la région de Hallstatt, en Autriche, qui fut le foyer d'origine de la civilisation celtique, au premier âge de fer. Et la forêt qui s'étend au nord-ouest de la Terre-du-Milieu, la Lothlorien, n'évoque-t-elle pas irrésistiblement ces gigantesques forêts danubiennes qui, au nord-ouest de Hallstatt précisément, furent sans doute le point de départ des premières grandes migrations indo-européennes ?

    Ces perspectives vertigineuses, qui nous plongent en des âges où les hommes avaient des pouvoirs que l'on ne reconnait généralement qu'aux dieux, où les arbres parlaient aux bêtes et où les entrailles de la terre étaient peuplées de maléfices et de monstres hideux, hantaient toujours Tolkien le 2 septembre 1973. Ce jours-là, en effet, le merveilleux conteur anglais emportait dans la mort mille et mille histoires, qu'une existence pourtant bien remplie ne lui avait pas laissé le temps de nous raconter.

     

     


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